Des séries et des chiffres - 2005

Avant de reprendre les réjouissances pour la saison 2006/2007, rien ne vaut un bon tableau rempli de statistiques pour faire le bilan sur la saison passée.

Un peu comme au temps de la Ruée vers l'Or, les fortunes se font et se défont en un clin d'œil, au rythme des millions de téléspectateurs qui vont et viennent devant leur petit écran, qui zappent à tort et à travers et ne sont pas capables de supporter un show entre deux plages de pub.

Nous vous proposons donc un tableau récapitulatif de tous les shows scriptés diffusés la saison passée, soit 110 références, auxquelles ont été ajoutées à titre tout à fait exceptionnel les deux itérations d'American Idol, eût égard au succès tout à fait unique de l'émission.

A noter que pour la première année, les chiffres publiés par Nielsen Media Research prennent en compte les téléspectateurs utilisant des enregistreurs numériques de salon.

A tout seigneur tout honneur, nous ouvrons le bal par une rapide mention à American Idol et ses 30 millions bihebdomadaires, qui a outrageusement dominé la saison de la tête et des épaules. Elle a de plus atteint la bagatelle de 43 millions de téléspectateurs dans l'ultime demi-heure du final en mai dernier. Effarant autant que fascinant.

Le podium : La médaille d'or des séries scriptées revient donc à CSI pour la cinquième saison consécutive. Malgré une légère baisse d'audience, elle a tout de même conservé une avance plus que confortable (+ 5 millions de téléspectateurs) sur sa dauphine, Desperate Housewives. Grey's Anatomy fait désormais figure de solide médaille de bronze en talonnant nos ménagères désespérées préférées à moins d'une longueur de distance. La saison 2006 devrait s'avérer très intéressante pour ces trois là.

La comédie ayant fait la meilleure performance reste Two and a half men (Mon oncle Charlie), qui domine là encore les débats en maintenant ses poursuivants directs à plusieurs longueurs. Il est cependant loin le temps où Friends caracolait en tête de l'audimat avec 35 millions de téléspectateurs par semaine.

D'une manière générale, seule la moitié des shows a été renouvelée (56 annulations contre 54 renouvellements). S'il fallait retenir un seul chiffre de la saison passée, ce serait d'ailleurs celui des annulations de séries débutantes. En effet, 70% des 49 programmes ayant débarqué en septembre 2005 ont été annulés durant la saison. Un chiffre énorme qui illustre bien le côté très aléatoire de l'industrie télévisuelle, et qui touche drames et sitcoms de manière strictement équivalente.

Comme toujours, c'est CBS qui s'en tire le mieux, sa politique conservatrice lui ayant octroyé à 67% le meilleur taux de renouvellement des séries inédites du plateau. ABC, NBC, The WB et UPN ont chacune annulé toutes leurs nouvelles séries sauf une. ABC décroche d'ailleurs la palme du network le plus impitoyable, avec un taux de déchet de 91% sur ses nouveautés.

Parmi les plus belles progressions de l'année, on doit signaler dans l'ordre The Office (+33%), House (+23%, qui échoue aux portes du Top 5), toutes deux dans leur seconde saison, et surtout la belle remontée de 24 (+14%) à l'issue de la cinquième journée en enfer de Jack Bauer.

A l'inverse, le gadin de l'année est à mettre à l'actif d'une sombre sitcom intitulée Stacked, diffusée sur la Fox, et qui s'est mangé un -120% fatal. On compte cependant quantité de shows qui ont perdu de grosses parts d'audience au cours de l'année. En haut de tableau, Urgences et Medium ont toutes deux beaucoup souffert (respectivement -26 et -24%), mais ce n'est rien comparé à Alias (-54%), The West Wing (-37%), One Tree Hill (-54%), ainsi que toute une kyrielle de shows plus ou moins connus qui ont copieusement dégringolé au cours de l'année.

Dans le registre drames vs. sitcoms, ce sont les premiers qui s'en sortent le mieux, avec un taux de renouvellement de 60%, tandis qu'un tiers seulement des secondes parvient à tirer son épingle du jeu. Les séries comiques, genre ô combien délicat à maîtriser, traversent une crise depuis déjà plusieurs années, et la tendance ne va pas en s'inversant. Le modèle de la sitcom multi-caméra, avec un canapé au centre de la pièce, filmée en public ou avec rires en boîte est vieillissant et marque de sérieux signes de fatigue. Alors que les séries dramatiques rivalisent d'inventivité, les comiques souffrent d'un immobilisme plutôt gênant et souffrent face à la concurrence.

Du côté des networks, CBS effectue un tir groupé en haut de classement particulièrement impressionnant et finit logiquement en tête de l'audimat pour la quatrième année consécutive. The Eye place en effet pas moins de 12 séries dans le Top 20, ne laissant guère de place à ses concurrentes. ABC réalise la bonne opération en mettant dans le Top 12 sa triplette porte-bonheur, Lost, Desperate Housewives et Grey's Anatomy, accompagnées de feu Commander In Chief. Avec des audiences en hausse et malgré une année vierge en terme de nouveautés, The Alphabet s'octroie tout de même la seconde place du classement des network. La Fox et NBC se partagent les miettes avec deux malheureux représentants chacune dans le Top 12, et terminent respectivement troisième et quatrième de l'année. Grâce à American Idol, la Fox occupe d'ailleurs la tête du segment démographique des 18/49 ans, le secteur clef de l'audimat américain. Enfin, The CW et UPN ferment traditionnellement la marche, pour la dernière fois cependant suite à leur fusion.

La saison 2005 aura donc été une année relativement calme, particulièrement en comparaison de la précédente, qui avait vu débarquer plusieurs gros hits, au succès planétaire, et qui ont tous eu plus ou moins de difficultés à transformer l'essai dans leur seconde année. Espérons que la saison 2006 soit un peu plus enthousiasmante et riche de nouvelles expériences télévisuelles dignes d'intérêt.

Chiffres : Nielsen Media Research