Inunaki, le Village oublié : critique qui grudge

Simon Riaux | 17 mars 2021
Simon Riaux | 17 mars 2021

Inunaki, le Village oublié, ce soir à 20h50 sur Canal+ Cinéma.

Après avoir apposé sa marque sur le cinéma horrifique international, grâce au succès de franchises telles que Ring, l’horreur japonaise a progressivement reflué des inconscients, jusqu’à se réduire comme peau de chagrin. De retour avec Inunaki, le Village oublié, le légendaire Takashi Shimizu va-t-il réveiller les spectres chevelus qui accompagnèrent de leurs malédictions la fin des VHS ? 

ON PREND LES MÊMES... 

On lui doit Ju-on: The Grudge, un des cauchemars les plus populaires issus de l’archipel nippon, décliné en suites, remakes et reboots, jusqu’à une récente et décevante relecture hollywoodienne. En dépit d’un parcours irrégulier, Shimizu est bien un des paternels de la J-horror, quoique ses dernières mises en scène n’aient pas soulevé un écho nécessaire pour se voir exploiter sous nos latitudes.

Avec Inunaki, il se plonge dans une des plus vivaces légendes urbaines japonaises, grâce à laquelle il a été primé au Festival de Gérardmer. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’auteur est plus que désireux de secouer les carcans du cinéma de genre dont il a contribué à populariser les grands stéréotypes. 

 

photo, Ayaka MiyoshiEt c'est parti pour un grand tour de flippe

 

Pourtant, l’immersion dans son nouveau long-métrage n’a de prime abord rien d’une sinécure. S’ouvrant sur un apparent found footage, le récit veut nous familiariser avec un mythe aux contours un peu flou pour qui n’en est pas familier, tout en nous collant aux basques de deux personnages plutôt horripilants. Quand l’ensemble décide de mixer découpage traditionnel et vision subjective, on se demande un temps dans quelle direction va bien pouvoir nous entraîner cette intrigue un tantinet bordélique. 

Et c’est justement de cet apparent foutoir que jaillit une œuvre invraisemblablement sympathique. On comprend rapidement que le film n’a rien d’une énième production un peu faiblarde et désireuse d’agiter devant les yeux du spectateur une tripotée de concepts usés, mais qu’il entend plutôt leur offrir un ultime baroud d’honneur, à l’occasion d’un grand huit effrayant à l’énergie communicative. Takashi Shimizu choisit d’avancer de soubresauts en rupture de ton, enchaîne les séquences intimistes avec les révélations (parfois totalement perchées) et ne cherche pas tant la cohérence que l’adrénaline.

 

photoLe tunnel le plus flippant du Japon

 

...ET ON LES ÉCARTÈLE   

Inunaki se transforme ainsi en gigantesque foire aux atrocités, profondément imprévisible, qui s’amuse à revisiter les grandes figures du cinéma de genre japonais tout en les dynamitant. Toujours inventif, le métrage contient une quantité étonnante de petits morceaux de bravoure, allant du frisson idéalement injecté au détour d’un plan, en passant par des scènes plus originales, telles que l’abomination surgissant d’une cabine téléphonique. D'orbites déformées en corps suppliciés, de jump scare en pures phases d'angoisse, Inunaki balance la sauce et se réinvente sans cesse, et déborde littéralement de monstrueuses hallucinations.

Que se passe-t-il ? Quelle est la véritable nature de la menace et quels sont les enjeux qui meuvent les protagonistes ? Ces questions ont beau être essentielles, on ne peut pas dire qu’elles embarrassent le film, qui change toujours de braquet avant que le spectateur retrouve son souffle. Cette électricité narrative, doublée d’une créativité constante dans les irruptions de l’effroi est dopée par une mythologie foutraque, mais intrigante. Tout cela permet au film de distiller petit à petit, puis à coups de bulldozer, un enthousiasme jubilatoire, pour peu qu’on accepte de lui lâcher la bride en termes de cohérence dramaturgique. 

 

affiche françaiseLe 9 septembre en VOD, et le 16 en DVD et Blu-ray !

Résumé

On pardonne volontiers à Inunaki son bazar narratif, tant celui-ci sert de toile de fond à la créativité en surchauffe de Shimizu, qui offre à l'horreur nippone un jouissif baroud d'honneur.

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.

Lecteurs

(3.8)

Votre note ?

commentaires
dams50
17/03/2021 à 20:38

"Et un bescherelle pour notre ami du dessous, vite."
Mdr. Merci.

MystereK
18/09/2020 à 23:53

Excellent, prenant et surprenant. J'ai beaucoup aimé.

OBI : La suite s'intitule en japonais Jukai Mura (Et celi-ci Inunaki Mura)

Obi
18/09/2020 à 12:24

Un nouveau must pour la J-Horror.
Il va y avoir sûrement plusieurs suites ^^

Lorenzo Fétrocho
17/09/2020 à 05:45

J'ai détesté personnellement.

m@x
16/09/2020 à 20:51

@moixavier:
Quel commentaire pertinent .... tu sers tellement à rien .

Le Rol’
16/09/2020 à 18:37

Et un bescherelle pour notre ami du dessous, vite.
Très vite.

Moixavier58
16/09/2020 à 16:22

J'ai lu la legende d'ou est tirer le film, mais c'est plus de l'urbex. Nulement l'utilitee d'en faire un film. Dans c'est qu'a la, faire un film sur la foret des suicidee(en foret, ils viennent ce suicidee. Pour qu'elle raison. Un mystere encore aujourd'ui non resolu).

votre commentaire