La Casa de Papel Partie 4 : un démarrage mou ou explosif pour le retour sur Netflix ?

Alexandre Janowiak | 3 avril 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Alexandre Janowiak | 3 avril 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58

En cette longue période de confinement, on finit parfois par tourner en rond. Heureusement Netflix et les autres plateformes de streaming balancent chaque jour des nouveautés et détiennent des catalogues bien assez suffisants pour faire passer ce dur moment plus rapidement. Pour les fans de La Casa de Papel, les prochains jours devraient passer comme l'éclair puisque la Partie 4 de la série phénomène vient de débarquer.

Ecran Large a eu l'occasion de découvrir les quatre premiers épisodes de cette nouvelle partie et ce retour déçoit énormément à mi-parcours. On vous explique pourquoi en quelques points, avant un bilan complet très vite.

ATTENTION SPOILERS !

 

 

L'IMMUNITÉ DES PERSONNAGES

C'est sans doute l'un des points les plus agaçants pour tous les fans des séries qui ont le courage de prendre des risques, de sacrifier des personnages pour créer des déchirements émotionnels. C'est de cette manière notamment que Game of Thrones s'est transformé en véritable phénomène auprès du public en renversant son échiquier lors du neuvième épisode de sa première saison et instaurant un climat de méfiance permanent où chaque personnage pouvait trépasser à tout moment, surtout les principaux.

Malheureusement, avec La Casa de papelc'est tout l'inverse. Depuis le début de la partie 3 (et donc la reprise de la série par Netflix), tous les personnages principaux semblent intouchables. Ce début de Partie 4 nous le confirme assez logiquement (et finalement on n'est pas si surpris) avec le personnage de Nairobi.

 

Photo Alba Flores, Esther AceboEn fait, ça va aller, elle avait un totem de Koh Lanta dans son sac

 

Alors qu'elle venait de recevoir une balle en plein poumon, la braqueuse était en train de mourir devant les yeux de ses camarades impuissants et dépassés par les événements qu'ils ne contrôlaient plus vraiment. Heureusement pour elle, une immunité digne du collier de Koh Lanta vient à sa rescousse, permettant à la troupe de braqueurs de la sauver au fil des quatre épisodes en l'opérant (oui oui) puis la sauvant d'un étouffement en règle.

Bref, cela fera sans doute plaisir à de nombreux fans du personnage, mais quelle tristesse pour la pertinence du récit. Là où les deux premières parties n'avaient pas hésité à tuer quelques-uns des membres (RIP Moscou, Berlin, Helsinki) pour offrir de la dramaturgie, ces deux nouvelles parties se le refusent. Chaque personnage semble détenir une immunité et par conséquent, on ne s'inquiète jamais réellement pour eux et le récit en prend un coup sur le suspense qu'il tente de mettre en place. Il serait peut-être temps de changer ça !

 

Photo Pedro Alonso, Rodrigo De la SernaBerlin est mort, mais il a le droit à ses flashbacks donc ça va

 

LES ARCHÉTYPES MASCULINS

La série d'Álex Pina a toujours reposé sur de nombreux clichés, qu'il s'agisse de son déroulé, de ses rebondissements ou concernant ses personnages. Pour autant, jusqu'ici, la série n'en patissait pas puisque cela collait au code inhérent du genre, des interactions basiques entre les membres du braquage ou tout simplement de la manière dont le show se construisait.

Sauf que depuis le début de la Partie 3, on sentait que l'atmosphère avait quelque peu changé suivant l'avènement du mouvement #MeToo, qui a fait beaucoup de bien à Hollywood et son système en le remodelant. Ainsi, elle tentait de s'intéresser à la place des femmes dans la société à coups de discussions bancales et stéréotypées, histoire de les mettre plus en avant et d'éviter de simplement filmer leurs attributs dès que l'occasion se présentait (tout le monde se souvient de Tokyo sortant de la Fabrique de Monnaie à moitié nue et la caméra s'attardant largement sur son cul sans raison, non ?).

Eh bien cette Partie 4 continue sur cette lancée mais de la pire manière qui soit.

 

Photo Álvaro MorteLe Professeur, devenu la caricature de lui-même

 

Au lieu de mettre en avant ses personnages féminins de belle manière en leur instaurant des personnalités fortes, audacieuses ou intelligentes, la série préfère détruire ceux masculins principaux en les présentant tous (quasiment sans exception, on ne compte pas Marseille) comme des ignobles personnages : à la base sanguin, Denver devient extrêmement violent, Arturito est désormais un violeur, Palerme est un connard sexiste, Bogota est machiste et Le Professeur semble incapable de réussir quand il est accompagné d'une femme (avec Lisbonne, il pête des boulards et perd le contrôle, avec Marseille, il se calme et il réussit à reprendre le contrôle).

Seul Rio (Miguel Herrán) évite la déferlante, ses décisions et erreurs étant guidées (et excusées) par la torture subie lors de son arrestation. Mais attention, il pourrait bien jouer la comédie et trahir ses camarades prochainement (de quoi le rajouter à la longue liste).

 

Photo Miguel HerránRio, le seul personnage masculin un tant soit peu intéressant et loin des archétypes/clichés

 

Difficile de savoir où veut donc réellement en venir la série sur ce point tant tout est tendancieux, flirtant en permanence avec le sexisme. La série est prête à tout pour valoriser les femmes, quitte à balancer Tokyo en nouvelle leader du groupe alors même qu'on la sait incapable de manager à cause de son instabilité émotionnelle. Si mettre une femme en leader pourrait tout être à l'honneur de la série (Nairobi aurait été un choix fort, marquant et cohérent), choisir Tokyo (Úrsula Corberó) n'a aucun sens dans le récit vis à vis de son parcours et de son évolution depuis le début de la série.

De facto, les hommes sont déconstruits et désormais rattachés à de simples clichés souvent sexistes, quand les femmes sont seulement mises en valeur par ce biais et jamais pour leur véritable atout, au contraire. Bref, les archétypes masculins font beaucoup de mal au récit qui semble essayer de développer un propos féministe qu'il froisse à chaque instant.

 

Photo Úrsula CorberóTokyo prend les rênes, mais ça n'a pas de sens...

 

LE RYTHME VS LE VIDE

La Casa de Papel c'est de l'explosion, un récit qui peut soudainement se dynamiter à la Tarantino, des twists et cliffhangers à la Ocean's Eleven et un rythme souvent impeccable. S'il y a bien un point sur lequel la série espagnole n'a jamais flanché, c'est celui-ci. Allant droit au but, évitant les chemins détournés et les culs-de-sacs pour faire du remplissage, la série s'est toujours appuyé sur sa cadence impressionnante (parfois presque un peu trop) pour surprendre, avancer et pimper son récit.

Cependant, ces quatre premiers épisodes viennent totalement contredire cette affirmation. Evidemment, on ne va pas mentir, avec sa construction choral, la série est plutôt bien rythmée et son usage toujours aussi pratique (mais minutieux) des cliffhangers lui permet de conserver une belle dynamique. Malheureusement, cette pêche repose sur un récit d'un vide abyssal.

 

Photo José Manuel PogaGandia pour enfin faire exploser l'ensemble

 

C'est bien simple, il ne s'est jamais passé aussi peu de choses en quatre épisodes de La Casa de Papel. Assurément, il y a des sous-intrigues à gogos (amours, conflits, trahisons...), mais l'intrigue principale n'avance quasiment pas. Le Professeur est en dehors de la Banque d'Espagne pour tenter de sauver Lisbonne, les braqueurs s'occupent de gérer la survie de Nairobi, le bon déroulé du braquage puis de stopper l'agent de sécurité, Gandia, qui a réussi à s'échapper... et c'est tout.

Alors que la Partie 4 s'ouvre de manière explosive, littéralement, elle retombe comme un soufflé en s'enfonçant dans des sous-intrigues bêtes et méchantes. Par ailleurs, on note plusieurs incohérences scénaristiques assez aberrantes (le gosse de Nairobi est passé où sérieux ?) et des facilités scénaristiques toujours aussi agaçantes (le Professeur peut réellement s'approcher à moins de 15 mètres des policiers sans être repérés ? Marseille a toujours un véhicule sous la main ? Les Deus Ex Machina toujours prêts à protéger le Professeur ?).

Bref, déjà que le scénario commençait à partir n'importe comment, si en plus, il n'a plus rien du tout à dire, ça va devenir sacrément moins intéressant tout ça.

 

Photo Itziar ItuñoUn duel sans précédent avec de la possession ? Non, l'interrogatoire le plus lent et mou de l'histoire

 

Pour être très sincère, après quatre épisodes, on attend toujours le chaos annoncé dans le trailer tant le récit a peu avancé, le suspense s'est dissipé et le rythme a perdu de sa vigueur. La fin du quatrième épisode annonce, a priori, un dynamitage en règle pour la deuxième moitié de cette quatrième partie, et il était temps ! Reste à savoir si elle sera un minimum surprenante, mais à dire vraie, on en doute.

La Partie 4 de La Casa de Papel est disponible en intégralité sur Netflix depuis le 3 avril. Les trois premières parties sont également disponibles sur la plateforme.

 

Affiche française

Tout savoir sur La Casa de papel

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commentaires
Alegra
04/12/2020 à 00:56

Début prometteur .
Mais je viens de lire les critiques sur la suite , et du coup J'ai moins envie de continuer. Pourtant l'histoire est originale , les personnages bien campés.
Je suis hésitante, vais je continuer à regarder défiler les billets ?

OnceUponATime
06/04/2020 à 11:10

Saison 4 particulièrement décevante: entre les sous-intrigues à peine traitées (putain mais flinguez moi Arturo qu'on en finisse avec lui), des incohérences au taquet (bon ok, ça c'est depuis toujours), l'émotion qui n'est pas au rdv dans les moments cruciaux (une mort qui ne fait ni chaud ni froid), sans parler des flash-back qui ne servent à pas grand chose si ce n'est à combler les vides...
Tout ça pour au final en être au point mort, pour aller vers une 5ème saison.
Celle-ci étant déjà bien laborieuse, il va falloir faire fort pour maintenir l'intérêt durant 8 épisodes supplémentaires. Oseront-ils le twist foireux lié à l'identité d'Alicia (seule raison qui pourrait expliquer les nombreux flash-back/mariage)?

Jojo la crete
05/04/2020 à 17:48

B es arrêter c es ridicule

Geoffrey Crété - Rédaction
05/04/2020 à 13:35

@oss-sans-disquette

Rien à voir : un film n'est pas fait pour être vu en morceaux (même si les studios eux-même aiment parfois cette approche et montrent des morceaux d'un film des mois à l'avance pour que la presse en parle de cette manière : c'est arrivé sur Prometheus, Alien : Covenant ou encore Alita), et une série, si. La construction est en épisode, logique donc qu'on puisse en parler en épisode (d'où des critiques de chaque épisode de Westworld en ce moment par ex).
Par ailleurs, c'est simplement intéressant de traiter une si grosse sortie en deux temps, et s'adapter au timing Netflix. Cela permet d'aborder le rythme, le démarrage, et plein de lecteurs aiment lire un premier avis avant de se lancer, ou après avoir vu le début par exemple. On a donc publié un premier ressenti vendredi, et on regarde la fin ce week-end.

Que notre avis puisse évoluer n'est pas un problème - de la même manière, il peut évoluer d'un épisode à un autre, d'une saison à une autre. On fait pareil avec Stranger Things et pas mal d'autres séries.

oss-sans-disquette
05/04/2020 à 13:06

Pourquoi ne pas attendre d'avoir vu l'entièreté de la partie 4 avant d'en faire une chronique ? Et vous savez très bien que votre avis peut être remis en question par la suite. C'est un peu comme si vous disiez "On a vu les 40 premières minutes de Joker, coup de poker ou coup de mou ?" non, attendez de voir l'intégralité avant de juger. Vous avez fait pareil avec la partie 3 j'ai un peu de mal à comprendre la logique :/

Nesse
05/04/2020 à 07:09

Mais pourquoi Nairobi ? J'aurai préféré Tokyo ou autres, mais pas elle.

Berlin
05/04/2020 à 01:47

Ciao nairobi

charlieeee
05/04/2020 à 00:10

désolé pour les fautes, depuis le téléphone et sous l'émotion (*rage) du dernier épisode.

Charlieeeee
04/04/2020 à 23:58

Cette série était un calcaire, 6 épisodes inutiles entre feux de l'amour et sous intrigues insupportables oubliés d'un épisode à l'autre (Arthuro, trahison de Palermo etc etc). De la poudre aux yeux pour créer des péripéties tout en laissant l'intrigue principale sur place. Tout ça pour deux épisodes gibaux intéressant, faisant avancer l'intrigue et revenant à l'essence de la première saison (sans jamais être impressionnant ou sans créer de grande surprise). Tout ça pour au finale nous teaser une autre partie. Le sentiment de finir cette saison à la même place que la dernière. Le sentiment de s'être fait arnaquer par Netflix.. Le braquage ne serait pas que fictionel.. Bref on sent que Netflix voulait traire la vache aux œufs d'or jusqu'à épuisement.. Malheureusement si il se passait des choses dans la première partie, dans cette seconde pas grand monde sera dupe... J'ai peur que ce cliffhanger ne hype que très peu de monde pour la suite des aventures de ces personnages dont plus personne ne se fiche

Nicoco
04/04/2020 à 22:33

Déjà Nicolas tu vas commencer par te calmer.
Chacun à droit d'avoir un avis. Ce n'est pas parce que tu as aimé la saison que les autres n'ont pas le droit de la trouver naze.

Profite en pour faire des phrases compréhensibles.

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