28 DOUILLES PLUS TARD
Malheureusement, plutôt qu’à une résurrection, c’est bien à un pourrissement que nous assistons ici, tant toutes les tares constatées dans le récent Zack Snyder’s Justice League se prolongent jusqu’à faire du nouvel effort du réalisateur son propre mort-vivant. L’incapacité chronique à raconter une histoire prend ici des proportions étonnantes, jamais la caméra ou le scénario ne parviennent à caractériser les personnages.
Le héros incarné par Dave Bautista connaîtra donc trois traumas fondateurs, aussi répétitifs qu’illisibles, tandis que la narration s’inquiète de donner des enjeux et de la chair à ses protagonistes dans les instants qui précèdent leur dépeçage. Un choix qui pourrait ponctuellement apparaître comme un gag, mais dont le systématisme laisse penser que c’est bien l’écriture qui est défaillante. Elle l’est d’autant plus que Snyder a pensé son récit comme un drame familial faisant directement écho à celui qu’il a traversé.
C’est plus ce que c’était Las Vegas
Un choix intéressant, qui vient souligner une nouvelle fois que derrière ses atours de champion du divertissement épique à base de biscoteaux et de pauses poseuses, se cache bien un auteur, interrogeant souvent sa propre existence à travers ses œuvres. Malheureusement, cette intention pertinente se traduit à l’écran par une heure de sous-intrigue familiale dispensable, lourdingue, prévisible, embarrassante dans les rebondissements stéréotypés qu’elle engendre. Un comble, quand on sait que le métrage s’étale durant près de 150 interminables minutes, quand son genre appelait un divertissement rythmé et pétaradant.
Quand faire un tour au Casino prend un tout autre sens
L’HOMME A LA CAMÉRA
Mais le scénario co-écrit avec Zack Snyder (accompagné de Shay Hatten et Joby Harold) n’est pas la plus grande faiblesse d’Army of the Dead. Car s’il est un domaine dans lequel le réalisateur de Watchmen paraît s’être tout à fait asséché, c’est la grammaire visuelle. On espérait que son choix d’assurer lui-même la photographie du film tout en le cadrant seul serait synonyme d’expérimentations ou de tentatives radicales. Las, l’ensemble est écrasé par une image terne qui manque étonnamment de piqué, de contraste et totalement mutilée en post-production.
Abusant du flou, à force de jeux sur la netteté permaments, qui écrasent la dramatisation et l’image, Snyder espère peut-être doper la charge dramatique de son histoire, mais il ne parvient qu’à rehausser la dimension artificielle de l’ensemble, et en diminuer tragiquement la lisibilité. Un parti pris certes fort, mais contre-productif, qui s’accomode parfois mal de la cohabitation au sein d’un même film de plans tournés par le réalisateur lui-même et d’autres ayant plus massivement recours aux trucages numériques. Un flou “artistique” qui préside également au choix des décors. Malgré la démesure de son décor, ce braquage au cœur d’une Las Vegas devenue village vacances de zomblards (où de punks à chiens fans des Rois Maudits, on ne sait pas) se déroule essentiellement dans des zones neutres, et autres enfilades de couloirs génériques.
Les gestes barrière ne suffiront pas
ZACK A DIT
Pour autant, quand il ne s’égare pas dans des considérations psycho-familiale, Snyder parvient encore à décocher quelques flèches. Comme souvent il emballe une introduction qui vaut son pesant de cacahouètes, et annonce un film que nous ne verrons jamais, mais qui ne manque pas d’atouts. Après une première séquence rigolote d’outrance et de vulgarité assumée, il nous offre en effet un des rares plans gores du métrage, une poignée de mises à mort réjouissante, avant de transformer la capitale du vice en terrain de jeu obscène et putrescent.
Si le tempo se calme plus vite qu’un sculpteur d’air chaud en EPHAD, on doit plus d’une fois à Dave Bautista de nous sortir de notre torpeur. Toujours aussi investi physiquement, il tient toutes ses scènes, en sauve quelques-unes et irradie du charisme mélancolique qui est devenu sa signature. Le reste de sa mauvaise troupe n’est pas en reste, grâce à la veulerie du trop Garret Dillahunt, mais surtout Nora Arnezeder, rescapée d’Angélique, Marquise des Anges, qui nous divertit ici à coup de franche badasserie. On pense notamment à l’une des (rares) prises de bec avec les morts-vivants, où la horde sauvage se fraie un chemin pas totalement vegan à travers une horde de cadavres en hibernation.
Enfin, dans le dernier tiers de sa thérapie boursoufflée, Snyder paraît se réveiller, et multiplie soudain les plans stimulants, les torgnoles qui font mal, les découpages au gros calibre, et par endroits, de jolies chorégraphies. Pas assez pour redresser tout à fait la barre, ou faire oublier les failles d’Army of the Dead, mais suffisamment pour nous injecter un peu d’adrénaline et éviter à cette maraude musculeuse le total naufrage.
Army of the Dead est disponible sur Netflix depuis le 21 mai 2021 en France
Au fait pensez à le regarder en vost…Le doublage est catastrophique !
Vraiment pas d’accord avec vous !
Un film qui me redonne envie de voir des zombis que j’ai abandonné depuis la saison 7 de WD
Un film qui mélange avec bonheur 3 genres : zombi donc film de casse et chronique familiale le tout dans un las vegas d’enfer !
C’est dommage que vous n’ayez rien compris !
Tant va le film de casse à l’eau, qu’à la fin il me les brise.
Pauvres zombies, ils ne méritaient pas un tel traitement.
Jvou rappele qu’on regarde un film avec un zombie qui a une cape haha
Choix esthétiques, photographie, enjeux, mise en scène, caractérisation des persos, représentation des effets gores, bel hommage aux jeux vidéos AAA modernes, de Fortnite à Call of Duty en passant par Rage 2 ou Doom. Et si finalement c’était ça le sujet du film, la contamination du vieux cinéma par les canons esthétiques du jeu vidéo, devenu autonome ?
Réponse pour @mota
Désolé de t’avoir vexé… j’ai écrit « citizen kane » juste pour parler de chef d’œuvre. En aucun cas, je ne parle de prise de tête… tu as l’air de te la prendre assez facilement tout seul.
Pour reformuler en espérant que cette fois tu comprennes. « Il ne fallait pas s’attendre à un chef d’œuvre et c’est ce qui nous avons : pas un chef d’œuvre ».
Le film a des qualités des défauts. Comme tous les films. D’ailleurs, je pense que je ne le reverrai certainement jamais de ma vie.
Enfin, saches que mon avis vaut à peu près autant que le tien… pas grand chose.
Bisous
Bon…vu la filmo du bonhomme et le budget de néné je m’attendais pas du tout à ça…
C’est chiant moche et insipide. Quand je repense à son dawn of the dead c’est incompréhensible le niveau film bas de gamme du samedi soir en 3ème partie de soirée…
Avec un lieu comme Las Vegas propice à une folie visuelle de dingue, il reste des mecs devant un coffre fort dans un couloir…
Triste ratage pour ma part…
Je croirais lire un article du Cahier tellement vous cherchez l’existentialisme dans un produit industriel nutriscoré « D » comme Dead. Je ne suis pas forcément un fan des produits Snyder, je lui reconnais un savoir faire technique indéniable et un penchant pour l’esthétisme epico tragique, qui lui réussit plus ou moins selon les projets. Ici Zack se fait clairement plaisir et ça defouraille en règle, avec une belle montée en tension sur certaines séquences, une lisibilité plus fluide qu’à l’accoutumée, une belle galerie de personnages marquants. Construits un peu comme un western apocalyptique, l’action est menée sans temps mort. Un plaisir coupable à déguster comme tel.
Hormis certains plans, on se demande si on n’a pas à faire à un nouveau volet de Resident Evil.
je ne suis pas un hater de snyder, mais c’est très mauvais et visuellement c’est vomitif… comment il en est arrivé là, ça n’a jamais été un narrateur, ni un grand directeur d’acteur, mais on retrouve meme pas ses qualité, c’est un 0,5.