On a vu Fall, le survival le plus vertigineux depuis Vertical Limit

Mathieu Jaborska | 27 septembre 2022
Mathieu Jaborska | 27 septembre 2022

Il avait été annoncé avec un teaser amusant en plan-séquence, qui remontait une tour en métal jusqu'aux deux jeunes femmes coincées à son sommet, en bien fâcheuse posture. L'appétissant Fall, déjà sorti outre-Atlantique, était projeté en séance de minuit au FEFFS (Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg). On a bravé notre peur du vide pour savoir s'il est à la... hauteur. Ça mérite bien quelques abonnements.

 

 

De quoi ça parle ? Au cours de l'ascension pas super sécurisée (une habitude dans ce film) d'une falaise, Becky a perdu son mari. Pour l'aider à faire son deuil, son amie youtubeuse Shiloh lui propose l'escalade d'une tour de radio toute rouillée et bonne pour la casse de plus de 600 mètres de hauteur. Une excellente idée, n'est-ce pas ?

C’était comment ? Petite précision importante : le rédacteur de cet article est incapable de se pencher à un balcon passé les deux étages sans sentir ses jambes se transformer en spaghettis cuits. Absolument tétanisé par tout ce qui est vertical (voyez-y tous les symboles phalliques que vous voulez), il se préparait à une authentique séance de torture avant de rentrer dans la salle.

 

Fall : photo"Ouais, ça me parait sûr"

 

Il faut dire que le concept est à peu près aussi terrifiant que génial, aussi excitant que complètement con. La fameuse tour, la très réelle B67 TV Tower (deux fois plus haute que la tour Eiffel, pour donner une idée) est un véritable cauchemar de métal, une fragile petite tige pourrie perdue au milieu d'un gigantesque désert. Une fois perché à son sommet, le mot "vide" prend tout son sens. Et ça tombe bien mal, c'est précisément l'objectif de nos deux casse-cou. Sauf qu'évidemment, rien ne se passe comme prévu.

Ses voisins de siège pourront en attester : l'auteur de ces lignes a logiquement souffert durant certaines séquences, les yeux plissés et les fesses serrées. Le plus éprouvant étant (et c'est un problème, on va y revenir) la phase d'ascension, longue déclinaison de ces vidéos infernales de crétins russes qui se suspendent à des bâtiments. Sauf qu'ici, on sait que la chose va tourner au survival, condamnés à voir nos stupides Icares se rapprocher du soleil et des clous rouillés.

 

Fall : photo, Virginia GardnerREMONTE S'IL TE PLAIT JE ME SENS MAL

 

D'autant plus qu'une fois sur la tour et plus généralement lorsqu'il s'agit de nous percher au-dessus du vide, la mise en scène n'hésite pas à en rajouter une couche et à jouer de l'inconscience de ses protagonistes, qu'on aurait volontiers envie de baffer si cela ne les envoyait pas 500 mètres en contrebas. À vrai dire, c'est en endurant leur cauchemardesque ascension qu'on se dit que les survivals de cet acabit manquent cruellement dans les années 2020 et que le vertige restera plus riche en sensations que nombre de boogeymen ou d'entités surnaturelles.

Seulement, quand la caméra ne multiplie pas les plans larges et les contreplongées pour mettre à l'épreuve nos nerfs, rien ne va. Qu'il s'agisse du traditionnel discours sur la course aux likes de YouTube ou de la relation entre les deux héroïnes, dont les acrimonies redéfinissent les limites du je-m'en-foutisme scénaristique (le coup du tatouage, WTF), tout nous renvoie au pire de la série B américaine écrite à l'arrache, à des moules préfabriqués recyclés toutes les deux semaines (exemple récent : le pas terrible Shark Bay).

 

Fall : photoLe moment parfait pour une petite dispute

 

Vous direz, et vous aurez raison, que le prétexte narratif importe peu, tant que la tension ne... retombe pas durant les plus de 1h40 de métrage. Et c'est là que le bat blesse : le film n'est jamais aussi palpitant qu'avant l'élément perturbateur. Certes, il propose son lot de sauts impossibles et de situations suspendues, mais on se rend vite compte que, faute de budget, il ne s'autorisera pas les folies escomptées, quitte à oublier quelques inserts prometteurs, disséminés dans la première partie.

Les audaces de mise en scène promises par le fameux teaser se raréfient, si bien qu'on ne verra jamais par exemple d'objet tomber du sommet au sol. Plutôt que de se diriger vers une résolution spectaculaire, il préfère resserrer les enjeux sur ses protagonistes et par la même complètement foirer le dénouement tant attendu, avec un twist pas inspiré pour un sou et un tour de passe-passe final honteux. Et non, la présence du Jeffrey Dean Morgan de The Walking Dead ne fait pas mieux passer la pilule.

 

Fall : photo, Grace FultonEt c'est sans parler de la censure de Lionsgate pour écoper d'un PG-13 (allez voir, c'est dingue)

 

On en sort ravi de retrouver le plancher des vaches, mais aussi profondément frustré par un long-métrage qui avait tout pour nous dégouter de l'escalade à vie et qui se restreint au lieu de pousser plus loin son génial concept. Confiez un remake à un scénariste plus ambitieux et on vous garantit l'arrêt cardiaque d'au moins un membre de la rédaction. À condition bien sûr qu'il sorte en salles.

Et ça sort quand ? Aucune info pour le moment, mais il nous a semblé apercevoir le logo Wild Bunch au début du film...

Tout savoir sur Fall

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.
Vous aimerez aussi
commentaires
Eowya
29/12/2023 à 13:23

Ce film est en effet désespérant de connerie. Il y a 1001 façon d'éviter tout ça.
- Premièrement, la règle quand tu fais ce genre de trucs, c'est de toujours prévenir quelqu'un. Ainsi, si cette personne n'a pas de nouvelles, elle peut prévenir la sécurité. D'ailleurs, ici, il aurait fallu simplement emmener une 3éme personne qui reste au sol surveiller.
- Vous n'arrivez pas a envoyer un message parce que le signal ne passe pas ? Accrochez le téléphone au drone, et faite le descendre. Le message part, les secours arrivent

Etc... 1001 situations de bon sens aurait du arriver. Mais c'est le genre de film qui n'existerait pas si les personnages était a minima futé, il faut que les gens soient incroyablement stupide pour que le film existe.

Pieriku
15/12/2023 à 23:49

On ne me fera pas croire que le scénariste n'a pas vu 47 meters down avant d'écrire ce film car c'est quand même exactement le même twist.

QC
02/01/2023 à 00:33

Ce film m’a fait mal au bide mais m’a aussi beaucoup énervé à cause de la bêtise des protagonistes.
- Pourquoi ne pas s’assurer à la plateforme alors qu’elles ont des baudriers et de la corde.
- pourquoi ne pas casser la lampe de l’antenne, ce qui devrait être remarqué par les habitants du coin qui le signaleraient certainement pour des raisons de sécurité aérienne.
- pourquoi à nouveau prendre des risques en voulant absolument protéger le dernier Gsm dans la chaussure et le corps de sa pote alors qu’elle vient de tuer un vautour à l’aise sur sa plateforme. Son cadavre aurait certainement fait l’affaire et même mieux que sa pote qui portait très peu de plume.
- un sac à dos ça à deux bretelles, c’est tout l’intérêt.
- etc …
En plus le coup de la meilleure pote qui c’est tapée le mari, c’était prévisible après les premières minutes du film pour créer un antagonisme entre ces 2 amies …

Solo seul
21/12/2022 à 13:57

@ Terror Turtle
Justement j'ai bien regardé la scène maintenant qu'il est en blu-ray et il n'y a pas d'incohérence concernant cette scène.
Pour résumer : les filles sont en haut avec les 2 portables et le sac contenant le drôle est 10 m plus bas donc impossible à utiliser. Maintenant il faut bien voir qu'il faut un portable pour utiliser le drone et c'est là qui est toute la subtilité de la cohérence. Elle lance la chaussure rembourrée contenant le portable avec le sms. C'est mort. Du coup elles décide de récupérer le sac et le drone est récupéré. Bon on y arrive si vous voyez où je veux en venir... il n'y a plus qu'un smartphone maintenant et il sert à utiliser le drone !

Donc on ne peut pas accrocher le téléphone au drone et de le faire faire descendre.
Vous avez compris maintenant ? C'est plus réfléchi que le scénario en a l'air et il n'y a plus d'incohérence.
Le seule truc qye j'avais pensé et qu'elles n'ont pas faite et je les comprends à cette hauteur c'est de s'accrocher l'une en face de l'autre, de chaque côté du poteau en se tenant les mains se qui aurait probablement pu les faire progresser en descendant... mais là je m'y risquerait pas pour savoir si la méthode est bonne lol.

Ghob_
30/10/2022 à 23:47

Je viens de le voir, j'ai passé un bon moment, mais sans être transcendant non plus.
Pourtant, comme l'auteur de la critique, je suis moi aussi sujet au vertige (me tenir à plus de 10m du sol me provoque me provoque inévitablement des débuts de nausées et sueurs froides) et certains passages m'ont de fait littéralement collé dans mon siège, mais... il faut avouer quand même qu'il y a quelques gros moments de mous dans et certaines incohérences/facilités scénaristiques qui m'ont plusieurs fois sorti du récit (mais qu'est-ce qu'on s'en branle des histoires de coeur de l'héroïne, alors qu'elle est perchée à 600m de haut en mode complet survival ?!).
Ceci étant dit, le spectacle est tout de même au rendez-vous et la mise en scène est loin d'être dégueu'. Dommage que le rythme et le pitch survival ne soient pas davantage poussés dans les potards et exploités, mais malgré ces petites réserves, ça ne m'a pas empêché de passer un bon moment.

Un très honnête métrage, au final, qui m'a à plusieurs moments donné un vrai sentiment de vertige et d'anxiété : efficace, donc, à défaut d'être complètement renversant !

Tonto
02/10/2022 à 20:05

D'accord sur les faiblesses scénaristiques, mais malgré tout, le concept est suffisamment dingue et parfaitement valorisé pour voir le film malgré ses énormités d'écriture.

Terror Turtle
29/09/2022 à 00:26

OK. Je viens de voir le film. J'ai rarement été autant stressé devant un film. J'avais les mains moites, et j'étais bien cramponné à mon canapé!
J'en attendais rien, j'ai pris une grosse claque. Si vous êtes un tantinet sujet au vertige (ce qui est mon cas), vous allez transpirer pendant 1H30.
Le film a quelques défauts : 2/3 plans avec des SFX un peu moisis, une petite incohérence scénaristique (il suffisait d'accrocher le téléphone au drone et de le faire faire descendre), une fin un peu vite torchée.
Mais sans doute mais gros coup de coeur de l'année pour ce film fauché.

chh
28/09/2022 à 23:06

Le twist est visible à des kilomètres. Par contre le plus irréaliste dans le film c'est la durée de vie de la batterie de son iphone.

Flash
28/09/2022 à 17:20

L’article était très sympa à lire, sans doute plus que le visionnage de ce film.

Neji
28/09/2022 à 00:15

J'ai bien rigolé en lisant l'article du coup j'ai bien envie de me marrer en regardant ce chef-d'œuvre.

Plus