Pourquoi l'exploration dans Starfield est un pétard mouillé et a déjà lassé les joueurs

Malgré son millier de planètes à découvrir, Starfield frustre par son exploration alors que cela devait être son grand point fort. Explications.

On a plusieurs fois évoqué la déception de Starfield, ses défauts, mais aussi ses louables ambitions. Et pour résumé, on s’en tiendra à la constatation suivante : la grammaire Bethesda a encore du mal à se moderniser et à conquérir un nouveau public de joueurs. La conception vidéoludique du studio n’est pas faite pour tout le monde et méritait d’être un peu remise en question. 

Maintenant, il y a un autre point précis sur lequel Starfield avait énormément misé et que l’on n’avait pas encore évoqué. Et il s’agit bien évidemment de l’exploration spatiale. Une perspective riche de promesses qui est finalement la seule nouveauté majeure de Starfield ; celle qui devait faire la différence avec la concurrence. Et pourtant, pour beaucoup de joueurs, cette exploration est aussi un terrible échec. Voyons pourquoi.

Où irons-nous avec ce magnifique engin ?

Un monde dépeuplé : un problème ?

On l’a dit, Starfield brille au moins par sa générosité et sa densité. De nouvelles mécaniques de jeu sont encore découvertes six semaines après sa sortie, et son contenu est suffisamment vaste pour faire vivre aux joueurs de longues aventures. Pourtant, nombreux sont ceux qui ont été déçus par l’exploration pure et dure de son environnement spatial, qui avait l’air fort attractive de prime abord.

Premier reproche qu’on a pu lire : le faible nombre de villes (seulement quatre) et de colonies où sont regroupées les populations. Il semble par ailleurs que l’humanité soit dispersée à l’excès à travers la galaxie, sans réelle concentration. Cette diaspora a toutefois son charme, évoquant un futur aux antipodes du surpeuplement qui nous est aujourd’hui familier. On comprend aussi le choix de Bethesda de mettre l’accent sur la découverte de l’inconnue plutôt que sur la colonisation humaine de la galaxie.

C’est beau, mais c’est loin

Le média Screenrant avait déploré l'illogisme de ce manque de présence humaine dans l’espace, mais de notre côté, on se fera plutôt ici l’avocat de Bethesda. Le but n’était évidemment pas de faire un doublon de Mass Effect, mais plutôt de se rapprocher d’un No Man’s Sky. Et le parti pris n’est pas inintéressant. Une fois la ville quittée et nos alliés recrutés, il ne restait donc plus qu’à embarquer sur une mer d’étoiles pleines de rêves et d’incertitudes.

À notre époque où tous les continents de la Terre ont été découverts, on n’ira donc pas reprocher à Starfield de vouloir recréer l’excitation du navigateur aventurier, tels Jacques Cartier ou Bougainville. Ce qui choquera plus, en revanche, c’est la pauvreté et la redondance du voyage. Car même si certaines surprises nous attendent sur quelques planètes perdues, l’invitation à l’errance spatiale est loin d’être addictive. 

Bon bon bon... bah c’était bien

Ennui cosmique 

Eh oui, on sait, si on explorait l’espace pour de vrai, ce serait sûrement comme ça : beaucoup d’ennui et peu de choses à trouver sur la plupart des astres. Mais une fois encore, Starfield est un jeu vidéo avant d’être un simulateur. Comme il est possible de rendre plus ergonomiques des choses qui seraient assez pénibles dans la vraie vie, il est aussi possible de rendre captivant ce qui serait ce qui serait lassant et répétitif dans notre espace connu.

Prenons pour exemple l’excellent Outer Wilds qui, à l’instar de Starfield, propose peu d’interaction humaine et beaucoup d’exploration (sur un nombre de planètes bien plus limité, on s’entend) spatiale. Pourtant, grâce à un game design précis et efficace, pas une minute passée sur Outer Wilds n’est ennuyeuse ou vaine. Ces promenades stellaires ont un véritable sens. Tandis que parmi les 1000 planètes de Starfield (qu’un joueur a récemment intégralement scannées, bien joué à lui), la majorité n’a pas d’intérêt. 

L’exploration spatiale à son paroxysme : Outer Wilds

Partout sur Internet, de nombreux joueurs s’accordent aussi sur ce point. La génération procédurale des environnements ne joue pas en la faveur du titre de Bethesda, qui répète à l’infini les mêmes décors et brise (ironiquement) l’immersion du jeu : 

"J’avais hâte d’explorer l’espace quand j’avais du temps le soir après le travail et de me perdre dans l’immensité de tout cela. Mais cette immensité s’est soudainement réduite de manière significative lorsque j’ai découvert les mêmes bâtiments, les mêmes personnes mortes à l’intérieur, et même les mêmes grottes au cours de mes aventures, bien que je sois sur des planètes différentes. L’excitation de l’exploration s’est vite estompée." (posté par mammalia-rodentia sur Reddit).

On se contentera de scanner quelques planètes de plus et de prendre notre retraite

Attendons les mods et les dlc

Bethesda aura sans doute sous-estimé l’importance d’un point capital dans l’exploration des jeux vidéo : le souci du détail. Dans Elden Ring ou Baldur’s Gate 3, par exemple, très peu de choses sont laissées au hasard. La moindre parcelle de ces jeux est faite pour être découverte et la curiosité est toujours récompensée. Le sentiment d’accomplissement personnel pousse le joueur à embrasser l’entièreté du monde qu’il parcourt.

En choisissant la quantité au lieu de la qualité, Starfield ne pouvait que décevoir. Le jeu est largement calibré pour y mettre en scène ses quêtes, son terraformage et, évidemment, les mods. C’est déjà pas mal, diront certains. Mais cela n’empêche qu’à moins de DLC futurs exemplaires, il y a un sacré vide à déplorer dans ces interstellaires contrées sauvages.