Killers of the Flower Moon a failli être très différent avec Leonardo DiCaprio en agent du FBI

Adrien Roche | 23 octobre 2023
Adrien Roche | 23 octobre 2023

Killers of the Flower Moon a bien failli être très différent : Leonardo DiCaprio devait jouer un autre rôle, l'histoire devait avoir un autre angle... On récapitule.

Dire que le cinéma de Martin Scorsese déchaîne les passions est un euphémisme. La sortie du chef-d'œuvre Killers of the Flower Moon est sur toutes les lèvres. La réunion de Leonardo DiCaprio et Robert De Niro dans un film du cinéaste suffit à elle seule à attirer l'attention sur le long-métrage produit par Apple TV+ et Paramount. Les deux muses de Scorsese sont accompagnées de la géniale Lily Gladstone et de Jesse Plemons, dont le rôle d'agent du FBI certes mineur est capital.

D'ailleurs, il est important de s'attarder sur ce personnage. Car à l'origine, Tom White devait avoir une importance bien plus grande dans le film puisque le scénario original s'attardait avant tout sur l'enquête de l'ancien Ranger à propos des meurtres Osage, et devait surtout être incarné par Leonardo DiCaprio lui-même. On fait le point sur les gros changements entre le premier scénario et le résultat final.

 

 

le rôle original de dicaprio

Le projet a trouvé sa genèse en 2016, lorsque Scorsese a découvert le livre éponyme de David Grann. À cette époque, il est en plein montage de Silence, et prépare déjà The Irishman. Dans le dossier de presse du film, le cinéaste explique : "Quand j’ai lu le livre de David Grann, j’ai tout de suite vu des images – les gens, le décor, l’action – et j’ai su que je devais en faire un film. Et j’avais très envie de retrouver Leo pour porter cette histoire à l’écran". Mais le film qu'il imagine à l'époque n'a presque rien à voir avec le résultat final, car le long-métrage s'éloigne du livre de David Grann pour étudier l'histoire sous un autre angle.

Le livre de David Grann raconte l'enquête sur les crimes subis par les Osage, peuple amérindien qui s'est exilé de l'Ohio au Mississippi en passant par le Kansas et le Missouri avant de s'installer définitivement en Oklahoma dans les années 1880. En 1894, le peuple devient l'un des plus riches du monde grâce au pétrole qu'ils trouvent sur leur territoire, qu'ils louent à des promoteurs. L'or noir attire des colons qui privent les Osages de leurs avantages progressivement, notamment grâce au mariage, avant de carrément les tuer un à un. Le Bureau d'Investigation (qui deviendra le FBI en 1935) intervient alors au bout de plusieurs années d'immobilisme. L'enquête menée par Tom White (Jesse Plemons) est au cœur du livre, qui est au passage un excellent polar.

 

Killers of the Flower Moon : photoFire, walk with me

 

Mais si vous avez vu Killers of the Flower Moon, vous avez remarqué que Scorsese est loin d'avoir réalisé un film policier. C'est pourtant ce que lui et Eric Roth, co-scénariste du film, avaient choisi de réaliser à la base, avec DiCaprio dans le rôle de Tom White. Le scénario a finalement été intégralement repris. L'acteur a expliqué ce gros changement dans le dossier de presse du film :

"Il a fallu du temps pour perfectionner le scénario, pour qu’Eric, Marty et moi adoptions vraiment la perspective des Osages au lieu d’en faire simplement l’histoire d’une enquête du FBI. Le livre fonctionne magnifiquement, mais le risque était que le film soit la énième histoire d’un sauveur blanc, un agent du FBI qui débarque et résout les problèmes. On aurait pu aisément tomber là-dedans. David Grann a été très direct et nous a dit : si vous voulez en faire un film, il faut que vous compreniez le rôle des Osages dans cette histoire."

 

Killers of the Flower Moon : Photo Jesse PlemonsIl a un peu changé DiCaprio non ?

 

changer l'histoire

Dans le long-métrage de Scorsese, les meurtriers sont connus dès les premières minutes. C'est la relation entre Mollie Kelly (Lily Gladstone) et Ernest Burkhart (Leonardo DiCaprio) qui est devenue le centre de l'histoire, pour qu'Ernest soit au cœur d'un conflit entre sa femme et son oncle (Robert De Niro, qui estime que la richesse des Osage est injuste). Il est la représentation d'un peuple qui nie les faits, et c'est tout le message que Scorsese a voulu faire passer. Il en a récemment parlé dans une interview à IndieWire :

"[Je n'ai pas accordé d'importance à l'identité des meurtriers] parce que peu importe qui a fait ça. Ils l'ont tous fait. Qu’est-ce qui nous pousse à faire cela ? Quel est notre défaut dans notre propre nature humaine, qui nous fait profiter des autres, qui nous laisse penser qu'on est supérieurs ? Je suis l'un d'entre eux aussi, Européen-américain, bien sûr, je viens d'un climat méridional, la Sicile. [...] Beaucoup de gens sont venus comme immigrants, comme colons.

 

Killers of the Flower Moon : Photo Lily GladstoneQuel personnage, quelle scène, quelle actrice <3

 

Et [chez les Occidentaux], il y avait une éthique selon laquelle on récolte ce que l'on sème. Vous travaillez, puis Dieu vous bénit avec des récompenses. [Pour eux, la richesse des Osages] ne semblait tout simplement pas correct. Pourquoi ces gens qui ne travaillent pas devraient-ils soudainement être bénis par toute cette richesse ? Parce qu'elle sort de terre ? Premièrement, ils ne sont pas chrétiens. Ils ne savent rien de la façon de gérer l’argent, de ce qu’est l’argent." 

Tel était l'état d'esprit des colons blancs de l'époque, que Scorsese a brillamment cristallisé dans son film. Tout le propos du long-métrage du cinéaste a changé en cours de route, et lui a notamment permis de nous livrer un final extraordinaire, parmi les plus grandes séquences de son cinéma. Au lieu de faire un film sur l'une des premières enquêtes du FBI, il nous invite à prendre du recul sur une histoire méconnue dont nous devons prendre conscience, pour ne pas répéter les erreurs du passé.

Tout savoir sur Killers of the Flower Moon

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commentaires
Jackline
18/11/2023 à 07:51

Ce n'est pas un role pour Leonardo.Trop de grimace !!!Il aurait été parfait du côté FBI.(sans les grimaces).

sylvinception
24/10/2023 à 18:11

Au lieu de ça, Léo fait de grosses grimaces pour ressembler le plus possible à De Niro... c'est original.

Sigi
24/10/2023 à 13:18

Que c'est toujours leur état d'esprit aujourd'hui, qu'est qui n'était pas clair ?

Pseudal
24/10/2023 à 12:04

@Sigi : précise ton propos ? que sous-entends-tu, très concrètement ?

Sigi
23/10/2023 à 19:05

"Tel était l'état d'esprit des colons blancs de l'époque"... *tousse* "de l'époque", bien sûr *tousse encore*