La bonne surprise Hunger Games : pourquoi Hollywood devrait retenir la leçon

Antoine Desrues | 18 novembre 2023
Antoine Desrues | 18 novembre 2023

Hunger Games : La Ballade du serpent et de l'oiseau chanteur sort huit ans après le dernier volet de la saga. Retour sur une production pas si opportuniste.

Sorti en 2015, Hunger Games : La Révolte - 2ème partie n’a pas fait que signer la fin de la saga dystopique à succès. Elle a aussi marqué la chute progressive du young adult au cinéma, entachée par les scores décevants au box-office d’adaptations pourtant attendues (Le Labyrinthe 3), voire des annulations de franchises (Divergente).

On peut donc se demander pourquoi Lionsgate remet une pièce dans la machine du côté d’Hunger Games, alors que le paysage cinématographique a évolué en huit ans. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si La Ballade du serpent et de l'oiseau chanteur est scruté pour son démarrage américain, dans un contexte où les sagas les plus installées (Marvel, entre autres) subissent des revers au box-office. A priori, ce retour tardif dans le monde de Panem semble refléter les pires dérives hollywoodiennes. Et pourtant, son développement est plus pertinent qu’il n’y paraît.

 

Hunger Games : La ballade du serpent et de l'oiseau chanteur : photo, Rachel Zegler, Tom Blyth"Suzanne, c'est l'heure de nous pondre un nouveau livre"

 

Hunger Games :  les Jeux du début de la fin ?

Bien entendu, il faut rappeler une évidence : la saga Hunger Games a rapporté plus de 3 milliards de dollars au box-office mondial. Un sacré carton pour le studio Lionsgate, d’autant que ses projets d’adaptation se révèlent plus humbles en termes de budget que les blockbusters de la concurrence. Pour rappel, le premier opus aurait coûté 78 millions de dollars, et son nouveau spin-off n’aurait pas dépassé la barre symbolique des 100 millions. On est donc loin des 200, voire 300 millions de dollars nécessaires aux derniers Disney ou Fast & Furious.

Dans une période où les franchises sont devenues l’alpha et l’oméga d’Hollywood, il est compréhensible que Lionsgate se cherche des poules aux œufs d’or. En dehors de la saga Saw et de quelques phénomènes (John Wick), le studio a su être le roi du young adult dans les années 2010, ne serait-ce qu’au travers de Twilight (distribué par Summit, l’une de ses filiales). C’est pourquoi, dès 2017, le PDG du groupe Jon Feltheimer a indiqué qu’il souhaitait développer des spin-offs d’Hunger Games et Twilight au travers de writer’s rooms.

Néanmoins, il a également précisé que ces ajouts ne pourraient pas se faire sans l’accord, voire la participation de leurs autrices respectives, Suzanne Collins et Stephanie Meyer. Pour Twilight, le développement d’une série a été annoncé en 2023. Et pour Hunger Games, La Ballade du serpent et de l’oiseau chanteur est l’adaptation du dernier roman de Collins, publié en 2020.

 

Hunger Games : La ballade du serpent et de l'oiseau chanteur : photo, Rachel ZeglerMais oui Zegler !

 

Hunger for more

En soi, l’approche semble trouver un équilibre certain entre l’appât du gain et le respect des œuvres originales. Si beaucoup ont trouvé étrange qu’Hunger Games se tourne vers un prequel autour du méchant des précédents livres et films (Coriolanus Snow), il était impensable que Lionsgate force la main de l’autrice. Au micro de Polygon, la productrice Nina Jacobson a d’ailleurs insisté sur ce fait :

“On aurait pu aller vers les chouchous des fans — Racontons l’histoire d’Haymitch ! Ou les Hunger Games de Finnick ! — mais ce serait faire un film juste pour faire un film. Si [Collins] a envie de raconter une histoire dans ce monde, avec quelque chose à dire et à explorer, c’est super. Mais si ce n’est pas le cas, autant laisser la franchise comme quelque chose que les gens ont apprécié, plutôt que de faire une suite parce qu’on peut en faire une.”

Bien que le roman n’ait été publié qu’en avril 2020, Lionsgate a commencé à planifier un projet d’adaptation dès juin 2019, avec le soutien de Collins en tant que productrice exécutive. Le livre à peine sorti, l’autrice a confirmé que la production était en cours, avant que ne soit annoncé le retour de Francis Lawrence à la réalisation, lui qui s’était chargé des trois précédents volets.

 

Hunger Games : la Ballade du serpent et de l'oiseau chanteur : photo, Viola DavisNouveau cosplay d'Halloween

 

Puisse le sort vous être favorable

Qu’on aime ou pas le young adult, le genre a su explorer via des récits adolescents des questions politiques éminemment sombres, à commencer par l’émergence et le maintien de systèmes autoritaristes. On pourrait reprocher à certains une approche naïve, mais ce n’est pas le cas de La Ballade du serpent et de l'oiseau chanteur, comme l’a reflété notre critique enthousiaste. Au travers du parcours de Snow et de sa protégée, Lucy Gray Baird, on en revient aux origines des Hunger Games, et à l’évolution désabusée d’un ancien idéaliste. Pour faire son trou dans le monde de Panem, son anti-héros croit pouvoir chambouler le système, avant de comprendre qu’il doit se l’approprier en jouant avec ses règles.

D’ailleurs, le discours hautement pessimiste de Suzanne Collins s’accompagne d’une structure assez inhabituelle, qui s’offre un dernier tiers surprenant après les Hunger Games, ceux-ci constituant d’habitude la seconde moitié des romans.

 

Hunger Games : la Ballade du serpent et de l'oiseau chanteur : photoEn route vers le ciné

 

L’un des enjeux majeurs du film s’est trouvé dans cette forme, couchée sur le papier sur plus de 500 pages. Très tôt dans le processus, Francis Lawrence a exprimé des doutes sur le fait d’adapter le livre sur un seul long-métrage. Cependant, le réalisateur a lui-même regretté la division de La Révolte en deux parties, ce qui a amené Lionsgate à conserver son projet comme un stand-alone, sans assurance de le connecter à d’autres films, et en assumant sa durée de 2h37.

De quoi prouver que derrière les désidératas de studios à la recherche permanente de sagas, prequels et spin-offs, il est encore possible de penser une franchise film après film, au lieu de planifier un tableau excel de dates de sorties stratégiques pour alimenter des Phases. Reste maintenant à voir si ce réveil d’Hunger Games saura redonner du souffle au young adult, ou même un court sursaut.

Tout savoir sur Hunger Games : la Ballade du serpent et de l'oiseau chanteur

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commentaires
Mrm
19/11/2023 à 18:24

Les prequels sont toujours pas super niveau intérêt...mais ca reste moins de la daube que the marvels!

brucetheshark
19/11/2023 à 13:32

Blockbuster bien au dessus de la mêlée, mais pour l'instant, les chiffres ne jouent pas en sa faveur

Morcar
19/11/2023 à 01:09

@snow, quel mea culpa auraient-ils à faire ? On a tous des a priori, bons ou mauvais, sur les projets en cours. EL a le droit d'en avoir aussi, en s'appuyant sur les éléments qu'ils ont comme nous pour juger du film à venir. Pour finir, ils avouent avoir été agréablement surpris. Tant mieux, non ? Que vous faut-il de plus ?
Ca devient vraiment plus de saoulant tous ces em.mer.deurs publics sur le net qui passent leur temps à se plaindre de tout. Le site en fait une bonne critique, donc réjouissez-vous de ça si vous avez vous aussi aimé le film, plutôt que de venir encore râler !

Eddie Felson
18/11/2023 à 23:29

Un (très) bon prequel que je préfère même aux autres HG! Bien écrit, avec des acteurs charismatiques et de talent, sans temps morts malgré sa relative longueur. Un bon moment de ciné.

Vomito
18/11/2023 à 21:41

Suite à votre critique positive j'y suis allée staprem.
Je ne suis pas un grand fan de la saga, mais j'avais plutôt apprécié le style Battle Royal / dystopie des votes précédents.
Bref j'ai été largement convaincu par ce prequel, on s'intéresse bc aux personnages, et même si le manque d'action se fait quelque fois sentir les origines de Snow sont bien amené, je n'ai pas lu le livre mais c'est bien travaillé.
Un bon film.

dooble
18/11/2023 à 20:08

encore une grosse daube ...