Microsoft va devoir faire face à l'Europe pour acquérir Activision

L'ambitieuse acquisition d'Activision-Blizzard par Microsoft continue d'être semée d'embûches. Cette fois, c'est la Commission européenne qui menace.

Décidément, Microsoft a tout le mal du monde pour arriver à ses fins, depuis que la firme de Bill Gates a annoncé vouloir racheter Activision-Blizzard pour 69 milliards de dollars. Une manœuvre extrêmement coûteuse et de large envergure qui pourrait totalement bouleverser l'industrie du jeu vidéo (de la même façon que l'acquisition de la Fox par Disney a changé beaucoup de choses pour le monde du cinéma). Face à une telle offensive, de nombreuses barrières se sont dressées et se dressent toujours.

En novembre 2022, la Commission Fédérale du Commerce (FTC) s'était prononcée défavorablement envers l'OPA de Microsoft. En somme, l'état américain désapprouvait ainsi le rachat d'Activision-Blizzard, qui conférerait à la multinationale informatique un avantage massif sur tous ses concurrents. En s'armant de licences telles que World of Warcraft, Diablo, mais aussi (et surtout) Call of Duty, Microsoft deviendrait un adversaire colossal – peut-être trop. Les conséquences de ce rachat inquiètent depuis le Royaume-Uni et l'Union européenne, avec qui les négociations ne semblent pas se passer sous les meilleurs astres. Aujourd'hui, la Commission européenne envisage de prendre des mesures contre Microsoft.

Vous n'êtes pas prêts

le casse du siècle

On a appris en ce début 2023 que le gouvernement anglais a décidé d'approfondir son enquête sur la transaction jusqu'à avril prochain. Un délai suffisant pour encore enrayer le mariage des deux compagnies : si quelqu'un s'oppose à cette union, qu'il se prononce maintenant ou se taise à jamais ! C'est un peu l'idée. Ainsi, Sony (rival le plus évident de Microsoft) s'est vu rejoint très récemment par Google et NVIDIA dans ses inquiétudes. Les deux entreprises ne seraient pas non plus rassurées par la tournure des évènements et auraient ainsi fourni des informations à la FTC pour contrecarrer Microsoft.

De plus en plus de billes pèsent donc dans la balance en défaveur du fabricant Xbox, quand bien même certains pays (comme le Brésil) ont déjà validé l'opération. Aux côtés des procédures américaines et anglaises, l'Europe commence à se manifester de façon encore plus hostile. D'après Reuters, la Commission européenne ne parviendrait pas à trouver un arrangement satisfaisant avec Microsoft et pourrait prévoir de soumettre son objection à cette acquisition, au terme du délai fixé par l'enquête anglaise, et conformément à sa législation antitrust.

Début des opérations antitrust

Depuis 1890, les lois antitrust condamnent la concurrence déloyale des entreprises. Le traité sur le fonctionnement de l'Union européenne interdit ce genre de pratique (via son article 101 et 102). Elle a ainsi tout à fait le droit de s'opposer à cette fusion, si elle la considère comme menaçante pour l'équilibre du marché. Toutefois (et c'est ce que Microsoft va retenir), rien n'a encore été déclaré fermement. Malgré toutes les craintes émises, la firme sait sans doute qu'elle fait face à des négociations musclées plutôt qu'une à une véritable impasse.

Le fabricant Xbox a ainsi déclaré à Reuters : "Nous continuons de travailler avec la Commission européenne pour résoudre toutes ses problématiques. Notre but et d'amener le plus de jeu au plus de personnes possibles, et cette transaction nous permettra de réaliser cet objectif".

Les justiciers du monopole !

Fin de partie

Soyez donc rassuré puisque Microsoft n'a en réalité pas d'objectifs pécuniaires, mais agit par pure bienveillance pour le genre humain. Il est alors probable qu'une fois que le FTC, la CMA et l'Europe auront compris la noblesse de leur cause, tout soit ainsi réglé aussitôt. Évidemment, Microsoft va devoir la jouer extrêmement serré. L'enjeu est de taille pour la multinationale, donc elle devra parvenir à trouver un accord avec toutes les parties concernées et devra donner d'importantes garanties pour qu'à la fin, le géant vert puisse triompher.

La pression exercée par l'Europe, à l'instar des autres pays, n'a donc pour le moment aucun impact concret (hormis peut-être sur la bourse, ce qui reste une arme non négligeable pour faire basculer les négociations). Le véritable verdict et le couperet final tomberaient ainsi aux environs du 11 avril, date à laquelle tous les pays et acteurs majeurs de la transaction valideront à l'unanimité (ou non) le rachat.

"Mon rêve est que tout le monde puisse s'amuser. Le bonheur de chacun est mon but."

Si, d'ici là, Microsoft a réussi à convaincre tout le monde de ses très saines intentions, Sony pourra commencer à réellement s'inquiéter. Le fabricant Xbox a garanti jusqu'à présent que la licence Call of Duty resterait au moins 10 ans sur la PlayStation (ce qui est une durée ridicule à l'échelle de l'industrie), mais assenera tout de même un coup meurtrier à son rival.

Pour rappel, Call of Duty : Modern Warfare II est le jeu qui a été le plus vendu aux États-Unis (d'après NPD) en 2022, devant Elden Ring. Imaginez maintenant ces ventes en mois pour Sony. Eh oui, une partie de Monopoly a beau durer très longtemps, elle n'admet à la fin qu'un seul vainqueur.