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Cannes 2025 : on a vu The History of Sound, le Brokeback Mountain raté avec Paul Mescal

Par Alexandre Janowiak
22 mai 2025
Cannes 2025 : on a vu The History of Sound, le Brockeback Moutnain raté avec Paul Mescal © Universal Pictures

Ecran Large est de retour sur la Croisette pour le Festival de Cannes 2025. Et c’est l’heure de parler de The History of Sound, romance gay avec Paul Mescal et Josh O’Connor.

En 2011, Oliver Hermanus dévoilait son film Beauty dans la section Un Certain Regard du Festival de Cannes, devenant le premier cinéaste sud-africain à présenter son film sur la Croisette. Et il n’était pas reparti les mains vides en remportant la Queer Palm pour son récit suivant un père luttant avec son identité sexuelle. Depuis, le cinéaste a souvent trusté les plates-bandes de Venise et on pensait qu’il en serait de même pour son nouveau The History of Sound, adaptation de la nouvelle éponyme de Ben Shattuck.

Quelle ne fut pas notre surprise lors de l’annonce de sa sélection au Festival de Cannes 2025, en compétition pour la Palme d’or, avec son duo d’acteurs en pleine ascension : Paul Mescal (Sans jamais nous connaître, Gladiator 2) et Josh O’Connor (Challengers, Seule la terre).

Paul Mescal dans The History of Sound
Peut-être le meilleur rôle de Paul Mescal

sons retenus

De quoi ça parle ? En 1917, Lionel, jeune chanteur talentueux originaire du Kentucky, quitte la ferme familiale pour intégrer le Conservatoire de Boston. Il y fait la rencontre de David, un étudiant en composition aussi brillant que séduisant. Leur relation naissante est brutalement interrompue lorsque David est mobilisé à la fin de la guerre.

Et c’est comment ? Dans ses premières secondes, The History of Sound suit le jeune Lionel, dans le Kentucky de 1910. En voix-off, le garçon se confie et révèle avoir un lien unique avec la musique (le son en général) : il l’entend, mais la goûte aussi, la voit, assimilant chaque note par une couleur, peut-être même une odeur, une saveur. En quelques lignes, Oliver Hermanus promettait une grande aventure sensorielle, où chansons et mélodies pourraient renverser le film, son allure, son esthétique… et devenir le lien entre les âmes.

Évidemment, la musique joue donc un rôle central dans The History of Sound. Lors de la rencontre entre les personnages de Paul Mescal et Josh O’Connor au début du film, Oliver Hermanus en fait l’inévitable déclencheur de leur futur romance, le chant les connectant par une sorte de fil imperceptible, fait de simples vibrations, respirations et modulations. Une connexion par l’invisible qui reflète l’obligation du secret de leur relation à une époque où l’homosexualité est encore réprimée (on pense beaucoup à Brokeback Mountain évidemment).

Josh O'Connor et Paul Mescal dans The History of Sound
Une relation qui était prometteuse

C’est ici que la mise en scène d’Oliver Hermanus aurait pu jouer plus frontalement sur les couleurs et les sens, afin de révéler avec poésie l’amour naissant de son duo principal (et surtout Lionel), dont l’admiration et la liaison restent volontairement retenues. Malheureusement, le cinéaste sud-africain fait tout le contraire puisqu’après un début enivrant, la romance ne s’envole jamais, laissant l’ardeur de leurs sentiments dissimulés s’éteindre à petit feu.

Débute alors une longue errance avec le personnage de Lionel, à travers l’Europe. Entre échanges de lettre sans réponse et nouvelles rencontres faussement libératrices, les années passent et au film de s’enfoncer dans un classicisme ennuyeux et tristement atone. Devant le chagrin de Lionel, on devrait pourtant ressentir des émotions, se sentir concerné par sa tragédie amoureuse ou au moins s’en émouvoir. Il n’en est tristement rien tant le film bifurque, délaissant à la fois son idylle gay et son amour de la musique.

Josh O'Connor dans The History of Sound
Josh O’Connor encore incroyable

Le temps se fait donc long devant les 2h13 de The History of Sound, faisant du quasi-surplace à la fois narrativement et émotionnellement. Ce n’est que dans ses vingt dernières minutes qu’Oliver Hermanus semble enfin décidé à raconter ce qu’il avait promis. Après une révélation bouleversante pour Lionel, la musique, le chant et le son reprennent enfin leur droit, explorant l’importance de cette relation éphémère, mais puissante, ayant guidé la vie respective de ses deux hommes, au milieu des passions et des regrets.

Un réveil qui touche vraiment en plein cœur mais qui arrive beaucoup trop tardivement pour résonner durablement. Reste les performances sublimes (et la sublime alchimie) de Paul Mescal et Josh O’Connor, décidément deux grands talents de leur génération.

Et ça sort quand ? Le 16 janvier 2026 en France au cinéma, via Universal.

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