Cannes 2024 : les 10 films les plus attendus (Megalopolis, Furiosa, Les Linceuls...)

Entre Megalopolis, Furiosa, un nouveau film de David Cronenberg, de l'horreur, du sang, un biopic de Trump... on fait le point sur les 10 films à ne pas manquer.

Après la remarquable Palme d'or de Justine Triet en 2023 pour Anatomie d'une chute et le grand cru de la sélection entre le choc La Zone d'intérêt, l'événement Killers of the Flower Moon de Martin Scorsese ou bien évidemment le retour du plus célèbre des aventuriers hollywoodiens avec Indiana Jones 5, la 77e édition du Festival de Cannes promet encore du très lourd, entre les oeuvres prestigieuses de grands cinéastes, de nouveaux noms prometteurs et des films de genres intrigants.

Avec une cinquantaine de films en sélection officielle, l'édition Cannes 2024 sera peut-être un peu moins fournie que les précédentes, mais elle n'en sera pas moins spectaculaire. Pour la course à la Palme d'or, ils seront 19 longs-métrages à se tirer la bourre, dont quatre réalisatrices (en tout cas, à date du 11 avril).

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On peut évidemment regretter l'absence de grands noms attendus ou plutôt espérés à ce stade : Kiyoshi Kurosawa et son Le chemin du serpent (remake de son propre film de 1998), Na Hong-jin et son thriller Hope, Joshua Oppenheimer et son musical post-apocalyptique The End ou bien encore Ti West avec son MaxXxine. Rien qui n'empêche toutefois cette sélection de créer une grande impatience au sein d'Ecran Large.

On s'est donc amusé à lister dix films qu'on ne voudra surtout pas manquer dans cette édition 2024. Et évidemment avec dix films, on a dû faire des choix cornéliens, tant et si bien qu'on aurait pu en rajouter facilement une bonne vingtaine. Ne nous en voulez donc pas de ne pas forcément voir vos chouchous. C'est parti (par ordre alphabétique des titres, et non des attentes) !

Horizon, le gros western de Kevin Costner aurait pu intégrer notre liste

Furiosa  : Une saga Mad Max

Assez bizarrement, George Miller n'avait pas été reconnu à sa juste valeur par les festivaliers cannois en 2022 avec son sublime Trois mille ans à t'attendre. A posteriori, la raison semble pourtant assez simple : tout le monde attendait avec impatience son nouveau film dans l'univers de Mad Max et son prequel sur le personnage de Furiosa. Près de dix ans après Fury Road, l'Australien sera donc de retour avec Furiosa sur le tapis rouge cannois, sans Charlize Theron dans la peau de l'héroïne en revanche, puisqu'elle est désormais incarnée par Anya Taylor-Joy pour sa version plus jeune.

On ne va pas s'attarder bien plus longuement sur le film dont les premières images ont déjà promis un spectacle complètement dingue entre explosions, course-poursuite et exploration plus en profondeur du passé de Furiosa. Une chose est sûre, si les festivaliers pourront découvrir ce grand ride d'action le 15 mai, il ne faudra pas attendre longtemps pour les cinéphiles français : Furiosa sortira en salles le 22 mai au cinéma.

kinds of kindness

Décidément, Yorgos Lanthimos veut tout rafler partout où il va. Alors qu'il vient de remporter le prestigieux Lion d'or à Venise pour son Pauvres créatures, il sera cette fois en compétition pour la Palme d'or avec Kinds of Kindness (sa troisième présence en compétition officielle cannoise après The Lobster, prix du jury 2015, et Mise à mort du cerf sacré, prix du scénario 2017). Le film sera lui mené par Emma Stone, accompagnée d'un sacré casting : Willem Dafoe, Margaret Qualley, Hong Chau, Jesse Plemons ou encore Joe Alwyn.

Kinds of Kindness devrait être un sacré délire puisqu'il tournera autour de trois petites histoires indépendantes (a priori) : un homme sans choix qui tente de prendre le contrôle de sa propre vie ; un policier inquiet parce que sa femme disparue en mer est de retour et qu’elle semble une personne différente ; et une femme déterminée à trouver une personne bien précise dotée d’un pouvoir spécial et destinée à devenir un chef spirituel prodigieux. Sortie en France le 26 juin 2024.

les linceuls 

Vincent Cassel en simili-David Cronenberg

"Karsh, 50 ans, est un homme d’affaires renommé. Inconsolable depuis le décès de son épouse, il invente un système révolutionnaire et controversé, GraveTech, qui permet aux vivants de se connecter à leurs chers disparus dans leurs linceuls. Une nuit, plusieurs tombes, dont celle de sa femme, sont vandalisées. Karsh se met en quête des coupables."

Décrit comme le film le plus personnel de la carrière de David Cronenberg, Les Linceuls sera a priori le moyen pour le Canadien d'exorciser la mort de sa femme, Carolyn, décédée en 2019 des suites d'une maladie. Lui qui s'était interrogé sur son propre art avec Les Crimes du futur (déjà en compétition à Cannes en 2022, mais reparti bredouille), il devrait donc nous plonger dans une oeuvre d'autant plus intime, sans doute aux lisières du fantastique, avec Vincent Cassel et Diane Kruger. Au cinéma en France dès le 25 septembre 2024.

Megalopolis

La chute d'un empire, la naissance d'un nouvel ?

Peut-être que le film attendu, même devant Furiosa, à Cannes 2024 est bel et bien Megalopolis de Francis Ford Coppola. Projet de longue date du cinéaste financé avec ses propres deniers récoltés grâce à ses vignobles et dont la production a été particulièrement longue, le film a été décrit comme invendable par plusieurs sources. Autant dire que Megalopolis intrigue énormément, d'autant plus avec son casting ultra-prestigieux où l'on compte notamment Adam Driver, Forest Whitaker, Jon Voight, Giancarlo Esposito, Aubrey Plaza ou Shia LaBeouf.

Megalopolis racontera le duel entre un architecte utopiste et le maire de New York, en complet désaccord sur la reconstruction idéale pour cette ville en ruine. Si Coppola s'est déjà largement exprimé au sujet de son film, difficile de savoir exactement ce qu'il en ressortira, sachant qu'une seule petite image est à notre disposition. En tout cas, Coppola pourra tenter de glaner une troisième Palme d'or historique, après Conversation secrète en 1974 et Apocalypse Now en 1979.

RUMoURS

C'est quoi ce délire ?

Vu son synopsis, Rumours semblait assez classique : "Les dirigeants des sept nations composant le G7 se réunissent pour leur sommet annuel, mais se perdent dans les bois et doivent, malgré tout, rédiger une déclaration sur une crise mondiale". C'est toutefois mal connaître le réalisateur canadien Guy Maddin. Dans Rumours, co-réalisé avec Evan et Galen Johnson, le cinéaste devrait nous plonger dans un univers surréaliste mêlant la politique à un humour franchement absurde.

Les premières images ont d'ailleurs révélé que le film pousserait les potards assez loin avec une atmosphère onirique et très colorée, passant du violet au orange enflammé. Le casting sera en tout cas exceptionnel pour le tapis rouge cannois avec Cate Blanchett, Alicia Vikander, Chales Dance ou encore Denis Ménochet dans la peau du président français.

the apprentice

"Allô, oui ce serait pour une Palme d'or s'il vous plaît"

Il avait déjà marqué au fer rouge la Croisette en 2022 avec Les Nuits de Masshad, violente traque d'un serial killer misogyne dans les rues iraniennes, et le réalisateur Ali Abbasi devrait encore exciter les festivaliers avec The Apprentice. Le film se déroulera dans les années 70 et suivra en effet un jeune entrepreneur immobilier prénommé... Donald Trump. L'histoire a été décrite comme "une exploration du pouvoir et de l'ambition dans un monde de corruption et de tromperie".

L'ancien président des États-Unis sera incarné par nul autre que Sebastian Stan (connu du grand public pour son rôle de Soldat de l'Hiver chez Marvel) et s'attardera également sur la relation de Trump avec sa première épouse, Ivana (Maria Bakalova) Un petit air de Succession pourrait bien pointer le bout de son nez devant The Apprentice donc, d'autant plus que Jeremy Strong sera de la partie dans la peau de Roy Cohn, l'avocat de Trump.

The Girl With the needle

Un regard de tueuse ?

Voilà un film qu'on n'attendait pas forcément aussi haut placé dans la sélection cannoise de 2024 : The Girl With the Needle du réalisateur Magnus Von Horn et donc en course pour la Palme d'or. Il s'agit du troisième film du cinéaste suédois (après Le Lendemain et Sweat) et il racontera l'histoire de la célèbre "faiseuse d'anges" danoise, Dagmar Overbye. Cette aide-soignante a assassiné des dizaines de nourrissons à Copenhague dans les années 1910 et a été condamnée à la prison à vie en 1921.

Autant dire que The Girl With the Needle, tourné en noir et blanc, pourrait plonger dans l'horreur même si Thierry Fremaux a expliqué que le film s'intéressera aussi "aux difficultés des ouvrières, des femmes de continuer à exister loin des carcans sociaux et dans le désir d'une liberté de l'esprit et du corps". Intrigant.

The Substance

L'héroïne de Revenge visant la Palme d'or

"On est dans un film de genre, dans un body horror assumé, dans un film gore assumé, mettez des protections parce qu'à la fin il y a pas mal de sang à l'écran. On a le sentiment qu'il traverse justement l'écran." Voilà comment Thierry Fremaux, le délégué général du Festival de Cannes, a décrit en quelques mots The Substance de Coralie Forgeat.

C'est à peu près tout ce que l'on sait du film à ce stade, qui avait été dépeint comme une "vision explosive et féministe de l'horreur corporelle" jusqu'ici. Au vu du premier film de la réalisatrice française, Revenge, déjà bien énervé, on peut donc sûrement s'attendre à un gros choc sur la Croisette. Le film sera en plus porté par Demi Moore et Margaret Qualley (d'ores et déjà star de cette édition 2024 avec deux films en compétition).

the surfer

Nicolas Cage va encore tout casser

Nicolas Cage est une raison à lui seul de s'intéresser à un film et The Surfer ne fait donc pas exception. Dans le film de Lorcan Finnegan (Vivarium), l'acteur incarne un homme de retour dans sa ville natale située en bord de mer en Australie. Sauf que lorsqu'il est humilié devant son fils par une bande de surfeurs locaux qui revendiquent la propriété absolue de la plage de son enfance, il pète un plomb. Malgré ses blessures, il décide de rester sur la plage et déclare la guerre à ceux qui contrôlent la baie. Notre bon vieux Nicolas Cage devrait donc enflammer la Croisette, d'autant plus en séance de minuit.

Twilight Of The Warriors : Walled In

Sammooooo !

Il faut bien l'admettre : le cinéma de Hong-Kong tel qu'on l'a aimé n'est plus que l'ombre de lui-même, entaché par l'intrusion de plus en plus envahissante du Comité central. Néanmoins, quelques irréductibles résistent encore et toujours, et Soi Cheang en est peut-être le chef de file logique. Au-delà du passionnant et poisseux Limbo, sa filmographie explore les genres et les ruptures de ton avec une soif d'expérimentation salvatrice, et une hargne politique certaine.

Dès lors, avec Twilight of the Warriors: Walled In, a priori adapté du comics City of Darkness d'Andy Seto et Yu Er s'attardant sur un gang de la Triade, le réalisateur devrait nous livrer un film de baston vénèr avec la légende Sammo Hung. Des éléments qui suffisent largement à nous faire planifier une perfusion d'espresso pour ne pas rater sa séance de minuit.

QUELQUES AUTRES POUR LE PLAISIR 

Motel Destino s'annonce caliente

Évidemment, avec déjà plus de cinquante films annoncés, difficile de se contenter de dix titres et la liste de nos grosses attentes est encore très longue. Parmi les prétendants à la Palme d'or, on est ainsi très curieux du nouveau film de Karim Aïnouz, Motel Destino, plongée dans les nuits torrides d'un motel brésilien entre jeux de désir, de pouvoir et de violence, tout autant que le Anora de Sean Baker qui devrait suivre le parcours d'une prostituée de New York à Las Vegas ou Bird d'Andrea Arnold, récit d'apprentissage d'une jeune adolescente britannique.

Difficile de ne pas être intrigué également par Oh, Canada réalisé par Paul Schrader, mené par le talentueux Jacob Elordi entouré par Richard Gere et Uma Thurman, ou l'étrange comédie musicale au coeur des cartels mexicains de Jacques Audiard : Emilia Perez. La grande romance tragique de L'amour ouf de Gilles Lellouche avec François Civil et Adèle Exarchopoulos s'annonce également comme un des grands moments de ce festival, à l'instar du Limonov - The Ballad de Kirill Serebrennikov et son (anti-)héros multi-facettes, voire de Diamant Brut, premier film d'Agathe Riedinger qui pourrait créer la sensation, avec sa jeune adulte cherchant à devenir quelqu'un et se laissant tenter par la télé-réalité.

Les Damnés ou une longue marche en quête de sens ?

Du côté d'Un Certain Regard, on surveillera aussi de près Les Damnés de Robert Minervini se déroulant durant la Guerre de Sécession et où une compagnie de volontaires effectue une patrouille dans des régions inexplorées et commence à questionner le sens de son engagement. Même chose pour le drame somalien The Village Next To Paradise de Mo Harawe, L'histoire de Souleymane de Boris Lojkine – suivant un livreur à vélo immigré – ou encore le très intrigant Armand réalisé par Halfdan Ullmann Tøndel (petit-fils de Ingmar Bergman et Liv Ullmann), où un incident dans une école primaire va bousculer la petite tranquillité de deux familles.

Enfin, pour le reste, comment ne pas évoquer également Le Deuxième Acte de Quentin Dupieux dont on attend évidemment l'intrigante rencontre de son quatuor Léa Seydoux, Louis Garrel, Vincent Lindon et Raphaël Quenard dans un restaurant perdu au milieu de nulle part ou le détonant I, The Executioner de Seung Wan Ryoo, suite de Vétéran où la division des enquêtes sur les crimes violents va devoir gérer une crise.

En voilà un beau programme sans compter les sélections de la Quinzaine des Cinéastes, de la Semaine de la critique et l'ACID qui promettent de sublimes découvertes.