Mr. Robot : pourquoi regarder la tentaculaire série sur le hacking ?
Et si Mr. Robot était la série de l'année 2015, qui avait pris par surprise le public qui misait sur Sense8 des Wachowski, True Detective saison 2 ou Wayward Pines de Shyamalan ?
Mr. Robot a d'abord été conçu par son showrunner Sam Esmail comme un film, et c'est peut-être pour cette raison que la série est à ranger aux côtés de Hannibal et Halt and Catch Fire parmi les plus beaux objets offerts par la télévision américaine de ces dernières années.
Il y a du Matrix (un informaticien, tiré de son existence), du Millenium (un hacker torturé, instable et révolutionnaire), du Fight Club (l'anti-capitalisme primaire), du Machinist (un héros isolé et étouffé par un décor urbain) et même du American Psycho dans cette histoire de hacker surdoué et employé inadapté d'une société en sécurité informatique, accro à la morphine et menteur pathologique, qui croise la route du groupe d'activistes Fsociety, parti en croisade 2.0 contre les puissants de l'ère moderne.
Rami Malek, depuis oscarisé pour Bohemian Rhapsody
Il y a à ce titre une chose amusante : le pilote, classé parmi les meilleurs de ces dernières années, est réalisé par Niels Arden Oplev, le Danois derrière la trilogie originale Millenium avec Noomi Rapace. Or, Mr. Robot ressemble à une lettre d'amour adressée au cinéma de David Fincher, qui a filmé la version hollywoodienne des Hommes qui n'aimaient pas les femmes avec Rooney Mara. Cadres millimétrés, photographie glaciale, jeu constant sur la profondeur de champ, et une musique qui renvoie directement aux magnifiques bandes originales de Trent Reznor et Atticuss Ross (avec un soupçon de Cliff Martinez). Un bien beau cahier des charges, tenu sur toute la saison, qui propulse Mr. Robot vers les cimes de la production TV.
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Le pilote, qui a grandement contribué à la renommée de la série, annonce clairement les ambitions du show. Mise en scène racée, écriture raffinée, musique envoûtante, comédiens fantastiques, intrigue excitante : Mr. Robot déroule son programme avec une assurance folle, grâce à une direction artistiques soignée qui donne une belle couleur à des décors urbains sinon ordinaires, et des personnages classiques mais terriblement attachants.
Du générique stylé qui intervient à différents moments dans chaque épisode, aux multiples références à la culture (le personnage cite les films stupides de Marvel, le mythe de Steve Jobs, la connerie Instagram ou encore la folie Starbucks pour atomiser la société contemporaine), la série s'ancre solidement dans son époque et s'adresse sans détour à son public à la culture obèse. Impossible de ne pas retrouver une part de soi au détour d'une réflexion sur la société qui pourra sembler ordinaire, mais qui n'en est pas moins percutante.
Par ailleurs, la série bénéficie d'un casting fantastique. Elle révèle définitivement le très bon Rami Malek, vu dans le film indé States of Grace et même dans le jeu vidéo Until Dawn : avec sa gueule d'alien et ses yeux de grand môme, l'acteur illumine chaque scène et fait de ce personnage fragile, qui collectionne les vies comme Dexter collectionnait les échantillons de sang, un solide point d'ancrage pour le spectateur. A ses côtés, la blonde Portia Doubleday et la brune Carly Chaikin (version alternative de la géniale Kat Dennings, malheureusement noyée dans la sitcom simplette 2 Broke Girls) se révèlent peu à peu bien plus intéressantes, intrigantes et impressionnantes que le résumé de leurs personnages (la meilleure amie d'enfance, la hackeuse sexy incontrôlable). Sans oublier le Suédois Martin Wallström, parfait dans son numéro de grand malade, et Christian Slater, impeccable.
Carly Chaikin, l'une des révélations
Et c'est en ça que Mr. Robot confirme tous ses espoirs : en donnant vie, au fil des épisodes, à de très beaux personnages, pris à la gorge par une intrigue alambiquée et paranoïaque, qui ne devient plus un objectif mais un piège qui se renferme doucement sur eux. Une attention étonnante qui touche même les rôles en arrière-plan, à l'image de ce très beau monologue offert au dealer dans l'épisode 2, qui déchire son costume stéréotypé en quelques minutes de confession, ou du personnage de la psychiatre, d'une tendresse certaine. Sans oublier la fascinante et terrifiante Joanna, la Lady MacBeth derrière Tyrell Wellick, qui prendra plus de place dans la deuxième saison.
Comme des animaux enfermés dans cette cage qu'est la métropole, les héros se débattent, écrasés par le poids d'un American Dream devenu une prison mentale. Incapables de l'atteindre ou le supporter, ils veulent en provoquer l'autodestruction. Baiser, sniffer, étrangler, manipuler, oublier, trahir : tous les moyens sont bons pour essayer de garder le contrôle et la tête froide.
DOMO ARIGATO, MR ROBOT
Etiquettée meilleure série de l'été dès la diffusion de son très bon pilote, Mr. Robot a vite poussé les fauves à sortir du bois pour crier à la masquarade après quelques épisodes jugés lents et lourds. Bêtise hors de propos : ni perfection ni déception, Mr. Robot est un objet magnifique, foisonnant d'idées et d'une radicalité étonnante. En ça, elle rappelle Halt and Catch Fire, une autre belle série mal-aimée, défendue par ses fans mais dépecée par la majorité à cause de sa narration en creux, ses enjeux parfois abstraits, ses personnages denses et ce vague à l'âme qui sert de combustible dramatique. D'autres ont profité des deux twists de l'intrigue pour épingler des idées usées et des ficelles prévisibles. Mais là encore, c'est manquer la cible que de s'attarder sur ces éléments.
Il y a certes des faiblesses parfois évidentes dans cette première saison (le dernier épisode sera finalement diffusé le 2 septembre), principalement dans l'utilisation excessif de la voix-off et le rythme global des péripéties. Mais il faudrait être sacrément de mauvaise foi pour refuser la réalité : Mr. Robot est l'une des séries les plus excitantes de ces dernières années, en plus d'être l'une des plus sensationnelles d'un point de vue cinématographique. La voir débarquer quelques mois après Hacker de Michael Mann, qui a violemment partagé le public et la critique, rappelle en outre sa pertinence.
Le trouble Martin Wallström
PRESS ENTER
Sam Esmail explique que l'intrigue de Mr. Robot suit de très près celle du film qu'il avait d'abord écrit : "Je ne considère pas que cette saison est énorme. C'était juste pour installer la vraie histoire qui commence dans la deuxième saison, qui aurait été le deuxième acte du film. Et la fin de saison 1 était la fin de l'acte 1".
Affirmer que le meilleur reste à venir ? Le refrain est devenu ordinaire. Mais là, on a très envie d'y croire. Rendez-vous l'année prochaine.
Dossier publié une première fois pendant l'été 2015.
23/09/2016 à 17:01
@mikegyver
Et les nuances, sinon ?
Entre de l'action à tout va et "des mecs qui déblatèrent sur la vie pendant des heures", y'a une tonne de choses.
Je comprendrais jamais ce réflexe de catégoriser aussi vite les choses. Surtout après avoir juste lu un article, surtout quand on parle d'une série sur des hackers (c'est pas du Bergman on plus).
La télé ne "doit" pas donner autre chose. Elle peut, certes, mais elle ne "doit" pas. Et bon, parler des livres comme si c'était une seule entité, comme si tous les livres étaient pareils, étaient tous intello...
No comment sincèrement à ce stade
21/09/2016 à 14:17
elle me fait peur votre serie, parce que ok on est pas tous fan d'action a tout-va, mais attention on est tous pas fan des films d'auteur ou des mecs deblaterent sur la vie pendant des heures......
......sinon autant lire un bouquin, la tele est un media qui doit donner autre chose.....
...je vais regarder mais j'ai peur que ca soit trop lent et bavard pour moi, par contre il faut signaler la diffusion par france2, bravo a eux,
on se plaint de pas voir les series, mais y'a pas que TF1 et France Tele dans le PAF, serie lcub, 13eme rue,syfy,etc passe des series recentes aussi, mais on n'en parle jamais.
19/09/2016 à 20:37
@Kiddo
PS. Faut pas exagérer : un an, pas deux ans pour l'article. Et c'est le délai de diffusion US/France qui l'explique...
Cela dit on a eu depuis depuis eu un article avant le lancement de la saison 2, et la promesse d'un dossier une fois la saison terminée
http://www.ecranlarge.com/series/dossier/962463-halt-and-catch-fire-cette-fabuleuse-serie-qui-passe-inapercue
19/09/2016 à 20:31
@Kiddo
.... Je ne dis ni que j'aime, ni que j'aime pas. Puisque ce n'était pas la question à l'origine. C'est toi qui es venu me rétorquer que j'avais le droit de ne pas aimer (merci de le préciser), basé sur ton interprétation. Alors que je ne disais aucunement ne pas aimer. Bref.
Je répète : je répondais à la base (d'où le @Zanta) à quelqu'un qui pensait que qualifier la série de "mal-aimée" était faux. Je ne parlais pas de mon avis, je parlais clairement de la place de la série sur la scène - aucune nomination aux Golden Globes, des audiences très basses, une couverture médiatique limitée, et une place assez confidentielle. Justement en évitant de mettre mon avis au coeur du raisonnement, puisqu'encore une fois ce n'était pas utile pour ce que je disais.
19/09/2016 à 20:10
@Jiju
Relis toi.
Je ne vois rien ds tes 2 commentaires qui montre une qqconque affinité que tu pourrais avoir avec Halt.. (hormis ta reponse au-dessus qui clame le contraire et encore une fois, meme si ca n'avait pas ete le cas, ca se respecte)
C'est vrai que je n'avais pas fait attention aux dates des commentaires qui dataient de 2015.
Compliqué de suivre avec des articles repostées presque 2 ans apres..!
Alors, welcome to mutiny..
;)
19/09/2016 à 19:48
@Kiddo
Ce commentaire date d'un long moment puisque le dossier a été republié, comme signalé en fin d'article. A l'époque, la saison 3 n'était pas annoncée/commandée.
Et si tu lis réellement ce que je disais, je ne dis aucunement que je n'aime pas cette série. Je réponds simplement à quelqu'un qui prétend (pour contredire l'article) qu'elle n'est pas mal-aimée. Je la trouve grandiose, je la suis et la recommande chaudement, et je maintiens qu'elle est très sous-estimée et mal-aimée. Les audiences de la saison 2 étaient très, très basses, je ne l'invente pas. La saison 3 a été commandée par miracle, et le communiqué officiel de l'époque montre bien qu'il s'agit de soutenir une série chérie par la critique (tout en ayant une couverture médiatique assez maigre) pour l'image de marque.
Avant de m'attaquer, lis. Depuis le début, et notamment les commentaires auxquels je réponds en les citant. Histoire de comprendre.
19/09/2016 à 19:38
@Jiju
Halt and catch fire est ue immense serie qui marquera les esprits et deviendra culte avec le temps.
Tu n'aimes pas cette serie? Ca se respecte completement.
Mais verifie tes infos avant de clamer que non, la serie ne plait a personne et qu'elle disparaitera apres la saison 2...
Je peux te dire que la 3e saison qui passe en ce mpment (je reside a LA) est encore meilleure que la saison precedente et que la critique est assez dythirambique.
Bye bye Halt and catch fire?
Nop
Bye bye Jiju?
Yup
19/09/2016 à 14:23
Très bonne série, le méchant est succulent dans son coté extrêmement diabolique ! sujet dans l'air du temps, bonne facture de la réalisation espérons que cela fasse des petits.
05/09/2015 à 22:56
Rare sont les séries ou les personnages secondaire sont aussi important que le principal.
Je me rappel d'un épisode ou Malek et très peu présent et en rien ça n'a été dérangeant.
Sinon série vraiment addictive dès le premier épisode, la voix off est dans la logique même du personnage ne pas ou moins l'avoir aurait desservit l'intrigue.
Un vrai régal, la dernière fois ou j'ai été autant emballé hé bien c'était devant Breaking Bad.
Comme ça c'est dit
28/08/2015 à 23:06
@Lolo
Mais pour notre bien à tous, et le sien, on préfère se souvenir de lui dans State of Grace que La Nuit au musée, Twilight ou Need for speed