Les écrans de cinéma menacés de remplacement par des panneaux LED ?

À l’heure où certains cinémas peinent à se relever de la crise Covid, LG semble avoir un plan pour eux avec le Miraclass, un écran LED géant qui vise à remplacer les vidéoprojecteurs vieillissants. Et la fiche technique a de quoi faire rêver.

Mais au-delà des belles paroles du fabricant coréen, cette dalle a-t-elle une chance de conquérir les salles du monde entier ? Et pourrait-elle se retrouver, un jour, dans notre home-cinema ? Faisons le point.

Pour l'arrivée en grande pompe du LG Miraclass, on sort volontiers le champagne (© LG)

Les grandes promesses de LG avec le Miraclass

Une dalle ultra-modulable et lumineuse

Sauver les petits cinémas au matériel vieillissant. Tel est le miracle que compte opérer LG avec sa dalle géante Miraclass, sortie le 9 février dernier. Et pour vendre un tel produit, on peut dire que la firme asiatique ne manque pas d’arguments. 

En effet, l’écran joue la carte de la qualité d’image avec une belle résolution 4K qui peut atteindre les 300 nits de luminosité et les 144 Hz en 3D. Sans même parler du contraste, qui mettrait facilement au tapis les vidéoprojecteurs datés de certains cinés. Mais c'est un long débat, et ces derniers ont eux aussi de nombreux atouts à revendre, comme nous l'avions vu dans notre comparatif dédié.

Toujours est-il que la technologie du Miraclass est finalement assez proche du micro-LED de chez Samsung, qui a d’ailleurs fait couler beaucoup d’encre lors du dernier CES de Las Vegas.

Dans le même temps, la dalle de LG peut s’appuyer sur sa modularité avec 4 tailles différentes, allant de 192 à 552 pouces (l’équivalent des toiles de projection dans des salles moyennes). Il est également possible d’agrandir ou de réduire l’écran à souhait, grâce à ses panneaux détachables. 

Le Miraclass pourra-t-il éclipser ses concurrents sur le marché ? Seul l'avenir nous le dira (© LG)

Une source d’économies sur le long terme

Au-delà des points forts que nous venons d'évoquer, le Miraclass coûterait aussi bien moins cher qu’un vidéoprojecteur professionnel en termes d’entretien. Il faut dire que ce dernier se montre assez gourmand en électricité, notamment au niveau du refroidissement qu’il exige. De plus, c’est un appareil bruyant qu’il faut généralement isoler de la salle de projection pour ne pas déranger les spectateurs. On perd donc de la place, qui pourrait servir à installer d’autres sièges.

Si l’on fait le bilan, le LG Miraclass se placerait ainsi comme une alternative aux projecteurs des salles les plus modestes, leur permettant au passage de faire de belles économies sur le long terme tout en dépoussiérant leur image parfois vieillissante avec un matériel dernier cri. Un premier pas vers la démocratisation auprès du grand public.

Seulement voilà : les cinémas les plus modernes sont aujourd’hui dotés de projecteurs en 8K HDR, tout en proposant une surface de projection bien plus importante que la taille maximale du LG Miraclass. Alors l’écran coréen peut-il, un jour, faire le poids et s’imposer comme une référence dans les grandes salles obscures ?

Les ambitions du LG Miraclass ? Vers l'infini et au-delà ! (© LG)

La démocratisation d’un tel modèle est-elle envisageable ? 

Les petites salles : portes d’entrée vers la popularisation du Miraclass

La stratégie de LG semble claire : elle souhaite implanter ses écrans géants dans les petits cinémas pour les étendre au grand public. Et le plan a d’ores et déjà été mis en pratique, puisque le géant coréen est parvenu à convaincre la salle Odeon de Vilanova de délaisser ses projecteurs au profit d'écrans Miraclass pour la projection de films. Les cinémas de Barcelone et de Madrid vont également suivre le mouvement. 

Son rival Samsung table, quant à lui, sur des salles d’une plus grande envergure : il aurait d’ailleurs décroché plusieurs contrats avec des cinémas français, comme le Pathé Beaugrenelle dans le XVe arrondissement de Paris. Mais LG ne se laisse pas impressionner, et voit large pour la suite.

« Pour répondre à la demande croissante et aux diverses exigences des sociétés de cinéma, davantage de gammes et de modèles seront introduits à l'avenir », a d’ailleurs indiqué Paik Ki-mun, vice-président senior chez LG. Avec en ligne de mire, l’Asie et l’Amérique du Nord.

Niveau promo, LG a mis le paquet sur les contrastes avec des visuels hauts en couleur (© LG)

Quelques bémols rédhibitoires 

Cependant, de nombreuses contraintes risquent bien de démotiver les clients "lambda" d’un tel achat. À commencer par son prix, qui pourrait dépasser les 300 000 € dans sa version de base (192 pouces). Petite nuance toutefois : les tarifs de ce type de dalle ont largement baissé depuis ses débuts, et cette tendance semble bien se poursuivre. 

Mais il est important de noter que ce mastodonte de technologie pèse aussi plus de 450 kg, ce qui engendrera forcément des coûts supplémentaires liés à l’installation. A priori, la facture s’avère donc douloureuse. Et ne parlons même pas de la consommation gargantuesque du LG Miraclass, qui peut frôler les 10 kWh sur sa version la plus petite. Ce glouton trouvera donc difficilement sa place dans nos foyers, même s’il consomme toujours moins qu’un vidéoprojecteur professionnel et pourra ainsi séduire les exploitants de cinéma.

La vision de LG, qui souhaite amener ses écrans géants dans le salon de monsieur et madame “tout le monde”, semble pour le moment plus qu’utopique. Mais elle pourrait se montrer très intéressante pour les salles de cinéma modestes, qui sont d’ailleurs en plein essor et tendent à se développer pour attirer un public grandissant. 

Les avantages et inconvénients du LG Miraclass

Avantages :

• La luminosité et le contraste accrus
• Sa consommation d’énergie réduite par rapport aux projecteurs
• La facilité d’entretien
• Sa modularité
• Le gain de place (dû à l’absence d’une pièce dédiée au projecteur)

Inconvénients : 

• Son prix, toujours trop élevé
• Sa taille limitée (le Miraclass est deux fois plus petit qu’un écran Imax)
• L’absence de HDR et de 8K, contrairement à certains projecteurs
• Son poids de mammouth
• Les points d’attache visibles entre les panneaux