La Bande à Picsou, Le Trésor de la lampe perdue : qui se rappelle de l'Indiana Jones de Disney ?

Basé sur la série animée extrêmement populaire et emblématique de La bande à Picsou, La Bande à Picsou, le film : Le Trésor de la lampe perdue est un raté monumental au box-office. Il reste cependant un film important dans l’histoire de Disney et le coeur des spectateurs. 

De 1987 à 1989 la série La bande à Picsou a fait fureur sur les canaux des chaînes de télévision du monde entier. Pas moins de 100 épisodes ont été diffusés avant que la série ne prenne fin. Picsou et le Trésor de la Lampe Perdue devait, quant à lui, être un épisode divisé en plusieurs parties. Les studios ont finalement opté pour un long-métrage. Le film d'animation est devenu le premier film créé par la filiale DisneyToon (Disney Télévision Animation). Ce pari à la fois audacieux et plus que risqué a cependant poussé Disney à ne pas reproduire les erreurs du passé.

Le Trésor de la Lampe Perdue devait donc être une sorte de conclusion épique et rocambolesque à cette série animée folle en références. L’intrigue est simple : l’Oncle Picsou découvre le trésor de Calli Baba dans lequel se trouve une lampe magique abritant un génie. Entre alors en scène Merlock, un sorcier à la gueule de bois d'une époque révolue. Ce dernier décide lui aussi de se lancer dans cette chasse au trésor afin d’assouvir son autorité sur le Monde. Un grand classique. 

Rangers, à mon commandement ... !

Une aventure pleine de coeur 

L’une des premières choses qui sautent aux yeux dans le film est bien évidemment la multitude des références ingénieusement insérées dans l'intrigue et la direction artistique. Depuis les débuts de la série animée, les réalisateurs qui se sont succédé à la barre se sont toujours amusés à faire des clins d’oeil à la pop culture : le comics de Frank Miller avec The Dark Knight, la série de Spider-Man, les récits de Carl Barks ou bien encore des romans policiers d'Arthur Conan Doyle avec le Chien des Baskerville. C'est là toute la force de La Bande à Picsou. Le film a donc reproduit le même schéma, l'influence plus frappante (et évidente) étant celle d'Indiana Jones et le Temple maudit.

La trilogie de Steven Spielberg débutée en 1984 fait office de modèle, jusque pour l’affiche de promotion du long-métrage d’animation. Celle-ci a été créée par Drew Struzan, qui était connu à cette époque pour ses travaux de concepteur sur Harry Potter, Star Wars (et bien évidemment la saga Indiana Jones).

De Harrison Ford à Picsou

Il a ainsi repris la même colorimétrie flamboyante et la typographie jaune et rouge, le chapeau d’aventurier, le fouet et le flambeau, disposant même ses héros de la même manière que sur l’affiche de référence. Bob Hathcock, le réalisateur ne s’est pas seulement arrêté là. Des scènes similaires à celles de la trilogie de Steven Spielberg avec des rivières chaotiques, des ponts qui se fracassent et qui flambent ou des avions qui s’écrasent en plein désert, se retrouvent un peu partout au début de la Lampe Perdue. L’un des personnages tertiaires de l’histoire s’identifie lui-même à Indiana Jones, ou plutôt son homonyme canard, Flagada Jones. 

Les références sont bien placées, assez pour faire rire les enfants et pas trop redondantes pour que les parents puissent aussi s’y intéresser et se reconnaître dedans.

Attention où vous mettez vos pieds

Une histoire aux 1001 facettes 

Comme le titre le laisse deviner, Le Trésor de la Lampe Perdue est également un hommage aux célèbres contes des Mille et une Nuits. À ceci près que le génie de cette histoire prend les traits d’un adolescent ne rêvant que d’être libéré de son fardeau pour vivre une vie normale de petit garçon. Forcément, tout dans La Lampe Perdue rappelle également les événements du film Aladdin de Ron Clements et John Musker, sorti deux ans plus tard en 1992.

Le génie libéré, le sorcier maléfique qui se transforme en bête féroce, le coffre-fort de Picsou qui devient un palais démoniaque… Toute l’ambiance du combat final entre Jafar et Aladdin était déjà là.Cette seconde moitié du film reste cependant un peu molle. Avec les neveux qui font des voeux à tire-larigot, il y a de quoi piquer un peu du nez. Heureusement, le dernier acte repart de plus belle avec son ambiance sombre, brumeuse et poisseuse, qui permet au nouveau Canardville de devenir anxiogène et effrayant.

Qu'on le couvre d'or !

Ce cadre déprimant est presque le même que celui que l’on observe dans Astérix et le coup du Menhir (1989) et c’est normal puisqu’on retrouve Thierry Fournier à la barre et Michel Pisson aux décors. D'autant plus que pour l'écriture du scénario, ils ont été supervisés par Alan Burnett, qui se révélera plus tard avec l'époustouflant Batman contre le Fantôme masqué. 

À la fois un récit d’aventure passionnant et conte moraliste, le film grandit en dernière partie avec une belle interprétation de l’Oncle Picsou. Pourtant connu pour son avarice extrême, Picsou fera le choix de renoncer au trésor afin d’offrir au génie (qu’il surnommait par ailleurs sa poule aux oeufs d’or), sa liberté tant espérée. Tout rentre alors dans l’ordre à Canardville. Picsou demeure tout de même le plus riche des canards. Les enfants quant à eux partagent leur vie avec un nouveau camarade de jeu.

Toutefois si beaucoup de spectateurs auraient pu déplorer l’absence de Donald dans ce long-métrage, il s’avère que ce choix stratégique est un mal nécessaire afin d’offrir davantage d’exposition et de reconnaissance à ces magnifiques personnages secondaires de la Bande à Picsou. 

Mais ce n'est qu'un tout petit voeu 

Un voeu mal exaucé  

Le film a ouvert en septième position au box-office lors de son week-end d'ouverture, ne rapportant que 3,8 millions de dollars, soit près de la moitié de ce qu'avait fait La Petite Sirène neuf mois auparavant. Au total, il a rapporté 18 millions de dollars pour un budget de 20 millions de dollars. Trois décennies plus tard, Picsou et le Trésor de la Lampe Perdue a été en grande partie oublié, peut-être parce que pendant des années, sa seule sortie DVD était exclusivement réservée aux membres du Disney Mouse Club, et qu'il n'a bénéficié d'une sortie au détail complète qu'en 2015 (il est actuellement disponible en streaming sur Disney+).

Tu prendras ta revanche un jour

Ce film ne sera pas le premier, le deuxième ou même le cinquième choix de quelqu'un lorsqu'il s'agira de parler des principaux films de Disney des années 1990, mais il constitue néanmoins une partie importante de l'histoire de Disney. Il s'agit du dernier film du studio d'animation le plus célèbre du monde à utiliser la technique traditionnelle de l'animation à la main, une expérience de la part d'une société qui est devenue (avouons-le) peu encline à prendre des risques, et il a ouvert les portes à un certain nombre d'artistes et d'animateurs, en exauçant leur souhait de travailler sur un film d'animation Disney, sans l'aide d'un génie magique.

La série, comme le film, reste une pierre angulaire dans le monde de l’animation. Fred Wolf, producteur du film, utilisera par ailleurs son expérience en produisant (entre autres) Les Tortues Ninjas. La Warner Bros quant à elle produira les séries animées comme les Tiny Toons ou bien Batman. Quant à Disney, ils continueront su leur lancée avec notamment Tic et Tac, les rangers du Risque, Super Baloo, Myster Mask, La Bande à Dingo, la série Aladdin, bref tout une chouette époque en somme.