Marvel : Gardiens de la Galaxie, Iron Man... comment les films ont contaminé les comics

Iron Man et les Gardiens de la Galaxie étaient bien différents avant le MCU. Retour sur ces personnages des comics Marvel influencés, voire tyrannisés, par les films.

Pour les héros de son MCU, Marvel Studios a la chance de pouvoir puiser dans des décennies d’histoires. Mais avec le succès de ses adaptations, il est évident que les comics n'ont plus la liberté narrative des débuts et sont bien obligés de s’aligner sur ce qui a été fait au cinéma et en séries. Car les nouveaux lecteurs de comics sont les fans de cet univers décliné sur écran, et la Maison des Idées se doit de les accueillir sur un terrain un minimum familier. L'une des réécritures les plus célèbres est celle des Gardiens de la Galaxie après le traitement qu'en a fait James Gunn au cinéma. Ainsi, avec la sortie du super Les Gardiens de la Galaxie : Volume 3, on revient sur cette tendance qu'a le MCU à influencer les comics.

Il y a moult exemples de l'impact de Marvel Studios sur le média d'origine. Pour l'exemple, on peut citer l'introduction d'un fils à Nick Fury au visage de Samuel L. Jackson, de la réinvention d'Agatha Harkness passée de gentille mamie à jeune femme avide de pouvoir après WandaVision, ou de la création d'une fille cachée à Hank Pym équivalente à la Hope Van Dyne des films. Néanmoins, on a retenu trois cas particulièrement intéressants pour illustrer ce phénomène qui voit les comics passer d'œuvres adaptées à œuvres qui adaptent.

les Gardiens de la Galaxie

Déjà peu connus du grand public lors de la sortie du premier film, les Gardiens de la Galaxie étaient encore moins populaires quand ils ont été relancés en 2007 en comics – la première version de la bande date de 1968. Dans cette nouvelle mouture de l'équipe, Peter Quill fonde un commando paramilitaire bourrin vêtu d'une même tenue tel un uniforme (que l'on découvre dans Les Gardiens de la Galaxie Vol. 3).

Sous les ordres de Star-Lord, on retrouve Rocket Raccoon, Gamora, Drax, Phyla-Vell, Groot, Mantis et Adam Warlock. Néanmoins, "fonder" est un bien grand mot puisque ce brave Quill a fait appel aux dons télépathiques de Mantis pour fortement inciter les héros à le rejoindre.

Pas trop là pour la marrade

Mais après leurs passages devant la caméra de James Gunn, les Gardiens des comics prennent un tournant visuel coloré et un ton plus léger. L'escouade de héros-mercenaires dans un space opera noir évolue ainsi au fil des nombreuses séries vers une ambiance plus comique à l’action pop décomplexée de camarades se taquinant. Leurs aventures prennent la forme que leur a donnée James Gunn dans le MCU.

Et si l'aspect général de leurs comics change, les Gardiens de la Galaxie eux-mêmes connaissent un lifting. En effet, Drax est plus niais et perd en puissance, Gamora est délaissée de sa soif de sang et de violence, quand Quill devient plus immature, et Nebula prend le look des films puis finit par rejoindre l'équipe. Au cours de la série de 2013 de Brian Michael Bendis, les couvertures vont aller jusqu’à représenter Star-Lord dans sa tenue de Gardiens de la Galaxie, bien qu'il ne la portait pas encore à ce moment-là – il adoptera finalement le manteau rouge un peu plus tard. Ce nouveau look donne une nouvelle vie à la bande qui deviendra l'une des équipes les plus populaires en comics.

Trahir, mais pas pour le pire

iron man

Avant d’être incarné magnifiquement par Robert Downey Jr, le Tony Stark des comics avait une personnalité bien moins sympathique. Le milliardaire était un homme imbu de lui-même, détaché et souvent détestable.

Durant le crossover Civil War de 2006 fait en réponse aux attentats du 11 septembre, Iron Man prend définitivement le mauvais rôle en s’opposant à Captain America. Pire, il va créer un clone de Thor (qui tuera un Avengers), va enfermer ses anciens amis opposés à lui dans une dimension où les droits humains n'ont plus à être respectés, et va s'engager plus que jamais sur une voie autoritaire. Dans cet arc, Iron Man incarne l'Amérique prête à tout pour sa sécurité, et le couperet de la liberté.

"Salut mon pote !"

Mais en devenant le pilier du MCU, Marvel Comics se devait de revoir la copie papier du personnage pour mieux coller à ce que le grand public aimait. Ainsi, Iron Man change radicalement de ton dans les comics qui suivent la sortie des films où il est la star. Déjà, sa représentation prend des airs de Downey Jr. et on peut clairement entendre l'acteur au travers de son nouveau ton sarcastique, voire bouffon. Désormais, le héros cherche constamment la petite vanne pour désamorcer une situation dramatique. Ça a été pour le mieux, puisqu’il a gagné en humanité. Mais aussi pour le pire, faisant de lui un héros parfois trop porté sur la blagounette, dédramatisant à outrance.

Sa revanche personnelle se fera dans Civil War II de 2016, un event imaginé en écho à Captain America : Civil War. Là, Tony Stark est cette fois dans le camp du "bien", s'opposant à une Captain Marvel empêtrée dans une volonté de transformer le monde en Minority Report. L'ultime rédemption se fait lorsqu’Iron Man décède en martyr (pour revenir plus tard, bien évidemment). Mais, le prix a payé pour les lecteurs est de voir Carol Danvers devenir aussi impitoyable que haïssable. Les choses se répètent et c'est au tour de la Cap' de passer par une remise en avant de son héroïsme dans les comics de ces dernières années.

Aimez-moi

La Sorcière rouge

Durant des années, l’histoire de la Sorcière Rouge était celle d’une mutante capable de manipuler la réalité à son avantage. Fille de Magnéto, le grand rival du Professeur X, Wanda Maximoff est surtout une héroïne aussi présente dans l'univers des X-Men que des Avengers, dont elle a été une ennemie puis une membre régulière. Pour l'adapter, c'est donc la guerre froide entre les studios. À qui appartient-elle ? À la 20th Century Fox et ses mutants ou à Marvel Studios et ses Avengers ?

Bien qu'un accord soit trouvé, chacun pouvant l'utiliser sans mentionner la licence de l'autre, Marvel va régler le problème d'une autre manière. En 2012, dans Uncanny Avengers #4, le Maître de l’Évolution (incarné par Chukwudi Iwuji dans Gardiens de la Galaxie Vol. 3) révèle que Wanda et son frère Pietro, alias Vif Argent, ne sont pas des mutants, pas plus qu’ils ne sont les enfants de Magneto. En quelques lignes, c'est donc l'histoire entière de la Sorcière Rouge et de son jumeau qui est revisitée à l'avantage du MCU.

Mutant no more

Car Wanda et Pietro sont prévus en 2015 dans Avengers : L'Ère d'Ultron respectivement sous les traits d'Elizabeth Olsen et Aaron Taylor-Johnson. Là, ils deviennent des humains améliorés par le Baron von Strucker, et non plus des porteurs du gène X. Dans une série débutée à la fin de la même année, le Maître de l'Évolution va justement se révéler être responsable des pouvoirs de la Sorcière Rouge et de son frère dans la série Scarlet Witch écrite par James Robinson.

Enfin, à la même période, Marvel écartait les X-Men de sa ligne éditoriale pour ne pas faire la promotion d'une licence détenue par la concurrence. Malheureusement, si cette combine narrative a été à l'avantage de la Maison des Idées et du MCU, elle a frustré de nombreux fans et entaché la cohérence de la longue vie de la Sorcière Rouge en comics.