The Last of Us : 5 pièges que la série doit absolument éviter

La Rédaction | 14 janvier 2023
La Rédaction | 14 janvier 2023

La série HBO The Last of Us, adaptée du jeu vidéo culte The Last of Us, arrive (aux Etats-Unis) le 15 janvier et sur Amazon Prime Video en France dès le 16 janvier. Et évidemment, le risque de se rater est immense.

Wing Commander, Dead or Alive, Street Fighter, Assassin's Creed, Tomb Raider, Double Dragon, Max Payne... Les jeux vidéo (mal) adaptés au cinéma, c'est une très longue histoire de douleurs et/ou fous rires. Et si l'adaptation sous forme de série a offert quelques belles pépites, comme Arcane, le souvenir de l'horrible Resident Evil version Netflix donne encore des vertiges de nausée.

Normal donc que tous les gens qui ont joué à The Last of Us tremblent face à la série HBO, adaptée des jeux Naughty Dog. Il y a certes des raisons d'y croire, avec HBO, Craig Mazin (derrière Chernobyl) et Neil Druckmann (co-réalisateur des jeux) à la barre, et Pedro Pascal et Bella Ramsey pour incarner Joel et Ellie. Gustavo Santaolalla est même de retour pour composer la musique.

Mais la prudence est de mise, et le désespoir est permis. Ecran Large se prépare psychologiquement et s'interroge sur les pièges faciles que la série devrait peut-être éviter. Et oui, c'était bien sûr l'occasion de revenir sur les excellents jeux The Last of Us, et particulièrement le premier.

 

The Last of Us : photoToujours une bonne idée de "faire confiance"

 

1. copier-coller les scènes cultes des jeux

Si la mode des gros AAA narratifs a habitué les joueurs à de longues sessions de cinématiques et autres QTE pas vraiment interactives, les adaptations tendent à prendre ces séquences comme du pain béni qu'il suffit de copier-coller. L'exemple le plus parlant est à chercher du côté de la scène majeure du reboot de Tomb Raider, sorti en 2013. Après être tombée d'une carcasse d'avion, la pauvre Lara Croft se retrouve embarquée dans des rapides, à éviter les obstacles sur le chemin. Si le passage est prenant et tendu dans le jeu (d'autant que les potentiels ratés donnent lieu à des mises à mort bien sales), sa transposition quasi-plan par plan dans le film avec Alicia Vikander n'a fait que refléter la vacuité de la démarche.

On pourrait citer plein d'autres cas, de la scène de l'avion du film Uncharted au plan-séquence en vue subjective de Doom, qui sortent leurs adaptations d'une certaine tangibilité pour du clin d'oeil bête et opportuniste. En bref, pour passer d'un jeu à un film/série, il faut réfléchir à l'implication de la manette, et transposer non pas l'image ou le concept d'une scène, mais bien les émotions que la prise en main procure.

 

The Last of Us : photoTrauma incoming

 

Sur ce point, The Last of Us a tout à prouver, étant donné que la dimension déjà hautement cinématographique des jeux devrait obliger les showrunners à fuir la simple redite des séquences les plus cultes. L'introduction tétanisante du point de vue de la fille de Joel en est une bien belle preuve, puisqu'elle impose un rythme lent et des mouvements limités, au point où il faut principalement bouger la caméra autour de l'avatar pour constater le chaos naissant.

L'extrême fidélité perceptible dans les bandes-annonces de la série a pu très légèrement nous inquiéter, mais on espère sincèrement que Mazin et Druckmann se sont posé les bonnes questions, pour éviter cette frustration inévitable du genre. On a tous connu ce pote qui te retire la manette des mains pour te montrer comment avancer dans le niveau, et c'est exactement ce que doit éviter la production d'HBO.

 

The Last of Us : photo"Comment ça, faut réfléchir ?"

 

2. (Trop) simplifier la mythologie de l'horreur

Il existe deux solutions principales pour devenir un infecté : se faire mordre par l’un des représentants de ladite catégorie, ou respirer les spores du champignon infectieux. Ah, les spores, ces petites particules qui contaminent l’air des espaces mal aérés et donnent naissance aux plus beaux spécimens de mutants boursoufflés... Un souvenir qui donne encore des sueurs froides à toute personne ayant tâté de la manette dans ces sous-sols obscurs, son masque à gaz sur le nez.

Pourtant, selon les déclarations de Craig Mazin, il semblerait que la série ait été amputée de cet aspect incontournable des jeux. Chose plutôt surprenante puisque le fameux champignon est censé être à l’origine de l’infection, et que les premières images de la série laissent entrevoir des décors semblables à ceux utilisés à l’origine pour faire intervenir les spores.

 

The Last of Us : photoBad trip aux champignons

 

La raison invoquée est qu’il aurait été dommage ou peu pratique de faire porter des masques à gaz aux acteurs lors d’aussi longues séquences. Un prétexte qui semble assez superficiel puisque cet élégant accessoire a toujours fait partie intégrante de l’univers The Last Of Us et n’aurait probablement pas choqué les spectateurs, d’autant plus qu’il s’agit d’une caractéristique propre à la franchise et qui la différentie de la plupart des autres films ou jeux d’infectés.

Mais, au-delà d’un aspect esthétique, le risque est surtout de perdre des leviers dramatiques intéressants autour du personnage d’Ellie : porter un masque à gaz est une manière pour elle de se faire passer pour une humaine normale, et de nombreux enjeux sont créés autour de cette supercherie, puisqu’en dehors de Joel, personne ne doit voir qu’elle est capable de respirer les spores sans danger. Renoncer à cet aspect représente donc le risque d’appauvrir la mythologie des jeux et de se priver de retournements de situation cruciaux.

 

The Last of Us : photoBas les masques

 

3. Laisser les seconds rôles à l'état de PNJ

Le premier The Last of Us assume pleinement de se focaliser sur la relation tortueuse qui se noue entre Joel et Ellie. Pour autant, les deux comparses sont loin d'êtres seuls face à des armées d'infectés. Au cours de leur aventure, ils rencontrent d'autres survivants, amis comme ennemis, de sorte à ponctuer l'aventure de moments tendus ou déchirants.

Si ces passages servent aussi à étendre la mythologie des jeux (on en apprend plus sur les événements qui ont eu lieu depuis le début de la pandémie et les méthodes de survie de chacun), les personnages en question demeurent des figures assez lointaines, des fonctions qui n'oublient ce qu'elles sont : des PNJ.

 

The Last of Us : photoMy bro

 

Or, la série The Last of Us pourrait vraiment briller et se démarquer de son modèle en allant plus loin. En réalité, là où le jeu reste centré sur ses protagonistes, le format sériel devrait permettre de développer des arcs narratifs secondaires impossibles à implémenter dans du TPS tendance escort mission permanente. La véritable promesse de Mazin et Druckmann est là, et elle semble d'autant plus indispensable si la série veut donner du poids à des personnages comme Tess (la partenaire de Joel) ou Tommy (le frère de Joel).

Sur ce point, il faut bien admettre que l'on est pour le moment rassuré, étant donné que les bandes-annonces et les premiers retours ont insisté sur l'enrichissement de cette narration, notamment du côté de Bill, ce survivant excentrique et paranoïaque, qui devrait connaître une réelle progression au fil des épisodes. En plus, ce n'est pas comme si la série n'avait pas un casting de luxe digne des meilleures productions HBO, de Gabriel Luna à Nick Offerman.

 

The Last of Us : photo, Nick OffermanThe Last of Parks and Rec

 

4. Oublier les silences

The Last of Us n'est pas qu'une partie de cache-cache et de fusillades au milieu des carcasses de voiture, champignons et zombies infectés. C'est aussi les déambulations des personnages, qui passent une grande partie de leur temps à traverser des zones ravagées et mortes, où la nature a repris possession du béton. Survivre n'est pas qu'une bataille contre les autres : c'est aussi (surtout) un combat contre soi-même, et l'envie de succomber à la mélancolie et au désespoir.

Ces moments où Joel et Ellie marchent doucement au milieu des cadavres de la civilisation d'hier, en observant les reliques d'un monde condamné à être oublié, font partie intégrante de The Last of Us. C'est eux qui rythment l'aventure, et permettent de souffler entre deux crises de tachycardie pour mesurer l'ampleur de la catastrophe, face aux miettes de la vie d'avant (notamment les PlayStation disséminées dans le décor, pour le vertige sur le sens de la vie). Et c'est eux qui aident finalement à mieux connaître les personnages.

 

The Last of Us : photoTriangle of sadness


Pensez à ce petit son satisfaisant qui indique que l'acolyte est prêt à parler si on vient appuyer sur la touche triangle : ces discussions simples et précieuses ramènent constamment le cauchemar vers la réalité, et nourrissent la dimension humaine de l'horreur au fil des blagues ratées, des fausses banalités, des commentaires maladroits et des silences lourds de sens. Ici, quelqu'un partagera un souvenir ravivé par un élément dans le décor. Là, quelqu'un lancera une question semi-existentielle en marchant dans une ville dévastée. C'est dans ces moments qu'on mesure la tristesse infinie qui colle aux basques des personnages, et c'est notamment là que le personnage d'Ellie s'écrit peu à peu.

Comment la série The Last of Us peut-elle retranscrire ça ? En évitant un suremplissage trop facile, avec un dialogue, une fusillade ou un infecté pour constamment créer du bruit et de l'information. Parce que parfois, le silence est le meilleur moyen de parler, et remplir la scène.

 

The Last of Us : photoMerci de ne pas surdialoguer cette scène

 

5. Manquer de soigner le rythme

C'est un débat qui revient à chaque adaptation, mais qui prend une ampleur particulière dans le cas de The Last of Us : comment découper le récit pour le conformer au format télévisuel ? Le jeu vidéo disposant de son propre rythme, il convient de l'altérer et bien souvent le condenser. Bien que les jeux adoptent volontiers les codes du cinéma, une quinzaine d'heures sont nécessaires pour terminer le premier opus, voire une vingtaine si vous êtes du genre à lire chaque note et à ouvrir chaque foutu tiroir pour constater que la plupart sont vides.

Or, il faut du temps pour expérimenter, en tant que joueur, l'amitié qui lie progressivement Ellie et Joel. C'est essentiel pour prendre de plein fouet la fameuse conclusion. Comme la série ne peut évidemment pas restituer le gameplay, les scénaristes ont dû faire des choix. Étant donné qu'aucune saison 2 n'a été officiellement confirmée, la logique voudrait que ces 9 épisodes relatent l'intégralité de la partie 1. Cela équivaudrait peut-être à accélérer des passages importants ou à passer outre les quelques instants de grâce qui ont fait le succès du diptyque. Mais s'arrêter avant, histoire de laisser respirer le récit et se réserver quelques saisons d'avance, prive l'oeuvre d'une fin mémorable. 

 

The Last of Us : photoLes claqueurs font du ski

 

Selon les bandes-annonces, la saison va au moins jusqu'à l'ellipse neigeuse. La première hypothèse reste la plus probable. Reste à relever l'autre grand défi de cette adaptation : dégager des structures d'épisodes dans un voyage qui se résume parfois – et c'est aussi ce qui fait sa beauté – à une longue randonnée parsemée de séquences de flippe, de phases d'action et d'interactions entre le duo. Comment réconcilier les canons de la narration télévisuelle (avec un petit climax à chaque heure, par exemple) et la langueur de l'épopée originale, sans gâcher son minimalisme ? Espérons qu'HBO ait trouvé la formule. Pour ce qui est de la suite, en revanche, c'est encore un autre problème...

Tout savoir sur The Last of Us

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commentaires
Marc
16/01/2023 à 15:44

J'ai vu le premier une adapation HBO diffusé sur Prime Video franchement fidèle, je n'ai pas jouer au jeux mais je connais l'histoite l'univers. Le cast Pedro Pascal impecable pour Joêl , Ellie interprété par Bella Ramsey vu dans Game of Trones.Hâte de voir l'épisode 2 de THE LAST OF US

Joe75
15/01/2023 à 14:33

iiiiimmmppppaaaatttiiieeennntttt!!!!!!

Bilbo
14/01/2023 à 23:49

Oh ! J'avais pas reconnu Nick Hofferman !