La Compagnie Rouge tome 1 : Premier Sang - le Star Wars de Delcourt qui transforme la guerre en un jeu

Arnold Petit | 12 janvier 2023
Arnold Petit | 12 janvier 2023

Rejoignez La Compagnie Rouge avec le tome 1, Premier Sang, paru le 11 janvier 2023 chez Delcourt, et entrez dans un space opera entre Star Wars et Dune où la guerre est un jeu. Dans cette bande dessinée imaginée par Simon Treins (Les Reines de Sang : La Kahina, "Tuez de Gaulle !") et Jean-Michel Ponzio (Génétiks, Jour J), un jeune héros rejoint une troupe de mercenaires et découvre un univers plus vaste et plus sombre qu'il ne l'avait imaginé.

 

 

LA GUERRE DES ÉTOILES

Dans un futur lointain (qui pourrait tout à fait se situer dans cette fameuse galaxie lointaine, très lointaine), les humains ont conquis l'espace et la guerre est devenue un sport pratiqué grâce à des robots de combat, des drones et des vaisseaux spatiaux contrôlés à distance par des compagnies de mercenaires. Les planètes passent sous le régime d'une entreprise au gré des batailles intergalactiques, les contrats s'enchaînent sans compter les dégâts matériels, et parmi tous les groupes de mercenaires, la Compagnie Rouge est le plus respecté et le plus redouté.

Fasciné par ces combattants qui utilisent les nouvelles technologies pour triompher sur le champ de bataille, Flint Robinson Robin décide de quitter sa petite planète agricole pour rejoindre cette escouade d'élite, avec l'espoir de devenir le meilleur d'entre eux, "pour le meilleur et pour le pire" comme lui rappelle un des membres de l'équipage.

 

La Compagnie Rouge : photoRobot War


Sous plusieurs aspects, l'univers imaginé par Simon Treins évoque clairement celui de Star Wars, notamment La Menace Fantôme : Antiopos V, la planète d'origine de Flint, est une petite planète sans importance comme Tatooïne, où le sable aurait été remplacé par des champs de céréales. Par ailleurs, le premier affrontement de drones ressemble à la bataille sur Naboo et Flint apparaît comme une sorte d'Anakin Skywalker, embarquant à bord d'un vaisseau avec le rêve de s'envoler vers les étoiles, de découvrir des mondes inexplorés et de devenir le plus grand pilote de tous les temps.

 

La Compagnie Rouge : photoL'attaque des drones

 

L'influence de l'univers créé par George Lucas se ressent tout au long de la lecture (dans un bar d'Antiopos V qui s'apparente à la Cantina ou quand Flint parcourt les archives de la Compagnie Rouge comme s'il était dans la bibliothèque du Temple Jedi) et le scénario assume totalement l'hommage lorsqu'un personnage mentionne "la Force" ou "l'Empire" d'après une "vieille vidéo" qu'il a vue.

L'histoire comporte plusieurs éléments bien connus de science-fiction, comme les trous noirs, l'intelligence artificielle ou le fait de se plonger en hivernation dans une capsule lors des passages par les portails interstellaires. Le scénariste s'est pleinement nourri de la culture du genre, mais aussi du film de zombies lors d'une scène d'action avec des clones contrôles par une IA, ou encore du film de guerre pendant les spectaculaires batailles au sol ou dans l'espace.

 

La Compagnie Rouge : photoL'étrange retour à la réalité


BAD BATCH

Avec sa réputation de groupe d'élite aux méthodes peu conventionnelles, la Compagnie Rouge ressemble à l'escadron de la Bad Batch, mais avec des robots à la place des pisto-lasers et des tenues en kevlar au lieu des armures de clone.

La Chouette est la commandante sévère qui empêche son équipage de s'écharper et de courir à la mort ; Frisette est un type bourru qui apprécie de passer du bon temps pendant ses permissions et qui se révèle plus humain qu'il en a l'air aux côtés de Flint, rebaptisé l'Innocent par l'équipage pour sa candeur juvénile ; Chérie est une gentille tête brûlée qui prend tout à la légère et Rouille est un homme pragmatique et impitoyable avec une gueule d'ange.

 

La Compagnie Rouge : photoLa fine équipe

 

D'abord dépeints comme des héros à travers le regard de Flint, les motivations des mercenaires apparaissent progressivement et se révèlent bien différentes selon les compagnies : alors que certains se battent pour la gloire et le profit, d'autres ne cherchent que la destruction ou utilisent les voyages interstellaires pour le narcotrafic.

Dans ce monde politiquement troublé, les membres de la Compagnie Rouge apparaissent comme des renégats qui survivent comme ils peuvent en se pliant aux autorités qui n'hésitent pas à éliminer les pillards de l'espace et ceux qui tentent de contourner ce système qui rappelle les jeux vidéos de stratégie spatiale.

Comme dans Homeworld, Star Citizen, Ogame ou StarCraft, les mercenaires acceptent des contrats, doivent gérer leurs ressources. Ils font la guerre avec des unités mécaniques et virtuelles dans un "championnat" organisé par une guilde, où les équipes sont classées et peuvent être bannies si elles ne respectent pas les règles.

 

La Compagnie Rouge : photoToujours respecter les règles des voyages à travers l'espace


En contrepoint des missions et des combats intergalactiques, le scénario s'intéresse également aux conséquences directes et indirectes de cette nouvelle guerre sans morts sur les populations avec le père de Flint, petit commerçant démuni sur une planète céréalière qui passe sous la coupe d'une nouvelle entreprise à chaque affrontement.

Les thématiques du récit trouvent évidemment un certain écho avec les questions de notre époque autour des frappes de drones et des nouvelles façons de combattre, et les membres de la Compagnie Rouge utilisent eux aussi des "drones haptiques" qu'ils pilotent depuis un fauteuil dans leur vaisseau, mais le propos n'est jamais trop appuyé et s'illustre surtout dans le comportement des mercenaires.

À force de mener la guerre à travers une machine, la plupart sont devenus totalement insensibles et au cours de son épopée cosmique, Flint découvre des secrets troublants sur l'histoire de la Compagnie Rouge.

 

La Compagnie Rouge : photoLa naissance de la Compagnie Rouge

 

WING COMMANDER

Dans son style caractéristique, qui se rapprocherait presque du roman-photo, Jean-Michel Ponzio utilise un trait photo-réaliste pour les visages des personnages et réussit à donner une âme aux différents décors que parcourent la Compagnie : un club de strip-tease sur une planète industrielle aux champs d'Antiopos V en passant par la station de transit par laquelle les vaisseaux sont obligés de passer à chaque voyage. Le dessinateur réalise un travail encore plus impressionnant dans les scènes qui se déroulent dans l'espace, en jouant avec les ombres et donnant une sensation de vertige et d'immensité aux dessins.

Que ce soit au niveau du design des vaisseaux spatiaux ou des paysages, les planches dégagent une richesse visuelle qui correspond parfaitement à celle du récit. L'artiste sait varier les teintes et les atmosphères, passant de l'obscurité profonde et angoissante de l'espace à la chaleur d'une petite planète perdue dans la galaxie, et la colorimétrie numérique donne une esthétique entre animation et réalisme à cet univers de science-fiction de plus en plus vaste et complexe.

 

La Compagnie Rouge : photoInterstellar

 

Les dernières pages donnent encore plus d'ampleur au récit de space opera, avec une dimension politique proche de Dune, et les prochains tomes publiés chez Delcourt devraient continuer d'explorer ce système qui commence à peine à se dévoiler, la société futuriste agonisante et le passé obscur de la Compagnie Rouge, qui concerne peut-être aussi une planète bleue dans un certain Système solaire perdu au milieu de la Voie lactée.

Ceci est un article publié dans le cadre d'un partenariat. Mais c'est quoi un partenariat Ecran Large ?

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commentaires
MisterM
18/01/2023 à 17:28

Les visages semblent être des photos retouchées mal incrustées dans les dessins, c'est extrêmement désagréable et particulièrement laid. Ca me coupe toute envie d'en lire plus hélas.

JohnToh
17/01/2023 à 12:08

On est en train de faire tout un foin avec les AI qui pompe le travail des autres pour faire de l'argent et à côté on a des humains qui font exactement la même chose à en croire cet article

bipbip
16/01/2023 à 11:17

Une BD intéressante mais pas sans défauts.

Déjà, il y a plusieurs ellipses, comme la trahison d'un personnage qui sort de nulle part ou la mort d'un autre, qui lui semblait important.
Les combats sont pas si bien menés et présentés. J'aurai préféré qu'il y ait plus d'ampleur . Je pense que c'est lié à la volonté de faire tenir en un seul tome de 120 pages plutôt qu'en plusieurs. D'ailleurs, au dos de la BD, il est indiqué "récit complet" ce qui me fait douter de la parution de suites.
Autre défaut, lié à la taille de la BD, Flint semble intégré très vite, sans avoir besoin d'apprendre et de s'entrainer.
Plus personnel, mais le style des visages, j'ai vraiment du mal. Alors que le reste, vaisseaux, paysages... sont vraiment sublimes.
Bref, la BD est pleine de bonnes choses, mais beaucoup de petits défauts qui l'empêche d'être une très bonne BD