Capitaine Tavernier

Box-office français du 06 au 11 novembre 2013

C'est une certitude maintenant, Gravity ne fera pas les 10 millions d'entrées espérées, que dis-je, pronostiquées par notre Didier Verdurand national. Il ne sera même pas le champion de l'année qui demeure Moi, moche et méchant 2 avec 4 549 224 entrées à date. D'autant que de gros poissons se profilent encore à l'horizon à commencer par le deuxième opus des aventures du Hobbit, le film parrainé par l'office du tourisme néo-zélandais réalisé par un certain Peter Jackson dont on rappelle que le premier volet avait engrangé 4 505 723 entrées. Il y aurait aussi Hunger Games : l'embrasement mais rien n'est moins certain considérant le relatif bide du premier (1 730 203 entrées sur 706 copies). En attendant le film de Cuarón en profite tout de même pour reprendre la tête de ce classement hebdo assommant au passage un Thor 2 qui ne démérite pourtant nullement puisqu'en deux petites semaines, il fait déjà mieux que les 1 714 453 entrées du premier épisode.

Mais la vraie bonne nouvelle de la semaine nous vient de Quai d'Orsay. À double titre d'ailleurs. Pour Tavernier d'abord qui avec un départ aussi bon (son précédent film La Princesse de Montpensier avait réuni 290 136 spectateurs en première semaine sur le même parc de copie pour terminer à 766 664 tickets vendus) devrait tout naturellement aller titiller le million d'entrées, ce qui ne lui était plus arrivé depuis La fille de d'Artagnan en 1994 (1 502 540 entrées). Pour Pathé ensuite qui à part La cage dorée (1 226 478 entrées) et Jappeloup (1 818 582  entrées) en début d'année a enquillé les bides dantesques avec Turf, ses 381 995 entrées et son budget à près de 30 millions d'euros frais marketing inclus ou Des gens qui s'embrassent (159 795 entrées pour un budget estimé à 20 millions d'euros). Quand il ne s'agit pas de contre-performances embarrassantes comme dernièrement avec Au bonheur des ogres (153 759 entrées pour un budget de 15 millions d'euros environs) ou Fanny et Marius (moins de 800 000 entrées et un budget estimé à plus de 15 millions d'euros à eux deux). Déjà en mai dernier, Jérôme Seydoux déclarait dans Le film français : « Cette année nous avons eu un rythme de production et de distribution trop élevé. Le marché n'est, selon moi, pas mauvais mais facilement cruel. Donc - et cela n'a rien de nouveau dans le métier - il nous faut redoubler de vigilance sur la sélection ». Et puis il y a 15 jours on apprenait qu'un plan de départ de neuf personnes était en cours dans la structure de production et de distribution. Pathé aura distribué 20 films d'ici la fin 2013. Une quinzaine de longs métrages est déjà programmée pour 2014. La société aurait, selon encore le Film Français, décidé de se fixer ensuite un objectif de dix films par an pour repartir avec une équipe plus resserrée afin, non pas de se désengager du cinéma français, mais d'être plus sélectif dans la recherche de films ambitieux.

On ne peut s'empêcher alors de penser à Metropolitan et ses 30 films distribués cette année. Le 27ème étant La stratégie Ender dont on vous disait tout le bien que l'on en pensait ici et qui dispose d'une combinaison de copies plus importante que Gravity lors de sa première semaine d'exploitation (Sic !). Une politique « d'occupation des sols » chère au distributeur qui donne ici des résultats décevants au regard de la moyenne par copie assez faiblarde. La filmo de papy Ford poursuit donc son déclin. Pas certain que Metro y soit vraiment pour quelque chose.

Du côté des frères Coen, le démarrage de leur dernière création à base de Folks et de matou MacGuffin (merci à Cédric pour m'avoir soufflé ce qui me paraît come une évidence maintenant) ne démérite pas sans pour autant envisager faire mieux que 750 000 entrées. Une marque finalement assez en retrait par rapport à ce que réalisent habituellement les Coen en France. Même un film comme A serious Man et ses 513 350 entrées sont dans l'absolu plus valorisants au regard des seulement 157 copies que compta le film au pic de son exploitation. Le buzz cannois fut pourtant assez positif, l'affiche est très belle bien que peu explicite et la bande-annonce reflète parfaitement l'atmosphère du film. Il aura peut-être manqué chez les marketeux de StudioCanal un peu plus d'enthousiasme et de convictions ainsi qu'une communication de dernière minute plus pêchue ou plus intrusive.

Enfin, Gaumont semble s'être déjà loupé avec En solitaire dont le budget de 17 millions d'euros hors frais marketing induisait un objectif au-delà du million d'entrées. On peut d'ores et déjà dire qu'il ne sera pas atteint. Ce n'est pourtant pas faute d'avoir provoqué une belle couverture nationale jusqu'à une présence lors du dernier Festival de Saint-Jean-de-Luz. Il faut croire que la qualité intrinsèque du film pas forcément au rendez-vous en aura finalement dissuadé plus d'un.