Scream 6 : critique d'un fail de Ghostface (encore)

Geoffrey Crété | 7 mars 2023 - MAJ : 08/03/2023 14:43
Geoffrey Crété | 7 mars 2023 - MAJ : 08/03/2023 14:43

Après le succès de Scream 5 (près de 140 millions au box-office, bien plus que Scream 4), Scream VI était inévitable. On reprend presque les mêmes et on recommence, mais cette fois à New York et sans Neve Campbell, qui a refusé de revenir pour des raisons de salaire. Melissa Barrera, Jenna Ortega, Courteney Cox et leurs camarades affrontent ainsi Ghostface, toujours avec les réalisateurs et scénaristes Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett. Et c'est toujours aussi gentiment inutile, quoi que potentiellement amusant.

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sinister six

A ce stade, qu'y a-t-il encore à espérer d'un nouveau Scream ? Après une trilogie à peu près parfaite (oui, même Scream 3), et après un Scream 4 sous forme de vrai-faux reboot qui avait le couteau entre deux chaises (tout brûler pour recommencer, mais pas trop), Scream 5 avait semble t-il relancé la machine à Ghostface. Sans Wes Craven, décédé en 2015, la saga retentait le même coup que Scream 4 : amener de nouveaux personnages pour mieux préparer la suite, ramener les idoles pour mieux les malmener, et surtout rameuter le public pour remplir les tiroirs caisse. Et c'est ce dernier point qui a tout changé.

 

 

En retrouvant le succès d'antan (près de 140 millions : moins bien que la trilogie originale mais mieux que Scream 4), Scream 5 s'est remis sur les rails de l'usine, comme au bon vieux temps. Douze mois séparaient Scream et Scream 2, et c'est à peine plus pour arriver à Scream 6. En ajoutant une lourde réécriture suite au départ de Neve Campbell, et en s'accrochant tant bien que mal au passé (Gale toujours là, Kirby de retour pour satisfaire les fans), Scream VI a tout du pur et vilain produit industriel. C'est désormais ça, Scream. Et c'est uniquement en ayant ça en tête qu'on peut l'apprécier. Un peu. Si on est de bonne humeur.

 

Scream VI : photoLe premier qui bouffe du popcorn en faisant du bruit

 

ghostface takes manhattan

Premier argument de Scream 6 : New York, en miroir avec Scream 3 à Los Angeles (ou avec Jason dans Vendredi 13, chapitre 8 : L'Ultime Retour, au choix). Mais si Hollywood était thématiquement malin et logique, New York n'est rien de plus qu'un nouveau terrain de jeu, pour essayer de redynamiser la formule. Ruelles sombres, supérette éclairée par des néons et métro bondé sont intercalés entre les intérieurs génériques (un appartement par ci, un repaire secret par là) pour tenter de varier les plaisirs.

L'effet est minime, et l'incontournable scène d'intro le confirme. New York n'est finalement qu'une grande ville ordinaire en toile de fond, un peu comme celle de Scream 2. C'est d'autant plus triste que les idées les plus new-yorkaises sont sous-exploitées. Placer Ghostface dans un métro bondé avec des lumières clignotantes, au milieu des masques de Michael Myers et Pinhead, était un boulevard. D'un coup, la menace se dilue dans la foule, piégeant la victime dans une position terrifiante de paranoïa. 

 

Scream VI : photo, Samara WeavingSaurez-vous trouver la bonne idée noyée dans cette mauvaise intro ?

 

Quelle pire solitude que celle au milieu des autres ? Et si Ghostface se cachait derrière le masque du tueur de Halloween, pour être parfaitement invisible (et en clin d'œil au premier Scream où Randy regardait le film de John Carpenter sans voir le meurtrier derrière lui) ? Mais la scène n'est finalement qu'une petite parenthèse. Les réalisateurs Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett (Wedding Nightmare) passent ces étapes pour mieux revenir sur les chemins balisés en s'enfermant dans des lieux déjà vus, pour rejouer des scènes déjà vues.

Néanmoins, à ce stade de fatigue et dans une saga qui tourne en rond, le moindre petit écart est bienvenu. Voir Ghostface dans l'épicerie du coin provoque un plaisir régressif, tout comme l'image d'un tueur qui récupère un fusil à pompe, ou qui retourne contre ses victimes une échelle au-dessus du vide. Comme Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett n'ont rien de neuf à montrer ou raconter dans les scènes de poursuite et de mises à mort (heureusement un peu cruelles), il n'y a finalement que ces petites parenthèses pour rythmer l'histoire. Le temps pour inventer et créer est définitivement révolu. Ne restent que les variations, bêtes et basiques.

 

Scream VI : photo, Melissa Barrera, Jenna OrtegaDes gens avec qui il fait bon d'être ami

 

scream sis

Scream 6 a un avantage sur Scream 4 et 5 : avec une bande déjà présentée et un héritage réduit à peau de chagrin (Dewey est mort et Sidney est occupée ailleurs, comme l'explique une réplique évidemment artificielle de Gale), le film traîne moins des pieds et évite un nouveau numéro d'équilibriste. Pour la première fois, la saga avance véritablement en suivant des personnages autres que le trio-star, Gale étant ici une simple invitée. Sam, Tara, Chad et Mindy reprennent officiellement le flambeau, et le film se contente d'ailleurs du minimum syndical autour d'eux.

Le scénario de James Vanderbilt et Guy Busick (déjà derrière Scream 5) n'est évidemment pas subtil pour un sous, mais c'est désormais la tradition de la saga. Les protagonistes sont écrits à coups de parpaings, les seconds couteaux sont oubliables, et les motifs du ou des tueurs sont encore une fois l'aspect le moins intéressant.

 

Scream VI : photo, Melissa Barrera, Jenna Ortega, Mason Gooding, Jasmin Savoy BrownLes 4 fantastiques

 

Malgré ça, le film arrive à installer une touchante dynamique entre les deux sœurs, qui ferait presque oublier les mauvais tics repris du précédent film. Tara devient la bouée de sauvetage de Sam, celle qui l'empêche de dériver pour rester ancrée dans le réel, et c'est probablement la meilleure idée dans cette reconfiguration de la franchise – le talent de Melissa Barrera et surtout Jenna Ortega y est pour beaucoup.

Reste que le savant équilibre entre le second degré et la tendresse continue à s'émousser, pour désamorcer l'émotion et l'angoisse aux pires moments. Les romances sont prises beaucoup trop au sérieux, quand le personnage de Gale est pris beaucoup trop à la légère. En plus d'avoir droit à espèce de reboot pour rejouer la carte de la journaliste-écrivaine-arriviste-mais-alliée-quand-même, elle devra se contenter de trois secondes dans deux scènes pour exister dans le post-Dewey. Une belle occasion manquée qui rend sa présence superflue, tout comme celle de Kirby, laissée pour morte dans Scream 4 mais ressuscitée grâce à l'amour des fans (il y avait un clin d'œil pour le confirmer dans Scream 5).

 

Scream VI : photo, Hayden PanettiereSave Kirby, save the world

 

SCREAM couine

Gale et Kirby sont aussi utiles que les neurones des personnages qui se séparent à la première occasion, mais elles sont surtout les parfaits symptômes d'un plus grand problème : Scream n'a plus rien à raconter. Au lieu de commenter (les autres films, ou la saga elle-même), il faut donc meubler. Scream 5 avait essayé de noyer le poisson avec l'idée du requel/legacyquel afin d'excuser sa douce inutilité dans un énorme clin d'œil complice. Scream 6 essaye de refaire la même chose, avec la même subtilité mais encore moins de matière, comme le confirment douloureusement les premiers dialogues du film.

Lorsqu'arrive l'incontournable scène où un personnage énonce les règles du massacre, le constat est sans appel. Toutes ces lois ont déjà été éprouvées et énoncées dans la saga. Et le film, pourtant si prompt à sortir son passe-droit meta, semble d'un coup aveugle. Scream 6 est au pied du mur et à court de munition. Ne reste plus qu'une issue : faire diversion, à tout prix, et surtout à n'importe quel prix. New York, Gale et Kirby sont là pour ça, parmi d'autres morceaux de fan service.

 

Scream VI : photoLettre de mort au cinéma

 

Scream VI est désormais plus proche d'une visite au musée que d'une nouvelle aventure. L'un des décors du film, teasé dans la promo, est justement un lieu de pélerinage dédié au fétichisme Ghostface, avec en toile de fond des images projetées comme au cinéma (toute ressemblance avec Matrix Resurrections est-elle fortuite ?). C'est là que se déroule la majeure partie de l'intrigue, parce que Scream est condamné à danser sur les tombes des précédents films pour exister.

C'est pour ça que Scream 6 singe Scream 2, dans la continuité de Scream 5 qui "rendait hommage" au premier. Quand on ne peut plus avancer, on soigne le surplace. Les fans pourront collecter les indices et références pour leur propre petit musée, avec le plaisir automatique d'être invité dans ce film-espace game pour initiés. Les novices n'ont pas à s'inquiéter, ils pourront suivre le mode d'emploi livré dans les dialogues. En assumant peu à peu son statut de vulgaire suite (plutôt qu'une pseudo nouvelle réflexion sur ce cinéma), Scream VI devient finalement plus bête et moins exaspérant que le précédent.

À ce rythme, et en restant aussi simple, inoffensif et indolore, Scream pourrait continuer encore longtemps. Nul doute que si Scream VI cartonne, Scream 7 sera programmé pour 2024 ou 2025. Et finalement, c'est peut-être le seul enterrement logique pour une saga qui se moquait dès le départ de l'exploitation ridicule de Halloween, Vendredi 13 et compagnie : devenir à son tour la victime totale de ce boogeyman nommé industrie.

PS : oui, il y a une scène post-générique, et oui, c'est celle que la saga mérite.

 

 

Résumé

(Selon une personne qui a détesté Scream 5) Moins nul mais tout aussi inutile que Scream 5, Scream 6 confirme que la saga n'a plus rien à raconter. Une fois ce cynisme digéré, il reste un petit tour de manège amusant et inoffensif, qui a au moins le mérite de décliner la marque Ghostface dans un nouveau décor, et avec de nouveaux personnages réellement installés et assumés.

Autre avis Mathieu Jaborska
(Selon une personne qui n'a pas détesté Scream 5) La carte "legacyquel" ayant déjà été jouée, la saga n'a plus de sous-genres à investir, de modèles à pasticher, d'idées de détournements ou même d'idées tout court. Reste à sortir les rames, recycler Scream 2 et énoncer des concepts au hasard. Cette fois, les meurtres (bof) ne suffisent plus.
Autre avis Judith Beauvallet
(Selon une personne qui n'a pas détesté Scream 5 non plus) Une fois passée l'évidence selon laquelle la saga n'a plus de raison de continuer et qu'elle tourne en rond sur ses propres clichés boiteux, il subsiste suffisamment de bonnes idées et de parfum nostalgique à Scream 6 pour en faire un plaisir pas trop exigeant.
Autre avis Alexandre Janowiak
C'est bien débile, gentiment brutal et l'introduction est suffisamment généreuse pour être amusante. Bref, tout ce qu'on pouvait espérer de ce Scream VI tant la saga tourne en rond depuis des lustres et imagine se réinventer simplement en se pastichant. Du vide divertissant (meilleur que Scream 5).
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Lecteurs

(3.2)

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commentaires
Solan
10/09/2023 à 02:14

C'était, hum, divertissant mais très décevant au final. L'ouverture est assez chouette, mais le film est très long pour rien. La fin est super bâclée, et seul ce qui était déjà assez présent à la fin du 5eme peut amener un petit twist sympa pour le(s) prochain(s).

Scream 4 avait réussi à prendre son temps avant de sortir, pour se réinventer, ce serait sage de faire de même ici.

0000
06/06/2023 à 23:59

Arrêter de dire de la merde sur ce film, Scream 6 est un excellent film ( comme le 1 ) et en plus j'ai bien aimé ( warning : SPOILERS) la révélation de non pas 2...mais 3 ghostfaces ! Une première comme les trois morts au début, regardez le les yeux fermés je le recommande

yvèba njyt'(r
14/04/2023 à 15:44

f"rtg'

Jiji
19/03/2023 à 06:50

Les deux sont inutiles. C'est une insulte à ce qui a fait le succès de Scream. Qu'on arrête les frais!

Bon nil
13/03/2023 à 16:32

Moins bien que le 5 on commence à se lasser malgré quelques scènes de meurtres s'intéressantes ( le musée de scream, dans le métro et l'épicerie)

Loozap
10/03/2023 à 19:40

Des meilleurs films qu'on ne vera plus ailleurs

neuneu
10/03/2023 à 10:15

ATTENTION JE PRÉVIENS, Y'AURA UN PEU DE SPOIL. Un gentil film ou tu te prends 10 coups de surin de 20 cm, dans le bide ou dans le cou et... que tu cours encore comme un lapin et que tu peux retrouver tes potes à la fin, qui eux aussi, se sont pris des bastos et du poignard et qui arrivent quand même encore à tenir debout... Je sais bien que c'est qu'interdit aux moins de 12, ( les derniers étaient moins de 16 si je me trompe pas ) mais faudrait quand même assumer de tuer des persos "principaux" dans un film "d'horreur" les gars. On ne cherche pas un réalisme absolu, mais là c'est vraiment trop abusé. Faire un peu frissonner nos chers petits, oui.. mais pas trop les traumatiser non plus, vu que quasiment tout le monde s'en sort à la fin. Vraiment inoffensif.

Bahquoi?
09/03/2023 à 11:20

Tout d'abord entièrement d'accord !
Et encore plus pour la scène post générique
Une pépite dans le genre

J'en profite pour pondre ici une idée (absolument génial, oui je me mousse) pour l'ouverture et vraiment justifier la présence de Gale (encore mieux si ce fut Sydney)
Pour faire bref : elle est attaquée par notre bon vieux Ghostface, elle massacrée mais il décide (où elle arrive à lui enlever le masque et là le choc de notre vie : c'est Dwight !
Elle se réveille c'était un cauchemar, hurlements de la mort
Titre
Ouverture master classe
Adieu ouverture parfaite et doux rêve...
La bise

Leduk
09/03/2023 à 10:52

Le premier était déjà une sombre daube sans nom, le second encore pire.... Alors pour le 6 je ne me fais pas d'illusions, je ne vais même pas tenter. Sans meme parler des immondes dérivés genre scary movie. Encore une license dont je n'arrive pas a comprendre le succès.
Quand aux Fragiles en pls car EL critique des films, que dire....

Guet
09/03/2023 à 10:44

Etant fan de la saga scream j'ai bien aimée ce film qui comme le précédent fait reférence aux 2 et à son scènario de base (pour le reval méchant).

les gros moins sont clairement la ville de new york qui certes reste exploités mais on aurait pu faire largement mieux et surtout un trop gros nombres de personnes en vie 7 un record et le pire c'est que tout les perso principaux aucun meurt j'aurais miser sur tuer l'un des jumeaux quand même.

bon on voit que le scènario du 5 était pas jojo est d'aillreurs se sont auto foutu de ler geule mais le motif du méchant à la romane permet ainsie de donner un meilleur crédit sur le motif de Richie et Amber les cerveau du 5.

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