Google coupable : son monopole remis en cause par une défaite contre Epic

Google perd son procès contre Epic Games. Une défaite qui remet en cause son monopole sur le marché des applications et boutiques sur Android.

Avec un géant du jeu vidéo free-to-play comme Epic Games, les procès sont des affaires courantes. Et souvent, l’entreprise n’est pas forcément du bon côté de la force – notamment quand il est soupçonné d’escroquer ses clients. On se souvient de l’amende à un demi-milliard de dollars que la firme s’est mangée il y a quelques mois, pour ses pièges à utilisateur sur Fortnite. Une sanction historique infligée par les autorités américaines.

Toutefois, le vent vient de tourner en la faveur d’Epic. Autre temps, autre procès et c’est contre Google que l’éditeur s’est heurté, se positionnant cette fois en tant qu’offensé plutôt qu’offenseur. L’affrontement entre les deux titans a connu des démêlés judiciaires sur plusieurs années et s’est donc réglé tout récemment... par une très importante victoire d’Epic !

Et Fortnite n’a jamais été aussi populaire qu’en ce moment

Goliath contre Goliath

Epic avait déposé une plainte en 2020, affirmant que Google avait créé un monopole avec sa boutique Google Play sur les appareils Android, avec plus de 95% des applications Android distribuées via cette plateforme. La plainte portait principalement sur la taxe de 30% imposée à toute application présente sur le Google Play Store. Une commission clairement trop haute et impossible à esquiver. 

Le système de facturation propre à Google Play est un étau monétaire qui, semble-t-il, porte un préjudice important à la concurrence et qui ne propose aucune alternative. Epic reproche d’ailleurs la même chose à Apple sur ses iOS. Toujours selon le plaignant, Google aurait proposé des accords lucratifs aux fabricants de dispositifs en échange de l’exclusion d’autres boutiques d’applications sur leurs appareils. La firme garde ainsi son emprise sur les éditeurs passant par Android. 

Avec Lego Fortnite, Epic marque encore de bons points pour son jeu phare

Avec une telle suprématie sur les boutiques de smartphone, nombreuses sont les entreprises qui s’en sont retrouvées grandement lésées. Il faut bien comprendre qu’une telle pratique est à la limite du racket, étant donné qu’il est presque impossible pour des créateurs d’applications de ne pas les publier sur Android, tant il s’agit d’un distributeur incontournable. Et de toute façon, ils subissent le même problème chez Apple. 

Il n’y avait bien qu’Epic pour avoir les moyens de contester la domination des GAFA dans leurs secteurs. Et étonnamment, une première victoire décisive a été ainsi remportée par l’éditeur. Le verdict a été rendu par un jury californien et a reconnu le comportement anticoncurrentiel de Google et sa violation de plusieurs lois antitrusts. Une conclusion que s’est empressé de fêter Tim Sweeney (le PDG d’Epic) sur Twitter/X.

Victory over Google! After 4 weeks of detailed court testimony, the California jury found against the Google Play monopoly on all counts. The Court’s work on remedies will start in January. Thanks for everyone’s support and faith! Free Fortnite! https://t.co/ITm4YBHCus

— Tim Sweeney (@TimSweeneyEpic) December 12, 2023

et maintenant, apple 

Un article sur le blog d’Epic a qualifié la décision de "victoire pour tous les développeurs d’applications et les consommateurs du monde entier. D’autres parts, le jury est censé convenir, en janvier prochain, de mesures à prendre pour sanctionner Google et rétablir l’équilibre dans son marché des applications sur Android. Mais bien évidemment, la bataille ne s’arrêtera pas là.

Il est déjà prévu que Google fasse appel de la décision du tribunal, afin de ne pas perdre son avantage dans sa guerre farouche contre son plus gros adversaire : Apple. Ce dernier est également une cible à abattre pour Epic, même si la compagnie a déjà perdu contre lui en 2021. Mais quand bien même le créateur de Fortnite est loin d’être exempt de reproches, on ne bouderait certainement pas notre plaisir s’il parvenait à affaiblir un peu davantage nos amis les GAFA.