Zack Snyder : on a classé tous ses films, du pire au meilleur (Rebel Moon, Batman, Superman...)

La Rédaction | 20 avril 2024
La Rédaction | 20 avril 2024

Quel est le meilleur (et le pire) film de Zack SnyderRebel Moon sur Netflix, Watchmen, Sucker Punch, Man of Steel, Batman v Superman, le Snyder Cut, 300... Retour sur toute la filmographie du réalisateur.

Qu'on l'aime ou pas, Zack Snyder est désormais incontournable dans le paysage hollywoodien. Révélé au début des années 2000 avec L'Armée des morts et 300, le cinéaste a gagné en popularité avec les adaptations de comics Watchmen et surtout Superman et Batman chez DC, jusqu'au désastre Justice League en 2017 (et avant le miracle industriel Zack Snyder's Justice League alias Snyder Cut en 2021).

Embauché par Netflix, il s'est lancé dans un grand projet d'univers de SF avec Rebel Moon: Partie 1 - Enfant du feu (sorti en décembre 2023) et Rebel Moon Partie 2 : L'Entailleuse (sorti en avril 2024). On a donc pris le temps de classer tous les films de Zack Snyder, du pire au meilleur.

Garantie 100% "mais mdr c'est quoi ces goûts de chiotte moi j'aime trop ce film allez vous faire cuire la nuque".

 

 

11. REBEL MOON 2

  • Sortie : 2024
  • Durée : 2h

 

Rebel Moon Partie 2 : L'Entailleuse : photoLes sept mercemerdes

 

Rebel Moon Partie 2 : L'Entailleuse se retrouve tout en bas du classement, derrière les deux autres pires films de Zack Snyder, parce qu'il n'y a pas de zombie (un point en moins, automatiquement), et qu'il se fout encore plus de nous que le premier Rebel Moon. Après deux films, environ quatre heures et 166 millions de dollars de budget, ce sous-Star Wars et faux diptique ressemble bel et bien à une mauvaise introduction de série, absolument pas satisfaisante puisque rien n'est exploité.

Après deux nouvelles heures de spectacle, Kora n'a toujours pas affronté son véritable adversaire Balisarius (ça aurait été dommage d'avoir un vrai enjeu émotionnel), mais a tué Atticus Noble... comme à la fin du premier. On découvre que quelqu'un qui était censé être mort ne l'est pas... comme à la fin du premier film. L'héroïne a perdu quelques copains dans la bataille, mais pas grave : ils étaient tellement bien caractérisés que pas grand-monde n'avait retenu leurs prénoms.

 

Rebel Moon Partie 2 : L'Entailleuse : photo, Sofia BoutellaSofia butez-les-tous

 

Avec une première heure soporifique et une deuxième consacrée aux batailles, Rebel Moon 2 rate à peu près tout, et notamment les scènes d'action qui offrent au mieux quelques maigres idées amusantes (la glissade du combat final).

Mais le film au moins le mérite d'offrir quelques moments lunaires, qui frôlent parfois le sketch des Monty Python. On hésite à donner la palme de la connerie à Ed Skrein transformé en Jésus nazi (résurrection, toge et auréole de lumière high tech), le ciné-concert de violons pendant une scène capitale, le robot James qui nous fait une Captain Marvel (débarquer à la fin du combat pour tout péter), ou les 10 minutes de flashbacks enquillés autour d'une table. Mais peut-être que tout ça est meta et malin, et qu'on est passé à côté d'un truc.

 

10. army of the dead

  • Sortie : 2021
  • Durée : 2h28 (!)

 

Army of the Dead : photoFantasme

 

Il suffit de parcourir rapidement cet article (comme le feront 90% de ses lecteurs) pour se rendre compte qu'à nos yeux, Zack Snyder est plus que capable de réaliser une bonne grosse série B de zombies. Alors, quand Netflix a annoncé lui avoir signé un chèque en blanc au lendemain de la bérézina Justice League pour un blockbuster classé R avec des hordes de morts-vivants et ce gros bourrin de Dave Bautista en tête d'affiche, l'espoir s'est immiscé dans nos coeurs de cinéphiles aigris. Espoir qui s'est transformé en impatience à la lecture du pitch : un groupe de mercenaires tente de braquer un casino de Las Vegas dominé par les cadavres ambulants.

Le coup était immanquable. Sauf que depuis Dawn of the Dead, le cinéaste a mûri et ne travaille non plus avec James Gunn mais avec Shay Hatten et Joby Harold, auteurs respectivement de John Wick 3 et du Roi Arthur : La légende d'Excalibur. Des monuments de concision et de simplicité, qui passent néanmoins pour des courts-métrages minimalistes à côté de ce Army of the Dead.

 

Army of the Dead : photoRéalité

 

Résultat : Snyder et ses nouveaux acolytes s'intéressent bien moins aux zombies qu'à une rimbambelle de personnages développés péniblement pendant deux longues heures et demi ; et en particulier à celui de Bautista, dont le trauma familial est martelé inlassablement jusqu'à la mort cérébrale du spectateur. Le lien avec les épreuves que le cinéaste a lui-même traversées est évident, mais non seulement il ne justifie pas une écriture aussi lourdingue, mais il occulte – littéralement – le divertissement décérébré promis.

En effet, fier de se consacrer avant tout à ses personnages parmi les plus inintéressants de l'histoire du genre (un exploit en soi), il a tourné une partie d'Army of the Dead avec des objectifs très particuliers, les fameux Dream Lenses de Canon, qui saturent de flou tout ce qui est périphérique au sujet du plan. Un choix artistique particulièrement adapté à une histoire intime et onirique, telle bien sûr qu'une d'invasion de zombies à 90 millions de dollars. Ultime pied de nez aux amateurs de cinéma d'horreur : la scie circulaire longuement présentée ne découpera pas un seul membre nécrosé.

Reste le générique, qui condense en quelques minutes tout ce qu'on attendait du film : des ralentis, des gags et du sang. On vous conseille de vous arrêter là, puisque le spin-off abandonne carrément l'armée... et les morts.

 

9. Rebel MOON

  • Sortie : 25 décembre 2023 sur Netflix
  • Durée : 2h13

 

Rebel Moon: Partie 1 - Enfant du feu : critique d'une Snyder Croûte sur NetflixRebel Nul

 

Zack Snyder a imaginé Rebel Moon comme un potentiel Star Wars qu'il a essayé de vendre à Lucasfilm en 2012, pile quand Disney a racheté le studio. Pas besoin d'avoir les yeux ouverts pour s'en rendre compte tant le film est une très pâle copie de la saga spatiale de George Lucas (et donc, des 7 Samouraïs)... ce qui ne serait pas un problème si c'était écrit, réalisé et monté avec un minimum de savoir-faire.

Qu'est-il arrivé à Zack Snyder pour qu'il ponde pareil navet ? Où est passé son sens de la mise en scène dans les bastons, les poursuites, les ralentis et l'iconisation à outrance des personnages ? Pourquoi Rebel Moon manque à ce point d'envergure, que ce soit dans son récit en pilotage automatique ou ses incrustrations terriblement plates ?

Premier responsable : l'affreux scénario signé Zack Snyder, Kurt Johnstad (300, Atomic Blonde) et Shay Hatten (Army of the Dead, Army of Thieves), qui compile le pire du pire. Non seulement les personnages sont basiques au possible (l'héroïne meurtrie et silencieuse, orpheline et ex-méchante, qui devient leader), mais ils ont droit à des répliques terriblements simplettes et démonstratives, voire hilarantes. Dommage pour Sofia Boutella et les autres, simplement condamnés par ce néant.

 

Rebel Moon : A Child of Fire : photoPauvre Bae Doo-na

 

Les rebelles sont des archétypes ringards (l'ancien général badass, la cyborg badass, le soldat badass, etc), mais ils sont en plus recrutés en trois secondes chrono, comme des PNJ. Sans la moindre caractérisation, ils deviennent de pauvres figurants à la mine renfrognée, quasi muets, et définis uniquement par leur garde-robe digne d'un spin-off de Hunger Games. Un peu comme les grands méchants, ces nazis option fashion week intergalactique menés par Ed Skrein.

Gentils comme méchants, tout le monde est logé à la même enseigne dans ce carnaval incroyablement triste et qui fait peine à voir. Jamais spectaculaire, souvent grotesque et toujours ennuyeux, Rebel Moon s'étire sur deux interminables heures et rate à peu près tous les grands moments (le vol de Tarak à dos de machin alien, les flashbacks "émotionnels", l'affrontement final). Et en mixant tout et n'importe quoi dans les classiques de la SF, Zack Snyder semble avoir oublié ce qui comptait dans ses bons films : le spectacle, la simplicité, et la générosité. Ne reste alors que le pire : la lourdeur, la bêtise, et la pauvreté.

8. zack snyder's justice league

  • Sortie : 2021 (directement en VOD)
  • Durée : 4h02

 

Zack Snyder's Justice League : photoLa Justice League, une équipe dans toutes les mémoires

 

Après la débandade du Snyderverse avec l’échec de Justice League version Whedon, une armée de bots-fans a tout tenté pour faire renaître l’univers super-héroïque imaginé par Zack Snyder. Ainsi, après plusieurs années de photos floues et concept art non terminés balancés par Snyder lui-même sur Vero (la légende raconte qu’il est le seul à utiliser ce réseau social), et une horde dévouée à envahir Twitter avec le #ReleaseTheSnyderCut, Warner a finalement cédé.

On s’en souvient comme si c’était hier de l’officialisation du studio, un 20 mai 2020, veille de l’Ascension, comme un signe divin pour les fans du cinéaste. Alors que plus personne n’y croyait vraiment, le Snyder Cut a donc été confirmé et l’attente s’est démultipliée. C’est un peu moins d’un an après, en mars 2021, que cette longue version de Justice League, intitulée Zack Snyder's Justice League, a donc été mise en ligne directement sur HBO Max (condition du studio et pandémie oblige). Et le résultat n’a fait que confirmer ce qu’on savait déjà : ce Snyder Cut n’est finalement qu’une version augmentée d’un film raté.

 

Zack Snyder's Justice League : photoUn climax d'une beauté époustouflante

 

Cette version longue (plus de 4h rappelons-le) subit constamment les lubies de Zack Snyder et en particulier son amour des ralentis. En utilisant à outrance le procédé (10% du film est en slow motion selon les héros ayant eu le courage de calculer, soit 25 min de film), le réalisateur alourdit régulièrement les scènes d’action. Et in fine, cela réduit leur impact dans les moments opportuns, à l’image de la course de Flash dans le climax (jolie idée égratignée par le reste du film).

Pour le reste, Zack Snyder’s Justice League conserve l’humour gênant de sa version cinéma, voire en ajoute (les saucisses sérieux), se repose toujours sur des effets spéciaux d’une qualité très inégale et souffre forcément de son simple statut. Difficile de comprendre l’intérêt réel de l’épilogue post-apocalyptique ouvrant les portes d’un monde dont on sait pertinemment qu’on ne verra rien.

Alors oui, la mythologie globale du Snyderverse ressort gagnante de ce Snyder cut. La quête des Boites-mères est mieux exposée, Steppenwolf devient un ennemi à la hauteur de sa réputation, une vraie tragédie se joue sous les yeux des spectateurs et l’on imagine mieux le grand dessein super-héroïque de Zack Snyder. Mais à vrai dire, ça fait beaucoup de bruits pour pas grand-chose.

 

7. Batman v superman

  • Sortie : 2016
  • Durée : 2h32 (version cinéma) et 3h03 (director's cut)

 

Batman v Superman : L’Aube de la justice : photo, Ben Affleck, Henry CavillBatman of steel

 

Préfigurant le cas Justice LeagueBatman v Superman : L’Aube de la justice est un autre film bourré de promesses trahies. En voulant zapper l'origin story ô combien remâchée de Batman, le récit s'était pourtant dégagé un temps précieux pour amener soigneusement la rivalité idéologique entre les deux héros du titre, et présenter le plan de Lex Luthor (Jesse Eisenberg) pour les faire s'affronter.

De plus, au-delà de poursuivre le traitement lyrique du dernier fils de Krypton après Man of Steel, le film introduit en contrepoint un Batman pessimiste et quasi amoral qui se rapproche de l'itération de Frank Miller (comme par hasard) dans The Dark Knight Returns. Ce basculement se traduit visuellement par ses costumes qui prennent des allures d'armures, et sa batmobile plus proche d'un char d'assaut que d'une voiture high-tech.

 

Batman v Superman : jesse eisenbergLex Luthor love and thunder

Malheureusement, les nombreux coups de cisailles en salle de montage ont rendu cette histoire pleine de potentiel trop imprécise et hasardeuse, diluant les motivations des personnages, faussant leur caractérisation et la compréhension des événements. De quoi avoir l'impression de déchiffrer un texte à trous.

Certes, le film démarrait bien avec la relecture du combat de Man of Steel du point de vue de Bruce Wayne (Ben Affleck), mais les pièces du puzzle ont simplement du mal à s'imbriquer dans la version cinéma. Encore plus quand le film introduit aux forceps son futur univers étendu, en faisant entrer la Wonder Woman de Gal Gadot par la petite porte et en superposant les caméos maladroits (Flash, Aquaman, Cyborg).

De fait, ce résultat bancal lié aux ambitions de DCEU correspond davantage à la vision d'un studio frileux à l'idée de brusquer le public (jurisprudence Man of Steel avec le meurtre de Zod) qu'à celle de son réalisateur, qui n'est cependant pas un titre honorifique pour Snyder. 

 

Batman v Superman : L’Aube de la justice : photo, Gal GadotL'entrée (par la petite porte) de Wonder Woman dans l'univers DC 

 

La version longue, qui rallonge le récit d'environ 30 minutes, a en effet permis d'éclaircir les zones d'ombre et d'apporter de la cohérence dans les plans machiavéliques de Luthor, tout en atténuant le ridicule de certaines séquences (maman Martha en tête de liste). L'affrontement entre les deux surhommes y paraît ainsi moins artificiel et mieux justifié, ce qui ferait presque pardonner le combat final apocalyptique contre Doomsday. Parce qu'entre le décor urbain grisâtre et le monstre de CGI, Lex Luthor n'était clairement pas le seul à vouloir nuire...

 

6. 300

  • Sortie : 2006
  • Durée : 1h57

 

300 : photo, Gerard ButlerFilmé intégralement en lumières naturelles (non)

 

Le film qui a popularisé le "style Snyder", tel qu'il a été loué et moqué par la suite. Encore aujourd'hui, rares sont les productions à pousser les potards à ce point, faisant presque de 300 une parodie rétroactive des tics numériques qui prenaient d'assaut le cinéma grand public américain au milieu des années 2000. Tourné principalement dans un studio tapissé de fonds bleus du sol au plafond, il multiplie les effets de style si faciles à tourner en ridicule.

Dans 300, chaque giclée de sang, chaque grain de sable et peut-être même chaque abdo de son casting masculin transpirant l'homoérotisme est reconstruit en post-production, à l'exception d'un seul et unique plan tourné en extérieur (à vous de le trouver). Une artificialité qui a très mal vielli, mais qui va au moins de pair avec la vision complètement fantasmatique de la période historique, héritée de la BD de Frank Miller, aussi bien en termes de mise en scène (les millions de ralentis) et de photographie que de narration et même de design, puisque les armées de Xercès sont littéralement monstrueuses.

 

300 : photo, Andrew TiernanCe traitre d'handicapé

 

Un bon gros rêve humide d'américain bourrin, où des héros eugéniques à la tête d'un état militariste utopique censé être un pilier de la société occidentale repoussent à la force de leurs quadriceps des hordes d'horribles barbares venus du Moyen-Orient. Forcément, la chose a outragé la presse et une partie de la population iranienne, en plus de discréditer le metteur en scène auprès de pas mal de gens, certains se demandant même si cette série B à 60 millions de dollars n'était pas trop grotesque pour ne pas être une satire à la Starship Troopers.

Des hypothèses qui seront démenties lors de la suite de sa carrière, tandis que d'une main il retournait comme une chaussette les idées de cet anarchiste d'Alan Moore et de l'autre il assumait de plus en plus sa passion pour la grande prêtresse du libéralisme sauvage Ayn Rand (dont il a considéré adapter le roman le plus connu avant d'annoncer que le contexte politique n'était pas propice à sa sortie !).

 

300 : photo, Rodrigo Santoro"MDR y'a zéro homoérotisme dans ce film vous pensez qu'à ça"

 

Après le succès de L'Armée des morts, 300 est le film qui a mis le feu aux poudres et qui a valu indirectement à l'équipe d'Ecran Large une salve d'insultes n'ayant rien à envier à l'impressionnante pluie de flèche dans le film.

Car oui, désormais, avec un recul amusé, 300 a quelque chose d'attachant, d'autant que tous les films qui l'ont copié n'ont jamais été aussi efficaces que lui, à part peut-être sa suite encore plus crétine, plus pixélisée et plus je-m'en-foutiste. Archi-rentre-dedans et parcouru de visions horrifiques assez marquantes, il a – en mal ou en bien – infusé l'industrie hollywoodienne les années suivantes, et pas seulement grâce à son carton au box-office.

 

5. Sucker Punch

  • Sortie : 2011
  • Durée : 1h50

 

Sucker Punch : photoNo-can-do's-ville, baby doll

 

C’est le Alice aux pays des merveilles avec des mitrailleuses que Snyder voulait réaliser depuis longtemps (l'idée a germé bien avant L'Armée des morts), même si dans un premier temps, le tournage de Watchmen lui grilla la priorité. Mais c’est grâce à leur bonne entente sur la fabrication de ce dernier que Warner Bros. signa également Sucker Punch et prolongea la collaboration avec le réalisateur. Malheureusement, le destin du film ne fit pas d'étincelles, puisqu’il fit un flop au box-office, ne rapportant pas tout à fait 90 millions après en avoir coûté 82.

Un sort regrettable pour cette épopée onirique qui se veut être l’opposé du très masculin 300, et qui s’attache à dépeindre les manières dont un regard tout aussi masculin peut broyer les jeunes femmes. Pour ce faire, le film met en scène un univers d’asile psychiatrique (les débuts de la psychiatrie ayant été particulièrement cruels envers les femmes), ainsi que celui d’un cabaret exploitant ses danseuses, à travers différents niveaux de narration.

 

  •  On a consacré un podcast entier à Sucker Punch :

 

Des cadres violents mais trop souvent fantasmés comme décors d’une esthétique pornographique faite par et pour les hommes, que Snyder utilise pour renvoyer à son public le caractère malsain de ce qu’il attend d’un casting féminin. Au sommet de l'affiche trône Emily Browning et des actrices aussi douées que rares comme Abbie Cornish et Jena Malone. Face à elles, un Oscar Isaac et un Jon Hamm dégoûlinants de cruauté, sans oublier Carla Gugino, de retour chez Snyder après Watchmen.

Conscient de sa responsabilité en tant que réalisateur, Snyder déjoue ici toutes les attentes en ne flattant pas les courbes de ses actrices à l’écran, préférant les chorégraphies de combat aux gros plans sur des décolletés. Si l’ensemble est numériquement kitsch au possible, et brouille plus que jamais la frontière entre cinéma et (vieux) jeu vidéo, l’intention du film est belle et bien exécutée.

 

Sucker Punch : photo, Abbie Cornish, Jena Malone, Vanessa HudgensCeci est un doigt d'honneur

 

Sucker Punch est sans doute le film le plus incompris de la carrière de Snyder, qui tint tout de même à dévoiler une version longue de 2h07. Interrogé environ mille fois sur l'échec du film, le réalisateur avait bien résumé son intention à la sortie : "Les filles sont dans un bordel où elles font un show pour les hommes dans le noir. Dans les scènes de fantaisie, les hommes dans le noir, c'est nous. Les hommes dans le noir, en gros c'est moi : des gosses ringards fans de SF." 

En 2019, chez CinemaDebate, il en remettait une couche : "Je suis toujours choqué de voir que le film a été à ce point incompris. J'ai toujours dit que c'était un commentaire sur le sexisme et la culture geek. Quand on me demandait, 'Pourquoi t'as filmé comme ça les filles ?', je répondais, 'C'est toi qui as fait ça !'. Sucker Punch est un doigt d'honneur à beaucoup de gens qui vont aller le voir".

 

4. MAN OF STEEL

  • Sortie : 2013
  • Durée : 2h23

 

Man of Steel : Photo Henry CavillNote : ne pas laver son super-costume à 60°

 

En 2013, soit un an après le final de la trilogie Dark Knight, voir Zack Snyder s'associer à Christopher Nolan pour redéfinir Superman avait tout du fantasme ultime pour les geeks du monde entier. Au final, on pourra reprocher à Man of Steel d'avoir surtout entamé un DCEU inconstant dans sa direction artistique et narrative. Pourtant, à la revoyure, Snyder a eu le mérite de poser des bases solides pour sa peinture très délavée et mélancolique du fils de Krypton. De son introduction apocalyptique aux élans malickiens qui s'ensuivent, le cinéaste quitte (un peu) la pachydermie de ses ralentis abusifs et de ses plans-tableaux pour une mise en scène plus vive, plus à l'épaule, et donc plus à l'os.

Sans avoir le filet de sécurité d'un comics précis dont il pourrait repiquer les cases, le cinéaste s'attèle à capter la pure sensitivité de son héros en quête de sens dans un monde qui n'est pas le sien. C'est dans ces moments que Man of Steel brille le plus. Avec les envolées lyriques de Hans Zimmer et cette caméra qui peine à suivre la vitesse supersonique du héros, Superman est redéfini en tant que mythe par le point de vue que les humains portent sur lui. Et c'est vraiment galvanisant.

 

Man of Steel : photo, Antje TraueVous reprendrez bien une petite louche de HR Giger dans votre film de SF ?

 

Même si Snyder se perd comme d'habitude dans ses sous-intrigues (pauvre Loïs Lane), son introduction dans le monde de DC sait façonner l'émotion, que ce soit aux côtés de la famille Kent ou du désespoir du général Zod. Dès lors, le réalisateur sidère par la pesanteur de cet univers, où la mort rôde jusqu'à ensevelir Superman sous un amoncellement de crânes. Sans avoir besoin de la menace totale de Darkseid, Zack Snyder a su faire de son blockbuster super-héroïque une oeuvre hantée par la fin des civilisations.

D'aucuns ont pu attaquer l'artiste sur le destruction porn outrancier de la deuxième heure, mais Man of Steel a clairement contribué à l'exorcisme d'une certaine imagerie traumatique du XXIe siècle (le 11 septembre), sans pour autant perdre de vue un spectacle engageant, parsemé d'images choc (cette vision d'un avion de chasse détruit des mains d'un Kryptonien). Dommage que cette efficacité soit parasitée par des métaphores christiques pas bien finaudes, et une rationnalisation agaçante de sa mythologie DC (le S qui signifie l'espoir, pitié...).

 

3. WATCHMEN

  • Sortie : 2009
  • Durée : 2h42 (version cinéma), 3h06 (version direction cut), 3h25 (version Ultimate Cut)

 

Watchmen : photoWho watches the Watchmen ?

 

Oui, Alan Moore méprise ce film. Oui, plein de fans du roman graphique Watchmen détestent cette adaptation qui n'aurait rien compris, et qui a osé éjecter le poulpe géant interdimensionnel à la fin. Mais une fois accepté que c'est bien une adaptation, le Watchmen réalisé par Zack Snyder (et écrit par Alex Hayter et Alex Tse) peut être apprécié comme un objet à part entière ; et une réussite éclatante, d'une beauté sensationnelle.

Le film a beaucoup été réduit à une transposition flemmarde et facile des cases du comics, mais c'est oublier tous les choix de Zack Snyder. La musique, le montage et le mouvement (oui, les ralentis) sont autant d'outils cinémographiques qu'il utilise pour donner vie à cet univers, à sa manière. Du générique de cinq minutes sur Bob Dylan à la parenthèse Docteur Manhattan sur du Philip Glass, en passant par la photo de Larry Fond et les effets visuels de Sony Pictures Imageworks (derrière les trilogies Spider-Man de Sam Raimi et Matrix des Wachowski), Watchmen est d'une richesse immense.

Le talent de Patrick Wilson, Malin Akerman, Jackie Earle Haley, Billy Crudup, Matthew Goode, Carla Gugino et Jeffrey Dean Morgan y est pour beaucoup, apportant toute l'émotion nécessaire dans ce blockbuster.

 

Watchmen : photoRéécouter Pruit Igoes and Prophecies de Philip Glass

 

Et derrière la beauté, il y a le principal : toute la portée politique et philosophique d'un grand récit vertigineux autour de l'Amérique, de la figure du super-héros, du sens de la violence et du prix de la (sur)vie. Là encore, Zack Snyder s'est approprié le travail d'Alan Moore, pour le meilleur et pour le pire selon les points de vue. Mais n'est-ce pas exactement ce qu'il fallait faire avec une telle œuvre intemporelle, pour qu'elle reflète autre chose du monde, comme le fera par la suite Damon Lindelof avec la série Watchmen ?

Enfin, cerise sur le fascinant gâteau : ce Watchmen est une anomalie dans le système. 130 millions de dollars de budget pour un film Rated R (interdit aux moins de 17 ans non accompagnés), de 2h42 (version cinéma), sans super-héros archi-connu de type Batman ou Superman, ni acteur ou actrice populaire. Sans grande surprise, Watchmen s'est vautré en salles, avec seulement 185 millions au box-office. Une fin bien amère pour ce projet qui avait traîné et fait rêver durant des années (Terry Gilliam, Darren Aronofsky, Paul Greengrass et plusieurs studios s'y sont cassés les dents).

 

Watchmen : photoTest de Rorschach : aimer ou détester ce film

 

Néanmoins, on sait bien que plein de gens détestent le film Watchmen, que ce soit pour la manière dont Rorschach est écrit, pour la scène de sexe sur Hallelujah de Leonard Cohen, et globalement tout ce qu'a fait Zack Snyder (les libertés mais aussi la fidélité vis-à-vis du comics, le discours politique, etc).

En tout cas, Christopher Nolan (qui a produit Man of Steel en 2013) validait le film, dans The Hollywood Reporter en 2023 : "J'ai toujours pensé que Watchmen était en avance sur son temps. L'idée d'une équipe de super-héros, qui est brillamment subvertie, n'était pas encore un truc dans les films. Ça aurait été fascinant de le voir sortir post-Avengers".

 

2. LE ROYAUME DE GA'HOoLE

  • Sortie : 2010
  • Durée : 1h39 

 

Le Royaume de Ga'Hoole - la légende des gardiens : photoUne histoire de chouettes saupoudrée de nazisme



Le Royaume de Ga'Hoole - la légende des gardiens
a tout de l'OVNI dans la filmographie de Zack Snyder. En même temps, le film s'éloigne effectivement de tout ce qu'a pu faire le cinéaste avant ou par la suite. Après les morts-vivants, les spartiates de Frank Miller et les super-héros glauques d'Alan Moore, le fidèle partisan du R-rated cruel et sanguinolent s'est essayé pour la première (et dernière) fois au film d'animation "pour enfants" avec un classement PG adapté à tous les publics.

Mais le cinéaste a beau avoir voulu faire plaisir à ses propres enfants en adaptant une série littéraire jeunesse de Kathryn Lasky, il n'a pas pu s'empêcher de faire un pas de côté par rapport au récit édulcoré auquel on aurait logiquement pu s'attendre. Sous le duvet attendrissant des protagonistes, on reconnaît aisément la patte acérée du réalisateur qui invoque autant les horreurs du Troisième Reich que l'imagerie épique du péplum dans cette quête initiatique de chouettes qui parlent.

 

Le Royaume de Ga'Hoole - la légende des gardiens : photoArmées jusqu'aux griffes

En dépit du parcours cousu de fil blanc du héros, le film n'est donc pas candide ou mignonnet. Il parle de guerre, de "Sang Pur", d'oisillons réduits à l'esclavage, de fratricide, d'endoctrinement idéologique et de politique totalitaire, tout en troquant ses habituelles effusions de sang contre des effusions de plumes qui traduisent la même violence dans les affrontements. De façon plus approfondie, le scénario confronte les mythes et légendes à la réalité pour déconstruire l'héroïsme et tous les fantasmes qui gravitent autour.

Enfin, en reprenant les tics de réalisation de Snyder (en particulier son goût prononcé pour les ralentis), le film arbore à plusieurs moments une esthétique picturale qui s'approche de ce que pourraient proposer des planches de comics. Le fait de suspendre ou de figer le temps permet également de rendre l'action plus lisible et surtout d'apprécier le travail impressionnant d'Animal Logic (Happy Feet, Le Seigneur des Anneaux), notamment sur les plumages et battements d'ailes.

 

Le Royaume de Ga'Hoole - la légende des gardiens : photoOui, le style outrancier de Snyder colle très bien à l'animation

 

Malheureusement, le film est déséquilibré et donne l'impression de tirer à côté de sa cible en étant trop sombre pour les enfants, mais déjà trop convenu pour les autres. Les thématiques sont quant à elles bien trop nombreuses pour être pleinement développées et nuancées, tandis que certaines ruptures de ton sont presque aberrantes. Le meilleur exemple reste cette séquence de vol légère et enfantine sur une musique pop (le morceau To the Sky de Owl City, vous l'avez ?) qui succède à une scène particulièrement dramatique.

C'est peut-être ce qui explique le bide du Royaume de Ga'Hoole, qui s'est contenté de 140 millions au box-office mondial pour un budget officiel de 80 millions.

 

1. L'ARMée des morts

  • Sortie : 2004
  • Durée : 1h41

 

Armée des mortsCran de sécurité

 

À l'époque, personne ne misait un kopek sur le remake de l'un des plus grands chefs-d'oeuvre de George A. Romero, écrit par le scénariste de Scooby-Doo et réalisé par un illustre inconnu venu de la pub. C'était ignorer que le premier sortait de l'écurie Troma et que le second avait l'intention de se saisir de cette opportunité pour en soigner chaque plan afin de faire son trou, déjà, dans l'industrie hollywoodienne.

Dès la scène d'ouverture, les doutes étaient dissipés. Plutôt que de copier les mythiques premières minutes de ZombieL'Armée des morts raconte le début de l'apocalypse zombie d'un autre point de vue, celui d'une banlieue américaine typique, bientôt en proie au chaos. Au détour d'un panoramique impressionnant, puis d'un plan aérien captant l'embrasement fulgurant de ce prétendu havre de paix souillé par une adorable petite tête blonde, Snyder offre la fin du monde sur un plateau (et non sans tacher les draps).

 

Armée des mortsDrame familial sans Bautista

 

On a souvent attribué l'efficacité de ce remake à son orientation vers l'action voulue par Gunn, ainsi qu'à ses idées les plus craspec, tel ce bébé zombie tout droit sorti du cinéma bis bien méchant (clairement un gros morceau de la culture de l'auteur). Et il est vrai qu'il reste encore aujourd'hui un film d'horreur aussi généreux que gore, contenant quelques séquences assez éprouvantes, plusieurs mises à mort bien sales et surtout des hordes de zombies bien différentes des figures errantes de Romero.

Dans le sillage de 28 jours plus tard, il apporte sa pierre à l'édifice du zombie sprinter, et assume le virage esthétique que ce choix implique. En transformant leurs morts-vivants en monstres enragés, les deux artistes s'inscrivent dans une évolution du cinéma d'horreur, que beaucoup ont relié au traumatisme du 11 septembre, lequel a persuadé une population entière qu'elle n'était plus à l'abri nulle part. La mise en scène embrasse le rythme infernal imposé par ces antagonistes enragés, s'attardant par exemple sur les kilos de munitions nécessaires à les dessouder.

 

L'Armée des morts : Photo Sarah PolleyEt avec l'excellente Sarah Polley

 

Mais outre ces partis-pris frénétiques, qui donnent une énergie incroyable au film, ou les quelques pointes d'acidité politiques rarement mentionnées, L'Armée des morts est surtout la preuve qu'il est possible de faire transparaître un style dans un carcan aussi cadenassé que celui du remake. Un bel exploit qui annonçait une sacrée carrière pour James Gunn... et bien sûr pour Zack Snyder.

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commentaires
SebSeb
26/04/2024 à 13:58

Man of Steel puis Watchmen.

mikelion
22/04/2024 à 18:10

Watchmen (the film), sucker punch et à un degré moindre 300 (pour c que c'était à l'époque).

Mathilde T
22/04/2024 à 12:58

Plutôt d'accord avec le classement, bien que je préfère Watchmen à l'Armée des morts

Nico1
21/04/2024 à 14:13

Revu l'armée des morts récemment qui reste une grande réussite augurant une belle filmographie. Dommage que de film en film, cette dernière finisse par s'effronder sur elle même jusqu'à n'être qu'un trou noir.

NaughtySoft
21/04/2024 à 12:00

Je n'ai vu et bien aimé que 300, Sucker punch, Snyder's cut, army of the dead, l'armée des morts, Watchmen, Man of steel et Batman versus superman. Ce que j'ai du mal, c'est Ben Affleck dans le costume du héros chauve-souris

John Spartan
20/04/2024 à 20:15

Je ne comprends pas l'acharnement que subit Army of the dead ?
Je l'ai adoré, et c'est sans doute dû à mon amour du film de zombie.

Waitorompecabezas
20/04/2024 à 18:17

1- Watchmen
2- L'Armée des Morts
3- Le Royaume de Ga'Hoole
4- Man Of Steel
5- 300
...
Après c'est le purain

machin
09/01/2024 à 13:29

300..et c'est tout!

Marc en Rage
08/01/2024 à 15:22

1 - MAN OF STEEL
2- REBEL MOON
3- WATCHMEN
4- 300

ChaosEngine
08/01/2024 à 15:20

Je n'ai pas revu Watchmen depuis sa sortie, mais j'avais beaucoup aimé à l'époque et de mémoire je n'avais pas fait le lien avec 300 que j'avais pas vraiment apprécié (vraiment too much...).

Les autres films de Snyder que j'ai vus, je les ai trouvés tous mauvais sauf Ga'hoole (revu récemment): avec le recul la technique et la direction artistique étaient incroyables pour l'époque (c'est encore magnifique presque 15 ans plus tard) et le style de Snyder semble se prêter à merveille à l'animation. Le reste du film est solide sans être un chef d'oeuvre, mais comparé au reste de sa filmographie je le mets aussi en 2e position sans sourciller (Watchmen devant). Le reste... bof, beaucoup de bruit pour rien.

Il devrait peut-être retourner à l'animation et délaisser les caméras pour un (long) moment ?

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