Maigret, Blacklight, Zaï Zaï Zaï... les nouveautés cinéma du 23 février

La Rédaction | 23 février 2022 - MAJ : 23/02/2022 09:52
La Rédaction | 23 février 2022 - MAJ : 23/02/2022 09:52

Maigret, Blacklight, Zaï Zaï Zaï, Compagnons... quelles sont les sorties cinéma de la semaine du 23 février 2022 ?

Chaque semaine, Écran Large fait son marché dans les salles de cinéma, et sélectionne quelques sorties et films incontournables (pour de bonnes ou mauvaises raisons).

Avec du Jérémie Elkaïm réalisateur, du Gérard Depardieu commissaire, du mauvais Liam Neeson, du bon François Desagnat, une vieille légende italienne, un vieil arbre, des flics et le retour des Corleone.

 

Blacklight : photo, Liam NeesonLiam Neeson qui tue des gens. Ça faisait longtemps (non)

 

LES SORTIES QU'ON CONSEILLE 

Zaï Zaï Zaï

Durée : 1h23

 

De quoi ça parle : Fabrice est allé au supermarché sans la carte de fidélité de son magasin. Cette faute grave l'oblige à se cacher, alors que la police et les médias le traquent.

Pourquoi il faut le voir : Alors qu'il a longtemps co-réalisé les pitreries de Michael Youn et de son frère Vincent (notamment avec Les Onze Commandements et La Beuze), François Desagnat s'est, cette fois, lancé un défi de taille, à savoir adapter le délirant texte Zaï Zaï Zaï Zaï de Fabcaro. Un programme loin d'être évident, tant l'oeuvre originelle fait preuve d'une folie douce et d'un art de l'absurde difficiles à retranscrire à l'écran.

Le comédien et réalisateur a dû trancher, et son pari est plutôt réussi, tant il parvient à conserver beaucoup des trouvailles de l'auteur, tout en les rendant jouables par une galerie de comédiens tous excellents. Et si son découpage est souvent trop sage, il parvient, notamment grâce à sa photo, son montage ainsi que la direction d'acteurs, à ne pas tomber dans un rire trop déréalisé, soulignant au contraire l'inquiétante étrangeté qui préside à la création de Fabcaro.

La note d'Écran Large : 3/5

 

LES SORTIES QU'ON DÉCONSEILLE (VRAIMENT)

 

BLACKLIGHT

Durée : 1h44

 

De quoi ça parle : D'une vieille baderne des services fédéraux américains spécialisée dans l'exfiltration d'agents en péril. Mais quand notre bagarreur découvre que ses patrons ont parfois été méchants, il devient très colère et leur tape dessus.

Pourquoi on le déconseille : Les séries B dans lesquelles Liam Neeson se complaît depuis une quinzaine d'années n'ont jamais brillé par leur subtilité, mais au moins demeuraient-elles fréquemment divertissantes. Sauf qu'à force de scénarios photocopiés, d'intrigues clonées et de désinvestissement manifeste de la star, la situation s'est dégradée, jusqu'à aboutir à Blacklight.

Le résultat est d'une platitude d'autant plus regrettable qu'absolument personne ne semble s'y amuser, ou essayer d'y raconter quoi que ce soit. Les amateurs de castagne seront mis au régime sec, Liam Neeson n'ayant manifestement plus la moindre envie de faire semblant, et la production ne cherchant même pas à lui payer de doublure cascade compétente. Ajoutons à cela la misère plastique qui préside à la mise en scène, et on comprendra qu'il vaut mieux se taper la tête contre les murs que s'imposer cette baston gériatrique.

La note d'Écran Large : 1/5

Notre critique de Blacklight

LES FILMS QU'ON N'A PAS VUS

 

LA LÉGENDE DU ROI CRABE 

Durée : 1h46

 

De quoi ça parle : De nos jours, dans la campagne italienne, de vieux chasseurs se remémorent la légende de Luciano : un ivrogne contraint à l’exil dans la lointaine Terre de Feu qui s'est mis en quête d’un trésor enfoui, seule et unique voie vers la rédemption.

Pourquoi il faut le voir : Partie finale d'un triptyque dont c'est le premier travail de fiction de la part des deux réalisateurs italo-américains Alessio Rigo de Righi et Matteo Zoppis, cette aventure entre l'Argentine et l'Italie à l'allure singulière s'inspire du western pour interroger la tradition orale, et les mythes qu'elle a pu créer.

En l'occurrence, c'est un gîte abritant des chasseurs qui devient le centre d'une histoire mythique qui mènera son protagoniste jusqu'au bout du monde, en Terre de Feu. Qu'il s'agisse de la fortune ou de l'amour, le voyage sera peut-être plus mystique que la destination. Pour le caractère somptueux des décors enchantés par la lumière de Vejano ou pour avoir une réponse sur cette cryptique chasse au trésor, il faudra se ruer sur La Légende du roi crabe.

La note d'Écran Large : Chelou mais bon on a aimé The Lighthouse/20

MAIGRET

Durée : 1h28

 

 

De quoi ça parle : À Paris, une jeune fille est retrouvée morte dans un square parisien, portant une robe de soirée. Le commissaire Maigret va tenter de l'identifier puis de comprendre ce qui est arrivé à la victime.

Pourquoi il faut le voir : Parce qu'il s'agit là du retour du personnage du commissaire Maigret au cinéma, après avoir été interprété par Pierre Renoir, Michel Simon, Jean Gabin, Rupert Davies et même Charles Laughton. Cette fois, Gérard Depardieu enfile le costume de l'inspecteur pour une enquête dirigée par le cinéaste Patrice Leconte, réalisateur de Ridicule et La Fille sur le Pont.

Le roman Maigret et la Jeune Morte a servi de matière première pour l'écriture de ce film qui a au moins pour lui l'ambition de rapprocher un des acteurs les plus importants du cinéma français de toutes époques confondues, un cinéaste prolifique à la versatile carrière et un des personnages les plus iconiques de la littérature policière française. À côté de ce beau postulat, on retrouve les actrices Jade LabesteMélanie Bernier et Aurore Clément dans ce qui s'annonce être un beau film policier crépusculaire.

La note d'Écran Large : Excitation modérée/20

SELON LA POLICE 

Durée : 1h51

 

De quoi ça parle : Un beau matin, Ping-pong, flic usé par le métier, brûle sa carte de policier et quitte son poste. Ses camarades, à bout de nerfs, partent à sa recherche.

Pourquoi il faut le voir : Parce que la souffrance des fonctionnaires de police n'est pas un sujet fréquent au sein du cinéma français, et que les flics sont rarement représentés autrement que comme les protagonistes de films d'action, ou comme des figurants au sein d'autres genres. Plus intéressant encore, Selon la Police semble désireux de chroniquer la vie de professionnels au bout du rouleau, sans pour autant tomber dans un quelconque misérabilisme social, assumant au contraire une veine plus surréaliste, loin du naturalisme.

Et comme son réalisateur, le plutôt très rare Frédéric Videau, s'y connaît en atmosphères suspendues, on est extrêmement curieux de découvrir le tour qu'il aura donné à ce récit, d'autant plus qu'il a su s'entourer d'un casting extrêmement varié, prometteur, riche de grands noms du cinéma hexagonal, mais aussi de nouveaux venus. Se croiseront ainsi sous l'uniforme Simon Abkarian, Agathe Bonitzer, Laetitia Casta, Patrick d'Assumçao, Sofia Lesaffre, Alban Lenoir ou encore le regretté Jean-François Stévenin.

La note d'Écran Large : Grande curiosité/5

LES POINGS DESSERRÉS

Durée : 1h36

 

 

De quoi ça parle : Ada est une jeune femme vivant dans une ancienne ville minière d'Ossétie du Nord avec sa famille. Sauf que malgré l'amour qu'elle lui porte, elle veut s'en échapper.

Pourquoi il faut le voir : Parce que c'était l'un des plus beaux films du dernier Festival de Cannes si l'on en croit les différents retours et notamment celui du jury de la sélection Un Certain Regard qui lui a décerné le Prix Un Certain Regard. Avec sa bande-annonce, Les Poings desserrés présage d'un film où l'amour et la violence ne font qu'un et où les personnages sont liés par un traumatisme difficilement réconciliable, menant à une brutalité aussi verbale que physique.

Un événement tragique qui va les mener à se violenter pour mieux se déclarer l'amour familial qu'ils se portent, et au centre duquel ressortira plus précisément le personnage d'Ada, héroïne du récit co-écrit et réalisé par Kira Kovalenko. De quoi livrer un drame d'émancipation jonglant en permanence entre la puissance et la fragilité de son héroïne, la brutalité et la douceur de l'environnement qui l'entoure, et sûrement aussi tendu qu'apaisant. Autant dire qu'on vous le conseille, sans même l'avoir vu.

La note d'Écran Large : De un à cinq poings/5

Ils sont vivants

Durée : 1h52

 

 

De quoi ça parle : Béatrice, veuve qui vit avec son fils et sa mère, rencontre Mokhtar, enseignant iranien arrivé clandestinement en Europe. Elle tombe amoureuse de lui.

Pourquoi il faut le voir : Parce que c'est le premier long-métrage en tant que réalisateur de Jérémie Elkaïm, comédien assez familier de nos salles puisqu'il avait un petit rôle dans Qui a tué Bambi ? avant de mener La Guerre est déclarée, Belleville-Tokyo, Indésirables, Marguerite et Julien, et l'excellent Dans La Forêt, sans compter un rapide passage par Polisse et même le doublage de Vampires en toute intimité.

Après son court-métrage Manù, où il jouait aux côtés de Valérie Donzelli (le même duo que dans La Guerre est déclarée, sorti la même année), il persiste donc à la mise en scène. À noter qu'il s'est aussi illustré comme scénariste, toujours aux côtés de Donzelli, mais également sur Chanson Douce, d'après Leïla Slimani. Avec Ils sont vivants, il adapte cette fois-ci Calais mon amour de Béatrice Huret et Catherine Siguret, sous l'impulsion de l'actrice Marina Foïs, également au casting aux côtés de Seear Kohi.

La note d'Écran Large : On verra bien /20

Le Chêne

Durée : 1h20

 

 

De quoi ça parle : De la vie qui grouille entre les branches d'un chêne bicentenaire.

Pourquoi il faut le voir : La nature est une scénariste hors pair et le documentaire La Marche de l'Empereur l'a bien rappelé dans les années 2000. Mais Le chêne co-réalisé par Laurent Charbonnier et Michel Seydoux est une proposition encore plus radicale et curieuse puisqu'elle choisit de n'utiliser aucune voix-off pour guider la narration, qui doit être entièrement explicitée par l'image et la bande-son. Soit un défi de réalisation assez poussé. C'est donc tout un écosystème qu'ont scruté leurs caméras pendant plusieurs mois, en conservant une unité de lieu qui tend au huis clos en plein air, comme les étages d'un immeuble dont on aurait retiré la façade pour suivre les habitants au fil des saisons. 

Plus évident pour susciter de l'intérêt et impliquer le public, le film a tout l'air d'avoir choisi un écureuil comme "personnage principal", avec une approche qu'on imagine engagée et une démarche préventive, mais aussi pédagogique. Et entre prédateurs, intempéries et reproduction, on ne doute pas qu'une véritable odyssée puisse se dérouler entre les branches et les feuilles de cet arbre bicentenaire. 

La note d'Écran Large : Pourquoi pas/5

LA RESSORTIE COOL

 

LE PARRAIN

Sortie : 1972 - Durée : 2h55

 

Le Parrain : photo, Marlon Brando"Je vais lui faire une proposition qui l'obligera à mettre 5/5 ?"

 

De quoi ça parle : Don Vito Corleone règne sur l'une des familles les plus puissantes de la mafia italo-américaine dans le New York de 1945. Mais lorsqu'il refuse un nouveau marché et il devient la cible de ses ennemis et d'anciens alliés.

Pourquoi il faut le voir : Beaucoup disent que pour être un vrai cinéphile, il faut avoir vu Le ParrainBon, soyons clairs, c'est totalement faux, la cinéphilie ne se résumant pas à un seul film (heureusement). En revanche, il faut avoir vu Le Parrain tout simplement parce qu'il s'agit d'un chef-d'oeuvre du cinéma. Réalisé en 1972 par Francis Ford Coppola, le premier volet de la trilogie culte est évidemment un grand film sur la mafia extrêmement tendu, multipliant les trahisons, les morts soudaines et racontant la quête du pouvoir et sa lutte pour le conserver. 

Mais au-delà, Le Parrain est surtout une grande fresque familiale d'une ampleur impressionnante. Une immense tragédie sur le destin immuable des membres de la famille Corleone, finalement obligés de subir le milieu dans lequel ils sont nés et dont ils ne peuvent échapper pour mieux se préserver. Et assurément, la ressortie du film au cinéma pour son 50e anniversaire est le meilleur moyen de (re)découvrir le film, le grand écran permettant de mieux se délecter de sa beauté formelle, du jeu mémorable de Marlon Brando, de la quasi-naissance d'Al Pacino au cinéma, des notes inoubliables de Nino Rota...

Toutefois, la fresque de Coppola, adaptée du roman éponyme de Mario Puzo, mérite surtout d'être vu dans son intégralitéLe Parrain 2e partie (sorti en 1974) venant compléter les éléments installés dans le premier film tout en enrichissant le passé du patriarche et Le Parrain 3e partie (sorti en 1990) formant la conclusion brillante de cette trilogie dense et épique. Bref, vous savez ce qu'il vous reste à faire ce week-end.

La note d'Écran Large : 5/5

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commentaires
Totof
23/02/2022 à 16:23

Bonjour !

Le Parrain : autant c'est formidable visuellement, autant c'est scandaleux sur le plan politique... Politiquement, c'est parfaitement réactionnaire (et à mon avis libertarien) : la vengeance dans un cadre moderne est justifiée et les Corleone rendent la justice à la place de l'Etat et des services aux membres de leur communauté. Quand on voit les films autrement plus explicites que le cinéma américain classique et le cinéma italien des années 60 et 70 auront produit sur le gangstérisme... j'adore la plupart des autres films de Coppola mais cette trilogie, je la méprise cordialement !
Je me permets de renvoyer à cette critique : https://www.senscritique.com/film/Le_Parrain/critique/21768387
Avec plaisir pour discuter !

Totof

Kyle Reese
23/02/2022 à 13:44

Zai zai zai a l’air assez drôle.
Curieux je suis.