The Witcher : la série Netflix est nulle parce que les jeunes sont trop bêtes (selon un producteur)

Un producteur explique que The Witcher sur Netflix est simplifiée à cause des américains et des jeunes qui passent trop de temps sur les réseaux sociaux.

C'est peu de dire qu'à Écran Large, la série The Witcher menée par Lauren S. Hissrich nous laisse toujours plus circonspects de saison en saison, malgré la superbe prestation d'Henry Cavill. Et nous ne sommes pas les seuls : l'écriture est régulièrement pointée du doigt à cause d'un travail d'adaptation parfois exagérément biscornu, parfois au contraire opérant des simplifications très lourdes. Ce n'est pas neuf, on pouvait l'observer dès la saison 1 avec le sort réservé à Sac-à-Souris par exemple. Questionné à ce sujet, le producteur Tomek Baginski a essayé d'apporter une réponse, et sa maladresse en dit long sur le cynisme qui peut régner dans la tête de certains cols blancs.

Attention ça va couper

THE WITCHER : AMERICA EDITION

Dans les colonnes du journal polonais Wyborcza, il précise d'abord que la trame doit rester compréhensible pour les gens qui n'ont pas lu les livres et n'ont donc pas accès à tous les détails de l'univers. Il ajoute également que parfois, à cause de circonstances fortuites, des morceaux d'intrigues doivent être réécrits en urgence ou abandonnés. Par exemple parce qu’un acteur est malade ou blessé et qu'il faut bien continuer à tourner le lendemain. Jusqu'ici tout est normal. Puis il se met à dire que c'est de la faute des Américains, en prenant l'exemple d'un film historique qu'il n'a jamais pu faire :

"J'ai essayé d'expliquer le soulèvement de Varsovie. C'était contre l'Allemagne, mais il y avait aussi des Russes de l'autre côté du fleuve, et dans les rangs des Allemands on trouvait aussi des Hongrois et des Ukrainiens. Pour les Américains, c'était complètement incompréhensible, trop compliqué, parce qu'ils ont grandi dans un autre contexte historique où tout est bien rangé : l'Amérique est toujours gentille, et le reste ce sont les méchants. Il n'y a aucune complexité.

Moi gentille, toi méchante. Toi y'en a comprendre espèce d'Américain mental ?

Quand une série est faite pour une immense masse de spectateurs, venus de différents contextes et de différentes parties du monde, et qu'une large portion d'entre eux est Américaine, ces simplifications ne sont pas seulement logiques, elles sont nécessaires. C'est douloureux pour nous, et pour moi aussi, mais le plus haut niveau de nuance et de complexité aura une portée plus faible et ne touchera pas les gens. Parfois cela peut aller trop loin, mais nous devons prendre ces décisions et l'accepter."

Là, quoi que vous pensiez des Américains, vous vous dites probablement que ce type prend un peu les spectateurs pour des idiots. Et vous n'êtes pas au bout de vos peines, puisque les petits malins du fansite Redanian Intelligence en ont profité pour déterrer une interview du même producteur sur la chaîne YouTube Imponderabilia, où il passe la boomer-vitesse : les jeunes babolins et leurs réseaux sociaux qui les crétinise. En résulte cet échange d'une condescendance rare, où Tomek Baginski est à deux doigts d'insulter son public :

Si c'est comme ça, je me barre

les jeunes, quels sont leurs réseaux ?

"Tomek Baginski : Le public change... tout change [...]. Quand on parle de séries, plus le public est jeune, moins la logique de l'intrigue a d'importance.

Journaliste : Qu'est-ce qui a de l'importance alors ?

Tomek Baginski : Seulement les émotions. Que de pures émotions. Un mélange d'émotions nues. Ces gens ont grandi avec TikTok et YouTube, ils sautent de vidéo en vidéo.

Journaliste : Vous parlez à l'une de ces personnes.

Tomek Baginski : Ok, alors il est temps d'être un peu sérieux. Chers enfants, ce que vous vous infligez vous rend moins réceptifs à des contenus de longue durée, à des chaînes causales longues et compliquées."

La preuve avec l'échec manifeste d'Oppenheimer, biopic non chronologique de trois heures qui n'est pas du tout en train de rapporter des millions de dollars grâce à un public composé à 47% de spectateurs en dessous de 30 ans selon The Wrap. Ou encore, avec The Witcher 3 : Wild Hunt, un petit RPG pas très connu, avec une intrigue à embranchements multiples s'étalant sur plusieurs dizaines d'heures. Un opus qui n'a pas du tout gagné le Game of the Year, ni vendu 50 millions d'exemplaires à travers le monde, trônant ainsi à la 10e place des jeux les plus vendus de l'Histoire. Oups. Il serait peut-être temps de s'admettre que l'équipe de The Witcher ne fait juste pas un très bon boulot.