Cillian Murphy, super-psychopathe dans un avion : Red Eye, le film oublié de Wes Craven

Axelle Vacher | 1 février 2024
Axelle Vacher | 1 février 2024

Si Wes Craven est avant tout reconnu pour sa contribution au panthéon de l'horreur, il s'est aussi essayé au thriller avec le curieux Red Eye - Sous haute pression.

Postérité et reconnaissance ont beau s'accompagner d'une belle poignée de bénéfices, elles impliquent également leur lot de préjudices ; après tout, plus l'édifice est haut, plus loin son ombre peut porter. C'est comme hanté par ce spectre que Wes Craven, érigé depuis plusieurs décennies déjà comme le maître de la peur, laisse de côté ses premiers amours pour s'exercer à de nouvelles dynamiques audiovisuelles et narratives. Après un premier détour par le drame biographique en 1999, il continue d’expérimenter en 2005 avec Red Eye, modeste thriller timidement approuvé par la critique, avant d'être promptement oublié au gré des ans.

Si le film n'a effectivement rien d'un chef d'oeuvre, cet exercice de style mérite néanmoins d'être appréhendé avec davantage de considération. Malgré son scénario faussement simpliste, l'un des derniers nés du regretté Craven propose en sous-main un parti pris formel et intellectuel bien plus fascinant que son audience n'a pu lui en donner crédit.

 

 

sous haute tension

Il n'y a rien de réducteur à avancer le plus évident : dans d'autres mains que celles de Wes Craven, le grand point fort de Red Eye avait largement matière à se muer en faiblesse. Écrit en collaboration avec un ancien camarade du lycée, le récit développé par Carl Ellsworth ne brille nullement par sa complexité ; l'occasion pour le cinéaste d'en user comme toile de fond pour mieux y imposer ses propres mécaniques, et transmettre davantage par l'image que par le dialogue.

Il est aisé de ne pas saisir le brio formel de Red Eye tant son sens effréné du rythme aspire le spectateur dès les premières minutes. "C'est peut-être à cause des amphétamines que je prenais", a d'ailleurs plaisanté le cinéaste lors d'un entretien accordé aux colonnes d'Hollywood en 2014. "Et je n'ai eu aucune pitié en salle de montage. J'ai tout réduit à son essence la plus absolue. Je n'ai coupé aucune scène du montage final, mais j'ai tranché dans chacun d'elle. J'ai trente ans d'expérience là-dedans."

 

Red Eye - Sous haute pression : photo, Rachel McAdams, Cillian MurphyDe l'art de bien préparer son découpage avec son équipe

 

Une expérience rendue d'autant plus palpable par une maîtrise totale de son environnement. L'exercice du huis clos a cela d'intéressant qu'en réduisant l'espace accordé au metteur en scène, celui-ci a tout le loisir d'en recréer la topologie au moyen de divers raccords, mouvements et échelles. La proximité entre la protagoniste de Rachel McAdams et l'antagoniste interprété par Cillian Murphy s'impose moins comme une contrainte pour Wes Craven, que comme l'opportunité d'en appuyer un peu plus les retors claustrophobes.

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commentaires
Sanchez
03/02/2024 à 14:37

Une daube tout simplement

Ray Peterson
03/02/2024 à 07:28

Complètement d'accord, un thriller plutôt bien troussé surtout dans sa première partie bien tendax. Après ça s'essouffle pas mal. Et, effectivement hormis Cillian Murphy et Rachel McAdams, c'est toujours agréable de voir cette bonne vieille trogne de Brian Cox.
En lisant l'article, je me suis refait le score de Beltrami qui, sans être inoubliable, fait très bien le job.

Birdy l'inquisiteur
02/02/2024 à 18:22

Mouais. Tiédasse, et Murphy en fait des caisses. Et puis quand tu as la chance de séduire Rachel McAdams, tu tentes pas de la découper en morceaux.

Eomerkor
01/02/2024 à 13:58

Voilà un film apparemment peu apprécié mais que j'avais bien aimé à sa sortie. Avec le succès de Pinky Blinders et d’Oppenheimer j’imagine que la présence de Cillian Murphy va de nouveau lui redonner tout son intérêt sur une quelconque plateforme (nouvelle loi de Murphy ?). C’est un huis clos sans prétentions bourrés de clins d’œil et de suspens dans sa première partie où tout repose sur la tension entre Rachel McAdams et Cillian Murphy mais la fin est un peu convenue quand même. En tout cas, il mérite le détour et surtout de sortir de son statut de mal aimé. Et puis revoir Rachel McAdams a ses débuts, la patte de Craven ainsi que Brian Cox c'est assez appréciable.

Dario 2 Palma
01/02/2024 à 13:40

ça fait plaisir un article sur ce petit thriller très sympathique et tendu où Craven fait preuve d'une mise en scène efficace, maitrisée, aidé par un duo d'acteurs excellent et une durée brève. La preuve que le papa de Freddy même tardivement dans sa carrière avait toujours son savoir faire et valait mieux que l'accueil critique mitigé qui lui était réservé de la part de la presse spécialisée et des "fans" de cinéma de genre..

Pseudo1
01/02/2024 à 12:09

Punaise, j'avais oublié que c'était McAdams en face de Murphy.
Il était sympa ce petit film, j'en garde un bon souvenir.