Google Stadia est officiellement mort (et tout le monde s'en fout)

JL Techer | 30 septembre 2022 - MAJ : 30/09/2022 12:15
JL Techer | 30 septembre 2022 - MAJ : 30/09/2022 12:15

Trois ans après son lancement, et malgré le soutien d'Ubisoft, le service Google Stadia a annoncé sa fermeture définitive. 

C'est dans l'indifférence presque générale que les responsables de la communication du géant Google ont annoncé que leur service dédié au jeu vidéo en streaming Google Stadia allait fermer définitivement ses portes. La "console" de Google n'a pas su séduire suffisamment d'utilisateurs, et se retrouve donc dans la situation où la seule issue possible est de mettre fin à son aventure vidéoludique. 

À son lancement en novembre 2019, Google Stadia devait révolutionner le paysage vidéoludique, en proposant une structure entièrement dédiée au cloud gaming. Avec la puissance financière de Google, ses infrastructures consacrées à la gestion des données dans le cloud, et son image de marque auprès du grand public, Stadia était destinée à venir rivaliser avec les titans SonyMicrosoft et Nintendo.

 

Assassin's Creed Valhalla : photoStadia est en route vers le (Assassin's Creed) Valhalla

 

Le couperet est tombé le 29 septembre 2022, à travers un communiqué de presse diffusé par Phil Harrison, vice-président et directeur général de Stadia :

"Il y a quelques années, nous avons également lancé un service de jeux grand public, Stadia. Et bien que l’approche de Stadia en matière de streaming de jeux pour les consommateurs ait été construite sur une base technologique solide, elle n’a pas gagné l’adhésion des utilisateurs que nous attendions, nous avons donc pris la décision difficile de commencer à mettre fin à notre service de streaming Stadia."

Les services en ligne de Stadia fermeront définitivement le 18 janvier 2023. Après cette date, tous les jeux que les abonnés Stadia avaient achetés deviendront inaccessibles. Google s'est engagé à mettre en place un service en ligne entièrement dédié aux demandes de remboursement des jeux acquis par les utilisateurs Stadia. Rien ne dit que ces jeux seront remboursés au prix d'achat, ou au prix auxquels ils sont disponibles à l'instant T sur le Play Store.

 

Far Cry 6 : photoLe soutien d'éditeur comme Ubisoft n'a pas suffi à convaincre le public

 

Et pourtant, il y a à peine quelques semaines, le 29 juillet 2022, les responsables des relations presse de Stadia tenaient un tout autre discours. À la question posée par un utilisateur inquiet de savoir si Stadia allait fermer ou non, la réponse de Google était claire : 

"Stadia ne s'arrête pas. Soyez assurés que nous travaillons toujours pour apporter plus de grands jeux à la plate-forme et à Stadia Pro. Faites-nous savoir si vous avez d'autres questions."

 

Un revirement aussi rapide et soudain que peu surprenant, étant donné l'invisibilité publique du hardware Stadia et de ses propositions. Le site Bloomberg expliquait en février 2021 que Stadia n'avait conquis que "quelques centaines de milliers" de gamers, loin des millions attendus par les cadres de la société. Le défaut d'estime se doublait donc d'une immense déception financière. 

Avec un modèle d'abonnement mensuel obligatoire, les joueurs attendaient un rival au Xbox Game Pass, avec un catalogue de jeux "gratuits" mis à disposition des utilisateurs. Mais Google a fait le choix de proposer un catalogue de jeux payants aux joueurs, et l'effet "double peine" de devoir payer un abonnement, et de devoir en sus acheter des titres pour y jouer n'a pas convaincu, malgré une solide assise technique. 

 

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La déchéance de Stadia soulève un énorme problème : les services entièrement dématérialisés et/ou à abonnements proposent des jeux en ligne qui en réalité n'appartiennent pas aux joueurs. Si demain Steam ou l'Epic Games Store venaient à mettre la clef sous la porte, les jeux acquis par les utilisateurs deviendraient inaccessibles. La même chose s'applique aux titres du Game Pass : ceux-ci ne sont en fait qu'en location, et n'appartiennent absolument pas aux joueurs.

L'échec de Stadia soulève également la question suivante : le marché du jeu vidéo pourrait-il supporter la présence d'un nouvel acteur majeur, ou d'une nouvelle console développée par une autre société que Sony, Microsoft ou Nintendo ? Rien n'est moins sûr. Le Steam Deck de Valve peine actuellement à convaincre, l'étrange console portable PlayDate s'annonce comme un produit de niche, et même KFC a dévoilé vouloir lancer sa console de salon... Pas sûr que ces hardwares aient la moindre chance de survie dans la guerre des consoles.

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commentaires
Dopelord
03/10/2022 à 13:01

N'oublions pas la plateforme de CD Projekt Red qui ne propose aucun DRM et quand on achète un jeu, il nous appartient réellement donc la question d'un nouvel acteur ne se pose plus depuis quelques années déjà !

Benasi
01/10/2022 à 23:54

Alors qu’à côté GeForce Now vit sa vie tranquille, avec notre propre bibliothèque Steam / Ubi / Epic…

GTB
30/09/2022 à 16:33

Here we go again...Oui le support physique présente certains avantages. Et des inconvénients. Tout comme le démat et le streaming. Ils n'ont pas les mêmes utilisations.

Mathieu
30/09/2022 à 16:16

"Mais Google a fait le choix de proposer un catalogue de jeux payants aux joueurs, et l'effet "double peine" de devoir payer un abonnement, et de devoir en sus acheter des titres"
L'abonnement mensuel était parfaitement facultatif, il permettait d'accéder à la 4k, et une poignée de jeux gratuits chaque mois. J'ai toujours utilisé stadia en gratuit, en achetant uniquement les jeux. Le problème c'est pas tellement le modèle économique, ni technique, mais la gestion et la confiance de Google en ce projet.

Morcar
30/09/2022 à 14:44

C'est amusant, car comme pour la Steambox, la VR etc... je me suis fait pourrir dans pas mal de discussion sur des sites spécialisés quand je présentais que ça n'allait pas avoir le succès que certains prédisaient avec une certitude dingue. Aujourd'hui j'ai une pensée pour tous ces aventuriers qui ont investi de grosses sommes dans des abonnements pour soutenir ce projet, et vont aujourd'hui tout perdre.
En attendant, tenant toujours au support physique, je peux continuer à tous mes jeux sans aucune crainte. Mais on me dira encore que je suis d'un autre âge, sans doute...

Franken
30/09/2022 à 14:22

Moi, j’aime pas le fourbi qui s’accumule et qui prend la poussière, les trucs qu’on entasse dans des coins, les machins qu’on collectionne, les bidules qui passent de mains en mains…

Ce besoin de possession(s) est vilain ! :p

bip
30/09/2022 à 14:19

Le démat c'est bien, ce n'est pas la même chose que le streaming. Pour le démat on a toujours accès à une clé d'activation, et une facture, donc tout ce qu'il faut pour prouver la propriété de la copie du soft.
Le support physique c'est joli sur les étagères, mais vu la taille des jeux aujourd'hui, le disque sert pas à grand chose, les fichiers sont tous téléchargés depuis des serveurs des éditeurs, que ce soit sur PC ou sur console, et ce tant que l'éditeur se maintient en vie.
Le streaming par contre c'est la dèche, car il n'y a plus rien de contrôlé par le consommateur, du jour au lendemain ça peut capoter et disparaître, et ça revient à payer un loyer d'utilisation des soft. Qui dit loyer, dit argent perdu. Et si ça disparaît effectivement, tant pis pour les sauvegardes, le temps investi/gaspillé... Sans compter que si le streaming de jeu se démocratise, ça va encore plus saturer les réseaux internet de flux vidéos. Donc les consoles ont encore de beaux jours devant elles.

DL
30/09/2022 à 14:13

Très clairement en adéquation avec l'article, Pseudo1 et Cidjay.

Le support physique aura toujours ma préférence. Que cela soit pour les films, les séries, ou les JV. Ces derniers que j'ai peu à peu délaissé je dois avouer, notamment à une période où je trouvais ça un peu fort de café d'acheter un J.V. en boutique.... pour simplement avoir un code pour y jouer (rendant inopérante l'action de partager le jeu avec un ami, un membre de la famille ou autre).

Bref, tout ça pour dire que j'ai du mal avec l'évolution que prenne les différentes "industries".

Cidjay
30/09/2022 à 13:28

@Pseudo1 : bien d'accord avec toi !
Le streaming c'est la fin de la propriété, nous ne sommes soumis qu'au bon vouloir du distributeur.
Encore un petit ange de plus dans le cimetière de Google.

Pseudo1
30/09/2022 à 12:24

Merci pour le paragraphe sur le souci du dématérialisé que beaucoup ont l'air d'oublier quand ils sont pas fichus de se lever de leur canapé pour aller en boutique ou même d'attendre 2j pour une livraison à domicile.

Support physique > all.