Once Upon a Time... in Hollywood : Tarantino revient sur le rôle polémique de Sharon Tate

La Rédaction | 27 août 2019 - MAJ : 27/08/2019 10:53
La Rédaction | 27 août 2019 - MAJ : 27/08/2019 10:53

Once Upon a Time... in Hollywood de Quentin Tarantino s’est imposé comme un évènement cinématographique parmi les plus importants de sa carrière, que le cinéaste commence à analyser.

Œuvre-fleuve où il ressuscite le Hollywood de son enfance, le 9e film de Quentin Tarantino oscille entre le rêve, l’hallucination, l’élégie, et la vengeance d’un cinéma sacrifié par un fait-divers devenu un trauma national. Parmi ses créations les plus abouties, il est logiquement devenu un des métrages les plus discutés de l’été.

Le podcast de Director’s Guid of America (la DGA, le syndicat des réalisateurs américains) a donc organisé une longue interview du metteur en scène, menée par Paul Thomas Anderson, autre cinéaste américain connu pour ses films créatifs et exigeants (Punch-Drunk Love, Magnolia, Phantom Thread). Les deux artistes ont notamment abordé un des sujets qui a généré le plus de polémiques depuis que le film a été montré à Cannes : le rôle de Sharon Tate et son interprète Margot Robbie.

 

photo, Margot RobbieMargot Robbie

 

« Je ne pense pas que Margot eût été disponible à un autre moment. C’était tellement facile de travailler avec elle et c’est quelqu’un de génial. Je ne peux pas imaginer le film sans elle. C’est une telle force de la nature, et une telle source de lumière, de bonne volonté, le simple fait de tourner avec elle est un régal. »

Bien des commentateurs ont relevé que le personnage de Sharon Tate détonnait au sein des précédentes créations de Quentin Tarantino. Un fait dont il est bien conscient. Il ne s’en était pas expliqué sur la Croisette, se contentant, lors de la conférence de presse de Once Upon a Time... in Hollywood, de battre en brèche un journaliste lui faisant remarquer que Tate bénéficiait de fort peu de répliques.

« Une des choses les plus gratifiantes, depuis que le film est sorti il y a quatre semaines… C’est intéressant, parce que j’ai essayé de ne pas transformer Sharon en personnage Tarantinien. Rick est un personnage Tarantinien, Cliff est un personnage Tarantinien, même McQueen est un peu Tarantinien.

 

Photo Margot Robbie, Robert RichardsonMargot Robbie en plein tournage

 

Mais en quelque sorte, je ne voulais pas transformer Sharon en personnage, simplement retranscrire quelque chose de sa véritable personnalité. Bien sûr c’est une interprétation de cette personne, basée sur ce que j’ai pu en apprendre, et je fais le choix de me focaliser sur sa dimension lumineuse, mais vraiment, je crois qu’il y a de la vérité là-dedans. »

On le sait depuis Inglourious Basterds, le cinéma de Tarantino se plaît à faire dialoguer histoire et fiction. C’est bien sûr le cas dans Once Upon a Time... in Hollywood, où le réalisateur explique avoir entrepris le film comme un affrontement direct avec l’héritage historique des meurtres.

« Elle représente presque la normalité dans le film. Elle n’a pas d’arc à proprement parler, nous l’observons juste vivant sa vie, parce que c’est précisément ça qui lui a été dérobée, cette vie. Le fait est que l’histoire l’a consacrée presque exclusivement via sa mort tragique, or depuis quatre semaines, des gens observent Margot interprétant cette personne, et voient autre chose que ce fait-divers. »

Autant de raisons de se replonger dans le film, dont vous trouverez notre critique par ici.

 

Affiche

Tout savoir sur Once Upon a Time... in Hollywood

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commentaires
Birdy
30/08/2019 à 09:43

Film magnifique qui offre à la fiction d'une période assassinée le pouvoir de réparer le temps d'une scène, par deux magnifiques losers, une plaie nostalgique jamais refermée chez Tarantino. Sharon Tate est un Titanic qui ne se fracasse miraculeusement pas sur un iceberg.
La structure aurait pu être plus resserrée, mais la menace qui plane aurait elle laissé ce parfum si particulier que je n'avais quasi jamais ressenti ailleurs ?
Tarantino nous donne aussi à voir avec le personnage de Brad Pitt ce qu'est un vrai cow boy au milieu de ce magnifique fake et c'est assez jubilatoire. Quel écrin pour ces acteurs. DiCaprio inoubliable.

nicos31
28/08/2019 à 14:02

Je rêve d'un film retraçant la vie, le parcours de Sharon Tate! Un vrai biopic qui la ferait connaître elle et son histoire, pas simplement le portrait facile et simpliste de Tarantino. Un film qui rétablirait des vérités et qui parlerait de la comédienne, pas uniquement de sa fin tragique. Un biopic sur elle serait passionnant. On la connais peut et c'est pas à travers le film de Tarantino que l'on peut la connaître. Heureusement il y a des biographie qui lui son consacré mais sa vie sur un écran serait un film qui si il est bien ferait pourrait être un chef d'oeuvre!

Zapan
28/08/2019 à 07:57

Mes chers amis, si vous n'avez pas compris qu'il s'agit tout simplement de son fantasme d'avoir les hėros de son enfance (Tarantino, sa 1er culture vient de la tv et des series western et autres comme il vient de nous le montrer) venant sauver le symbole de la perte d'innocence d'une ėpoque et le basculement d'hollywood qui va être marqué jusque dans son illustration de la violence encore jamais vu auparavant (70's - 80's période qu'il desteste. Kikou les dirty harry, justicier ds la ville et autres shaft. Bref l'époque que des vigilantes faisant la loi par eux-mêmes.)

C'est un rêve de gosse dont le meurtre de cette actrice a laisse un trauma depuis son enfance. Le fait qu'il l'a montre ainsi montre bien son désir de ne pas jouer/trahir son image. La scène du cinema est juste incroyable.

Et oui pour moi, ce film m'a plus surpris et ravi que ces 3 derniers car cela ne ressemble a rien de ce qu'il a fait jusque là tout en rassemblant tout son cinéma.

captp
27/08/2019 à 13:55

Je suis en totale accord avec Tarantino même si je ne savais pas trop pourquoi avant de lire ça :<<Le fait est que l’histoire l’a consacrée presque exclusivement via sa mort tragique, or depuis quatre semaines, des gens observent Margot interprétant cette personne, et voient autre chose que ce fait-divers. »
c'est exactement ça , et cela répond a ceux qui trouvent qu'elle ne sert a rien selon moi.
Elle vie sa vie en parallèle du film sans jamais être relié a l'intrigue.chose qui aurait ,je pense, desservi le final.
spoil: Elle (et toute les victimes) n'ont aucune interaction avec les personnages ,sauf a la toute fin ou passé le fait divers sordide elle prend Rick dans ses bras, étrangère au reste .
cette scène n'a pas été loin de me faire chialer justement car elle nous renvoie à la vraie sharon Tate que nous connaissons ,sauvagement assassinée, en opposition avec la Sharon Tate que nous avons découvert et qu'elle était surement( joyeuse,lumineuse, bienveillante et pleine de vie).
Personnellement ça m'a pas mal remué et donné envie de connaitre la sharon tate vivante et actrice via sa filmographie plutôt que de la laisser bloquée dans la case fait divers de mon cerveau.
Pour ce qui est de l'arc de Rick et cliff je comprend qu'on puisse le trouver ennuyeux mais vide aucunement.j'y ai retrouvé le même ton mélancolique que j'avais tant aimé dans jacky Brown avec la relation pam grier/Robert Foster.

Arnaud
27/08/2019 à 13:20

Je sais pas si c'est le ton du film qui fait que, ou sa mise en scene tres lente sans enormement de dialogue (rare pour un Tarantino), ou juste des scenettes qui se place les unes derriere les autres mais tres courtes a chaque fois ... Dans tous les cas, je n'ai pas trouvé l'interet du film dans ce qu'il avait a dire. A montrer oui, a dire non
Certes il y a une quantité de petites scenes dans ce film, mais je trouve qu'elles ne s'emboitent pas vraiment et au final ne racontent pas une histoire de fond

Je reviens sur une phrase "Kill Bill raconte bien sûr quelque chose, mais dilué, étendu, sur plus 4h. Et quelque chose de très simple."
Ben Kill Bill raconte une histoire simple qui necessite plusieurs etapes d'ou les 4h
Apres personnellement je n'ai jamais considéré qu'un bon film doit forcement avoir un scenar compliqué, et j'ai meme souvent remarqué a titre personnel que ce sont les histoires les plus simples qui font a mes yeux les meilleurs films
Kill Bill, y a rien de plus simple au monde: elle veut se venger de tout le monde. Fin. C'est efficace, c'est simple, c'est clair, c'est annoncé des le debut, et on y va.
C'est pour ca que j'ai adoré Kill Bill 1 et beaucoup moins le 2 qui se perd dans des sous-intrigues relous et des passages betes (sa fille par exemple)

Simon Riaux
27/08/2019 à 13:09

@Arnaud

Mais pour le coup, j'ai le sentiment que c'est le ton, très mélancolique, voire désespéré, du film, qui donne le sentiment de son vide, plutôt que des données objectives.

Kill Bill raconte bien sûr quelque chose, mais dilué, étendu, sur plus 4h. Et quelque chose de très simple.
Pulp Fiction est en effet un assemblage de vignettes.

Comme Once Upon. On y trouve quantités d'arcs et sous-arcs. La vie de Booth, la chute de Rick, sa possible résurrection, les enjeux d'un tournage de série et ses enjeux de pouvoir, la mue du cinéma populaire... etc etc.
C'est pour ça que je m'étonne de ce reproche. Je trouve le film beaucoup, beaucoup plus riche que ses 3 précédents.

Arnaud
27/08/2019 à 12:56

@Simon

Sauf que Kill Bill et Pulp Fiction (qui est aussi dans le desordre d'ailleurs) racontent une histoire, ou tout du moins pour Pulp Fiction raconte plusieurs petites histoires (3) qui s'imbriquent.

J'ai parfaitement compris la note d'intention de Tarantino, de ressuciter un univers perdu, une ambiance particuliere a l'aube du nouvel Hollywood. Mais au final a la moitié du film je me disais "ce film montre oui, mais il ne raconte rien"

Alors si vous voulez je peux etre plus mesuré et dire qu'il ne raconte pas grand chose, mais dans tous les cas au final, pour moi l'histoire n'est pas la ... et le film est ennuyeux a mourir

J'adore Tarantino, mais sur ce coup la il ne m'a pas emmené avec lui, vraiment pas

Hank Hulé
27/08/2019 à 12:25

Effectivement le film raconte pas grand chose. Pourtant, j'ai bien aimé.. sauf les scènes de la Tate à claques.

Simon Riaux
27/08/2019 à 12:25

@Arnaud

Bah la scène dans le cinéma, outre le fait qu'elle soit splendide, c'est la note d'intention du film, la séquence qui explicite et établit sa proposition.
A savoir, confronter la fiction et le réel (la fausse Sharon regardant la vraie Sharon), et s'intéresser à comment ces deux notions se soutiennent et éventuellement se sauvent l'une l'autre.

Et pour le coup, ne rien raconter, je comprends mal ce reproche. Le cinéma de Tarantino s'est souvent éloigné des schémas narratifs classiques. On ne reproche pas à Pulp Fiction de ne rien raconter, ou à Kill Bill d'être dans le désordre.

Le premier degré de l'histoire ne l'intéresse pas, c'est toujours une excuse pour creuser une idée, ressusciter un univers. Ici, comment cet instant charnière de 1969, qui cristallise et symbolise la mort du Hollywood de l'âge d'or, est définitivement mort, et ne peut plus être sauvé que via la fiction.

On peut trouver ça inintéressant, débile ou plein d'autres trucs, mais c'est très loin de n'être rien.

Arnaud
27/08/2019 à 12:18

"Sans ces scènes, le film ne raconte plus rien."

C'est pas du troll mais deja pour moi le film a la base ne raconte finalement rien ...
Et comme Hank Hulé, les scenes de Sharon Tate (surtout dans le cinema) sont franchement faibles et sans interet

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