La 73e édition du Festival de Cannes n’aura pas lieu, mais il y a bel et bien une sélection officielle quand même.
Le coronavirus aura eu raison de la version physique du Festival de Cannes et de l’enthousiasme de nombreux cinéphiles qui avaient hâte de retrouver leurs habitudes sur le tapis rouge, dans les cafés de la Croisette et devant le grand écran du Grand Théâtre Lumière. Cependant, s’il n’y aura pas de montée des marches cette année, il y a bel et bien eu l’annonce d’une sélection un peu particulière.
Ce mercredi soir sur Canal+, c’était sans doute l’événement cinéma le plus important des derniers mois : la révélation des films composant cette sélection officielle cannoise de 2020. Aux côtés de son président Pierre Lescure, réélu à la tête du conseil d’administration du festival d’ailleurs, le délégué général Thierry Frémaux a donné une bouffée d’air frais au 7e art en dévoilant les 56 métrages qui bénéficieront du label cannois 2020.
Et malgré les absences de certains ténors qui semblent avoir préféré attendre une possible sélection pour Cannes 2021 (Benedetta, Annette, les nouveaux films de Bruno Dumont ou Kirill Serebrennikov…) ou une place pour Venise (Bergman Island de Mia Hansen-Løve, Tre Piani de Nanni Moretti, Memoria de Apichatpong Weerasethakul), cette liste de « fidèles », « premiers films », « nouveaux venus »… est largement réjouissante.
Avec notamment 15 premiers longs-métrages, 14 nouveaux venus, 13 films réalisés par des femmes ou encore cinq comédies, elle sent le renouveau, le changement… et présageait d’une belle édition. On a fait une petite sélection des films qu’il nous tarde de découvrir en salles (et plus encore). La liste complète est à retrouver dans la vidéo ci-dessous.
THE FRENCH DISPATCH
Ce n’est pas une surprise de découvrir le nouveau film de Wes Anderson dans cette sélection officielle puisqu’il était annoncé depuis de longs mois comme un prétendant sérieux à l’ouverture. Après ses deux passages berlinois avec The Grand Budapest Hotel (Grand Prix du Jury 2015) et L’île aux chiens (Ours d’argent du meilleur réalisateur 2018), l’Américain revient donc à Cannes, huit ans après Moonrise Kingdom, et met en scène un recueil d’histoires tirées du dernier numéro d’un magazine américain publié dans une ville française fictive du 20e siècle.
Tourné à Angoulême avec un casting de rêve, le film de Wes Anderson était déjà un des plus attendus à la rédaction en début d’année. La bande-annonce diffusée il y a quelques mois nous avait conquis et les paroles de Frémaux, décrivant le film comme « unique, entre la BD, le cinéma d’animation, le cinéma réel dans un style tout aussi précis » ont fini de nous convaincre. Il faudra être devant le film le 14 octobre prochain.
DRUNK
Il faisait partie des favoris pour intégrer la sélection officielle de ce Cannes 2020 et il n’a pas failli à son statut : le nouveau film de Thomas Vinterberg est évidemment une des grosses attentes de cette liste. Après avoir vu deux de ses films primés à Cannes (Festen, prix du Jury en 1998, et La Chasse, prix d’interprétation masculine pour Mads Mikkelsen en 2012), impossible de ne pas espérer beaucoup de ce retour du danois sur les terres cannoises.
Le film racontera la crise de la cinquantaine d’un groupe de professeurs qui décide de boire en continu pendant leurs heures de travail pour « tenter de réfléchir au passage du temps », avec de graves conséquences à la clé. Le film devrait débarquer le 14 octobre prochain en salles, c’est dire à quel point ce mercredi va être chargé en attente.
Mads Mikkelsen va encore bien s’amuser
ADN
Qu’on aime ou pas son style et ses précédentes réalisations, comment passer à côté du nouveau métrage de Maïwenn ? La réalisatrice française habituée de la Croisette a déjà été primée deux fois (Polisse, prix du jury 2011 ; et Mon roi, Prix d’interprétation féminine pour Emmanuelle Bercot en 2015).
Elle livrera sans doute son film le plus personnel avec ADN puisqu’il « évoque, dans un film de fiction, son retour à ses racines » en Algérie. Décrit comme « extraordinairement touchant », c’est évidemment une grosse attente, d’autant plus qu’on y trouvera un joli casting dont Fanny Ardant, Louis Garrel ou encore Dylan Robert (Shéhérazade).
Maiwenn de retour devant et derrière la caméra
HEAVEN : TO THE LAND OF HAPPINESS
Parce qu’une sélection cannoise sans films coréens, ça n’est pas vraiment une sélection digne de ce nom. Après le sacre de Parasite l’année dernière, le festival accueille le nouveau film de Sang-soo Im, habitué de la compétition puisqu’il a déjà concouru à deux reprises pour la Palme d’or avec The Housemaid et L’Ivresse de l’argent.
Le film est une sorte de « buddy movie, un film avec des flics, des infirmiers… l’espèce d’épopée extrêmement réjouissante » d’un duo selon les propres mots de Frémaux. On y retrouvera Choi Min-sik (inoubliable personnage principal de Old Boy) et également Park Hae-il, habitué des premiers films de Bong Joon-ho justement (Memories of murder, The Host). Pas de date de sortie ni de distributeur français pour le film, mais on a assez hâte.
Il y aura sans doute un peu de sang aussi, évidemment
PASSION SIMPLE
« À partir du mois de septembre l’année dernière, je n’ai plus rien fait d’autre qu’attendre un homme : qu’il me téléphone et qu’il vienne chez moi. Tout de lui m’a été précieux, ses yeux, sa bouche, son sexe, ses souvenirs d’enfant, sa voix… »
Nouveau film de la réalisatrice libanaise Danielle Arbid (derrière le très beau Peur de rien), Passion simple est l’adaptation du roman éponyme à succès d’Annie Ernaux et se présente d’ores et déjà comme une romance dramatique et particulièrement érotique. La première image de Laetitia Dosch et Sergei Polunin promet une jolie envolée lyrique et sulfureuse. Le film ne devrait pas sortir avant début 2021 dans les salles françaises.
Une relation sulfureuse débordante d’amour
PENINSULA
C’était la grosse attente estivale de 2020 et le film sortira finalement cet automne : la suite du Dernier train pour Busan. Le film de zombies coréens énervés avait enflammé la Croisette en 2016 lors d’une séance de minuit totalement démente, avant de séduire le public un peu partout dans le monde lors de sa sortie officielle.
Le retour du cinéaste Yeon Sang-Ho avec Peninsula est donc attendu de pied ferme. Il racontera les conséquences de l’apocalypse zombie puisqu’il se déroule quatre ans après les événements de Dernier train pour Busan et suivra la mission d’un ancien soldat dans un Séoul infesté de zombies, mais aussi de personnes saines qu’il faut sortir de là. La bande-annonce envoie du gros pâté et devrait finir de vous convaincre.
TEDDY
On regrette souvent le manque de films de genre à Cannes et avec Teddy ce ne sera pas le cas. Co-produit par The Jokers et Capricci, le film raconte l’histoire de Teddy, 19 ans, vivant dans les Pyrénées. Un soir de pleine lune, il est griffé par une bête inconnue. Les semaines qui suivent, il est pris de curieuses pulsions animales…
C’est donc un bon gros film de loup-garou qui nous attend, sans doute sous des airs de films initiatiques comme pouvait l’être Grave de Julia Ducournau. Réalisé par le duo Boukherma, qui avait fait Willy 1er, et porté par l’excellent Anthony Bajon, le film sortira début 2021.
AMMONITE
1840. Mary Anning fut une paléontologue renommée, mais vit aujourd’hui modestement avec sa mère sur la côte sud et sauvage de l’Angleterre. Mary glane des ammonites sur la plage et les vend à des touristes fortunés. L’un d’eux, en partance pour un voyage d’affaires, lui demande de prendre en pension son épouse convalescente, Charlotte. C’est le début d’une histoire d’amour passionnée qui défiera toutes les barrières sociales et changera leurs vies à jamais.
Difficile de passer après le somptueux et lumineux Portrait de la jeune fille en feu (voire Carol il y a déjà quelques années), et pourtant impossible de ne pas espérer beaucoup de choses du nouveau film de Francis Lee. Le cinéaste britannique a déjà livré une idylle homosexuelle (masculine cette fois) poignante et puissante en 2017 avec Seule la Terre, alors on mise gros sur Ammonite qui est, en plus, porté par un duo de talent : Kate Winslet et Saoirse Ronan.
GAGARINE
Voilà un premier film d’un duo français, Fanny Liatard et Jérémy Trouilh, qui va nous embarquer dans le quotidien du jeune Youri, 16 ans, vivant à Gagarine, immense cité de briques rouges d’Ivry-sur-Seine. L’adolescent rêve de devenir cosmonaute et quand il apprend que la zone est menacée de démolition, il décide de rentrer en résistance. Avec la complicité de Diana, Houssam et des habitants, il se donne pour mission de sauver la cité, devenue son « vaisseau spatial ».
À l’image des Misérables l’année dernière, Gagarine auscultera sans doute le quotidien de ces cités défavorisées avec un oeil affuté et précis. Cependant, l’une des deux premières images dévoilées sur les réseaux sociaux rappelle étrangement le lyrisme et la folie de La Lune de Jupiter de Kornél Mundruczó, même si Fremaux a affirmé que Gagarine « ne ressemblait à rien d’autre ». On pourrait donc vivre une petite envolée surréaliste très alléchante dans un cadre, lui, bien réel. Aucune date de sortie pour le moment.
En haut, Gagarine, en bas, La Lune de Jupiter, le parallèle semble presque évident
GARÇON CHIFFON
Jérémie, la trentaine, peine à faire décoller sa carrière de comédien. Sa vie sentimentale est mise à mal par ses crises de jalousie à répétition et son couple bat de l’aile. Il décide alors de quitter Paris et de se rendre sur sa terre d’origine, le Limousin, où il va tenter de se réparer auprès de sa mère..
Vous adorez Dix pour cent et surtout le personnage d’Hervé ? Vous n’aurez donc pas envie de rater Garçon chiffon de Nicolas Maury, qu’il réalise et interprète. Le film est présenté comme une grande comédie influencée par le cinéma coréen de Hong Sang-Soo et celui américain de Judd Apatow. Intrigant non ?
Nicolas Maury sera notamment accompagné par Nathalie Baye
MANGROVE ET LOVERS ROCK
Un petit dernier pour la route, qui ne sera pas visible en salles et qui n’est pas vraiment un film. Deux titres et pourtant un seul projet puisque Mangrove et Lovers Rock sont des longs épisodes ou des mini-films (à vous de voir) de l’anthologie sérielle de la BBC Small Axe, réalisés par l’oscarisé Steve McQueen. Le réalisateur de 12 Years a Slave revient donc à Cannes, douze ans après avoir reçu la Caméra d’or avec Hunger, avec une mini-série, comme ont pu le faire David Lynch avec Twin Peaks, Jane Campion avec Top of the Lake, ou encore Nicolas Winding Refn avec Too Old to Die Young.
La série suivra les traces de la communauté antillaise de Londres dans les années 60 et les deux épisodes sont « deux films historiques, dont l’un est un film de procès de policiers qui harcèlent la communauté black », ce qui « résonne très dramatiquement avec ce qui est arrivé à George Floyd et Adama Traoré ». Aucune date de diffusion n’a été révélée pour le moment, mais la mini-série de cinq épisodes devrait être diffusée sur Amazon Prime Video en France.
La talentueuse Letitia Wright est de la partie
QUELQUES AUTRES POUR LE PLAISIR
Avec une liste de 56 films aussi hétéroclite, impossible de se contenter de dix longs-métrages. Parmi les Français, on est très impatient de découvrir le nouveau film de François Ozon évidemment, Été 85, qui sera d’ailleurs le premier à investir les salles parmi cette sélection en sortant dès le 14 juillet prochain.
On est également très curieux du nouveau film de Marie-Castille Mention-Schaar, A Good Man, sur la transidentité et grossesse transgenre, tout comme du premier film de Peter Dourountzis, Vaurien, où Pierre Deladonchamps incarne Djé, fraîchement débarqué à Paris sans un sou, et saisissant chaque opportunité pour travailler, aimer, dormir… et tuer. Films attendus respectivement pour 2021 et septembre 2020.
On suivra également de près la comédie Un triomphe avec Kad Merad, qui aurait sans doute été la grande projection française cannoise de l’année, comme ont pu l’être Le Grand Bain puis La Belle Epoque. Enfin, pour ne les citer que brièvement, on scrutera Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait d’Emmanuel Mouret, Un médecin de nuit d’Elie Wajeman, Slalom de Charlène Favier ou encore L’origine du monde de et avec Laurent Lafitte.
Été 85 arrive cet été 2020 au cinéma
Côté international, on surveillera Limbo du Britannique Ben Sharrock, racontant l’histoire de migrants bloqués dans un port interloque, avec son style décrit dans le sillage de ceux de Roy Andersson et Aki Kaurismäki.
Last Words de l’américain Jonathan Nossiter est également un des films les plus intrigants puisqu’il nous embarquera en 2085, époque où le réchauffement climatique a eu raison de notre Terre, et où l’on suivra la fin du monde des cinq derniers humains vivants incarnés par, excusez du peu, Charlotte Rampling, Nick Nolte, Stellan Skarsgård, Alba Rohrwacher et Valeria Golino. On sera attentif aussi au premier film du Libanais Jimmy Keyrouz, Fausse note, décrit par Fremaux comme « Le Pianiste au Moyen-Orient aujourd’hui avec Daesh ».
Enfin, impossible de ne pas citer également True Mothers de la Japonaise Naomi Kawase, Falling de Viggo Mortensen, Soul de Pete Docter, Aya et la sorcière de Goro Miyazaki (fils d’Hayao Miyazaki) ou encore El olvido que seremos de l’Espagnol Fernando Trueba (Oscar du meilleur film étranger pour Belle époque en 1995).
Merci El.pour cet article fort intéressant. (Et qu’il.parle.pas pour une fois du Sn…..Cut !)
Si je ne m’abuse, le nombre de longs-métrages réalisés par des femmes cette année, c’est 16 et pas 13 ! Les pauvres, elles sont déjà en minorité, vous leur en enlevez en plus mdr
Communauté « noire » pas Black on est en France bordel de Bordeaux
@RamiValak
C’est pour ça qu’on en a parlé avant même cet article, hier, tellement c’est une info à part entière !
https://www.ecranlarge.com/films/news/1179165-ghibli-un-nouveau-film-surprise-en-2020-pour-le-studio-de-miyazaki
Aya et la sorcière juste en mentions honorables ?? C’est la hype ultime, nouveau Ghibli par le films de Miyazaki, premier film en 3D du studio !