Avatar : quand la presse prédisait un gros flop (lol)

Mathieu Jaborska | 2 décembre 2022 - MAJ : 02/12/2022 17:27
Mathieu Jaborska | 2 décembre 2022 - MAJ : 02/12/2022 17:27

Avatar : La Voie de l'eau serait un flop assuré, selon les plus fins analystes de nos sections commentaire. Pourtant, James Cameron a souvent fait mentir les oiseaux de mauvais augure. Démonstration.

"Il arrive 12 ans en retard", "Le premier n'est pas si apprécié", "Il est trop long", "L'industrie du blockbuster est passée à autre chose", "Les super-héros vont lui botter les fesses"... Les détracteurs d'Avatar sont nombreux à prédire le bide de sa suite, sur nos écrans le 14 décembre. Analystes américains ou internautes mécontents, ils n'en sauront rien avant les premières données officielles.

Tout juste peut-on objecter que le premier Avatar n'était pas promis à un radieux avenir et qu'ils étaient peu à avoir prédit son succès colossal (2,7 milliards de dollars de recette, en ne comptant que la sortie originale). Plus globalement d'ailleurs, James Cameron a régulièrement défié les pronostics. La preuve.

 

 

 

Insubmersible

James Cameron n'a accusé qu'un seul véritable bide à Hollywood en tant que réalisateur : celui d'Abyss. Terminator a pris l'industrie de court en 1984, tandis que Aliens, le retour est parvenu à largement surpasser le score du premier film (avec un budget d'environ 17 millions de dollars). Déjà à l'époque, des rumeurs indiquaient que le nouveau patron de la Fox ne voyait pas d'un bon oeil la production d'une suite, trop chère selon lui. Rumeurs colportées récemment par Bloody Disgusting.

De même que Terminator 2, en dépit de la popularité du premier, aurait très bien pu décevoir. En cause, l'été 1991, 11% moins profitable au box-office que l'été 1990 et un tantinet surchargé avec notamment la concurrence de Robin des bois (voir l'article "How 1991 nearly broke Hollywood" de Den of the Geek, dont on pourrait traduire le titre par "Comment l'année 1991 a failli casser Hollywood"). Avec True Lies, le cinéaste commence à faire preuve d'une ambition périlleuse. Il s'engage dans la comédie en entrant dans le Guinness Book (premier film à passer la barre des 100 millions de dollars de budget). Mégalo, ont probablement dit certains. Avec 378 millions de dollars de recette, il est sûrement rentré dans ses frais.

 

True Lies : photo, Arnold SchwarzeneggerHe's not fired

 

Il a donc pris quelques risques dans sa carrière, qui sont toutefois négligeables à côté de ceux encourus par son Titanic, bien plus dangereux qu'Avatar 2. Très ambitieux dès sa mise en chantier, il explose tous les échéanciers et les délais. Alors qu'il va sur ses 200 millions de dollars de budget, le tournage vire au cauchemar, entre problèmes techniques et mésaventures délirantes (notamment l'empoisonnement d'une partie de l'équipe). La Paramount est appelée à la rescousse et, suite à un différend entre studios, repousse le film de plusieurs mois, sur le créneau du dernier James BondDemain ne meurt jamais. Pire encore : le montage dépasse les 3 heures.

 

 

C'est la panique à bord et ils sont nombreux à lâcher le réalisateur. Chez la Fox notamment, des cadres démissionnent et Cameron est obligé d'offrir une partie de son salaire pour arranger les choses. Tout le monde prédit un "naufrage", trait d'esprit repris en boucle par la presse de l'époque, qui accuse le cinéaste de négliger la sécurité, voire de saboter son propre navire, sans vedette pour le sauver. Certains vont jusqu'à évoquer une "campagne de dénigrement", pas arrangée par les reports du film. Un article-fleuve de EW résume : "Uniquement pour se rembourser, Titanic devra gagner 400 millions dans le monde sur le seul nom de Cameron". Il en remportera 1,8 milliard.

 

Titanic : photoKing of the world

 

La revanche des Schtroumps bleus

Plus de dix ans après, rebelote. Blindé d'audaces technologiques autoproclamées révolutionnaires, produit pour une somme qu'on devine alors monumentale (estimé désormais à 237 millions de dollars) et déconnectée des franchises alors en vogue, Avatar commence à se dévoiler en août 2009 dans... EW, via une image de Jake et de son alter ego bleu et délie les mauvaises langues. Déjà, le design et la couleur du bestiau suscitent des comparaisons hasardeuses et les forums s'en amusent.

La presse renchérit allégrement. Dès le 24 août, The Hollywood Reporter fait état de plusieurs articles et réactions s'employant déjà à moquer les pauvres Na'vi et s'avance : "Avatar a peu de chances d'être un nouveau Titanic, qui reste quasi inatteignable". Plusieurs médias, comme CNN, demandent à l'intéressé si son film va "bider". Tous ont le succès-surprise de Titanic à la plume, mais aucun n'admet qu'il pourrait encore le surpasser.

 

Avatar : photo, Sam WorthingtonIn utero

 

Un article de CinemaBlend datant du 21 décembre 2009 pousse plus loin la réflexion : "Il me parait assez clair qu'Avatar n'est pas un bon candidat pour le statut de légende du box-office". Ses raisons ? "Votre grand-mère se moque du destin des aliens bleus imaginaires" (celle de l'auteur de l'article non, ndlr), "Les geeks sont efficaces, mais les adolescentes plus encore" (sous-entendu : c'est le minet de DiCaprio qui a fait le succès de Titanic), "Qui a besoin de pop-corn quand vous avez un bouton pause ?" (il sera vaincu par le DVD), "La capacité d'attention des Américains n'est pas aussi longue" et "Les histoires d'amour de Cameron sont des tragédies, non des fantaisies". Ça ne vous rappelle rien ?

La palme de la prescience revient cependant à Slate, qui titre élégamment le 10 décembre 2009 : "Voici venir les chats avec des nichons humains" ("Here Come the Cats With Human Boobs") et sous-titre "Avatar est-il destiné à flopper ?". L'article donne la parole à divers commentateurs de la pop culture, observant qu'Avatar "va puer" et qu'il risque d'être "l'un des plus longs et gros flops de l'histoire", avant de reconnaître son potentiel commercial.

 

Avatar : photo, Sam Worthington, Sigourney Weaver"C'est sûr, ça va bider"

 

Quant au bambin Ecran Large, il relaie timidement le 2 décembre des prédictions pessimistes : "Amy Miles, qui dirige Regal Entertainment Group, estime que quoi qu'il arrive, la 3D sera un triomphe dans les années à venir, même si Avatar est un échec." (bien au contraire), avant de minimiser le 20 : "Pour un week-end de sortie en décembre, le record est détenu jusqu'ici par Je suis une légende avec Will Smith, qui avait récolté 77,2 millions de dollars. La durée longue (2h40, donc une séance qui saute) et la tempête de neige qui frappe actuellement la côte est des États-Unis risquent fort bien d'empêcher le film de James Cameron de battre ce record".

Avatar ne dépassera effectivement pas Je suis une Légende à quelques milliers de billets verts près, mais cumulera donc 2,7 milliards de dollars à l'internationale et 14,6 millions d'entrées en France. Pour Cameron, le box-office est un marathon, pas une course. Il n'est pas interdit d'avoir tort. Alors, sortons les pincettes à l'évocation de sa suite, même 13 longues années plus tard.

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commentaires
Hugo Flamingo
04/12/2022 à 19:30

@fred b: oui j'avoue avoir chercher la petite bête. Je suis d'accord que c'est pas scénario du siècle mais comme c'est visuellement bien fichu, j'adhère finalement à l'histoire, même si c'est du déjà vu / déjà raconté autrement. Après, tout a déjà été raconté, donc j'ai du mal à me faire cueillir par un récit de nos jours. J'ai pas du tout aime ready player one non plus. Mais pour faire une comparaison qui ne vaut rien, j'ai vu black Adam hier et les FX étaient si pourris que j'ai trouvé le film encore plus pourri. Au moins chez James Cameron, il pense à son public et a l'expérience cinématographique même si le scénario casse pas trois pattes a un canard et rien que pour ça, j'admire et je respecte ses tentatives de films

fred b
03/12/2022 à 17:01

@Hugo Flamingo
Loin de moi l’idée de conspuer les films à grand spectacle. Un grand nombre sont très réussis et tout à fait plaisants voire jouissifs de façon globale (réal, fx, script, montage etc.) et d’autres comme Avatar, ou Ready Player One d’ailleurs, sont à mon sens des coquilles vides sans leur habillage. Ce dernier film a d’ailleurs été une de mes plus grosses déceptions de ces dernières années car le scénario est bidon et les références geek balancées de façon complètement random. Si le film n’avait pas été marketé comme le retour à la SF de Spielberg, je doute qu’il aurait eu autant de succès.

Hugo Flamingo
03/12/2022 à 14:00

@fred b
"Pour moi, Avatar sans ses effets spéciaux (...) c’est le quasi néant(...)
Sans sa technologie novatrice "

Je dirais meme que Titanic sans le Titanic c'est aussi le néant, ou que ready player one, sans FX, c'est les Dardenne.

Allez Fred, ressaisi toi, ''relax and have a mimosa '

maxx
03/12/2022 à 13:57

Merci la 3D et autres, donc billets plus chers ! quand on voit que top gun 2 à fait beaucoup de sous sans 3D et sans la chine. Je trouve que Avatar a bcp d'avantages.

Juju66120
03/12/2022 à 11:37

Fred B justement pour le coup le fait qu'il sorte 13 ans apres et que les jeunes générations ne connaissent pas plus que cela, fait que ce sera pour eux une decouverte et une curiosité comme nous avons eue a la sortie du 1er.
Pour ceux qui ont connu le 1er a sa sortie on a attendu la suite et les ba sont tres prometteuse.

Pour ce qui est de la narration on le 1er n'est pas non plus une pepite ultra original mais comme disent certains ce n'est pas tant l'originalité de sa narration que la justesse des propos qu'elle vehicule qui sont bons et quo le sont d'autant plus a l'heure actuelle.
Et enfin rien ne dit qu'il ne s'est pas amelioré sur ce point en ayant ecouté les remarques constructives sur la qualité de son histoire.
D'autant que le 1er bah c'etait la mise en place. Maintenant il va developper l'univerd riche qu'il a imaginé.

Bref on ne peut pas etre devin et savoir si flop ou non il y a eu, surtout avec le passif de Cameron mais une chose est sure : on le saura une fois sorti et pas avant.

Albatar
03/12/2022 à 10:04

Merci infiniment pour cet article qui semble ENFIN objectif sur la sortie de ce film.

Nyl
03/12/2022 à 06:18

J'adore les prophètes du dimanche, prédisant un bide.
A chaque sortie d'un film de James Cameron, toujours le même refrain qui se répète.
On verra le 14 Décembre. Mais de ce que je vois des BA, c'est très prometteur ( longtemps qu'un film ne m'a pas autant hypé ).

Birdy en bleu
03/12/2022 à 03:06

La stratégie de Disney va payer : posséder 60% du marché et ne rien sortir en concurrence avec Avatar 2.
Le film peut même se permettre de démarrer pépère pour tout exploser sur 2 mois, ce qui est rarissime.

Si en plus le bouche à oreilles fonctionne, il fera le carton espéré par Cameron.

Terror Turtle
02/12/2022 à 23:53

Et bien s'il ne cartonne pas outre mesure, tant pis. Tant qu'il se rembourse et fait gagner de l'argent au studio, les suites seront sur les rails. Et moi c'est tout ce que je veux.
Après qu'il fasse 1.4 milliards, 1.7 ou 3, on s'en fiche. Je veux juste me refaire un voyage à Pandora.

ZakmacK
02/12/2022 à 23:01

Perso je m’en fiche un peu que le 2 bide, j’irais le voir quand même. Je viens de me refaire le 1 et ça reste un sacré film. Aujourd’hui, alors que la terre se réchauffe de plus en plus, le discours écologique est criant de vérité. Et quand j’entends les trucs sur pochontas ça et la, je trouve ça encore plus débile, parce que c’est justement la force du film : une métaphore de la colonisation, notamment de l’Amérique. Le fait que l’être humain ne peut s’empêcher de tout détruire sur son passage. Il y a certes quelques moments un peu ronflants, mais la force de la mise en scène emporte tout sur son passage.

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