En eaux très troubles : pourquoi c'est une immense daube (en 3 raisons)

Même si le potentiel et Jason Statham étaient là, En eaux très troubles est encore plus décevant et frustrant qu'En eaux troubles.

Notre critique de The Meg 2, ce gros ratage

Avec trois mégalodons sortis des abysses, une espèce de calamar géant Kraken et une horde de gros lézards préhistoriques, En eaux très troubles promettait de lâcher les chevaux pour les donner en pâture à son impressionnant bestiaire. Mais cette suite d'En eaux troubles, avec Jason Statham toujours en tête d'affiche, n'est qu'un autre pétard mouillé qui trahit toutes ses promesses et gâche tout son potentiel de fantasmes bis ultime.

Étant donné sa jolie facture à 129 millions de dollars (comme estimée par Deadline), cette nouvelle production sino-américaine avait les moyens de porter à l'écran toute la démesure du scénario tiré du roman The Trench de Steve Alten. Mais là encore, le film reste trop sage et surtout trop brouillon. C'est tout simplement un divertissement raté et un blockbuster qui n'en mérite pas le nom, et ce pour trois raisons principales. 

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the meg 2 est laid

Petit coup de pied dans la tronche des artistes VFX

Sur le papier, The Meg 2 est le fantasme absolu des amateurs de séries B décomplexées, conjuguant, chose rare, scénario digne d'une production The Asylum et budget colossal, estimé par Deadline à 129 millions de dollars. Dans les faits, non seulement la promesse d'un gros carnage maritime n'est pas tenue, mais la facture technique est très loin d'être à la hauteur des moyens investis.

Tout juste peut-on pardonner les effets spéciaux, qui pourraient sembler d'un autre âge si les studios ne nous avaient pas habitués à un degré de je-m'en-foutisme inédit (c'est loin d'être la pire honte de l'été à ce niveau). Le ton quasiment cartoonesque du film aide largement à faire passer la pilule. Par contre, il est plus difficile de passer outre un sound design aussi timide, ainsi qu'une photographie qui compense désespérément l'overdose d'incrustations douteuses et les environnements numériques illisibles (la première partie est incompréhensible) par une fadeur générale ne rendant pas hommage à l'amusante promotion.

Mais ce qui torpille complètement le potentiel fun de En eaux très troubles, c'est bien entendu sa réalisation et son montage aux fraises. Dès que se profile un moment un peu marrant – vrille en jet ski, saut sur calamar d'un hélicoptère, séance d'apnée à 8 km de profondeur – les raccords approximatifs viennent gâcher la fête. Plus globalement, la gestion catastrophique de l'espace pourrit le dernier acte à "Fun Island" enchevêtrant les poursuites n'importe comment, en dépit de toute cohérence visuelle. Pour "débrancher son cerveau", encore faudrait-il pouvoir suivre l'action sans avoir à réfléchir, justement. Parfois, les idées débiles ne suffisent pas.

the meg 2 est très mou

Ah oui, il y a des blagues aussi. Bon.

Puisque les scénaristes assument totalement le virage vers le gros Z dégoulinant de pixels, ils s'en remettent à une narration très simple, traversée par peu d'ellipses, histoire, bien sûr, de ne pas laisser le temps au spectateur de s'ennuyer ou de réfléchir plus de 5 secondes à la plausibilité scientifique de ce qu'il vient de voir. Une fois la courte exposition passée, le film est donc découpé en deux parties : la partie sous-marine et la partie à la surface.

Une structure en deux actes plutôt maligne, mais beaucoup, beaucoup trop pauvre, d'autant que la révélation des bestioles ne fait l'objet d'aucune forme de crescendo. Certes, les Megalodons étaient déjà les stars de l'opus précédent, mais la mise en scène du calamar géant est tout de même hyper décevante. Il n'est même jamais montré dans son intégralité... Quant au premier segment sous-marin, il est interminable, jouant la montre avant de nous montrer ce pour quoi on a bravé le mauvais temps et les mangeurs de pop-corn indiscrets : le buffet à volonté de touristes.

Le requin géant qui gobait ses proies

Et on en revient toujours au même problème : le cahier des charges d'un film de requin transformé en blockbuster familial pour amortir son budget et satisfaire les investisseurs chinois. Classé PG-13, donc la norme pour une superproduction hollywoodienne tous publics, The Meg 2 est bien forcé de minimiser le festin de ses bestioles. D'où la nécessité d'attendre plus d'une heure avant de les voir croquer dans des bermudas (non, le cosplayeur mangé hors champ ne compte pas) et le manque d'originalité des coups de fourchette. Frustrant, une fois de plus.

JONAS RAMBO L'écolo

"C'est pas ma planche !"

Alors qu'il ne sait déjà pas quoi faire de ses trois mégalodons et du reste de sa galerie d'animaux préhistoriques, En eaux très troubles a voulu changer son harpon d'épaule et s'imprégner cette fois de militantisme écologique. Et après tout, pourquoi pas. Entre la pollution des eaux, l'exploitation abusive de la flore sous marine, l'influence néfaste des changements climatiques sur l'écosystème marin, la mode du sharkfeeding, du whalewatching ou la maltraitance animale, le genre ne manque pas de matière pour faire un peu de sensibilisation entre deux dégustations de surfeurs. 

Malheureusement, En eaux très troubles a tout l'air de voir ces considérations écologiques comme un passage obligé, voire un simple prétexte pour mettre en place l'intrigue et justifier une nouvelle descente dans les abysses. L'équipe de Jonas  refait un plongeon dans la fosse lorsqu'elle y détecte des activités douteuses et découvre l'exploitation illégale d'un minerai qui vaut apparemment beaucoup d'argent, mais pourrait aussi faire beaucoup de dégâts. Sauf que ces dégâts en question restent au conditionnel tout au long du film, n'étant jamais explicités à l'oral ou visuellement.

L'écolo qui chasse des animaux en jet ski avec des lances explosives 

L'humain continue de piller et d'agrandir son territoire par appât du gain, et le film nous dit que ce n’est pas bien en fronçant les sourcils. Mais rapidement, le groupe de méchants cause plus de tort au reste du casting humain qu'à l'écosystème qu'ils ont envahi et dont le public restera sans nouvelles passée une heure de film. De même, si la présence d'une influenceuse et d'un groupe de riches touristes sur "Fun Island" était l'occasion d'allier l'utile à l'agréable, donc la prévention au carnage, le film tire plus sur les requins que ceux qui sont de près ou de loin responsables de leur présence à la surface. 

Le personnage de Jason Statham est quant à lui décrit comme un "James Bond écolo", dans le sens où il espionne les pollueurs (qui sont inexplicablement très heureux de jeter des bidons de déchets toxiques dans la mer), mais empale sans qu'on le lui demande des espèces millénaires en voie d'extinction. C'est aussi le genre d'écolo radical qui laisse un mégalodon en captivité que son pote essaie de domestiquer dans une immense station sous-marine qui n'est assurément pas construite avec des algues et du plancton. On a donc vu plus cohérent, et surtout moins hypocrite, comme engagement.