God of War : Ragnarök aurait dû voir la mort d'un personnage central

Matt Sophos, directeur narratif de God of War : Ragnarök, a révélé quel audacieux scénario il avait imaginé originellement pour le jeu.

Attention ! Spoilers du jeu.

Depuis sa sortie, en novembre 2022, le très bon God of War : Ragnarök a battu des records de popularité pour sa licence. Après avoir dominé le streaming sur Twitch, le jeu s’est vendu jusqu’à présent à plus de 11 millions d’exemplaires. Un véritable exploit qui lui a permis, en seulement trois mois, d’atteindre la moitié des ventes totales du précédent opus (sortie en 2018) qui s’élèvent à 23 millions aujourd’hui. Le regain d’intérêt pour la PS5 de ces derniers mois n’y est sans doute pas étranger.

Le fait est que ce nouvel épisode de God of War s’est définitivement imposé comme l’un des jeux incontournables de l’année dernière (avec Elden Ring pour principal rival) et comme l'un des plus gros atouts de la PlayStation 5. Son aventure a par ailleurs su se montrer à la hauteur pour la plupart des joueurs (avec un score de 94/100 sur Metacritic), conquis par son gameplay, mais aussi son histoire. Pourtant, la trame principale du jeu était censée être bien différente de celle à laquelle on a eu droit... 

Shit, here we go again

Certains l'ont peut-être regretté : il est vrai qu’avec l’intrigue tragique sur laquelle s’ouvrait cette nouvelle épopée God of War en 2018, on aurait pu s’attendre à une évolution plus sombre sur cet opus. Avec un Kratos peut-être devenu "trop gentil" malgré une évolution touchante et subtile, on aurait souhaité un ton un brin plus désespéré sur cette suite. Et cela aurait bien pu bien être le cas. 

Le directeur narratif du jeu, Matt Sophos, l’a confirmé alors qu’il était au micro du podcast MinnMax. Il a ainsi évoqué la première version du scénario du jeu qui changeait totalement la tournure du récit :

« Dans notre première ébauche du scénario, Kratos meurt dans son combat contre Thor, au tout début du jeu. Il meurt... Mais pas de façon permanente. Il est sauvé plus tard du royaume de Hel (Royaume des morts) grâce à Atreus, mais vingt ans se sont alors écoulés. Il devait y avoir un gros saut dans le temps. »

Atreus aurait pu avoir la même carrure que son père avec vingt ans de plus

Cette destinée devait correspondre à une sorte de prophétie annoncée dans le jeu précédent et qui laissait entendre au joueur que Kratos allait devoir y passer. Après avoir perdu sa mère, Atreus devait donc vivre la perte de son père en ouverture de ce nouveau jeu (idée plutôt tragique, mais chouette) avant d’aller le secourir de ses propres mains. 

Finalement, Matt Sophos, Richard Gaubert (Story Lead) et Eric Williams (réalisateur) ont abandonné cette idée pour plusieurs raisons : 

« Eric nous a dit : "Je ne veux pas faire ça. Kratos est mort puis revenu trop de fois déjà, maintenant ça ne marche plus." [...] L’implication émotionnelle n’aurait pas été là et je pense qu’il avait absolument raison. Donc on est vite passé à autre chose. »

Kratos est-il donc immunisé à la mort pour de bon ?

À ce moment, il est peut-être dommage de ne pas avoir carrément envisagé une mort définitive pour le personnage, afin de passer le flambeau vengeur à Atreus. Désormais, la disparition de Kratos semble exclue, malgré la prédestination mortelle des dieux, inhérente à la mythologie nordique (le contexte parfait pour donner une fin digne de ce nom au dieu de la guerre). Toujours d’après Matt Sophos, c’est aussi pour aller à l’encontre des thèmes du Ragnarok qu’ils ont épargné leur protagoniste :

« Sachant que la mythologie nordique parle beaucoup de destin et de prophéties, nous voulions dire : "Ce sont des conneries, rien n’est écrit en avance, tant que vous êtes prêt à changer ou à faire des changements alors vous n’êtes pas lié au destin." [...] Et avec cette idée en tête, on a su que Kratos ne pouvait plus mourir. »

Une bien étrange idée, il faut le dire, puisqu’elle retire beaucoup d'enjeux dramatiques pour le personnage et accomplit même l’exploit de dissiper l’ambiance crépusculaire qu’on aurait voulu apercevoir dans cette nouvelle saga du dieu de la guerre. Mais bon, que peut-on y faire ? Au final, les jeux restent de très bons crus et finement écrits. On aurait sans doute tort de râler à outrance.