The Flash : pourquoi le film a complètement foiré son méchant (pourtant intéressant)

Beaucoup de choses ne vont pas dans The Flash, et son vilain en fait tristement partie malgré son potentiel en comics.

Après une dizaine d'années de production apocalyptique, le DCU nous présente enfin The Flash, son carnage artistique. Censé adapter les comics Flashpoint de 2011 où le Bolide Ecarlate bouleverse l'histoire de l'univers DC après avoir remonté le temps pour sauver sa mère, le film d'Andy Muschietti est plutôt une vitrine à caméos de luxe. Malheureusement, cela se fait au détriment du vilain, bêtement spoilé durant la promotion.

Pourtant, celui-ci est le fruit d'une combinaison de plusieurs antagonistes de Barry Allen aussi charismatiques que populaires. Si le potentiel pour en faire une menace véritablement dangereuse pour le super-héros interprété par Ezra Miller était là, The Flash manque son coup et nous propose une nouvelle pièce à la collection des méchants oubliables des films tirés de comics.

Attention spoilers !

La mort aux trousses

Durant la promotion du film, il avait été révélé quelques détails sur le vilain, notamment au travers d'une bande-annonce japonaise révélant une singularité sur la tenue du second Barry Allen, ainsi que des jouets affichant carrément le nom du vilain : Dark Flash. Le bad guy portant cet alias apparait essentiellement dans un arc dédié à lui sorti en 1999 et imaginé par Mark Waid, Brian Augustyn et Paul Pelletier. Néanmoins, le Dark Flash du film évoque plutôt Black Flash, un méchant emblématique de la mythologie du sprinter de DC. En effet, il est l'incarnation de la Mort pourchassant les Speedsters (les héros connectés à la Speed Force), ces derniers échappant à sa représentation classique.

Cette entité zombie créée en 1998 par Grant Morrison, Mark Millar et Ron Wagner, ne pense pas, ne parle pas et n'a pas d'identité. Elle n'a qu'un but, annoncer par sa présence qu'un Speedster va mourir, à moins qu'elle fasse la besogne d'un fatal toucher. Black Flash est donc un être horrifique rappelant aux différents Flash et leurs alliés coureurs que la Faucheuse est bien là, et peut les rattraper – un peu façon le Grand Méchant Loup dans Le Chat Potté 2. Pour l'anecdote, dans l'arc The Black Flash de 1998 de Mark Millar, Joshua Hood et Pop Mhan, pour survivre au mortel marathonien, Wally West/Flash court jusqu'à arriver à la limite du temps, là où la vie n'existe plus et la mort n'a donc plus lieu d'être.

Dans le film, les premières apparitions de Dark Flash jouent pauvrement la carte de la présence mystérieuse, rappelant dans les grandes lignes lorsque Black Flash surgit au détour d'une case dans les comics.

"Mais c'est la Mort qui t'a assassinée, Allen"

L'autre influence assez évidente pour le vilain de The Flash est l'ennemi le plus populaire de Barry Allen : Nega Flash/Eobard Thawne. En effet, la mini-série The Flash : Rebirth éditée en 2009 de Geoff Johns et Ethan Van Sciver raconte que l'iconique vilain a corrompu la Speed Force afin d'influencer les événements du passé, sans pour autant altérer la réalité dans laquelle il est. On peut reconnaître ce schéma dans les actions du Barry Allen corrompu du film (même si ça n'est jamais vraiment expliqué). Ajoutons à cela qu'à partir du numéro 2 de la série, Barry Allen endosse contre son gré le costume de Black Flash, mais le retirera très vite.

Également, dans la série Flashpoint de Geoff Johns et Andy Kubert, Nega Flash explique être devenu une anomalie temporelle, en conséquence du voyage dans le temps de Flash pour sauver sa mère. Ce même choix donne naissance à un ennemi paradoxal lié à la Speed Force dans le film d'Andy Muschietti, bien que, encore une fois, c'est clair comme l'eau trouble dans laquelle roupille Aquaman dans la scène post-générique. Enfin, Dark Flash accuse Flash d'être le problème dans ce cataclysme, peu ou prou ce qui lui révèle Nega Flash dans le célèbre run de Johns.

Le Flash Inversé

beurk flash

Mais alors pourquoi la combinaison de ces deux personnages ne fonctionne-t-elle jamais dans The Flash ? Principalement parce que le film n'arrive pas à donner une motivation compréhensible à son antagoniste. Ses intentions ne sont jamais définies, comme les raisons qui le poussent à s'embarquer dans ce sauvetage de... quoi ? Supergirl ? Son monde ? Sa mère ? Ou est-il juste pris par l'adrénaline de jouer avec le temps jusqu'à se changer en Dark Flash ?

De plus, sa transformation-révélation a un impact émotionnel proche du zéro absolu, alors que la simple apparition de Black Flash en comics suscite la peur chez les Speedsters, comme chez les lecteurs, car ils savent qu'un des héros va trépasser. Ici, le Barry Allen démoniaque arrivant par petites foulées passe pour un élément inéluctable du scénario, mais jamais interrogé ni générateur d'une quelconque tension. Le fait que l'univers de Flash (Speed Force, etc.) ne soit pas proprement introduit n'aide pas non plus à amener le concept d'un personnage jouant avec ces règles.

"Oh non, encore un morceau de scénario qui arrive."

Plus décevant encore, Flash n'a pas l'occasion d'affronter Dark Flash dans un véritable duel final au milieu de ce cirque d'animations indignes de la PS2, puisque le vilain se tue lui-même. On est donc, encore une fois, bien loin de la course à la mort contre Black Flash proposée dans les comics, ou les combats aussi épiques qu'intimes entre Flash et Nega Flash dans les différents runs de Geoff Johns précédemment cités.

Au final, le traitement de ce Barry Allen à moitié Venom incarne l'état de monstre de Frankenstein général d'un projet qui n'a que peu à voir avec l'Homme Le Plus Rapide du Monde. Pour finir de s'en convaincre, il suffit de regarder, parmi la quantité de caméos super-héroïques, combien sont liés au lore de Flash : autant que d'apparitions publiques d'Ezra Miller pour la promotion du film.