Avant Mank sur Netflix, David Fincher critique Joker et l'orgueil d'Orson Welles

Gaël Delachapelle | 16 novembre 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Gaël Delachapelle | 16 novembre 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58

En pleine promo pour le très attendu Mank sur Netflix, David Fincher a critiqué le Joker de Todd Phillips et a nuancé le génie d'Orson Welles.

Alors que la sortie de Mank, le très attendu nouveau film de David Fincher, six ans après Gone Girl, approche à grands pas sur Netflix, le long-métrage continue de faire parler de lui sous toutes les formes possibles. Entre les éloges d'Aaron Sorkin, les propos sur les techniques utilisées pour faire de son long-métrage un authentique "film des années 1940", la bande-annonce hypnotique et les critiques dithyrambiques qui crient déjà à l'Oscar, le film est partout.

La promotion de Mank est une franche réussite, puisqu’elle donne vraiment très envie de découvrir ce qui s’annonce comme l’ultime leçon de cinéma sur le vieil Hollywood. Ajoutez à cela une petite anecdote des acteurs révélant que Fincher a failli faire péter les plombs à son acteur principal, Gary Oldman, avec son perfectionnisme légendaire, et tout le monde trépigne encore plus d’impatience avant la sortie du film.

 

Photo Gary OldmanQuand Gary Oldman prévient Fincher qu'il va péter un câble au bout de la 100e prise... 

 

Mais au-delà de sa maniaquerie légendaire, le cinéaste est aussi connu de tous pour son franc-parler, comme on a pu encore le constater récemment, avec sa vision sur l’industrie hollywoodienne actuelle et ses blockbusters « Happy Meal ». Et David Fincher a continué sa tirade sur la recette d’Hollywood au box-office, en s’attaquant cette fois-ci au Joker de Todd Phillips, succès aussi monumental qu’inattendu de l’année 2019.

En effet, dans une interview avec The Telegraph, pour la promo de Mank, David Fincher s’est exprimé sur la difficulté de produire son hommage à l’âge d’or d’Hollywood… à Hollywood. Selon lui, les studios ne veulent plus prendre le risque de faire quelque chose qui ne puisse pas rapporter le milliard de dollars au box-office. Le dernier risque en date pris par l’industrie serait le Joker avec Joaquin Phoenix, qui devrait beaucoup à The Dark Knight, selon lui :

« Personne n’aurait pensé avoir une chance d’avoir un succès aussi géant avec Joker, si The Dark Knight n’avait pas été aussi massif qu’il a été. Je ne pense pas que quiconque se serait dit, en voyant ce produit : "Ouais, prenons Travis Bickle [de Taxi Driver] et Rupert Pupkin [de La Valse des Pantins], mélangeons-les, et piégeons-les dans une trahison des maladies mentales, et troquons-les pour un milliard de dollars." »

 

photoQuand Joaquin Phoenix écoute les critiques David Fincher sur Joker... 

 

Une manière assez radicale, en effet, de voir le film de Todd Phillips, qui ne cache pas ses références aux deux films de Scorsese, avec Robert De Niro dans le rôle-titre pour chacun. Mais si David Fincher s’en prend à un film hollywoodien comme Joker, cela ne veut pas dire pour autant que le modèle de son film, Orson Welles en personne, est à l’abri de ses critiques, bien au contraire.

Lorsque le cinéaste a évoqué, dans une autre interview, cette fois chez nos confrères de Première, le réalisateur de Citizen Kane, dont l’ombre plane sur son long-métrage dédié à Herman J. Mankiewicz, il a décrit Orson Welles comme « un showman et un jongleur avec un immense talent » :

« Je pense que la tragédie d’Orson Welles réside dans le mélange entre un talent monumental et une immaturité crasse. Bien sûr, il y a du génie dans Citizen Kane, qui pourrait argumenter le contraire ? Mais quand Welles dit : "Il suffit d’un après-midi pour apprendre tout ce qu'il faut savoir sur la photographie’" pfff... On dira que c'est bien la remarque de quelqu’un qui a la chance d’avoir Gregg Toland [directeur de la photo sur Citizen Kane, ndlr] à un mètre de lui en train de préparer le prochain plan… Gregg Toland, bon sang, un génie insensé !

Je dis ça sans vouloir manquer de respect à Welles, je sais ce que je lui dois, comme je sais ce que je dois à Alfred Hitchcock, Ridley Scott, Steven Spielberg, George Lucas ou Hal Ashby. Mais à 25 ans, on ne sait pas ce qu'on ne sait pas. Point. Ni Welles, ni personne.

 

Photo Gary OldmanUne photographie qui s'annonce sublime... 

 

Ça ne lui retire rien, et surtout pas sa place au panthéon de ceux qui ont influencé des générations entières de cinéastes. Mais prétendre qu’Orson Welles est sorti tel quel de la cuisse de Jupiter pour faire Citizen Kane, et que le reste de sa filmo a été gâché par les interventions de gens mal intentionnés, ce n’est pas sérieux, et c'est sous-estimé l’impact désastreux de son propre accès d'hubris délirant. »

Comme quoi, pour Fincher, même ses maîtres les plus vénérés ne sont pas à l’abri de ses critiques. Ce qui annonce définitivement Mank comme une destruction du vieil Hollywood et de ses pères, notamment par la sublime photographie de son directeur photo, Erik Messerschmidt, qui semble clairement sous l’influence du génie de Gregg Toland, selon les mots du cinéaste. Mank s'annonce donc bel et bien comme un bel effet miroir au Citizen Kane d'Orson Welles.

Pour rappel, Mank de David Fincher, avec Gary Oldman, Amanda Seyfried, ou encore Charles Dance, est attendu pour une sortie le 4 décembre 2020 sur Netflix. Un nouveau jalon dans la collaboration entre la plateforme et le cinéaste qui ne semble pas près de s’arrêter.

Tout savoir sur Mank

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.
Vous aimerez aussi
commentaires
Matrix R
24/11/2020 à 21:45

Le mec n'a pas la langue dans sa poche

Gaël Delachapelle
17/11/2020 à 17:55

@Jim_hawkins

En effet, c'est une erreur de traduction de ma part, car oui, on s'emmêle très vite les pinceaux lorsqu'on traduit quelqu'un qui a un franc-parler comme Fincher.

Merci de votre vigilance, l'erreur est corrigée.

Jim_hawkins
17/11/2020 à 17:38

Et si on évitait google traduction vu les contresens ("maturité crasse" et "immaturité crasse" ne veulent pas dire la même chose). Article peu serieux comme d'habitude

Un vrai critique
17/11/2020 à 11:26

Qu'est qui faut pas entendre. Quand je lis certains commentaires je remarque que les gens regarde un film et se prennent pour des critiques sans même essayer de comprendre l'histoire ou le personnage en même si on est un temps soit peu intelligent on peux voir qu'ils n'ont aucune valeur surtout quand notre avatar et un personnage d'animation. XD et ça se permet de critiquer le joker, surtout quand on comprend pas le film, tt le film est une fiction qui se passe dans son imagination c'est là où on voit justement tte la folie du joker. Malheureusement peu de personnes l'on compris mais bon c'est pas donné a tt le monde de voir plus loin quand on regarde un film.

Michael Douglas the Real Joker
17/11/2020 à 07:46

ecoutez, dans le film "Chute libre" encore appelé "Falling Down" de Joel Schumacher ( qui a commis de tres mauvais film genre batman et son ami Robin avec mister Freeze lol);, donc le vrai type normal qui pete un câble, c'est Michael Douglas , un cadre qui se fait lourdé, et qui devient impolitiquement correct, moi je l'ai vu en video en 1994, excellentissime film, il avait fait du bruit à Cannes l'année precedente, Douglas était dans sa periode, film sexué, avec femme Harceleuse, qui culminait avec basic instinct quia vait chauffe Cannes en 92 lol
donc matez ou rematez Fallen Down et le Todd et son Johaquim peuvent aller se coucher

The Riddler
17/11/2020 à 04:23

Rayane... parle de ce que tu connais et apparement Le joker n'en fait pas parti... saloperie de fan made in 2008

Rayan Montreal
17/11/2020 à 01:35

Finalement plus le temps passe plus les gens remettent le Joker a sa place a savoir un film bidon maladroitement fait qui profite de la marque " Joker" pour vendre alors que le real joker n a rien a voir avec ce fragile qui va assassiner une personne en direct a la télé et a visage découvert, sans parler de sa fragilité mentale qui fait honte au VRAI joker

Le joker de dc mange le fake joker de Phillips à chaque petit dej

Rayan Montreal
17/11/2020 à 01:25

《 mélangeons-les, et piégeons-les dans une trahison des maladies mentales, et troquons-les pour un milliard de dollars.》

Hahaha j'adore ce mec, des pigeons voila ce qu ils sont

Sébastien
17/11/2020 à 01:07

Je rêve ou est-ce que Fincher se fout de notre gueule?
Le mec vient de faire un copier-coller des films des années 40 et il reproche à Joker de s'être inspiré de Taxi Driver?
C'est bon Fincher, dessoule et ferme ta gueule.

PercevalDu13
16/11/2020 à 20:33

Tremblez chers amis car la blague est loin d'être terminée, apparemment Joaquin Phoenix serait en négociation pour Joker 2,3,4. Imaginez un peu l'ampleur du désastre à venir...

Plus