Kate Walsh (Grey's anatomy)
Le coup de théâtre final de la première saison de Grey's anatomy, c'était elle, Addison Shepherd, l'épouse de Derek (Patrick Dempsey), qui balançait en guise de conclusion à l'épisode en question un cinglant : « Et vous devez être la femme qui baise avec mon mari » à une Meredith (Ellen Pompeo) médusée. Mais il ne faudrait pas croire pour autant que Kate Walsh, l'interprète d'Addison, soit aussi sarcastique que son personnage dans la série. Cette magnifique rousse qui traîne sa silhouette élancée dans bon nombre de fictions aussi bien sur petit que sur grand écran depuis plus de dix ans serait plutôt tout le contraire d'Addison. Pour preuve la bonne humeur dont elle fit preuve au cours de notre rencontre lors du festival TV de Monte-Carlo en juillet dernier.
Comment avez-vous décroché ce rôle dans Grey's anatomy ?
La directrice du casting de la série, Linda Lowy, m'avait déjà casté pour interpréter la petite amie de Sandra Ho dans Sous le soleil de Toscane. Elle m'a donc contacté pour jouer dans Grey's anatomy, je suis venue, j'ai passé l'audition et puis voilà. Rien de bien original en somme (rires).
Avant d'être actrice, vous avez fait du mannequinât au Japon ?
Oh mon Dieu, ça remonte à une éternité. C'était dans les années 80
lorsque les japonais transformaient n'importe quelle américaine en top
model.
Il paraît que vous êtes souvent comparée à Catherine Deneuve, physiquement, et il y a d'ailleurs un épisode de Grey's anatomy qui y fait référence.
C'est un énorme compliment mais c'est aussi très embarrassant pour moi.
D'où vient cette comparaison ?
Sans doute de l'époque où j'étais blonde (rires).
Est-il vrai que votre tout premier rôle à l'écran était dans le pilote d'Urgences ?
J'ignore totalement d'où ça sort mais c'est une erreur. Il faudrait
vraiment qu'ils pensent à corriger ça dans ma filmo car je n'ai jamais
mis les pieds dans Urgences.
Avant Grey's anatomy, vous étiez également apparue dans différents drama policiers : Homicide, New York district
?
J'ai toujours eu la chance de parvenir à alterner les drames et les
comédies. L'été dernier j'étais à l'affiche de cette énorme comédie un
peu bête, Kicking & Screaming, aux côtés de Will Ferrell (inédite en France à l'heure actuelle, NDR). J'ai toujours adoré jouer dans les deux registres. Et l'avantage avec Grey's anatomy, c'est qu'on y trouve les deux : une scène, vous êtes en train de pleurer et la scène suivante, vous riez aux éclats.
Y a-t-il une sensibilité différente dans Grey's anatomy liée au fait que la série ait été imaginée par une femme, ce qui est extrêmement rare ?
Sans vouloir faire dans le simplisme, je crois effectivement que la
présence d'une femme à la tête d'une série apporte bien plus
d'épaisseur, notamment aux personnages féminins, là où d'ordinaire vous
avez droit, au mieux, à quelques belles répliques de temps en temps.
D'habitude dans le monde de la télévision, vous avez une femme pour dix
hommes tandis que sur Grey's anatomy,
ce n'est pas le cas et j'en suis très fière. Non pas que j'y suis pour
grand chose. Plus de la moitié du staff de scénaristes est ainsi
constitué de femmes. Pour autant, Shonda (Rhimes, la créatrice de la série, NDR)
ne cherche nullement à faire dans le militantisme. De même lorsqu'elle
a casté sa série en choisissant un acteur afro-américain, une actrice
d'origine asiatique, etc. Dans un cas comme dans l'autre, elle s'est
simplement contentée de choisir les meilleures personnes à ses yeux.
Votre personnage n'intervient qu'à mi-parcours. Comment avez-vous été accueillie par les autres membres de la série ?
(En pleurnichant) Certains ont vraiment été très cruels avec moi (rires).
Non sérieusement, ils ont tous été très sympas et accueillants. Lorsque
je suis arrivée pour tourner mes premières scènes, la diffusion n'avait
pas encore commencé, le titre et la case horaire n'arrêtaient pas de
changer en permanence et nous étions tous dans le flou le plus total,
nous demandant même si la série serait jamais diffusée. Alors moi et
mes cinq petits épisodes dans lesquels je devais jouer, j'étais un peu
comme la femme de ménage : je viens, je fais mon boulot et je repars (rires).
Pourtant vous faites désormais partie du casting régulier.
Pensez-vous que ce changement soit dû à la réaction positive des fans
vis-à-vis de votre personnage ?
Soit ça, soit ma mère a téléphoné à la production en pleurnichant : « Donnez un boulot à ma fille » (rires). Je n'en ai pas la moindre idée.
Quels retours avez-vous eu de la part du public vis-à-vis de votre personnage ?
Dans l'ensemble, je n'ai pas à me plaindre. Les gens se montrent très
enthousiastes. Il m'est arrivée à de très rares occasions d'avoir droit
à : « J'adore votre série. Je n'aime pas votre personnage, je préfère
celui de Meredith mais j'adore la série » (rires).
Justement, à son arrivée, Addison apparaît un peu comme la garce
de service, mais au fil des épisodes, on découvre une toute autre
facette du personnage.
L'évolution est très intéressante en effet. Elle est à mettre aux
crédits des scénaristes qui ne se contentent pas uniquement de brosser
des personnages unilatéraux que l'on va soit détester, soit adorer. Au
début peut-être mais par la suite, il y aura une scène où vous
découvrirez un autre aspect de leur personnalité. Ces revirements sont
particulièrement flagrants au cours de la deuxième saison où l'on
découvre peu à peu la sensibilité d'Addison, qu'elle est mariée avec
Derek depuis 10 ans, etc.
Est-elle vraiment sincère lorsqu'elle essaye en quelque sorte d'enterrer la hache de guerre avec Meredith ?
Elle essaye aussi fort qu'elle le peut. Addison cherche à sauver son
mariage coûte que coûte et je crois sincèrement que les gens sont prêts
à faire des efforts incommensurables par amour, voire à faire des
choses complètement folles.
Et est-elle vraiment amoureuse de Derek ou bien cherche-t-elle juste à sauver son mariage ?
Il y a un peu des deux je crois. Tenter de sauver un mariage sans
amour, combien de temps la situation pourrait-elle durer : une semaine,
un mois
? Sauf circonstances exceptionnelles comme par exemple ils ont
des enfants ou bien l'un des deux est atteint d'une grave maladie, l'un
ne va pas sans l'autre pour qu'un couple qui rencontre des difficultés
puisse aller de l'avant.
Doit-on alors s'attendre à davantage de problèmes dans votre couple la saison prochaine compte tenu du final de la saison 2 ?
(Grand sourire)
Je sais, ça risque effectivement d'être très intéressant. Mais très
honnêtement, je n'ai pas la moindre idée de ce qui m'attend car le
tournage ne reprend que dans deux semaines (cet entretien a eu lieu le samedi 1er juillet 2006, NDR).
Derek Shepperd est le genre d'homme qui vous attire ?
Bien entendu ! Et je comprends parfaitement le pouvoir d'attraction qui
émane de son personnage. Il est beau gosse, à une belle coiffure, des
yeux d'un bleu perçant et en plus il est neurochirurgien, donc il gagne
bien sa vie. Il représente une certaine image du fantasme féminin en
matière d'homme, le genre qui vous fait tout de suite penser : « Oh
celui-là, il peut me guérir » (rires).
Avez-vous suivi une formation médicale particulière avant de commencer à tourner dans la série ?
Au départ, je ne devais apparaître que dans cinq épisodes donc je
n'avais pas vraiment besoin de préparation en la matière. Qui plus est,
Linda Klein, notre conseillère technique médicale sur la série, est
présente en permanence sur le plateau pour s'assurer que nous ne
passions pas trop pour des idiots (rires). Puis, lorsque j'ai dû jouer ma première scène d'opération, mes mains n'arrêtaient pas de trembler comme des feuilles (rires).
Car non seulement vous devez paraître le plus crédible possible aux
yeux du public mais de surcroît j'interprète l'une des meilleures
chirurgiennes en réa néonat qui soit. La pression s'en trouve donc
décuplée. Je suis donc allée voir à quoi ressemblait une véritable
césarienne.
Ça n'était pas un peu effrayant d'assister à ce genre d'opération en vrai ?
Pas tant que ça, hormis lorsqu'il utilise l'ustensile servant à
cautériser et qui brûle littéralement la peau en dégageant un petit
nuage de fumée. Ah ce moment-là, j'ai commencé à faire (elle grimace) : « Ouh ! Ouh ! Ouh ! ».
Avez-vous une scène ou bien un épisode favori ?
Laissez-moi réfléchir
Ça va peut-être vous paraître étrange car il ne
s'agit que d'une très courte scène et je n'en suis pas vraiment la
vedette. Le Dr Bailey (Chandra Wilson) et moi sommes en salle
d'opération pour tenter de sauver cet enfant atteint d'une maladie
congénitale dans l'épisode où je remets les papiers de divorce à Derek.
C'est une scène de groupe très forte sur le plan émotionnel qui reflète
parfaitement la qualité globale du casting de la série.
Donc votre épisode favori n'est pas celui avec le sumac vénéneux ?
(Elle éclate de rires)
Ah, j'étais certaine d'y avoir droit. Non et pas pour les raisons que
vous pourriez imaginer mais tout simplement parce que je n'aime pas mon
travail dans cet épisode.
L'épisode est pourtant très drôle.
Il vous a plu ?
Oui, énormément.
C'était un épisode assez « critique » pour moi mais c'était également
très fun à jouer. Dès que j'ai lu le scénario, je me suis dit : «
Génial, à présent je serais connue comme "la fille au sumac vénéneux" »
(rires).
L'ambiance sur le plateau est-elle aussi amusante qu'elle peut l'être à l'écran ?
Lorsque vous êtes amenés à passer 15 à 16 heures par jour avec les
mêmes personnes, il faut bien trouver un moyen de détendre
l'atmosphère, donc nous avons effectivement tendance à nous taquiner
les uns les autres.
Quelles sont vos occupations en dehors du tournage ?
Avec tout le battage médiatique, les tournées promos, les séances
photos que nous enchaînons depuis que la série a débuté, dès que j'en
ai l'occasion, je m'éloigne le plus loin possible de cet univers.
J'aime bien cuisiner et recevoir du monde pour pouvoir parler d'autres
choses que de la série justement. En ce moment, je suis en pleine déco
dans la nouvelle maison où je viens d'emménager. La précédente était
vraiment toute rikiki tandis que dans celle-ci j'ai désormais beaucoup
plus de place. D'ailleurs, je suis persuadée que si mon chien pouvait
parler, il me dirait : « Enfin, c'est pas trop tôt ! » (rires).
Propos recueillis au cours du 46ème festival de télévision de Monte-Carlo en juillet 2006.
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