The Afterparty : critique du whodunit déjanté d'Apple TV+

Alexandre Janowiak | 4 mars 2022 - MAJ : 04/03/2022 19:23
Alexandre Janowiak | 4 mars 2022 - MAJ : 04/03/2022 19:23

Ils ont épaté tout le monde avec l'excellent La Grande Aventure LEGOréussi à exploser le multivers avec le savant Spider-Man : New Generation et ils essayent désormais de renouveler le whodunit avec la série The AfterpartyChristopher Miller et Phil Lord se sont replongés dans le monde du petit écran avec cette série Apple TV+ : le challenge est-il relevé ?

Let's party

The Afterparty commence d'une manière somme toute très classique avec la mort d'un personnage : Xavier, incarné par Dave Franco. Ancien souffre-douleur devenu star de la chanson, il participait à une réunion d'anciens élèves dans son lycée, puis avait invité quelques-uns de ses camarades de l'époque dans sa villa en bord de mer pour une... after party. Alors forcément, quand l'enquêtrice Danner (excellente Tiffany Haddish) débarque sur les lieux du crime, elle se met en tête que le coupable est forcément parmi les invités et commence à tous les interroger.

Le premier épisode suit donc l'interrogatoire d'Aniq (le trop rare Sam Richardson), personnage tout droit sorti d'une comédie romantique qui était venu à la soirée des retrouvailles uniquement pour retrouver une ancienne camarade de classe dont il était amoureux au lycée (et avec qui il a repris contact depuis quelques semaines). Avec son dispositif classique de whodunit, The Afterparty aurait alors pu passer en revue les points de vue des suspects un à un tout en laissant suffisamment d'indices aux spectateurs pour lui faire miroiter le ou la coupable avant le dernier épisode.

 

The Afterparty : Photo Tiffany HaddishUne détective qui a aussi des choses à livrer

 

Sauf que Lord et Miller ont justement envie de complètement bouleverser le classicisme du genre. Ici, il est évidemment question de résoudre le meurtre et de connaître les raisons du coupable, mais la série va surtout s'amuser à jouer littéralement avec la perspective des personnages. Si l'effet Rashomon a été admirablement utilisé récemment par Le Dernier Duel de Ridley Scott, la série Apple TV+ vient encore surenchérir le concept en le rendant beaucoup plus déjanté et personnel.

Ainsi, le premier épisode est raconté d'une manière très romancée, dans un écrin sentimental plutôt passionné et tendre vu qu'il suit la vision du personnage d'Aniq, éperdument amoureux de la fameuse Zoé. On se croit dans une comédie romantique, tout simplement, avec tous les tropismes inhérents du genre (le presque bisou, le concurrent, la pluie, une chanson...). Pour être franc, à ce moment-là, difficile de savoir si le style de l'épisode d'ouverture reflète celui de la série ou seulement la perception du personnage d'Aniq. Heureusement, dès l'épisode 2, la série prend tout son sens et devient jouissive.

 

The Afterparty : Photo Zoe Chao, Sam RichardsonEt soudain, la pluie...

 

murder mystery

Dès ce deuxième épisode consacré au personnage de Brett (Ike Barinholtz), la série se transforme totalement en devenant un véritable film d'action. Course-poursuite nerveuse, concours de gros bras (ou plutôt grosse bite) dans les toilettes, bastons, split-screen sur musique de suspense, lens flare abusif... la mise en scène change du tout au tout après les séquences plus mélancoliques et colorées du premier épisode. Et ainsi, The Afterparty parvient à se renouveler en permanence.

On ne va pas vous dévoiler tous les genres (re)visités dans la série pour mieux vous laisser apprécier la découverte, mais il suffit de regarder la filmographie du duo Miller-Lord pour avoir déjà une petite idée de l'échantillon (bon allez oui, on peut presque dire que 21 Jump Street est de retour). Une chose est sûre, Christopher Miller, qui s'est chargé de réaliser les huit épisodes, se transcende. Avec un talent vertigineux, le cinéaste, scénariste et créateur de la série (avec Phil Lord, un peu moins présent puisqu'il ne scénarise qu'un épisode et n'est que producteur exécutif) change de tonalité, d'univers, d'esthétique dans un jeu particulièrement jubilatoire.

 

The Afterparty : Photo Ike BarinholtzChangement d'ambiance, en mode Fast & Furious

 

Et c'est peu dire que le délire est réussi tant le concept aurait vite pu devenir un petit exercice de style vain. En changeant de point de vue et de genre à chaque épisode, la série aurait largement pu se contenter de s'appuyer sur la forme pour oublier son fond. Heureusement, The Afterparty ne se cache jamais derrière son principe et, au contraire, s'en sert pour développer au mieux ses personnages. L'enquête en devient ainsi de plus en plus passionnante, remettant en perspective les récits de chacun en fonction de ceux des autres.

Mieux, en s'attardant intensément à la vision de ses suspects et en explorant vivement leur monde, leur état d'esprit, leur caractère... la série les rend tous attachants et crée une certaine émotion. Alors certes, l'effet Rashomon a quelque chose de quelque peu redondant dans certains épisodes, l'intrigue avançant très doucement ou bénéficiant de facilités scénaristiques trop voyantes pour tirer sur la corde du suspense (cette vidéo effacée malencontreusement, lol).

 

The Afterparty : Photo Dave FrancoMais qui a tué Xavier Violet ?

 

Toutefois, The Afterparty se démarque suffisamment des classiques du whodunit pour en tirer une version singulière et créative. Et même si l'intrigue n'a rien de spécialement révolutionnaire et n'est pas vraiment tendue, sa liberté de ton, de genre et de style emporte largement l'ensemble dans un délire amusant et rafraichissant, confirmant qu'Apple TV+ produit toujours autant de petites pépites trop peu mises en avant.

The Afterparty est disponible en intégralité sur Apple TV+ en France depuis le 4 mars 2022

 

The Afterparty : Affiche US

Résumé

Derrière ses airs de whodunit classique, The Afterparty est une petite pépite revisitant avec malice, style et intelligence le genre. Une création amusante et jubilatoire de plus dans l'escarcelle du duo Lord-Miller.

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Lecteurs

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commentaires
Picass sensei
09/03/2022 à 00:09

J'ai kiffe grave, un peu comme les enquêtes de poireau ou de sherlock, surtout la flic est une actrice amusante et son punch a donné une substance impressionnante à la série. Bravo aux réalisateurs de très bons moments hilarants et un délice pour moi

Hank Hulé
05/03/2022 à 17:56

Sympathique mais vite oublié.
Mieux vaut mater OMITB, bien meilleur et plus fin

Steevo Steen
05/03/2022 à 17:35

Je n'ai pas réussi à dépasser le premier épisode : les personnages sont insupportables, alors savoir quel personnage insupportable a buté tel personnage insupportable..
N'ayant eu aucune empathie, je ne me voyais pas m'infliger 7 épisodes de plus

Flash
05/03/2022 à 12:53

@JR C'est sur ma liste, mais j'ai tellement de séries à regarder.....

JR
05/03/2022 à 12:37

@Flash, ça roule, tu avais vu only murders in the building?

Flash
05/03/2022 à 12:00

@Jr n’hésite pas à me donner ton avis!

JR
05/03/2022 à 09:50

@Flash, cool, ça va être le visionnage de ce week-end !

Flash
05/03/2022 à 08:46

@Jr, tu peux y aller sans crainte, c'est vraiment la bonne surprise de cette année 2022.
Et puis le point de vue d' un personnage différent par épisode est juste génial, on passe à une parodie de Film d'action, à une comédie musicale et même un dessin animé en fonction du caractère des suspects.

Oliviou
04/03/2022 à 20:20

Je ne sais pas à quel moment on a arrêté, peut-être au milieu du deuxième épisode, ou du troisième. Mais c'était assez pour se faire une idée de la lourdeur de l'ensemble. Le problème de changer de style à chaque épisode, c'est avant tout qu'on est dans la caricature. C'est toujours vaguement moqueur, pas incarné, les personnages surjouent leurs rôles qui ne sont que "monofonctions". Pas des personnages, mais des petites poupées qu'on déplace dans l'intrigue comme les pièces d'un puzzle. J'ai trouvé qu'il n'y avait pas beaucoup de sincérité dans l'entreprise, juste une envie de faire son petit malin et d'envoyer continuellement des clins d'oeil complices au spectateur. J'aurais pu voir ça en série animée sur Télétoon, à destination d'un public ado. Mais là, j'ai trouvé ça hyper désagréable alors que j'avais très envie d'aimer.
Only murders in the building, bien qu'un peu bancal, était tout à fait réjouissant, en revanche.

JR
28/01/2022 à 16:51

@GTB, nous avons eu ce débat sur Apple et sa prod value ;)
Et oui... Pas de com... Même quand on a des produits Apple rien. Du coup je ne comprends pas du tout leur stratégie.

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