Blonde : Andrew Dominik ne comprend toujours pas une critique contre son film Netflix

Mathis Bailleul | 6 décembre 2022
Mathis Bailleul | 6 décembre 2022

Alors que le polémique Blonde d'Andrew Dominik est sorti sur Netflix, le réalisateur n'a pas compris certaines attaques à l'encontre de son long-métrage.

Le parcours de Blonde a été compliqué. Avant et même après sa sortie, l'oeuvre a subi de multiples controverses et quantité d'attaques. Après avoir échappé à la "censure" de Netflix, l'excellent Blonde est finalement sorti sur la plateforme et a reçu un accueil partagé entre retours dithyrambiques et critiques agacées, pointant du doigt de nombreux choix de mise en scène ou scénaristiques.

Si Joyce Carol Oates, l'autrice des romans, a réagi à la vague d'indignations à l'encontre du film, c'était désormais au tour du réalisateur de prendre la parole au micro de The Hollywood Reporter à l'occasion du Red Sea International Film Festival d'Arabie Saoudite. Le metteur en scène a ainsi rebondi sur sa manière de dépeindre une icône américaine, radicalement différemment des mœurs culturelles actuelles :

 

Blonde : Photo Ana de ArmasQuand on parle de toi

 

"Nous vivons maintenant à une époque où il est important de présenter les femmes comme étant indépendantes, et les spectateurs veulent voir Marilyn Monroe comme une femme autonome. [...] Et si vous ne leur montrez pas ça, ça les dérange. [...] Ce qui est assez étrange, parce qu'elle est morte. [...] Ce qu'ils veulent vraiment dire, c'est que le film a exploité leur souvenir d'elle, leur image d'elle, ce qui est assez juste. Mais c'est l'idée même du film. Il essaie de prendre l'iconographie de sa vie et de la mettre au service de quelque chose d'autre, il essaie de prendre des choses qui vous sont familières et d'en retourner le sens. Mais c'est exactement ce qu'ils ne veulent pas voir."

D'après Dominik, une grande partie du public a attendu une Marilyn Monroe indépendante et forcément, se retrouver avec l'inverse l'a contrariée. Surtout lorsque l'on est dans une époque où cette image de la femme autonome est mise en avant. La frustration de ne pas voir ce trope s'appliquer au film a dû en contrarier plus d'un puisque pour certains, Marilyn était un symbole de femme indépendante. 

 

Blonde : Photo Ana de ArmasLes détracteurs attaquent

 

Si le cinéaste a théorisé les ressentiments provoqués, la controverse en elle-même ne l'a pas travaillé. Bien au contraire, il a même été ravi que la production fasse autant parler. De ses aveux, il a grandi à une époque où être capable d'offenser un public "était un devoir solennel, pour l'arracher à une certaine complaisance à l'égard des choses".

Et la principale raison pour laquelle le monsieur n'a pas voulu se plier à la norme d'écriture, c'est que Marilyn Monroe n'est plus de ce monde et qu'il n'avait par conséquent pas d'héritage à protéger. Aussi, le nom de la défunte n'est plus uniquement rattaché à l'actrice qui a réellement existé, selon lui, c'est dorénavant une figure mythique qu'il pouvait se réapproprier. Et c'est également la perspective qu'a adoptée la romancière dans son ouvrage, qu'adapte justement Dominik.

Maintenant, a-t-il raison ? Dominik a-t-il bafoué la véritable Norma Jeane Baker ou lui a-t-il rendu justice ? Ça, c'est une question à laquelle chacun aura sa réponse. Toujours est-il que pour se faire son propre avis sur la vision d'Andrew Dominik, Blonde est disponible sur Netflix depuis le 28 septembre 2022.

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commentaires
Dr.Zaius
09/12/2022 à 17:45

@GTB Loin de moi l'idée de prendre les spectateurs pour des imbéciles et bien sûr que le point de vue d'un auteur est essentiel pour raconter une histoire. Cependant, pour ma part et malgré toutes les qualités esthétiques que j'accorde au film (même si pour moi le réalisateur ce regarde filmer), je trouve que le film manque de subtilité sur les thèmes qu'il aborde. Enfin, je suis moins gêné sur les libertés que l'on peut prendre sur le naufragé du Titanic que sur l'histoire d'une personne lorsque l'on aborde des thèmes tels que ceux du film( le pouvoir des producteurs, les avortements forcés...). Et je ne dis pas que la vie de Marilyn Monroe a été facile.

GTB
09/12/2022 à 15:24

@Dr.Zaius > C'est donc l'erreur du spectateur, parfaitement candide, de prendre pour argent comptant les histoires qu'on lui raconte. Vous noterez que Titanic ne s'ouvre pas non plus sur un avertissement de la grande part fictionnelle du film. Idem pour Zodiac...Et tant d'autres.

De toutes façons un film est un film. Aussi inspiré de la réalité soit-il, il est toujours soumis à des nécessités de mise en scène, de dramaturgie, de romantisation, de démarche et surtout, surtout, il est soumis au regard de son auteur sur les faits qu'il relate. Les documentaires sont déjà bien loin d'être neutre et exhaustif; alors sur une fiction inspirée de la réalité, la marge est énorme. Par définition on y voit du vrai et du faux. Ce qui les rend intéressants est le regard et la démarche de l'auteur, pouvant ouvrir sur des échanges et des débats. C'est tellement débile (pardonnez moi le terme) de croire qu'un film relate la stricte vérité/réalité que ça me dépasse.

Et puis, sincèrement, une fois devant Blonde on comprend très rapidement et très facilement qu'il ne s'agit aucunement d'un biopic fidèle sur Marilyn. Le film est suffisamment extrême dans son propos pour que ça soit manifeste.

Dr.Zaius
09/12/2022 à 13:52

@GTB Très bien, sauf que le film lui ne commence pas par un avertissement sur son côté fictionnel et que tout le monde ne lira pas la fiche Netflix ou même le roman ce qui pourra amener certains spectateurs à croire a la véracité de tout ce qui est présent dans ce film.

GTB
08/12/2022 à 23:49

@ Dr.Zaius > "Film [...] qui tord la réalité".

De base, c'est déjà le principe même du biopic. Mais en plus là il ne s'agit même pas d'un biopic mais d'une fiction décrite comme telle. La com' autour du roman (qui s'ouvre sur un warning insistant sur le côté roman-fiction) et du film (la fiche Netflix parle de portrait-fiction) n'a jamais sous-entendu qu'il s’agissait d'une page wikipédia ou d'un documentaire.

Bob nims
07/12/2022 à 23:08

Un des meilleurs films de l'année tout simplement, Oscar meilleur actrice

Dr.Zaius
07/12/2022 à 19:32

Film prétentieux, suffisant, qui n'a pour lui que son esthétique et qui tord la réalité pour mieux épouser son point de vue. Reste la composition de l'actrice.

CINETIM - Allociné
07/12/2022 à 16:02

@SebAfond : Je suis à 200% d'accord avec toi. Tu as bien résumé ce que je pense... J'ajouterais, on va voir si les Oscars - Goldens Globes - Baftas et autres vont avoir le courage de mettre ce film en avant dans leurs distinctions et pas que pour la performance d'Ana de Armas. Bien qu'à mon humble avis, elle mérite sans contexte. D'autres brillante actrices pourraient lui faire de l'ombre, dont Cate Blanchett (qui est aussi excellente dans Tar)... Mais je pense qu'élire Ana de Armas serait véritablement un acte de courage. Dans le cadre contraire, si BLONDE ne fait partie d'aucune liste de distinctions de ces festivals, cela montrera le véritable visage d'Hollywood aujourd'hui. Prouvant que même si des pervers tombent, d'autres sont soutenus en secrets. Oh, pire, il faudra se mobiliser à fond pour une reconnaissance du film avec #OscarFanFavorite.

Anderton
07/12/2022 à 11:19

@SebAfond : +1
Marylin a été complètement fabriquée par un système et à été vendue et consommée comme un pur produit. On en garde un souvenir de femme sulfureuse, ingénue parfois, avec une sacrée dose de confiance principalement liée à sa beauté et son sex-appeal... Et on en oublie l'envers du décor du système, qui a perduré pendant des décennies et qui n'a pas été complètement mis à mal

SebAfond
07/12/2022 à 09:50

Je pense que le vrai problème est que le gens attendaient un film édulcoré et glamour reflétant l’image qu’on a de Marilyn. Et finalement le propos du film n’est pas là du tout. Marilyn juste est un prétexte pour traiter d’un autre sujet : la marchandisation des stars, et en particulier des femmes et de leur corps. Le film bouleverse. Pire, il prend notre propre point et nous le fout en pleine gueule avec une violence inouïe. Je comprends mieux pour ils ont voulu l'interdire. Prétextant de scènes de sexe inappropriées. Mais le film est un miroir. Et le reflet qu’ils y ont vu ne leur a pas plu parce qu'il va bien au-delà de la vie déchirée d'une icône. Il rappelle à la mémoire de ces dernières années tous les scandales où ces porcs balancés ont fait les unes. Arbres miteux cachant une forêt perverse dont on ne voit même pas le bout. Blonde est un grand film à voir sans attente particulière quand à la vie de Marilyn.

Kyle Reese
06/12/2022 à 14:16

Blonde, une de mes calques de cette année. dans mon top assurément.