The Innocents : que vaut la série fantastique aux airs de Twilight de Netflix ?

Alexandre Janowiak | 29 août 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Alexandre Janowiak | 29 août 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Avant une flopée de retours et de nouvelles séries ces prochaines semaines sur sa plateforme avec OzarkIron FistBoJack HorsemanManiac ou encore American Vandal, Netflix a mis en ligne la première saison de The Innocents le 24 août dernier. Ecran Large fait le bilan de cette série fantastico-romantique à la sauce teenage.

 

 

C'EST QUOI LE PITCH ?

The Innocents raconte l'histoire de deux adolescents : June (Sorcha Groundsell) et Harry (Percelle Ascott). Fous amoureux l'un de l'autre, mais élévés par des parents très autoritaires ou trop protecteurs, ils décident de fuir leurs familles pour être ensemble. Cependant, leur fuite est entravée par une découverte extraordinaire puisque June est capable de se métamorphoser.

A partir de là, le jeune couple va devoir lutter pour contrôler cet étrange pouvoir alors qu'au même moment leur aventure devient de plus en plus dangereuse, quand ils sont poursuivis, menacés ou manipulés.

 

Photo Sorcha Groundsell, Percelle AscottUn jeune couple rêveur plein d'espoir

 

THE TWILIGHT ZONE

Créée par Simon Duric et Hania ElkingtonThe Innocents est une production britannique et norvégienne, et originale de Netflix. Dès la diffusion de ses premières images et de son pitch, cette nouvelle série a rapidement été catégorisée comme un thriller fantastico-romantique à la croisée de l'expérimentale The OA et de la saga TwilightA certains niveaux, la comparaison n'est pas totalement injustifiée.

En effet, avec son aventure très teen movie, son duo d'adolescents amoureux et les pouvoirs étranges de son héroïne, The Innocents a clairement des airs de la saga vampirique. Et si on ne s'en tenait qu'à son pitch et la découverte d'une facette inconnue du monde, la série pourrait rappeller sans doute en partie le True Blood d'Alan Ball.

De l'autre, la présence d'un scientifique aux airs de gourou (interprété par Guy Pearce), procédant à des expériences sur des êtres humains dotés des mêmes pouvoirs que June, n'est pas sans rappeler le personnage de Jason Isaacs dans la série de Brit Marling et Zal Batmanglij : The OA.

 

photo, Guy PearceGuy Pearce 

 

Pourtant, lors du visionnage des huit épisodes composant cette saison 1, il est clair que The Innocents n'a pas les mêmes objectifs. Bien au-delà de son intrigue fantastique et de la magie entourant le pouvoir de métamorphose de sa jeune héroïne June, la série préfère se concentrer sur les interactions entre ses personnages principaux.

Ainsi, plus que tout, c'est la relation amoureuse et finalement l'émancipation souhaitée par le jeune couple qui est au cœur de l'intrigue. Malgré leur volonté, leur amour survivra-t-il au bouleversement qu'ils connaissent avec cette découverte ? Leurs multiples déboires et conflits auront-ils raison de leur innocence ?

Là est bien le sujet principal de The Innocents, qui se sert finalement du pouvoir de June comme d'une allégorie fantastique de la vie et de ses changements inhérents, lors du passage à la vie adulte ou de la post-adolescence. Plus que Twilight, la série est un peu à l'image du très beau thriller Thelma, réalisé par Joachim Trier (norvégien de surcroit, tiens donc). Une sorte de conte fantatisque où les pouvoirs de l'héroïne étaient finalement le miroir de ses premiers émois amoureux, et ses désirs refoulés.

 

photo, Sorcha GroundsellJune, superbe Sorcha Groundsell

 

LA FIN DE L'INNOCENCE

Malheureusement, malgré sa volonté de ne pas être une simple romance fantastique, The Innocents ne réussit pas à se différencier pleinement des nombreuses œuvres mettant en scène un jeune duo adolescents rêveur et fugueur. Bien que porté par ses deux comédiens (la touchante Sorcha Groundsell et l'attentionné Percelle Ascott), la série n'arrive jamais à nous ancrer au cœur de leurs problèmes, vus et revus ailleurs.

Un manque d'intérêt pour les mésaventures des deux tourtereaux causé en grande partie par la galerie de personnages secondaires particulièrement insipides, qui gravitent autour d'eux. Entre la mère inquiète et le père surprotecteur, le frère handicapé et le scientifique aux intentions douteuses, en passant par les alliés temporaires ou de circonstances, le récit de The Innocents rate totalement le coche à ce niveau et s'avère particulièrement cliché.

 

Photo Jóhannes Haukur JóhannessonSeul personnage secondaire intéressant ?

 

De plus, la série manque cruellement de rythme. Si l'atmosphère lente est voulue pour développer en profondeur l'évolution morale et psychique du duo (pas toujours réussie d'ailleurs), elle plombe l'intrigue déjà peu attrayante à l'origine.

C'est bien dommage tant la série bénéficie de quelques très beaux moments notamment musicaux grâce aux partitions de Carly Paradis (qui avait bossé entre autres sur Moon ou True Detective). Tourné en partie en Norvège, le show jouit également d'une très belle esthétique propre aux séries nordiques. Et même si le manque de moyen se fait ressentir sur les effets spéciaux (les transformations ne sont jamais visibles à l'écran à quelques exceptions près), The Innocents est très maitrisé visuellement.

 

PhotoLes magnifiques paysages nordiques 

 

The Innocents est plein de bonne volonté en préférant mettre en avant les interactions de ses personnages plus que son récit fantastique. Il jouit d'ailleurs de grandes qualités esthétiques et d'une partition musicale prenante. Malheureusement, l'histoire de cette nouveauté Netflix peine à convaincre tant on a l'impression que tout ce qu'elle veut évoquer l'a déjà été dans d'autres œuvres avant, et plus profondément.

La saison 1 de The Innocents est disponible en intégralité sur Netflix depuis le 24 août 2018. 

 

Affiche

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