Venise accueille Orson Welles, Audiard, Cuarón et tous les grands auteurs absents de Cannes, pour une édition hallucinante

La Rédaction | 25 juillet 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58
La Rédaction | 25 juillet 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Il y a quelques mois, la rumeur enflait et excitait le landernau du cinéma : The Other side of the wind, le film perdu d’Orson Welles sauvé par Netflix, serait projeté à Cannes. C’est finalement Venise qui en hérite.

La nouvelle a une force symbolique, mais pas que, tant elle témoigne de l’évolution des forces en présence. On soulignait à raison que juste après le Festival de Cannes, Netflix était loin d’être sorti unilatéralement vainqueur de son bras de fer avec la Croisette. Cette dernière avait dû se passer des films distribués par le géant de la SVOD, pour cause de refus de les présenter en compétition officielle, suite aux pressions exercées par une partie de la profession en France (les exploitants, notamment).

Pour autant, Netflix, qui avait bandé ses muscles quelques heures avant le début de la manifestation, annonçant que l’entreprise allait se faire une joie de faire son marché à Cannes et d’acquérir les droits de nombreux métrages présentés ou primés, était reparti quasi-bredouille. Pour la première fois, divers producteurs, distributeurs et metteurs en scènes avaient fait part de leurs doutes quant à la pertinence du modèle vendu par le studio.

 

Photo Ryan GoslingFirst man, une des grosses prises du Festival

 

Pour autant, il ne faut pas sous-estimer la capacité de Netflix à faire monter la température, ses ressources l’autorisant à investir massivement, et donc à faire entrer dans son catalogue des auteurs prestigieux. Martin Scorsese travaille encore sur son Irishman, qui risque d’exciter la planète cinéphile, mais le film qui nous intéresse ici est The Other side of the wind d’Orson Welles.

Jamais monté par son réalisateur, il fut retravaillé une première fois par Peter Bogdanovich, avant d’échouer finalement sur le catalogue Netflix. On l’attendait presque officiellement à Cannes en 2018, mais les négociations ayant tourné à l’eau de boudin, c’est finalement la Mostra de Venise qui l’accueillera.

Mis bout à bout avec le First Man de Damien ChazelleDoubles vies d'Olivier Assayas et les nouvelles œuvres d’Alfonso Cuarón (Roma), des frères Coen (The Ballad of Buster Scruggs), de Paul Greengrass (22 july), de Jennifer Kent (The Nightingale, réalisatrice de Mister Babadook), de Mike Leigh (Peterloo), de Yorgos Lanthimos (The Favourite), de Luca Guadagnino (Suspiria), de Bradley Cooper (A Star is Born), de Pierre Schoeller (Un Peuple et son roi), Zhang Yimou (Shadow), ou encore la version longue de The Tree of Life de Terrence Malick, on se dit que le pouvoir est peut-être en train de changer de main.

 

Photo Riz Ahmed, Jake GyllenhaalAprès sa Palme d'or, Jacques Audiard migre donc à Venise

 

En effet, on ne peut s'empêcher de noter que figurent dans cette liste, au-delà des grands noms et autres promesses en devenir, plusieurs poids lourds du cinéma hexagonal, ainsi que des habitués de la manifestation Cannoise. Mais il est encore trop tôt pour dire s'il s'agit là essentiellement d'un embouteillage d'agenda à la faveur de la Mostra, ou du déclin (maintes fois annoncé) de la Croisette. Une chose est sûre, le choix de Venise de sélectionner trois oeuvres estampillées Netflix aura fait souffler sur l'évènement un vent de modernité sans doute favorable à la mise en place d'une mécanique positive.

A ce titre, la prise de Lazlo Nemes (Le Fils de Saul) jeune cinéaste littéralement élevé au grain par la Croisette, puisqu'il aura développé son premier long grâce à La Résidence, structure dépendant de la Croisette, ressemble à une véritable gifle.

 

photo"Et là Netflix leur a dit : Nan mais c'est pas grave, on a un plan B !"

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commentaires
Guncrazy
27/07/2018 à 08:32

Marrant cette volonté chez certains de voir Cannes mourir... On peut remarquer en effet que Venise récupère tout les auteurs Cannois, anciens (Audiard) comme nouveaux (Chazelle). Tout comme Netflix d'ailleurs (Saulnier par exemple). Une fois Cannes mort, comment vont faire les suiveurs pour dénicher leurs poulains? A coup d'algorithme. Et puis chaque année, c'est la même litanie "C'est toujours les même à Cannes, nianiania..." et là maintenant c'est "Ah, ah, ils se sont fait piquer leurs auteurs phares, whoua trop bien, ils vont crever...".

Greg
25/07/2018 à 22:32

"La Palme d'or 2011 présentée à Venise dans sa version extended. Cannes is dead"

Vision un petit peu orientée de la situation. Certains y verraient la reconnaissance de la qualité du palmarés Cannois au point qu'un Festival concurrent veuille en récupérer le prestige a posteriori.

Sharko
25/07/2018 à 19:03

Encore une belle réussite de Thierry Frémaux et à la maf...famille du cinéma français.
"La télé cé po biennn!!!"Sauf pour financer notre bon vieux cinéma franchouillard qu’apparemment tout le monde nous envies.
Heureusement qu'il leur reste le MIF, Canal plus et les starlettes.

phil
25/07/2018 à 15:58

et P A F
comme on dit il y a le match aller et le match retour

voila c est fait

ps trop fort

maxleresistant
25/07/2018 à 15:40

wow

Fa'
25/07/2018 à 15:39

La Palme d'or 2011 présentée à Venise dans sa version extended. Cannes is dead