Activision-Blizzard : le rachat est grandement menacé à cause de Call of Duty

Lino Cassinat | 24 novembre 2022 - MAJ : 24/11/2022 18:42
Lino Cassinat | 24 novembre 2022 - MAJ : 24/11/2022 18:42

Le rachat d'Activision Blizzard par Microsoft est grandement menacé : tout porte à croire que le gouvernement américain va s'y opposer à cause de Call of Duty.

Annoncé en 2017 et prononcé en 2019, le rachat de la Century Fox par Disney pour 71 milliards était régulièrement qualifié de deal du siècle pour le monde du cinéma. Similairement, le monde du jeu vidéo se préparait également à encaisser son propre deal du siècle avec le rachat par Microsoft de Activision-Blizzard (propriétaire de licences extrêmement lucratives comme Call of DutyWorld of WarcraftOverwatch et Diablo entre autres) pour rien de moins que 69 milliards. Une somme qui donne le tournis et qui, comme pour Disney, pourrait signifier l'avènement d'un titan inarrêtable. Sauf que.

 

Overwatch : photoUne team inarrêtable

 

FTC DTC ?

Si l'affaire Disney/Fox s'est déroulée sans accroc, Microsoft/Activision connaît un départ plus compliqué. Un tel accord doit en effet être autorisé par les différentes instances régulatrices du marché, dont le rôle est de protéger l'existence de la concurrence et d'empêcher l'émergence de monopoles. Logiquement, ce rachat est donc scruté de très près par diverses institutions nationales et internationales, en particulier l'Union européenne, qui se méfie et a lancé une commission dédiée. Sans parler du fait que l'autorité du Royaume-Uni a elle-même fait sentir de grosses inquiétudes. Une situation déjà pas facile, à laquelle pourrait s'ajouter une difficulté encore plus grande d'après les révélations de Politico ce matin.

Selon le journal, qui cite trois sources différentes, la Commission Fédérale du Commerce (ou FTC en anglais) du gouvernement américain devrait rendre un avis défavorable à cet accord. En d'autres termes : l'état américain s'opposerait au rachat d'Activision Blizzard par Microsoft, et devrait déposer plainte afin de demander à ce que toute cette histoire soit arbitrée par une cour de justice. Attention tout de même : l'article de Politico précise bien que la décision de la FTC n'est pas encore définitivement prise, mais explique que l'instance n'est pas du tout convaincue par les arguments et les garanties avancés par Microsoft pour la rassurer. Et donc devrait vraisemblablement aller dans ce sens.

 

Diablo IV : photoScruté par la FTC

 

Si c'est bien le cas, le rachat d'Activision par Microsoft s'en retrouverait grandement menacé. Microsoft est déjà lancée dans un périlleux numéro de charmeur de boas constricteurs avec l'UE et le Royaume-Uni, autant dire qu'elle n'a pas besoin d'un troisième serpent s'ajoute, d'autant plus que celui-ci est gros comme l'Anaconda de Jennifer Lopez. On espère que toute l'équipe de Microsoft a bien révisé ses cours de flûte au conservatoire de Mantes-la-Jolie, car une sacrée tournée mondiale de pipeau s'annonce, principalement à cause de Call of Duty.

Vu la quantité de déclarations publiques récentes de Microsoft au sujet de la licence et leurs échos sur Internet, il semblerait en effet possible de déduire que, parmi les nombreuses questions soulevées, celle-ci cristallise la plupart des débats. Sony a d'ailleurs énormément insisté sur l'impact de l'acquisition d'une locomotive aussi puissante que Call of Duty – rappelons-le, simplement la marque la plus juteuse dans le monde du jeu vidéo – auprès de la CMA, l'équivalent anglais de la FTC :

 

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"Call of Duty est profondément ancré dans la psyché des joueurs, et chaque nouvel opus a dominé les ventes. Post-transaction, Microsoft aurait la capacité et l'intérêt de restreindre ou exclure l'accès de la concurrence à Call of Duty, PlayStation et Playstaion Plus compris. Microsoft contrôlerait un contenu irremplaçable qui mène l'engagement des utilisateurs, avec les contenus d'Activision qui produisent X% [chiffre confidentiel, NDLR] d'engagement de plus sur PlayStation que tous les titres de Sony Interactive Entertainement combinés."

Sony enfonce le clou en prenant l'exemple du Royaume-Uni, où les joueurs de PlayStation passeraient 30 à 40% de leur temps sur des propriétés de Microsoft ou d'Activision. Évidemment, l'extrapolation au reste du monde est vite faite, et l'on se rend bien compte que cela représenterait un pôle d'attraction considérable si ces propriétés venaient toutes à devenir des exclusivités Xbox, notamment à cause de sa mainmise sur la totalité des mastodontes du FPS et des shooters en général. Ce qui mènerait à une migration des joueurs, et donc, mécaniquement, à une augmentation des tarifs des machines et des services de Microsoft pour les consommateurs, du moins selon Sony.

 

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CALL OF FAIT CALER

On pourrait discuter longtemps de l'honnêteté d'un tel argument de la part de la firme japonaise, qui prend bien opportunément l'argument de l'intérêt des consommateurs pour défendre les siens. On pourrait également aller jusqu'à conjecturer que Sony aurait probablement tenté d'acheter Activision si elle avait pu, et qu'on ne serait pas surpris si quelque chose se tramait en coulisses du côté de THQ ou EA. Rappelons que le jeu vidéo est une industrie, et pas n'importe laquelle : l'industrie culturelle la plus lucrative du monde. Dans un tel univers, les méchants comme les gentils sont rares.

Le problème, c'est que Microsoft n'a pas trouvé grand-chose d'autre à répondre que le contre-modèle de Nintendo prouverait que PlayStation n'a pas besoin de Call of Duty pour concurrencer. Microsoft a également donné la garantie que Call of Duty resterait sur PlayStation pendant encore une décennie, et qu'un accord serait proposé à Sony immédiatement après l'expiration de celui en cours entre les deux géants en 2024. Des arguments peu convaincants : 10 ans à l'échelle d'une industrie, ce n'est rien, et Nintendo constitue une exception. En tout cas, il semblerait que cela ne pèse pas bien lourd dans la balance des différentes instances de régulation.

 

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Même si ces propos ont été avancés au Royaume-Uni, nul doute que les USA se crispent sur le même sujet. Pas de précipitation cependant : que le gouvernement américain s'oppose au rachat d'Activision Blizzard par Microsoft ne signifie pas automatiquement que la transaction est morte et enterrée. En revanche, dans ce cas de figure, la procédure risque de durer beaucoup plus longtemps à cause de l'examen par un tribunal, et surtout, ses chances d'advenir s'amenuisent. La FTC ayant annoncé une prise de décision fin novembre, la suite des évènements devrait être connue dans les prochains jours.

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commentaires
Bilbo
26/11/2022 à 12:56

@Tom33 : Sea of thieves cartonne, ne t en déplaise ! Quand on sait pas on l'ouvre pas !
@TofVM : +1

Madolic
25/11/2022 à 09:06

C'était un pari de faire mention de JLo ? XD

Tom33
25/11/2022 à 06:52

Le jour où Xbox réussira quelque chose... À quoi bon racheter? Ils ont racheté un studio en or comme Rare dont 90% des talents se sont barrés les mois suivants et depuis il n'y plus rien eu.

HonorMan
25/11/2022 à 00:46

Monopole non mais gros avantage certains pr MS oui.. Sony est conscient qu'un Call of en gamepass day one chez la concurrence va leur faire tres mal. MS absorbant tout sur son passage.. Sony ne fait que se défendre..

Lumenz
24/11/2022 à 22:25

Pseudo1, ou la typologie de la personne qui n'y connait rien au secteur mais ouvre son bec...

TofVW
24/11/2022 à 21:53

Tout à fait d'accord avec Bilbo. J'espère que les responsables de cette prise de décision sont compétents et impartiaux, car il est évident que les chouineries de Sony ne sont qu'une façade pour pouvoir continuer à faire ce qu'ils font depuis plus de 20 ans : de la concurrence déloyale.
Microsoft a déjà usé de cette pratique dans les années 90 mais à côté de Playstation, ce sont (c'étaient) des petits joueurs.

Bilbo
24/11/2022 à 20:52

@Pseudo1 : arrêtez de parler de monopole et apprenez le sens de ce mot...il n' y a n aura aucun monopole de MS même après rachat...Sony c est l'hôpital qui se fout de la charité ! Ils sont pitoyables

Pseudo1
24/11/2022 à 19:48

Si seulement les autres studios s'étaient bougés le c*l à l'époque du rachat Disney/Fox comme Sony actuellement avec Activision... Sony a peur et ils ont clairement raison, le monopole n'est jamais bon pour personne.