Perdus dans l'espace : la nouvelle série de SF de Netflix est un gros plaisir old school
Perdus dans l'espace, la nouvelle superproduction Netflix, est arrivée.
Après Stranger Things, Dark, Black Mirror, ou encore Sense8, Perdus dans l'espace est la nouvelle entrée de Netflix au rayon science-fiction. Remake d'une série télévisée des années 60 elle-même transformée en film en 1998, elle raconte l'histoire d'une famille d'explorateurs qui se crashe sur une planète inconnue, avec son lot d'aventures et surprises.
Notre avis sur cette première saison de 10 épisodes, disponible le 13 avril sur Netflix.
ATTENTION MINI-SPOILERS !
RETOUR VERS LE FUTUR
Si la série originale Perdus dans l'espace, diffusée aux Etats-Unis entre 1965 et 1968, a été quelque peu perdue dans l'ombre du phénomène Star Trek qui a commencé en 1966, la légende veut que la chaîne CBS ait refusé la série de Gene Roddenberry pour lui préférer les Robinson spatiaux. Monument du kitsch apprécié de nombreux amateurs de science-fiction old school, la série créée par Irwin Allen racontait ainsi les aventures d'une famille d'explorateurs qui, en route vers une colonie loin de la Terre, se crashait sur une planète inconnue et hostile.
Perdus dans l'espace a eu plusieurs visages : une première saison en noir et blanc avant de passer à la couleur, un humour qui a peu à peu écrasé le côté aventure des débuts, un virage de plus en plus extrême vers la fantaisie, et un traitement des personnages qui a peu à peu déplacé le centre de l'histoire. Entre le pilote et le dernier épisode diffusé, la série a profondément changé de couleur, pour notamment s'adapter à la concurrence.
Perdus dans l'espace des années 60
En 1998, il y a eu le film Perdus dans l'espace avec William Hurt, Mimi Rogers, Matt LeBlanc, Heather Graham et Gary Oldman, relecture sous forme de blockbuster sérieux et finalement bas de gamme qui a vite écopé du statut de navet à 80 millions. Puis, en 2004, une nouvelle série a été développée, avec un pilote réalisé par John Woo, mais sans aller plus loin.
En 2018, c'est Netflix qui donne une seconde jeunesse aux Robinson avec une superproduction créée par Matt Sazama et Burk Sharpless, un duo de scénaristes a priori pas bien rassurant puisque derrière Dracula Untold, Le Dernier Chasseur de sorcières, Gods of Egypt ou encore Power Rangers. Mais avec un casting fort intrigant (notamment Molly Parker et Parker Posey), Neil Marshall (The Descent) réalisateur du double pilote en plus d'un crédit de producteur exécutif, ou encore Vincenzo Natali (Cube) à la barre d'un épisode, il y avait quelques raisons d'être plus que curieux.
Perdus dans l'espace du blockbuster de seconde zone
VERS L'INFINI ET AU-DELÀ
Perdus dans l'espace version 2018 reprend le même argument : pour trouver un avenir plus lumineux que sur une Terre devenue un peu laide et sombre, la famille Robinson part avec de nombreuses autres familles volontaires en direction d'une autre planète. Mais une mystérieuse catastrophe va provoquer le crash de leur vaisseau, Jupiter 2, sur une terre inconnue.
Ce pitch aussi simple qu'efficace est parfaitement à l'image du pilote, qui plonge le spectateur sans attendre un seul instant dans l'action. Que la série s'ouvre avec le crash et s'emballe immédiatement pour suivre les problèmes plus ou moins insurmontables des Robinson, affiche la note d'intention : Perdus dans l'espace sera axé sur l'action, l'aventure, l'exploration. Celui qui craignait une entrée en matière molle, avec une exposition interminable autour de la petite famille avant le décollage, sera ainsi vite ravi par le programme.
La crainte d'une banale construction avec des flashbacks sur le passé des héros, ficelle usée jusqu'à la corde par Lost durant six saisons, sera elle aussi balayée tant les scénaristes en usent avec parcimonie, évitant de plomber le rythme et tromper sur la marchandise après une introduction musclée. Le traitement de certains éléments, comme l'adoption de Judy, se révèle même étonnamment simple, et loin d'occuper un premier plan politiquement correct qui aurait été si facile.
Une famille en or, menée par Molly Parker et Toby Stephens
Car Perdus dans l'espace a d'autres choses à gérer. Crash de vaisseau, lutte contre la glace et les éléments, sauvetage périlleux, blessure grave, sans oublier l'incontournable robot et l'insaisissable Smith, majeurs dans la série originale et bien évidemment de retour : dès les deux premiers épisodes réalisés par Neil Marshall, la série promet des sensations. Et la suite confirmera que l'offre n'était pas rassemblée sur le lancement pour amadouer le spectateur, la saison étant construite autour de nombreux moments épiques - grosses bestioles, grosse anomalie spatiale, grosses scènes catastrophe, grosses décisions, grosses trahisons et mensonges.
La famille ne se perd pas : elle est déjà perdue, dès la première scène, et la série sera un enchaînement de petites et grandes catastrophes, alignées pour compliquer leur survie pour le plus grand plaisir des spectateurs. Force est de constater que les scénaristes exploitent le décor sous bien des angles, pour renouveler l'action et la tension, et composer une aventure parfaitement divertissante et souvent rondement menée.
Mina Sundwall, Taylor Russell et Max Jenkins : les enfants Robinson, plus que débrouillards
PLANÈTE TERREUR
Et Perdus dans l'espace déploie clairement beaucoup d'énergie et de moyens pour emporter le spectateur et lui offrir un spectacle à la hauteur des ambitions actuelles de Netflix, qui se place gentiment sur le créneau des films. Du monstre reptilien, de la bestiole gluante et peu ragoutante, de la tempête spectaculaire, du vaisseau précipité dans le vide au bord d'une falaise monumentale, de la secousse qui déchire la terre, des escapades spatiales, des visions larges et amples de la planète et des étoiles, sans oublier le robot au cœur de l'intrigue : la série ne rechigne pas à déballer les effets pour y parvenir, comme en témoigne le climax sous forme de gros hommage à Aliens - Le retour.
Autour des parents interprétés par Molly Parker (excellente, l'actrice a été vue dans Deadwood et House of Cards) et Toby Stephens (Black Sails), les enfants incarnés par Mina Sundwall, Taylor Russell et Max Jenkins offrent un tas de possibilités aux scénaristes pour créer et résoudre les obstacles, donnant à la série des allures de grosse aventure Disney, familiale et simple à consommer, aussi agréable que gentillette.
Molly Parker, leader des Robinson, bien plus que dans la série originale
Du mauvais côté du spectacle familial bien calibré, il y a des éléments attendus. Entre les petites pirouettes humoristiques, les dialogues gentillets, les résolutions parfois accélérées (une histoire de carburant traitée à toute vitesse), et la mort tenue un peu trop à distance, Perdus dans l'espace ne s'aventure jamais trop loin des rails du divertissement consensuel. La petite famille Robinson est une grosse carte postale qui relève du fantasme, avec des enfants surdoués aussi forts qu'un héros lambda de blockbuster, tandis que la maman scientifique et MacGyver en puissance, et le papa soldat warrior, cochent d'autres cases pour créer une grille de parfaits talents parfaite.
Si la série a clairement de vraies ambitions, et affiche souvent une direction artistique séduisante avec des décors très bien exploités et des effets bien gérés (mention spéciale au robot très réussi), il y a l'impression dès les premières images d'une production en toc, certes agréable à l'œil mais bien installée dans une esthétique très lumineuse, qui renforce l'artificialité de certains décors. C'est particulièrement frappant dans le pilote, où la patte du réalisateur de The Descent et Dog Soldiers n'est pas évidente à retrouver. Par ailleurs, la musique est très décevante, abusant des symbales et n'offrant aucun vrai grand thème.
Là encore, c'est loin d'être un vrai problème tant la série assume parfaitement cet aspect un peu old school qui participe pour beaucoup au plaisir procuré par ces gentils Robinson de l'espace. Surtout qu'elle offre régulièrement des images spectaculaires, voire même très jolies, comme avec ce champ violet, cette aurore boréale de créatures phosphorescentes ou ces plantes qui réagissent au son.
LE FACTEUR POSEY
Au-delà de l'efficacité indéniable de l'ensemble, il y a un élément non négligable : Parker Posey, qui reprend le rôle du docteur Smith, tenu par des hommes dans les précédentes versions (Jonathan Harris dans la série originale, Gary Oldman dans le film). Egerie du cinéma indépendant passée chez Hal Hartley ou Gregg Araki, vue récemment chez Woody Allen, elle a souvent interprété des rôles hauts en couleur lors de ses rares incursions dans le cinéma grand public - l'alliée de Kevin Spacey en Lex Luthor dans Superman Returns, la vampire de Blade : Trinity ou l'actrice hystérique géniale de Scream 3.
Dans le rôle du docteur Smith, élément perturbateur ultime au passé et aux motivations troubles, elle est excellente. Elle est clairement l'un des personnages les plus intéressants, et probablement le seul qui échappe aux schémas habituels face à une famille aux conflits stéréotypés (le couple qui se déchire et se rabinoche en silence, les enfants en compétition et en pleine puberté). Elle change de visage pour des raisons qui échappent souvent au spectateur, apportant une touche d'imprévu et de bizzarerie fort utile.
L'écriture a beau ne pas être très fine, avec un peu trop de moments où elle regarde d'un œil de sociopathe silencieuse les autres, Smith apporte un côté délicieusement amusant à l'aventure, qui flirte sinon avec le niais autour des Robinson. La voir s'enfoncer dans les mensonges, les improviser et les empiler avec une petite larme émouvante pour contrer ses éventuels adversaires, relève d'un vrai plaisir. La voir planter les petites graines du chaos avec une perversité évidente, est jouissif.
Parker Posey avance dans ce paysage et programme un peu classiques, avec une liberté et une malice irrésistibles. Son personnage agit comme un outil des scénaristes, utilisé pour semer le trouble et animer la fiction, provoquant de petites crises de tous les côtés. Et l'actrice lui apporte suffisamment d'étrangeté lunaire pour la maintenir sur une ligne humaine, et la tirer vers une pauvre femme désespérée et inconsciente, plutôt qu'un Machiavel ridicule.
Tapie dans l'ombre, qui tire les ficelles : l'imprévisible docteur Smith
I, ROBOT
L'autre élément très réussi est le robot au centre de l'intrigue, dont il faudra taire la nature, le rôle et l'importance pour en conserver la force. En plus d'être un bel objet à l'écran, énorme bloc d'acier au rendu très beau qui rappelle Le Jour où la Terre s'arrêta, il offre les touches les plus émotionnelles de Perdus dans l'espace. La fin de l'épisode 6, notamment, est un beau moment qui confirme que, contre toute-attente, la petite parade amicale entre Will et lui fonctionne.
Quoique très discrète, la mythologie autour du robot est particulièrement intrigante, et offre de nombreuses pistes très excitantes pour la suite. C'est clairement un angle qui est majeur dans l'intrigue et sera au coeur d'une deuxième saison si, par chance, elle devait se concrétiser. La conclusion de cette première saison est d'ailleurs particulièrement enthousiasmante, ouvrant une superbe porte et confirmant une chose : Perdus dans l'espace porte bien son nom.
Excellent divertissement parfaitement calibré, Perdus dans l'espace version 2018 est un concentré de spectacle, d'aventure et de petites émotions gentillettes plus que satisfaisantes. Emballée avoir une grande efficacité, la série se pose comme un voyage old school assumé, avec une dose d'humour, de sensations et d'effets spéciaux bien maîtrisés. Sitôt la saison 1 terminée, une seule envie : continuer à suivre le voyage des Robinson.
Perdus dans l'espace sera disponible en intégralité sur Netflix le 13 avril 2018.
06/12/2019 à 23:53
@Lee
Hilarant de croiser un avis différent du vôtre ? Et bien, ravi de vous amuser à ce point !
On maintient qu'Another Life est nul pour nous, et ferait passer Perdus dans l'espace pour une grande série. C'est pas grave, on rend toujours quelqu'un hilare avec nos avis, nous comme vous. C'est ni grave, ni étrange, c'est même très sain et intéressant ;)
28/08/2019 à 19:56
Hilarant de voir ce site descendre Another life qui n'était pas exceptionnel mais passait, même si je l'ai regarder plus en fond sonore sans prêter il n'y a que 4 fois ou j'ai tiqué pour une incohérence ou autre(il y en a plus que 4 mais seul 4 était assez importante pour me faire froncer les sourcil) mais ça méritait honorablement la moyenne avec un potentiel pour devenir encore meilleur.
Ce série que j'ai enchainer directement après Another life, en 10 min de l'épisode 1 il y a plus d'incohérence et idiotie que dans toute l'autre série, la glace qui se reforme en un claquement de doigt, mais les perso reste sans leurs casque sans problème, on m'explique comment si il fait tellement froid que ça reforme la glace sur l'intégralité de la profondeur il y avait de l'eau de base?
Les personnages qui retire leurs casque sous prétexte que le père a une ouverture à la jambe et qu'il va bien donc c'est pas toxique, et les virus? les bactéries? Nom de dieu
Je ne parlerais pas du jeu d'acteur nul
05/04/2019 à 17:38
J' adore cette série franchement elle est génial et j'espère qu'il y aura une saison 2 !!!!
25/01/2019 à 19:49
C'est bien comme série grand public.
12/01/2019 à 21:12
Je viens de regarder 2 épisodes avec mon fils. Je me demande qui des acteurs jouent le plus mal... Très étonné de cette critique non objective...
01/10/2018 à 21:53
Un peu étonné de cette critique assez flatteuse. Je n'ai vu que le premier épisode et ca m'a suffit. J'ai déjà eu bien assez de mal à aller jusqu'au bout. Les situations sont abracadabrantes : la glace qui prend en 10 secondes alors qu'il semble faire 15 degrés dehors au comportement des personnages, la chute du jeune garçon qui se retrouve dans la jungle alors qu'il était une minute auparavant dans les glaces polaires - il a du faire une chute de 4 km je suppose. Et je ne parle pas des dialogues, vraiment lamentables, ni du jeu des personnages, lesquels semble sortir tout droit des pires nanars SF des années 50.
Je viens de voir les trois saisons de The Expanse. Avec "Lost in space" je viens de dégringoler de 10 étages !
16/07/2018 à 16:53
J'en suis à l'avant-dernier épisode de la Saison 1. Que c'est long... Mais je m'accroche (aaaaah... la curiosité). Cette série aux accents puérils ne me laissera certainement pas un souvenir impérissable.
13/07/2018 à 15:33
Amateur de séries et pourtant bon public je me suis forcé après l'épisode 4. Tout est prévisible, le faux méchant qui devient gentil, la vraie méchante qui est vraiment mais vraiment méchante... Il y avait vraiment un gros potentiel, mais le scénario est linéaire, sans surprise, tout est séquencé et sans saveur. Dans l'ensemble je trouve que c'est assez mal joué mais c'est certainement les répliques des personnages qui ne collent pas à la prétention de la série. J'ai l'impression que c'est l'adaptation d'une pièce de collégiens, le seul qui sauve la mise c'est le robot que je trouve bien réalisé. La saison deux si il y a, ça sera sans moi.
28/06/2018 à 01:15
Passionné quand j'étais gamin par la série dans les années 60 (j'ai trouvé Star Trek - les originaux - nul par la suite mais Star Trek Next gen des années 90 est très bien), cette série reprend parfaitement l'esprit de Lost in Space et l'actualise.
En fait l'actualiser consiste à lui donner un environnement Interstallar, le dernier film SF spatial réaliste qui fasse rêver, avec Seul sur Mars.
Le film de 1998 est totalement raté parce qu'il est grotesque et insensé, n'est clairement pas réalisé par des personnes qui rêvent d'explorations spatiales.
19/06/2018 à 11:24
@Touquy
Moi je remarque que ton 90% des spectateurs sort de nulle part. Et que plein de critiques sont négatives.
Tu peux trouver ça naze, mais merci de pas généraliser en te basant sur ton avis et les commentaires énervés ici (comme d'hab, caisse de résonance absolument pas représentative. Si Netflix a commandé une S2 c'est que ça a marché et convaincu)