Gérardmer 2010 - Jour 3

Vincent Julé | 31 janvier 2010
Vincent Julé | 31 janvier 2010

Du jamais vu à Gérardmer ! Moon ? Non, le film de SF minimaliste de Duncan Jones est loin d'en être à son premier festival. Sundance, Sitges, Edimbourg, Tribeca, Dinard et même votre propre festival, chez vous, en DVD et Blu-Ray. Par contre, le mètre d'épaisseur de neige n'était pas prévu au programme, et c'est sans doute la meilleure surprise de cette édition 2010. Une vraie tempête qui plonge les festivaliers dans un univers en vase clos, entre The Mist et 30 jours de nuit. De fait, il aurait fallu que l'ambiance se réchauffe dans les salles. Or, la sélection ne cesse de souffler le chaud, le froid et le glacial.



Moon n'a ainsi pas failli à la réputation qu'il se traîne, jusque dans notre critique, et a autant impressionné par son esthétique et que séduit par sa simplicité. L'anti Cargo en quelque sorte, qui malheureusement ne sortira qu'en DVD et Blu-Ray chez nous. Une mauvaise surprise, qui devrait a priori s'accompagner d'une absence dans le palmarès, vu la quantité de récompenses que le film a déjà raflée. A moins qu'il y ait un nouvel effet Morse comme l'année dernière. Amer, lui, sort bien au cinéma, le 3 mars prochain. Une proposition d'hommage et de cinéma culottée pour une contre programmation risquée, qui a convaincu la rédaction... mais pas le public. Sièges qui grincent, portes qui claquent, le film a été un vrai rendez-vous manqué avec une partie des festivaliers : « y a pas d'histoire », « trop de gros plans », « zarbi et pervers ». Il ne restait dans la salle presque plus que des femmes... et Patrick Antona bien sûr !

John McTiernan, président du jury. Il fallait donc lui rendre un hommage à la hauteur de sa présence et de sa carrière, ce que Jean-François Rauger, journaliste au Monde et programmateur à la Cinémathèque, a brillamment réussi à travers une lettre ouverte où « Shakespeare rencontrait Tex Avery ». Jusque-là réservé et silencieux, McT s'est ouvert, laissant même paraître une pointe d'émotion. Dommage que le montage vidéo des extraits de ses films ne reflétait en aucun cas le travail et le virtuosité du bonhomme. 


Curiosité du festival, 5150, rue des Ormes du canadien Eric Tessier avait pour lui que personne ne savait réellement de quoi il en retournait. Mais comme le disait Cyril Despontin de Zonebis en zieutant sur l'image du catalogue du festival, s'il y a une batte de baseball, c'est que cela doit être bien. A cette adresse, au bout d'une allée tranquille dans une petite ville sans histoire, résident les Beaulieu. Suite à une chute de vélo, Yannick frappe à leur porte et se retrouve séquestré par le père de famille. Il lui propose alors un marché : s'il arrive à le battre aux échecs, il pourra sen aller. En une poignée de séquences, Marc-André Grondin est enfermé dans une pièce et comprend qu'il n'est pas le premier. Et la famille de continuer à vivre comme si de rien n'était, comme s'il n'était qu'un invité. Ce décalage, accentué c'est le cas de le dire par l'accent québécois, donne le ton et la force du métrage. Cynique et sadique, il fait rire, beaucoup, que cela soit de bon cœur, de nervosité ou de dépit. Mais il instaure et développe aussi des relations familiales empathiques et intenses autour de ce bourreau paternel. L'acteur Normand d'Amour s'impose au spectateur, que cela soit dans la sympathie ou dans l'horreur. Et que ses motivations relèvent de la connerie pure (mais assumée) permet au film d'aller loin, très loin. Sauf pour le Zonebissien, car s'il y a une batte de baseball, il y aussi un jeu d'échecs, et ça, c'est moins cool.



Déjà disponible en DVD Z1, et chez nous en mars prochain chez Wildside, Halloween 2 avait fort à faire lors de sa présentation à Gérardmer. Faire la nique au bad buzz qui agite le net et la communauté des fans du genre. D'ailleurs, Rob Zombie ne voulait pas à l'origine réaliser cette suite, et plusieurs réalisateurs (dont Alexandre Bustillo et Julien Maury d'A l'intérieur) se sont frottés au projet et aux Weinstein, avant q'il ne revienne derrière la caméra et qu'il fasse ce qu'il veut. A savoir n'importe quoi. En effet, si Michael Myers est de retour pour traumatiser sa sœur Laurie Strode et la ville de Haddonfield, Rob Zombie ne compte pas donner aux spectateurs ce qu'ils attendent. Ou du moins, pas totalement Ainsi, dans une sortie de remake officieux du Halloween 2 original, il donne rendez-vous à Laurie et Michael dans un hôpital pour que le massacre continue. Mais un twist foutage de gueule / mort de rire révèle bien vite qu'il en a rien à foutre, et que ne voulant plus avoir le cul entre deux chaises comme dans le premier, il fera un film 100% Rob Zombie. Il avait réussi à faire du jeune Michael un personnage qui avait tout à fait sa place dans le bestiaire de ses Devil's Rejects. Que dire alors du sort réservé Laurie, véritable personnage principal de Halloween 2. Redneck, gothique, antipathique, toute la mise en scène est acquise à sa folie, que cela soit les visions, les possessions, les révélations ou les meurtres. Halloween 2 demande ainsi un accord tacite, un investissement pervers pour être apprécié pour ce qu'il est : un film (de) malade. Avec un theatrical cut plus convaincant que le director's cut, c'est dire !

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