Lock up

Box-office français du 13 au 19 novembre 2013

Le débat continue de faire rage au sein de la rédac au sujet de Cartel. Pour les uns « un scénar sans véritable éclat dans la mise en scène » (Sic !) pour d'autres, à qui l'on rappelle que Ridley est tout de même le papa de Blade Runner et d'Alien, de lui rétorquer qu' « il en a sniffé de la coke depuis, fumé des cigares plus gros que sa bite, bu des quintaux de whisky et de pinard, gagné des millions... Tu sais, ça change un homme ! (parfois) ». Et puis il y a les omniscients dont le leader accoucha de la critique lisible ici, ce qui aura eu accessoirement pour conséquence de déclencher une invitation à l'émission du Cercle dont l'animateur, à la différence de Scott, n'a lui pas changé.

Au-delà de cette querelle à la Hernani, le public a semblé donner raison à cette confrontation qui aura laissé sur le carreau une bonne partie de son coeur de cible. Celui qui va voir les films avec Michael Fassbender, Penélope Cruz, Cameron Diaz, Javier Bardem, Brad Pitt... Car oui, on a un peu tendance à l'oublier, le dernier Ridley Scott bénéficie d'un casting impressionnant qui n'aura donc toutefois pas suffi à drainer les foules. Est-ce une surprise ? Non. Si surprise il y a, c'est de voir autant de copies mises en circulation pour un film dont le pedigree n'est franchement pas à ranger du côté du blockbuster. À l'arrivée, si Cartel truste bien la première place c'est au détriment d'une moyenne de spectateurs par copie un peu faiblarde mais qui devrait sans doute lui permettre d'aller chercher les 850 000 entrées. Limite inespéré pour ce qui restera longtemps comme un film rebelle d'un système hollywoodien où la figure intellectuelle dominante du moment repose sur les épaules d'un Christopher Nolan dont on oubliera la filmographie dans vingt ans. À la différence de Cartel et surtout de Ridley Scott.

Du côté de chez SND, on ne s'embête pas avec tout cela. On fonce tel le PSG en ligue 1. Peu de matchs nuls et que des victoires. Ainsi, après Prisoners qui a passé la barre du million de spectateurs la semaine dernière et Insaisissables qui a lui franchi celle des 3 millions d'apprentis magiciens, voilà que déboule Évasion qui avec son duo d'acteurs tout droit sorti d'une rêverie d'un geek fan des eighties lui permet d'accrocher la meilleure moyenne de spectateurs par copie. Alors certes on parle de 196 copies et d'un film qui risque de culminer à 400 000 entrées mais le pari est tout de même gagné pour son distributeur qui fut bien malin de ne pas trop le montrer à la presse tant il savait le « produit » de toute façon un peu rance et peu en phase avec les attentes des fans.

Les deux autres nouveautés sont deux déceptions. Il était une forêt d'abord qui ne permettra pas à Luc Jacquet de réitérer son exploit de La Marche de l'empereur (1 951 609 entrées sur 408 copies) ni pour Disney de surfer sur le formidable « sleeper » qu'est Sur le chemin de l'école et ses 762 148 entrées réalisées en deux mois sur 169 copies la première semaine (395 aujourd'hui). Mais Disney ne perd pas tout puisque son Thor deuxième du nom passe la barre des 2 millions d'entrées et devrait normalement terminer en beauté l'année avec La Reine des neiges qui semble revenir aux bonnes vieilles recettes du Studio pour les fêtes de noël.

L'autre accident est à porter au crédit de Polanski et sa Vénus à la fourrure qui constitue le plus mauvais démarrage du cinéaste polonais en France depuis... toujours. Alors certes, il s'agit là d'un film mineur dans sa carrière (NDLR/ heureusement, c'est comme Cartel, on n'est pas tous à le penser à la rédac) mais ni plus ni moins que Carnage son précédent long dont les 437 278 entrées resteront inaccessibles ici. À croire finalement que chez Mars distribution on ne sait se sortir les doigts du nez (vous avez eu peur) que quand le film est bon. En même temps c'est une philosophie adoptée depuis longtemps par Metropolitan que la Stratégie Ender sorti seulement la semaine dernière, disparaît déjà des radars (perte de 56% de ses spectateurs) alors que Le Majordome devrait jubilatoirement mourir aux portes des 2 millions d'entrées (encore 20 794 tickets vendus en 10ème semaine pour un total de 1 898 906 entrées).

Dernière chose. Doutes réalise 1 428 entrées sur 18 copies. La comédie malgré elle réalisée par la femme du directeur de la rédaction de l'Express qui ne se prive pas au passage pour y faire l'acteur aux côtés de Benjamin Biolay, s'arroge donc une belle moyenne de spectateurs par copie (19). De quoi se dire que le système de financement des films français est un cercle vertueux.