Blonde : scènes de sexe, censure de Netflix... le réalisateur met les choses au clair

Le réalisateur Andrew Dominik met les choses au clair sur les polémiques entourant son film Netflix sur Marilyn Monroe, Blonde.

Alors qu'Andrew Dominik a vu sa carrière exploser en 2007 avec l'immense western L'Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford, le cinéaste a transformé l'essai avec Cogan : Killing Them Softly, sélectionné à Cannes en 2012. Depuis, l'Australien est resté très discret. Mais fort heureusement, après dix années d'attentes, maigrement comblées par deux documentaires sur Nick Cave et deux épisodes de la saison 2 de Mindhunter, Andrew Dominik va faire son grand retour avec Blonde.

Il s'agit d'un biopic romancé sur l'actrice Marilyn Monroe (interprétée par Ana de Armas), adapté du bouquin éponyme de Joyce Carol Oates et produit pour Netflix. Cependant, le film tourné en 2019 a vu sa production ralentie à cause de litiges entre le cinéaste et le géant du streaming vis-à-vis de la violence graphique du film et de son rapport à la sexualité. Depuis les multiples rumeurs ayant circulé sur Blonde à l'été 2021, l'avancée du film restait dans l'ombre même si les pontes de Netflix avaient assuré qu'il sortirait bien en 2022.

Et justement, dans une interview accordée à ScreenDaily, Andrew Dominik a enfin fait la lumière sur son film.

Les rédacteurs d'Ecran Large qui négocient pour une projection de Blonde

BLONDE, INTERDIT AUX MINEURS ?

Bien décidé à mettre les choses aux clairs, le réalisateur est ainsi revenu sur les rumeurs, l'implication de Netflix dans le processus créatif de Blonde et également sa classification. Et en effet, le film sera bel et bien réservé aux adultes :

"C'est un film exigeant. [...] Si le public n'aime pas ça, c'est la faute de ce foutu public. Ce n'est pas une élection présidentielle. C'est un film NC-17 [interdiction pour les personnes de moins de 17 aux États-Unis, ndlr] sur Marilyn Monroe, c'est ce que vous voulez non ? [...] Moi, je veux voir la version NC-17 de l'histoire de Marilyn Monroe."

Le cinéaste a également, dans la même interview, insisté sur le fait qu'il trouvait cette restriction NC-17 inappropriée : "C'est un tas de conneries". Andrew Dominik semble cependant tout à fait assumer la violence de son film. En témoigne sa façon d'ironiser sur les rumeurs d'une séquence de cunnilingus menstruel qui est "fausse", tout en confirmant en revanche que la séquence de viol présente dans le roman de Joyce Carol Oates sera bel et bien dans le film.

Une vision de Marilyn loin d'être idéalisée dans Blonde

Le film sera donc le premier long-métrage original Netflix à recevoir la fameuse restriction NC-17, qui, rappelons-le, est l'équivalent d'une interdiction de moins de 18 ans en France. De quoi quasiment confirmer que le long-métrage aura une exploitation très restreinte dans les salles de cinéma. La possibilité pour un tel film de sortir sur Netflix est donc assez exceptionnelle, quand bien même la plateforme tente tant bien que mal d'arrondir les angles avec le cinéaste pour adoucir la violence du long-métrage.

Apparemment, Netflix aurait justement confié ce rôle à la monteuse Jennifer Lame (Tenet, Manchester by the Sea), appelée par les représentants de la plateforme pour "modérer les excès du film". Mais malgré tout, Andrew Dominik affirme avoir conservé une grande part de contrôle sur son long-métrage :

"C'est plus simple de supporter quelque chose que l'on aime. C'est plus dur lorsque ce n'est pas le cas. Je n'éprouve rien d'autre que de la gratitude pour Netflix."

Netflix qui essaie de convaincre Andrew Dominik de retirer certaines scènes

netflix et cannes

Selon Andrew Dominik, Blonde pourrait également faire évoluer les relations entre Netflix et le Festival de Cannes. En effet, il semblerait que Netflix ait proposé un marché à Thierry Frémaux, le délégué général de Cannes qui "adore" le film selon le cinéaste. Netflix aurait proposé de jouer le jeu de la chronologie des médias français (à moitié) en sortant le film dans les cinémas français pendant huit mois avant son arrivée sur la plateforme, si le film est sélectionné en compétition.

Toutefois, la proposition aurait été refusée par Cannes, la chronologie des médias obligeant Netflix à attendre 15 mois (et non 8 comme proposé) entre une sortie en salles et une mise en ligne sur sa plateforme. En revanche, il se pourrait que le film fasse tout de même un tour sur la Croisette, mais en hors-compétition.

Ana de Armas dans No Time to Die

S'il est peu probable que l'on puisse découvrir le nouveau film d'Andrew Dominik au Festival de Cannes ou au cinéma en France, les discussions semblent donc continuer entre le ponte du streaming et le festival de cinéma le plus prestigieux du monde. En tout cas, une chose est sûre, Blonde n'en sera pas moins attendue et l'on espère que les litiges entre le cinéaste et le géant au N rouge n'auront pas trop affecté sa vision initiale de cette Marilyn sous acide. Il faudra attendre la sortie du film sur Netflix, courant 2022, pour le savoir.