Kaiju N°8 : le monstrueux shonen est enfin de sorti en France chez Kazé

Flavien Appavou | 6 octobre 2021 - MAJ : 07/10/2021 15:24
Flavien Appavou | 6 octobre 2021 - MAJ : 07/10/2021 15:24

Cela faisait longtemps qu'un shonen n'avait pas autant trusté le marché japonais, en quelques mois ce shonen tout droit sorti sur Shonen Jump +, la déclinaison numérique du Weekly Shonen Jump, a dépassé toutes les attentes en ventes numériques et physiques au Japon. Kazé manga voit les choses en grand pour sa sortie sous nos latitudes. Normal, Kaiju N°8 est monstrueux à tout point de vue.

Kaiju N°8 ou Monster #8 en japonais a été un phénomène dès sa sortie sur le Shonen Jump +, détrônant un autre succès éditorial Spy X Familyqui vient lui aussi du Shonen Jump +, comme quoi les éditeurs de la déclinaison numérique du célèbre Weekly Shonen Jump, ont vraiment le nez fin... Ceci étant dit Kaiju N°8 écrit et dessiné par Naoya Matsumoto est apparu sur l'application et a suscité un engouement sans précédent, cumulant des millions de lectures et de ventes. Le quatrième tome a même dépassé la barre des 4 millions d'exemplaires imprimés (physiquement) et vendus (numériquement), devenant le plus gros titre de la plateforme numérique Shonen Jump + ! 

Et en France, on n'est pas en reste, car Kazé, qui a acquis la licence, prépare un lancement en fanfare. Avec près de 250 000 exemplaires imprimés dès le premier tirage, le titre ne vit rien de moins qu'un colossal succès. Preuve en est, une campagne de communication massive et même un affichage géant sur un immeuble parisien (du jamais vu pour un manga). Des investissements qui ne surprennent pas tout à fait, car le titre est aussi monstrueux que sa communication

 

 

Un shonen adulte

Normalement, ces deux mots ne vont pas ensemble, parce que le shonen définit un genre de manga ciblé pour le 12/17 ans, voir un peu plus jeune. Mais ici, on reprend juste l'esprit du shonen, c’est-à-dire, la construction du personnage mû par un but à atteindre malgré les obstacles. C'est ça l'esprit shonen, persévérer encore et toujours jusqu'à la fin, malgré les combats et les échecs. Et pourquoi ne pas en apprendre sur soi-même et les autres, car c'est aussi avec les autres que nous évoluons. Normalement, dans chaque histoire, on suit la progression d'un jeune adolescent qui se découvre jusqu'à l'âge adulte. Dans Kaiju N°8, on mixe tous ces codes et on les transpose directement chez l'adulte

Ce n'est pas parce qu'on est adulte qu'on a fini de progresser, au contraire, on a encore plein de rêves ou de but à atteindre ! C'est ce que fait Kafka Ibino, jeune adulte d'une trentaine d'années, nettoyeur de monstres. Au Japon, il y a de plus en plus d'attaques de Kaiju, des troupes d'élite s'entrainent pour les dégommer, et d'autres sont là pour nettoyer la cité des tonnes de chairs suppliciées engendrées par ces affrontements. C'est le travail quotidien de Kafka. Mais il a un rêve, intégrer le corps d'élite des Forces de Défense et ainsi réaliser la promesse tenue à son amie d'enfance : combattre ensemble les Kaijus. 

 

Planche 14, Naoya MatsumotoÇa en fait de la carcasse à nettoyer

 

La rencontre avec Leno Ichikawa va être déterminante pour Kafka. Le jeune Leno, ayant envie de passer le concours des Forces de Défense, va pousser Kafkta à s’inscrire avec lui. Alors qu'ils sont en plein travail de nettoyage, ils se font attaquer par un Kaiju et se retrouvent à l'hôpital. Et c'est dans ce lieu que s'infiltre une mystérieuse bête dans le corps de Kafka le transformant en monstre. Le voilà capable de se transformer en Kaiju et de défaire les autres monstres. Tout en gardant son anonymat et en retrouvant son apparence d'origine, il passe les concours des Forces de Défense, se rapprochant de son but, mais en gardant un secret qui pourrait lui valoir sa peau ! 

Avec la référence évidente à Frank Kafka et son livre La Métamorphose, Naoya Matsumoto instaure dès les premières pages de sa fable shonen adulte, une dimension existentielle forte et fascinante. La progression de l'histoire n'étant pas si linéaire que cela au fur et à mesure des chapitres, il arrive à nous surprendre avec de bons cliffhangers. Normal, car vu que la publication se fait sur le Shonen Jump +, il faut arriver à appâter chaque semaine le lecteur et c'est pour cela que l'auteur nous régale aussi bien scénaristiquement que visuellement.

 

Planche 7, Naoya MatsumotoPermets-moi de me racler la gorge

 

Grosse claque visuelle

Naoya Matsumoto a commencé sa carrière de mangaka avec une histoire courte appelée Spiritual People, puis il a publié Necromancer, avant sa première série Nekowappa! dans le Weekly Shonen Jump entre 2009 et 2010. Il se fait connaitre en France avec sa courte et sympathique série Pochi et Kuro, publiée chez Kazé, mêlant humour et aventure. Le dessin de celui-ci était déjà d'un bon niveau, et la balance entre humour et scènes d'actions était idéale. Avec Kaiju N°8, l'auteur fait un gros bon en avant, et ce dès les premières pages. 

Son dessin est impressionnant de détails architecturaux, d'ombrages et de niveaux de gris. Les "couleurs" se ressentent directement sur nos pupilles, sur Pochi et Kuro, il montrait déjà qu'il était bon sur l'encrage, ici il fait encore plus fort. Quand il attaque une pleine page, il met un soin particulier à ce que la planche soit la plus vivante possible, le regard se meut de lui-même et on reste scotché dessus. Sur les phases de combats ou même d'humour, il se permet de créer une planche d'illustration juste pour montrer l'étendue de son art. Il a complètement raison, c'est beau.

 

Planche 5, Naoya MatsumotoMais quelle beauté

 

En gardant toujours le bon rythme encore scène d'humour, d'action, d'émotion et pleines pages d'illustrations, il obtient un découpage optimal. Chaque chapitre est une œuvre d'art en soi, il ne déçoit jamais, et il surprend de plus en plus le lecteur avec des poses improbables ou des Kaijus monstrueux ou encore un décor invraisemblable.

C'est d'un réalisme magique incroyable. Naoya Matsumoto, s'amuse aussi sur le design des personnages, des monstres, des costumes et des armes qui sont d'une finesse de traits irréprochable et toujours démesurée. C'est vraiment du grand art.

 

Planche 12, Naoya MatsumotoFlippant, mais beau

 

Rivalité Monstrueuse

En gardant en tête l'histoire des Kaijus et leur soudaine apparition sur Terre, Kaiju N°8 permet de rentrer à l'intérieur de ses monstres qui ont façonné un pan de la culture japonaise. En prenant son héros comme un monstre et en le traitant en humain, l'histoire permet de créer une empathie vis-à-vis des Kaijus, qui ne sont pas juste là pour détruire. L'œuvre pose une question intéressante sur leur genèse et leur but, qu'elle traite en ligne de fond. C'est assez malin de la part de l'auteur, rien n'est si manichéen que cela.  

De même, l'auteur montre les troupes d'élite des forces de défense comme des forces de la nature, voire limite comme des monstres qu'on ne peut pas battre, ainsi que la volonté de chacun de rivaliser de force pour pouvoir les battre à leur tour. Et c'est ici que le contrepoint arrive, c'est que ces forces de la nature sont principalement des femmes, elles deviennent les exemples et les rivales du héros et de son coéquipier, chose assez surprenante dans un shonen de ce type. La rivalité n'a plus de genre et devient juste une compétition saine entre deux personnes qui veulent grandir ensemble sans porter la couverture, ni sur l'un ni sur l'autre. C'est une équipe qui se supporte mutuellement, sans valeur ni jugement.

 

planche 9, Naoya MatsumotoL'exemple à suivre

 

Kaiju n°8 de Naoya Matsumoto est vraiment une œuvre à part dans la galaxie des shonen, rien que par son principe de base d'être dans un monde totalement adulte. Il reste original dans son traitement narratif ainsi que dans sa composition. Son dessin y est aussi pour quelque chose, en s'affinant chaque semaine et en proposant des couvertures ou des illustrations de planches toujours à couper le souffle. On comprend que ce titre est monstrueux dans tous les sens du terme. Il sort enfin en France chez Kazé prêt à faire décoller encore plus les ventes de mangas en France. 

Ceci est un article publié dans le cadre d'un partenariat. Mais c'est quoi un partenariat Ecran Large ?

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commentaires
Stacker Pentecost
07/10/2021 à 07:52

Bon moi c'est Stacker, pas @Flavien, mais on s'est compris ^^

@Flavien
07/10/2021 à 06:52

Merci pour ta réponse ^^ (on vous le dit régulièrement, mais ça fait plaisir de voir une rédaction aussi active dans les commentaires)
Et pas de procès d'intention, vous avez aussi le droit d'écrire pour des partenariats, d'autant qu'ils ne prennent pas une place énorme dans vos publications.
Je vais regarder cette série de plus près, je suis curieux du traitement différent apporté par rapport à l'attaque des titans.
Pour le dessin, mon seul "reproche" à la vue des planches publiées ici, c'est que ça manque d'un style marqué. Ce qui ne remet pas en question la qualité des planches.
En tout cas, continuez comme ça, et c'est très cool de voir de temps en temps des articles BD/mangas.

Flavien Appavou
07/10/2021 à 02:46

@Stacker
Effectivement, on pourrait y voir des similitudes dans la description avec l'Attaque des Titans, mais l'approche est différente (en tout cas pour l'instant), d'un côté car le protagoniste a vraiment des réflexions d'adultes et que son entourage (plus jeune que lui) ne le comprends pas, mais aussi car les perso féminins ne sont pas obnubilés par lui (Mikasa vaut une dévotion pour Eren), Ici, c'est guerrier à guerrier. Sur ce fait-là, c'est diamétralement différent. Et puis le dessin... c'est ultra travaillé, les derniers chapitres sont magnifiques. C'est bluffant de maitrise.
Et pour info, ce n'est pas parce que c'est sponso que je dis ça, c'est que de base, j'adore Kaiju n°8 !

Stacker Pentecost
06/10/2021 à 22:57

Autant les dessins ont l'air sympa et semblent maîtrisés (quoique pas forcément d'une originalité dingue), autant le pitch d'ensemble et la bande-annonce de Kaze me paraissent beaucoup lorgner sur L'attaque des titans.
J'sais pas trop en penser, quoi !

Geoffrey Crété - Rédaction
06/10/2021 à 16:22

@Cmtdp

Attention alors à (re)lire notre fonctionnement : on écrit uniquement sur ce qu'on aime, c'est affiché sur le site, en lien en bas de l'article :)

Tout est clair et transparent !
https://www.ecranlarge.com/partenariats

Cmtdp
06/10/2021 à 16:19

Attention tout de même il s’agit d’un article dans le cadre d’un partenariat ^^ ce n’est pas une critique mais un plaidoyer.

Arnaud (le vrai)
06/10/2021 à 15:36

Et bien merci pour cet article, je ne connaissais pas ce manga mais ça m’a clairement donné envie
Je vais me laisser tenter par le premier tome je pense