Murder Party, Goliath, Kung-Fu Zohra ... les nouveautés cinéma du 9 mars

La Rédaction | 9 mars 2022 - MAJ : 09/03/2022 13:56
La Rédaction | 9 mars 2022 - MAJ : 09/03/2022 13:56

Murder Party, Kung-Fu Zohra, Goliath... quelles sont les sorties cinéma de la semaine du 9 mars 2022 ?

Chaque semaine, Écran Large fait son marché dans les salles de cinéma, et sélectionne quelques sorties et films incontournables (pour de bonnes ou mauvaises raisons).

Avec du Kung-Fu, la version française d'À couteaux tirés, Pierre Niney feat Gilles Lellouche, l'histoire d'un foyer d'accueil, un documentaire en campagne et de l'amour interdit.

 

Murder Party : Photo Alice PolLa Miss Marple de chez nous

 

LES SORTIES QU'ON CONSEILLE 

KUNG-FU ZOHRA

1h38

 

 

De quoi ça parle : Zohra n’arrive pas à quitter son mari violent parce qu'elle est persuadée qu’une rupture anéantirait sa fille. C’est alors qu’elle rencontre un maître de Kung-Fu qui va lui apprendre à se défendre et à rendre les coups.

Pourquoi il faut le voir : À la manière de son héroïne Zohra, Mabrouk el Mechri nous revient gonflé à bloc, avec un récit d’émancipation aussi furibard et mutant que le furent ses deux premiers longs-métrages. En effet, dans Kung-Fu Zohra, il suit le parcours bastonnant d’une jeune femme décidant soudain de s’émanciper du quotidien et du parcours qui fit d’elle une femme battue, pour mieux jouer des poings et se libérer. 

Sur le papier, le pitch a de quoi faire tiquer, tant il prête le flanc aux écueils de l’inconséquence ou de la sortie de route involontaire. Marier un récit de vie s’étalant sur plusieurs années, une quête initiatique et libératrice, la chronique du quotidien oppressant d’une femme battue, le tout revisité à l’aune du cinéma martial des années 70, mais aussi de ses nombreux échos ou caricatures bis, relève d’une ambition tant de conteur que de cinéphage à même de donner le tournis.

C’est d’ailleurs la limite évidente du long-métrage. Généreux en diable, il lance ainsi au gré de ses quarante premières minutes quantité de pistes, d’idées, qu’il ne peut toutes mener à bien. En découle un récit détonant, qui part trop fréquemment dans trop de directions pour tenir toutes ses vigoureuses promesses, mais qui étonne, voire impressionne, sitôt qu'il se repose sur l'action menée par ses deux formidables interprètes.

La note d'Écran Large : 3/5

goliath

Durée : 2h02

 

 

De quoi ça parle : Un lobbyiste impitoyable qui défend les intérêts d'un géant de l'agrochimie, accusé d'inonder les terres de pesticides dangereux. Une femme qui devient militante écolo suite à la maladie de son mari, liée aux produits chimiques utilisés dans les champs autour de leur maison. Un avocat déterminé, spécialisé en droit environnemental. Suite à l'acte radical d'une femme désespéré, les destins de ces trois personnes vont être liés.

Pourquoi il faut le voir : Goliath est un trait d'union ambitieux et quasi impossible entre un cinéma politique à la Stéphane Brizé (En guerre, La Loi du marché, Un autre monde), et un film grand public façonné pour la première partie du dimanche soir sur TF1. Le résultat oscille donc entre le meilleur et le pire, avec des moments de mélo légèrement grotesques et une écriture pas très fine, et des clairvoyances sur le cauchemar de ce monde de béton et de mensonges.

Co-écrit par Simon Moutaïrou (Boîte noire), le film de Frédéric Tellier (L'Affaire SK1) est dans tous les cas rondement mené, principalement grâce à ses interprètes. Pierre Niney a rarement été aussi bien employé en loup aux airs de gendre idéal, Gilles Lellouche est solide, et Emmanuelle Bercot, encore une fois fantastique. Mais Goliath tient aussi et surtout debout grâce aux seconds rôles, excellents, particulièrement Chloé Stefani et Laurent Stocker, et Jacques Perrin.

La note d'Écran Large : 3/5

Notre critique de Goliath

LA MIF

Durée : 1h50

 

La Mif : photo, Kassia Da CostaJe ne suis qu'un cri

 

De quoi ça parle : Au sein d'un foyer d'accueil, une bande d'adolescentes façonne la famille qu'elles n'ont jamais eue. Mais un fait divers vient bouleverser leur quotidien, et révéler les limites du système censé les protéger.

Pourquoi il faut le voir : Avec La Mif, le réalisateur Fred Baillif (ancien documentariste) choisit de se tourner vers le cinéma-vérité pour raconter l'histoire d'un foyer d'accueil. Il s'avère que le cinéaste a lui-même travaillé dans ce milieu, et a décidé d'en explorer les limites et les tabous. L'élément perturbateur du récit ? Une relation sexuelle interdite, qui provoque le chaos au sein de toute l'organisation.

Si la caméra sinueuse et brutale de Baillif se concentre sur les visages de ses héroïnes, il choisit pour contrepoint un système administratif archaïque, ensemble d'hommes blancs dépassés par les besoins de ces jeunes femmes en quête de repères. Derrière ce voile déphasé de toute réalité, on ne comprend que mieux la colère de ces personnages cabossés par la vie. De cette façon, La Mif s'impose comme un doigt d'honneur rageur envers les institutions, combattues par ces femmes abandonnées au travers de cette famille qu'elles choisissent de se construire.

Avec sa structure éclatée, le récit de Baillif donne avec beaucoup de délicatesse le pouvoir à ses héroïnes. On pourrait attendre de manière très didactique qu'elles énumèrent toutes leur traumatisme, mais le montage ne nous donne jamais cette satisfaction. Elles se livrent à leur rythme, sans jamais chercher à être définies par leur passé. On en viendrait d'ailleurs à pardonner les quelques maladresses de cette forte proposition, à commencer par son contre-emploi trop évident de la musique classique. Reste un geste puissant, un cri dans la nuit déchirant, porté par de jeunes actrices épatantes. 

La note d'Écran Large : 3,5/5

LES MEILLEURES

Durée : 1h21

 

 

De quoi ça parle : L'histoire d'amour entre Nedjma et Zina, qui essaient de s'apprivoiser et se connaître alors que tout le leur interdit dans leur monde.

Pourquoi il faut le voir : Premier film de Marion Desseigne-Ravel, Les meilleures est a priori le bingo du cinéma français que tant de monde aime moquer. Un décor de cité, une histoire d'amour lesbienne, un premier film d'une réalisatrice et scénariste sortie de la FEMIS... Mais comme toujours, s'en contenter serait trop facile. Déjà parce que Les Meilleures brille grâce à ses actrices, notamment Lina El Arabi et Esther Bernet-Rollande, qui apportent une force et une tendresse à l'histoire. Elles représentent à merveille cette petite magie des premiers films, où des talents nouveaux (ou presque) vibrent à l'écran d'une manière unique.

Par ailleurs, le film gagne une émotion toute particulière dans sa dernière partie, grâce à un étonnant point de vue doux-amer sur l'histoire d'amour, lequel prend à rebrousse-poil les clichés du genre. C'est dans les dernières images que Marion Desseigne-Ravel apporte la touche finale qui permet aux Meilleures de trouver son identité et son équilibre, grâce à une très belle sensibilité.

La note d'Écran Large : 3/5

La Campagne de France

Durée : 1h38

 

La campagne de France : photo"Votez pour moi, ça serait sympa."

 

De quoi ça parle : À Preuilly, un petit village français, la campagne électorale pour le poste de maire crée l'animation. Trois candidats se battent pour le poste, parmi eux, Mathieu, un Parisien consultant dans les Intelligences Artificielles qui veut attirer les entrepreneurs dans son village natal.

Pourquoi il faut le voir : Sylvain Desclous, réalisateur de ce documentaire La campagne de France, a su capturer à merveille la vie de ce village similaire à tant d'autres dans lequel une banale campagne électorale devient l'occasion pour un jeune entrepreneur de faire revivre le bourg où il est né. On ne peut avoir que de la sympathie pour Mathieu, ambitieux et original, qui se détache totalement de la foule de vieilles personnes qui composent Preuilly. Dynamique et plein d'idées, l'ex-parisien représente le coeur de La campagne de France et l'avenir de ce village abandonné aux années qui passent. Pour l'appuyer dans sa lutte, il peut compter sur le charismatique et bavard Guy, tout aussi passionnant.

C'est par sa galerie de personnages sincères et attachants, mais dévoués à leur travail et à Preuilly, que le documentaire prend des airs de film politique sur fond de son de clocher et paysage rural. Le montage de qualité fait autant ressortir la tension de cette course à la municipale, qu'accentuer des situations cocasses et des dialogues savoureux. Version réduite de la campagne présidentielle, La campagne de France ne ridiculise jamais ceux qu'ils filment plutôt présentés comme d'irréductibles Gaulois de soixante ans passés voulant faire vivre leur village.

La note d'Écran Large : 4/5

LES SORTIES QU'ON n'a pas encore vues

MURDER PARTY

Durée : 1h43

 

Murder Party : photoUne fine équipe

 

De quoi ça parle : Quand le patriarche d'une famille à la tête d'un empire du jeu de société est retrouvé mort en pleine Murder Party, Jeanne, la brillante architecte censée moderniser le manoir familial va se lancer dans une enquête grandeur nature.

Pourquoi il faut le voir : Parce qu'on ne dira jamais non à un whodunit. Alors oui, dernièrement, on s'est retrouvé avec l'ignoble Mort sur le Nil et concrètement, le genre a tellement été étudié qu'il est rare de voir un film se démarquer. Toutefois, on a aussi eu le droit il y a quelques semaines à l'amusante série The Afterparty sur le petit écran et puis le fameux À couteaux tirés en 2019, qui a tellement plu et impressionné que Netflix a racheté les droits et commandé deux suites.

Et comme Murder Partyréalisé par Nicolas Pleskof, semble largement piocher du côté du film de Rian Johnson (oui son affiche évidemment, mais même son pitch), on se dit qu'avec un peu de chance, il sera aussi réussi. En décidant de jouer avec les codes du genre et une ambiance très anachronique, le long-métrage mené par Alice Pol pourrait bien être une petite surprise, à défaut d'être un grand chef d'oeuvre. Et autrement, ce sera un whodunit raté de plus, et on ne sera pas plus surpris que ça.

La note d'Écran Large : Branagh ou Clouzot/5

 

PERMIS DE CONSTRUIRE

Durée : 1h33

 

Permis de construire : photo, Didier Bourdon, Eric FraticelliDidier Bourdon et Eric Fraticelli

 

De quoi ça parle : Au décès de son père, Romain hérite d'un grand terrain près d'un patelin en Corse et doit réaliser le dernier souhait de son paternel : construire une maison dessus. Mais pour cela, il va devoir se faire accepter des habitants du village.

Pourquoi il faut le voir : Une comédie française s'appuyant principalement sur l'humour culturel et les clichés régionaux ? Honnêtement on voit mal ce qui pourrait mal se passer. Après tout, c'est pas comme si un certain Christian Clavier n'avait pas déjà provoqué des vagues de protestations et d'échanges d'amabilités par claviers interposés. Oui, ce jeu de mots est intentionnel.

Gageons pour autant que cette la direction d'Eric Fraticelli, corse d'origine et donc membre du groupe pris pour cible par Permis de construire, garantira un semblant de maîtrise aux moqueries du film et lui évitera les dérapages rances, propres à l'humour communautaire bien de chez nous, celui qui te met une tape dans le dos après t'avoir un tape dans la tronche. On aimerait éviter de trop taper sur notre clavier - celui de l'ordinateur hein.

La note d'Écran Large : Pas trop corsée on l'espère/5

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.
Vous aimerez aussi
commentaires
Aucun commentaire.