On va parler sérieusement dans cette news, et oublier l’espace d’un instant toutes les histoires de super-héros et de mutants qu’on aime bien lire habituellement pour évoquer une histoire assez grave.
Depuis le début de l’année et l’acte de guerre qui a décimé la rédaction de Charlie Hebdo, on nous rabâche qu’il n’y a rien de plus important que la liberté d’expression, qu’elle doit être défendue au péril de sa vie et, de ce strict point de vue, nous sommes d’accord. Par contre, on assiste à quelque chose d’étrange dans les marges. Certains films aux sujets sensibles ne bénéficient pas d’une exploitation en salles à la hauteur de ce qu’elle devait être à l’origine par peur ou refus de la polémique. L’exemple le plus célèbre étant le césarisé Timbuktu, suivi de près par le plus discret L’apôtre.
Cette bienpensance safe vient de faire une nouvelle victime avec le très attendu Un Français. C’est le réalisateur lui-même, Diastème, qui en a fait part sur son blog hier :
« Nous sommes à quinze jours de la sortie du film et les nouvelles ne sont pas bonnes. […] Le distributeur vient d’annoncer à [ma coproductrice] que les 50 avant-premières qui devaient avoir lieu dans 50 villes de France le mardi 2 juin sont annulées. Les exploitants ne veulent pas du film parce qu’ils ont peur.
Elle m’annonce également que les « plus de 100 salles » prévues par Mars Distribution pour la sortie du film se transforment en « moins de 50 salles, et encore, c’est pas sûr ». […] Elle m’a informé que deux exploitants, de Toulon et de Lille, quoi qu’aimant beaucoup le film , avaient « peur » de le prendre. Peur de quoi ? lui avais-je demandé – Je ne sais pas, a-t-elle répondu. Je lui ai demandé d’attendre [avant d’alerter les journalistes] parce que deux, ce n’est pas beaucoup. Mais là, nous en sommes à 50 et, 50, c’est beaucoup. »
De quoi parle ce film pour terroriser autant les exploitants ? Simplement d’un skin-head, Marco, interprété par l’excellent Alban Lenoir, qui se débarrasse de la haine et de la violence en lui. « Un film de paix » selon le réalisateur.
On ne peut que s’inquiéter d’une telle décision, forcément fatale au film, et nous ne pouvons nous empêcher de l’intégrer dans un débat plus global, celui d’une censure qui ne dit pas son nom, où « liberté d »expression » sert avant tout à éviter les sujets qui fâchent. Et rien que pour cela, Diastème et son film méritent notre soutien le plus total.
Car, pour reprendre son expression : « Mais dans quel pays est-ce qu’on vit ?! Sans déconner ! »
Bordel que c’est désespérant
J’espère que ce buzz va attirer les gens qui n’auraient pas forcément été assez curieux (moi la première) à la base
Dans le même ordre d’idées (film qui fait peur), le prochain film de Nicolas Boukhrief a dû changer de distributeur (de SND à Pretty Pictures)…
Je doute que le film fasse peur aux exploitants. Selon moi, ils ont surtout compris que le film ne marcherait pas car les français en ont marre de se faire cracher constamment au visage avec des films, des livres, des documentaires, des émissions TV qui répètent que l’extême droite est partout et que tous les français sont racistes et antisémites. Rien que l’affiche est énervante. On a l’impression que seuls les extremistes défendent le drapeau. Du coup: patriote et drapeau français = fachos.
Kibuk, tu n’en sait rien tant que tu n’as pas vu le film. Jusque la evite les conclusions a l’arrache. Si les fra cais en avaient marre de voir des emissions sur l’exreme droite, pourquoi ce sont les sujets qui font le plus d’audience aux infos.
Ce film n’est pas une comedie et prend un sacré risque avec son sujet tres peu exploité au cinema.
Et puis c’est amusant d’elever des films americains du meme genre au rend de chef d’oeuvre et d’avoir peur ou de cracher sur un film francais que pas grand monde n’a encore vu.
C’est un peu toujours la meme chose. Deux poids deux mesures. Un film qui rassemble est traité de reactionnaire et politiquement correct, un film qui montre une tout autre facette ne vaudrait pas mieux…
Toutes les realités sont importantes à montrer. Si la france est un pays globalement et heureusement tolerent, c’est un fait que la monté des actes rascistes se fait a une vitesse ahurissante.
En 98 on pouvait aller voir American History X au cinéma, en 2015 un film au thème proche ne passe pas. Belle preuve d’évolution de la société et des mentalités…