Andrew Adamson (Le monde de Narnia)

Isabelle Banos | 19 décembre 2005
Isabelle Banos | 19 décembre 2005

Le Monde de Narnia - Chapitre 1 : Le lion, la sorcière blanche et l'armoire magique est un des événements de cette fin d'année 2005. Son réalisateur, Andrew Adamson (Shrek 1 & 2) était à Paris pour présenter son adaptation du roman de C.S. Lewis. Compte-rendu de sa conférence de presse.

Le Monde de Narnia est votre premier « vrai » film !
Il n'existe pas finalement de très grandes différences entre le film d'animation et Narnia. Ce sont les outils qui sont différents. En animation, il faut vraiment penser à tout : au moindre battement de cils… On est beaucoup plus libre en fait, on laisse agir les comédiens et la magie opère. Par contre, il existe une pression liée au temps qui n'existe pas dans l'animation. Ce fut un réel plaisir de diriger Tilda Swinton dont je suis un grand fan. Et le personnage qu'elle incarne est central dans ce premier volet du Monde de Narnia. Je voulais que la sorcière blanche soit sophistiquée. Alors, on a travaillé ensemble pour déterminer les caractéristiques de Jadis. On a trouvé deux choses terribles pour les enfants : la froideur et l'inconstance.

 


Qu'est-ce qui vous a marqué dans l'œuvre de C.S. Lewis ?
Lors de ma première lecture, quand j'avais huit ans, ce qui m'a intéressé, c'était la possibilité qu'il existe une réalité parallèle. Et puis devenu adulte, je me suis dit que cette réalité parallèle donne aux enfants une certaine puissance.

 

Avez-vous des difficultés à grandir ?
Je crois que tout le monde a du mal à grandir. Bizarrement, j'avais beaucoup de réticence à diriger des enfants. Mais je me suis rendu compte qu'ils avaient une très grande énergie et beaucoup de choses à donner. En voyant ça, j'ai réalisé qu'effectivement, j'aurais aimé rester un enfant (rires).

 


Concernant les images religieuses contenues dans le livre, vous les avez retranscrit à l'écran de façon volontaire ?
J'ai essayé de faire un film sur mon souvenir du livre lorsque je l'ai lu la première fois. D'ailleurs, à cet âge, je ne savais rien des croyances de C.S. Lewis. Je n'ai pas voulu faire une allégorie chrétienne, d'ailleurs C.S. Lewis non plus. Il a écrit ce livre pour sa filleule. On trouve dans ce film ce que l'on y cherche. Tout simplement !

 

Pourquoi avoir commencé par ce livre alors que ce n'est que le deuxième de la saga [ndlr : le premier livre du Monde de Narnia est Le neveu du magicien ?
Le lion, la sorcière blanche et l'armoire magique est en fait le premier livre que C.S. Lewis a écrit. Le neveu du magicien a été écrit à la fin. Il y explique la création du Monde de Narnia pour répondre aux nombreuses questions que se posaient les enfants. Le lion, la sorcière blanche et l'armoire magique est donc le premier livre que j'ai lu, c'est pourquoi j'ai voulu commencer par celui-là. D'ailleurs, il est beaucoup plus intéressant de lire Le neveu du magicien après avoir lu toute la série.

Qu'est-ce que le cinéma a apporté de plus au livre ?
La chose la plus importante qu'apporte le cinéma, c'est l'aspect tridimensionnel. C.S. Lewis a écrit pour un public d'enfants. Il n'est pas entré trop dans les détails pour ne pas les effrayer, notamment lors du regroupement des monstres. Du coup, ça laissait de la place à la création d'un univers plus complexe. J'ai d'ailleurs été assez libre, le livre laissant un champ de création formidable. Le défi que j'ai eu à relever a été de rester fidèle à la vision que s'en était faite des millions de lecteurs. On se demande souvent si c'est bien d'adapter un livre au cinéma, car le livre stimule plus l'imagination. J'espère que mon film va pousser les spectateurs à se plonger dans les livres.

 


Pour écrire le scénario, vous avez collaboré avec Christopher Markus, Stephen McFeely et Ann Peacock. Comment ça s'est passé ?
J'adore collaborer avec d'autres scénaristes car ça permet d'échanger des idées, des points de vue qui font avancer le scénario et mènent à de meilleurs résultats. Mais comme je suis le réalisateur, je gardais le dernier mot (rires).

 

Qui est Aslan, d'où vient-il ?
Pour le savoir il faut lire Le neveu du magicien. C'est en quelque sorte un père pour Narnia. Il a créé ce monde. Il est présent dans tous les livres du début à la fin du monde de Narnia. C'est la seule figure parentale pour ces enfants égarés. Il est à la fois plein d'amour, de rage et d'autorité.

Que pensez-vous de ce passage à la guerre ?
C.S. Lewis a voulu faire passer dans ses livres sa propre expérience de la seconde guerre mondiale. La guerre n'est pas quelque chose de courageux mais certains actes séparés peuvent être, eux, courageux. Au début du film, on voit que Peter a envie d'aller se battre. Mais une fois dans le Monde de Narnia, il y va à reculons car il a une responsabilité envers sa famille. Il ne s'agit pas non plus d'un film de vengeance. Car quand Aslan tue la Sorcière, elle sait qu'elle doit mourir, lui sait qu'il doit la tuer, mais tout se passe avec une certaine tristesse.

 


Quel regard portez-vous sur votre film aujourd'hui ?
J'ai du mal à redevenir naïf quand je le regarde car je l'ai réalisé (rires). Parfois en revoyant certaines scènes, entouré d'un public, spécialement d'enfants, je me laisse prendre par la magie du moment. Vous savez pour Shrek, j'ai du attendre huit ans pour reprendre un plaisir de simple spectateur.

 

Quel est le prochain livre que vous voulez adapter ?
Ce sera Le Prince Caspian, car l'histoire se situe seulement un an après celui-ci et on y retrouve les mêmes enfants. Mais ce n'est pas sûr que je le fasse car ça m'a pris trois ans et demi pour faire celui-là et j'ai vraiment besoin de vacances (rires). Si je le faisais, ce serait pour ces enfants.

Comment expliquez-vous aujourd'hui cet appétit pour les mondes féeriques et parallèles, comme dans Harry Potter, Le Seigneur des anneaux… ?
Je crois qu'il y deux raisons à ça. La première, c'est l'avancée de nos technologies qui permet aujourd'hui ce qu'on n'aurait pas pu créer il y a cinq ans. La deuxième, c'est que nous sommes confrontés tous les jours à une réalité assez triste et cruelle et du coup on veut s'échapper vers un monde imaginaire.

Seriez-vous tenté d'adapter des mythes plus américains ?
Vous savez, Les États-Unis est un pays jeune et la majorité des contes de fées viennent d'Europe. Par contre, ce qui pourrait m'intéresser, ce serait les légendes indiennes, mais je ne m'y connais pas encore assez pour me prononcer.

Propos recueillis par Isabelle Banos.

Tout savoir sur Le Monde de Narnia : Le Lion, la Sorcière blanche et l'Armoire magique

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