Adieu les cons : Albert Dupontel enrage contre la sortie "bâclée" de son film au cinéma

La Rédaction | 21 octobre 2020 - MAJ : 21/10/2020 18:35
La Rédaction | 21 octobre 2020 - MAJ : 21/10/2020 18:35

C’est ce mercredi 21 octobre que sort au cinéma Adieu les cons d’Albert Dupontel. Une situation qui ne plaît pas au réalisateur. 

Pandémie, Covid, couvre-feu... les cinémas traversent actuellement une crise brutale, démultipliée par une fréquentation historiquement basse, et des distributeurs qui décalent massivement leurs films programmés, espérant pouvoir les préserver pour une période plus favorable. Cette situation entre funambulisme et auto-cannibalisme engendre des effets pervers redoutables, qu’illustre parfaitement Adieu les cons. 

Tandis que les salles ont pu survivre jusqu’à présent grâce à l’engagement de nombreux distributeurs indépendants, qui ont maintenu, avancé ou retravaillé leur catalogue pour permettre une programmation différente, inattendue et souvent attractive, elles sont, pour un grand nombre d’entre elles, susceptibles de se précipiter vers un long-métrage identifié comme ayant un grand potentiel public. C’est le cas de Adieu les cons (dont notre critique est juste), qui va bénéficier massivement d’écrans sur tout le territoire. 

 

photoUn public encore craintif ?

 

En effet le couvre-feu dans plusieurs villes de France a privé les exploitants de salles des séances de 20h et 21h, les plus remplies et lucratives (elles représentent parfois jusqu'à 40% des tickets vendus quotidiennement). Craignant de ne plus pouvoir toucher un public suffisant pour pouvoir rentrer dans leurs frais, plusieurs distributeurs, comme SND dans le cas de Kaamelott - Premier Volet, ont fait le choix de repousser la date de sortie de leurs produits. Face à cette situation, de nombreux cinémas craignent de ne pas pouvoir proposer aux spectateurs (dont la fréquentation, de par la crise sanitaire, à déjà diminué de 50% par rapport à la même période en 2019) des films capables de les faire venir dans leur salles.

C'est la raison pour laquelle ils sont nombreux à programmer massivement Adieu les cons, souvent en lui octroyant un grand nombre d'écrans au sein d'un même cinéma... Ce qui prive d'accès aux salles d'autres films.

 

 

Au détriment des distributeurs indépendants qui ont permis jusqu’alors aux salles de proposer quelque chose au public. Une situation absurde, soulignée notamment par Eurozoom (qui a récemment sorti Ip Man 4 : Le Dernier Combat, Akira ou encore Lupin III : The First, qui avait déjà signalé la contre-productivité pour le secteur de ce type de tropismes lors de la sortie de Tenet. En effet, beaucoup de "petits" films, comme le rappelle le tweet ci-dessus, vont être déprogrammés, en faveur d'Adieu les Cons, dans l'espoir de faire tourner la billetterie.

Une situation violente, qui va mettre en péril économique les distributeurs les plus audacieux et les moins fragiles. La situation est d'autant plus complexe que si les premiers chiffres remontés avant la sortie d'Adieu les cons le 21 octobre semblent indiquer une fréquentation moins catastrophique que redoutée, rien n'indique que le métrage d'Albert Dupontel, aussi attendu soit-il, saura aguicher suffisamment le public pour remplir les salles.

Et manifestement, Albert Dupontel n’est pas ravi non plus des conditions de sortie de son dernier long-métrage, comme il l’a fait savoir au Parisien. 

“Pour ne rien vous cacher, nous aurions voulu sortir en août, parce qu’on sentait bien le coup venir à l’automne. Mais ça nous a été sinon refusé, en tout cas vivement déconseillé par la Gaumont, qui distribue le film.” 

Et le cinéaste ne mâche pas ses mots. 

 

photo, Albert Dupontel, Virginie Efira"Non, mais qu'est-ce qui se passe là ?"

 

“Bref, je suis frustré et triste de cette sortie bâclée, voilà.”

Une logique commerciale à courte vue, qui est, pour le réalisateur, le cœur du problème. 

“Les arguments qui m'ont été avancés sont malheureusement triviaux-économiques, ce qui est le mal de la planète depuis quelques décennies. Il faudrait apprendre à raisonner autrement, me semble-t-il. Je me sens découragé par cette attitude. Je demandais juste un délai d'attente, mais aujourd'hui, on n'a même plus envie de s'arrêter pour réfléchir. Il faut aller vite coûte que coûte. C'est du gâchis.” 

En tout cas, pour redonner un peu le sourire à Albert Dupontel, on vous conseille vivement d'aller voir le film en salles. Notre critique est disponible.

Tout savoir sur Adieu les cons

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commentaires
Sébastien
23/10/2020 à 17:03

Pourtant le titre de son film convient parfaitement au gouvernement.

Latribu13
23/10/2020 à 13:29

Film genialissime ; Du grand DUPONTEL à voir absolument ! Merci pour cette petite claque jouissive ????????????????????

Rafe54
23/10/2020 à 09:51

A croire qu'ils veulent couler l'industrie du cinéma, ce gouvernement d'incapables..

Sasakikojiro
22/10/2020 à 15:18

Très bon article bien rédigé, clair et plaisant à lire. Merci

Fox
21/10/2020 à 18:30

Et cerise sur le tas de gâteau : ce pauvre Dupontel qui n'a rien demandé à personne, qui se retrouve à truster une bonne partie du parc des écrans avec son film au détriment des autres. Merci Gaumont ! Passer pour l'ogre qui bouffe la plus grosse part, quand on connait un peu l'état d'esprit du monsieur, ça ne doit pas du tout lui faire plaisir.

Fox
21/10/2020 à 18:29

Il est très probable que des gros comme Gaumont ait observé l'exemple Tenet, et de conclure qu'au final la stratégie du marathon ne fonctionnait pas.
Qu'il fallait mettre le paquet dès le départ, fort, avec le plus de séances possibles, pour que ça rapporte le plus gros dans les trois premières semaines.
En temps normal, la logique aurait été respectée : gros distributeur, gros film, gros nombre d'écrans monopolisé ; petit film... bref, on a compris. Sauf que là où ça devient vicelard, c'est que le petit est doublement perdant avec la situation actuelle : d'une part, il perd ses créneaux du soir et d'autre part, il se fait rogner le peu qui lui reste par les gros qui cherchent à compenser la perte. Et comme souligné par Simon Riaux, c'est d'autant plus dégueulasse que ce sont les petits qui ont majoritairement continué à sortir des films au cinéma. Donc je peux comprendre que la pilule soit dure à avaler.

Simon Riaux
21/10/2020 à 18:04

@Fox

Merci Fox, c'est tout à fait ça.

Navré les amis, si le texte, rédigé trop rapidement, vous a paru indigeste ou peu clair. Mais oui effectivement, comme le relevait Fox, l'idée est bien d'une sorte d'embouteillage virtuel.

Non pas que le nombre de sorties soit pharaonique, mais la focale mise par beaucoup de salles sur celui de Dupontel prive beaucoup d'autres acteurs de l'industrie d'accès aux salles, voire tentera certains exploitants de dégager des films marchant correctement, mais potentiellement moins que le Dupontel.

Ce qui pourrait n'être que la "règle du jeu" apparaît d'autant plus cruel et injuste aux intéressés que c'est en grande partie grâce à eux que les salles ont pu proposer une programmation digne de ce nom ces derniers mois.

Parallèlement, Dupontel se retrouve à la fois dans une position précaire (impossible de savoir comment et dans quelles proportions le public va se déplacer, et en plus il apparaît comme le "méchant".

Fox
21/10/2020 à 17:58

De ce que j'en ai compris, c'est que certains films seront surexposés grâce/à cause de producteurs/distributeurs pesant plus lourd.
Essayant de sauver les meubles compte tenu d'un nombre plus réduit de séances en raison du couvre-feu (et se cachant derrière l'argument qu'il faut bien rameuter les foules dans les salles pour sauver l'industrie et les exploitants), ils entendent bien jouer des coudes pour avoir le plus de représentation possible, en monopolisant un maximum d'écrans avec les films qu'ils vendent/défendent.
Le commentaire d'Eurozoom (entre autres) signifie que cela se fait au détriment de films et de distributeurs plus petits, avec une force de frappe mois grosse, alors que ces derniers avaient décidé malgré la situation de jouer le jeu en maintenant leurs sorties à la date prévue. Et qu'ils se retrouvent au final avec encore mois de visibilité qu'initialement décidé. Et donc que la diversité de l'offre ne sera pas au rendez-vous, ce qui leur paraît doublement préjudiciable (couvre-feu + main basse massive des gros distributeurs sur les écrans).

@ La Rédaction : arrêtez-moi si je me trompe.

Steely
21/10/2020 à 17:52

J'ai pigé que dalle !!!

Joluju
21/10/2020 à 17:44

Il y avait peut-être quelque chose d'intéressant à dire, mais ça n'a pas été dit. Faudra penser à embaucher des gens qui savent s'exprimer. Moins clair, tu meurs.

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