Un Français Critique nationale

Simon Riaux | 10 juin 2015
Simon Riaux | 10 juin 2015

Encore inconnu au bataillon il y a quelques semaines, Un Français est désormais sur toutes les lèvres. En cause, sa promotion chaotique et un début de polémique sur la frilosité supposée des exploitants, qui n’auraient pas offert au film la visibilité qu’il pouvait espérer, à cause de son sujet sulfureux. Mais qu’en est-il vraiment du American History X Hexagonal ?

Un Français narre le parcours de Marco, jeune skinhead qui va progressivement quitter la mouvance extrême à laquelle il appartient et s’éloigner d’une violence qui l’oppresse autant que ses victimes. Un cheminement étalé sur trois décennies, qui fait logiquement écho à l’histoire contemporaine de notre pays et à celle du Front National.

C’est ce dernier point qui fait beaucoup de la valeur du film. Le cinéma hexagonal souffre toujours de ses difficultés à appréhender le réel, comme de son désintérêt global pour les mouvements d’idées, les passions et les tensions qui animent son corps social. Loin des atermoiements parisianistes, le long-métrage de Diastème a donc le mérite de nous plonger dans un récit sinon inédit, à tout le moins très rare. L’occasion d’arpenter des lieux, de côtoyer le temps d’une fiction des personnages que nous rencontrons trop rarement sur grand écran.

Soucieux de son sujet, le film reste au plus près de Marco, auquel l’impeccable Alban Lenoir prête vie. Fidèle à la caméra de Diastème et à son scénario, il ne cherche jamais à créer de distance artificielle avec son personnage de fâcheux facho, mais fait corps avec sa souffrance, ses doutes, ses démons. À l’heure où tout discours sur l’extrême droite française se part de morale, de culpabilisation ou de bons sentiments, Un Français a le courage de ne jamais adresser de message simpliste, de ne pas céder au piège du tract bien pensant.

Et si sa mise en scène, précise mais pas toujours inspirée, ne parvient pas à donner au film la grande force à laquelle il aspire, elle a néanmoins la qualité de présenter les ouvriers de la haine pour ce qu’ils sont. Des individus décalés, voire brisés, ce dont témoigne avec intelligence le parcours terrible du personnage de Braguette. Des corps en lutte avant tout contre eux-mêmes, qu’une entreprise de la haine recycle et entretient dans une révolte qui tend vers l’absurde.

Résumé

Un film maîtrisé et courageux, qui a le mérite d'aborder un sujet et des personnages le plus souvent ignorés par le cinéma français.

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.

Lecteurs

(0.0)

Votre note ?

commentaires
Mémère lebarbare.
13/06/2015 à 19:29

@ Simon riaux

Il y a eu une avant première avec l équipe du film à l ugc les halles le mardi 9 juin 2015

Soyez plus professionnel dans vos recherche.

Charles
11/06/2015 à 14:56

Ou alors ils ont une opinion simplement ... J'ai pas encore vu le film , donc je peux pas juger , mais si je te comprends bien , parce que dans la région on n'a pas voté FN en masse , alors il n'y a pas de skins en bretagne ?! T'es sur que c'est pas toi qui manque de recul la ?!

votre commentaire