Netflix, Disney+ et Amazon Prime doivent sauver les salles, affirme Sam Mendes

Marion Barlet | 8 juin 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Marion Barlet | 8 juin 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Sam Mendes, le réalisateur de l'oscarisé 1917 (meilleure photographie, mixage son et effets visuels), de Skyfall et de Spectre, met les plateformes devant leur responsabilité.

Economiquement, c'est la m...ouise. L'industrie du cinéma s'est cassé les dents pendant la crise : salles de cinéma closes, tournages interdits, production reportée, embouteillage des sorties à venir, chronologie des médias perturbée, festival de Cannes qui a voulu sauver les meubles... La conjoncture n'est pas au beau fixe dans l'univers du divertissement, dont le retour à la normale pose bien des questions - à commencer par cet été, dont on ignore s'il sera "mort" ou non, avec Tenet en point d'interrogation.

Pourtant, certains ont fait leur beurre pendant le confinement. Netflix a continué son illustre bonhomme de chemin tandis que Disney+ a débarqué en Europe, explosant ses plus optimistes prévisions ; HBO Max est arrivé en fin de course et ne peut se targuer d'être à la hauteur de la concurrence pour l'instant. La guerre du streaming bat son plein, avec les "gros" (Netflix, Disney+, Amazon Prime, Apple TV+...) qui écrasent les "petits", plus conceptuels et de niches, comme Quibi.

 

photo, John David WashingtonTenet avance toujours masqué

 

Dans un entretien avec le Financial Times, Sam Mendes est revenu sur la crise sanitaire et ne s'est pas gêné pour signifier aux plateformes la conduite qu'elles devraient adopter.

"Alors qu'un pourcentage énorme de travailleurs a souffert ces trois derniers mois, il y en a aussi beaucoup que la Covid-19 a rendu riches. Il serait profondément ironique que les services de streaming - Netflix, Amazon Prime et autres - puissent se faire des millions grâce aux talents des meilleurs acteurs, producteurs, scénaristes et réalisateurs, alors que la culture artistique qui a nourri ce réservoir de talents est laissée pour compte".
"Y a-t-il quelqu'un parmi ces gens qui soit prêt à utiliser une partie de la manne financière qu'ils ont générée grâce à la Covid-19 pour aider ceux qui ont été mortellement touchés ? Si oui, j'espère qu'ils lisent ceci et qu'ils sont capables de considérer le paysage artistique comme plus qu'un simple "fournisseur de contenu", mais plutôt comme un écosystème qui nous soutient tous."

 

photoLes plateformes se sont bien engraissées pendant la crise

 

Les mots sont forts et le programme l'est tout autant. L'idée de Sam Mendes est fondé sur la redistribution d'une partie des gains engrangés par les plateformes pendant le confinement. Il rappelle implicitement que le modèle de consommation cinématographique ne fonctionne pas en vase clos : d'un film créé à sa (potentielle) diffusion sur Netflix, Disney ou autres, il y a de nombreuses étapes à franchir pour que l'économie du secteur reste viable. Sorties cinéma, DVD, Blu-Ray, VOD, SVoD exigent de respecter une chronologie pour rapporter de l'argent aux studios et aux productions.

A l'occasion de la sortie de son film de guerre 1917, Sam Mendes avait expliqué qu'un cinéaste réalise d'abord des films pour le grand écran, et que c'était une ambition sine qua non du métier selon lui. Avec son présent discours, il soutient tous les acteurs, au sens large, de l'industrie, comme l'ont fait Christopher Nolan pour les salles de cinéma, et la NATO dans son communiqué au gouvernement américain. Quant aux formats physiques, les DVD et Blu-Ray, ils sont aussi en danger comme l'a rappelé "L'appel des 50", en France.

 

photo, George MacKay, Dean-Charles ChapmanLâche ta thune Netflix

 

Légalement, il paraît impossible d'imposer aux plateformes de redistribuer leurs recettes pour rebooster l'industrie cinématographique dans son ensemble. C'est plutôt un geste des grosses plateformes qui est attendu, un soutien symbolique et surtout pragmatique pour perpétuer le modèle établi.

Les cinémas rouvrent en France le 22 juin, on sait ce qu'il nous reste à faire.

En attendant, notre sélection des nouveautés Netflix est ici, et celle d'Amazon Prime est là.

 

photo, Javier BardemQuand Netflix te fait du gringue mais que c'est pas ta came

Tout savoir sur 1917

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commentaires
Pete
09/06/2020 à 19:51

"D'abord vous vous agenouillez, demandez pardon, après on réfléchis ???? et guess what ? non."

Ça m'éclate ce type de commentaires adressés à l'industrie du cinéma, genre le gars est aussi actionnaire majoritaire de Netflix !!
C'est pas parce que tu kiffes La Casa de Papel que tu deviens de facto le porte-parole de la boîte !!

Le cinéma, c'est un éco-système ! Penser que toutes les plateformes qui se sont construites sur les catalogues ciné des petits et grands studios (y compris Netflix !) sont autonomes et se moquent de l'avenir de l'industrie et pourrait tracer leur chemin seul, c'est ne rien comprendre à la réalité économique de ce milieu.

Chris11
09/06/2020 à 19:47

Enorme de voir un ponte du cinéma US tacler sans relache les plateformes pour ensuite venir quémander mais tout en précisant que ce n'est pas quémander, c'est "une juste répartition". LOL MDR et tutti quanti devant ce comportement gerbant...

Karlito
09/06/2020 à 12:36

Le virus a juste accéléré une tendance grandissante.

Si les salles vont rouvrir, c'est p-e juste moi, mais je doute que les gens vont se précipiter en masse pour aller s'enfermer dans une salle avec des dizaines d'autres personnes pour un bon moment...

Le prix du ticket de cinéma est devenu trop cher, sans compter le tunnel de pubs que l'on doit ingurgiter sans l'avoir demander. En face, un abonnement simple et pas de pubs.

Du coup, j'attend une sortie locative ou avec un peu de patience sur Netflix ou autre. Au prix d'un mois d'abonnement.

Le plaisir du grand écran, mais bon, quand quelqu'un papote ou mange son popcorn sans discrétion, cela a tendance à un peu le gâcher :)

Pour les propos de Mendes. Il défend une idée, mais il ne faut pas oublier qu'il doit sûrement parler des Etats-Unis. Il me semble qu'en Europe, il y a diverses aides. Je suppose que si les acteurs et réalisateurs les plus fortunés versaient ne serait ce que 10% de leurs salaires, il y aurait une belle cagnotte pour ceux qui en souffrent. Les grandes Majors ils me semblent ont trés vite "libérées" pas de monde sans indémnités.

Je m'étonne d'ailleurs que les salles de cinéma n'ont pas proposé un système de VOD à la demande pour les films pendant le confinement. Des festivals de cinema se sont bien adaptés en proposant un forfait pour avoir accès à des films et court-métrages en ligne.

Et la marmotte elle te le met où le chocolat ?
09/06/2020 à 09:01

Toute l'industrie leur crache dessus et maintenant faudrait qu'ils soient sympa et leur lâche du pognon pcq...guess what ? ils avaient raison ???? Des barres le Sam !
D'abord vous vous agenouillez, demandez pardon, après on réfléchis ???? et guess what ? non.

maxleresistant
09/06/2020 à 01:08

J'aime bien Mendes mais c'est complètement débile ce qu'il raconte.
De 1, les studios sont ceux qui se sont enrichis le plus et ont collés la pression sur les salles durant ces 20 dernières années.
Netflix et autres n'ont pas fait de concurrence déloyale, ils offrent juste un service qui concurrence les salles.

Netflix a déjà mis en place un fond d'aide de 100 millions, qu'on fait les les majors? Que fait fait James Cameron avec ses milliards ? Steven Spielberg?

Franchement toute l'industrie s'est gavée pendant des décennies et maintenant qu'ils ont du fermé 4 mois, il faudrait que Netfliix Amazon etc jouent les oeuvres de charité ?

Ils se sont enrichis oui, et cet argent, en tout cas pour Netflix, sera réinvesti dans la production pour Netflix, et investir dans la production, c'est aider l'industrie.

Et faut pas croire, la VOD ça rapporte aussi a tout le monde.

Bref, un tissus de connerie, si il veut sauver les salles et les studios qu'ils le fassent eux même.
Franchement les ricains, des capitalistes pur et dur, sauf quand c'est leurs poches qui commence à se vider.

Kelso
08/06/2020 à 23:52

Faut pas rêver dans le cas contraire, imaginons par exemple un virus qui bloque pendant plusieurs mois les services de streaming, ça m'étonnerais beaucoup que l'industrie du cinéma aillent les aider, ils seraient plutôt très content de la concurrence en moins.

Blop
08/06/2020 à 19:17

Après tout pourquoi le feraient ils? Ils accusent les plateformes de détruire le cinéma ( alors que c'est le support physique qui en souffre le plus) et considère les films des plateformes comme des téléfilms et non du cinéma. Ils le feraient pour se donner une bonne image mais la encore on serait capable de les critiquer et de leurs dire que tout ceci est de leur fautes et que c'est normal qu'ils paient. Au final c'est ce que dit gentillement sam mendes

Pseudo
08/06/2020 à 19:05

Et HBO mini?