Cannes wars Épisode 8
Sin, sex and sun
Où en étais- je ? Dans ce véritable tsunami cinématographique, je m'y
perds parfois. Ah oui
Lundi 3 juin... Euh non, mercredi 18 mai.
Ce
mercredi 18 mai a été marqué par l'arrivée sur la croisette de Robert
Rodriguez, Franck Miller, Mickey Rourke, Benicio Del Toro, Colin Owell,
Brittany Murphy et Jessica Alba. Désolé du peu
Ensemble, ils nous ont
gratifié de l'une des plus belles montées des marches du festival plus
tarantinienne que jamais. L'équipe était venue présenter le très noir Sin City, espèce de Pulp Fiction
du film de S.F adapté de la génial B.D de Frank Miller. À la conférence
de presse, entre un Benicio Del Toro sous cocaïne, un Michael Madsen
plus Mister Blonde que jamais et totalement boursouflé et un Mickey
Rourke défiguré par le silicone, on avait vraiment l'impression
d'assister à une réunion des alcooliques anonymes. Et ce n'est pas
Robert Rodriguez qui faisait le bouffon avec son chapeau de cow-boy qui
nous aura fait pensé le contraire. Heureusement que la pureté de
Jessica Alba a balayé tout sur son passage. La nuit tombée, dans sa
tenue de soirée, elle a littéralement marqué au fer rouge par son éclat
les marches du palais. J'allais oublié Morgan Freeman qui a fait une
montée des marches très remarqué
même s'il ne jouait pas dans Sin City.
Film très noir, très graphique et présenté en compétition, Sin City
est sans doute l'une des meilleures adaptations de bande dessinée qui
nous ait été donné de voir. Le noir et blanc est sublime de contrastes
à tel point que l'on imagine bien un dessinateur revoir les décors et
les personnages avec de l'encre noir. Si le casting est de la veine
d'un six étoiles, le personnage qui restera est sans aucun doute celui
de Marv (Mickey Rourke encore plus défiguré que dans la « real life »)
qui décide de se venger du meurtre d'une prostituée et qui va
littéralement défoncer la gueule à tous ceux qui se mettront sur son
passage. Ce personnage va t-il relancer la carrière de Motorcycle boy ?
Une préquelle à Rusty James avec Matt Dillon ?
Si Elijah Wood se détache aussi dans son rôle de tueur fou mais vraiment complètement fou (à côté le John Doe de Seven
joue à la cantine avec ses victimes), on en vient à penser que
Rodriguez n'était pas l'homme de la situation. Ce n'est pas un esthète
mais un bourrin, un vrai qu'on aime lorsqu'il nous fait Une nuit en enfer ou The faculty.
Alors oui, avec ses « biatch » nues à tout bout de champs, ses héroïnes
qui se prennent des coups de poing dans la gueule toutes les cinq
minutes, Sin City
est un film où l'on s'éclate. Mais il y manque quand même toute la
subtilité d'un grand cinéaste. Il n' y a aucune poésie malgré
l'utilisation de procédés techniques susceptibles de la faire naître.
Mais ne boudons pas notre plaisir immédiat qui fut aussi celui du
public qui réserva un accueil enthousiaste au film et à toute l'équipe
qui nous gratifia pour l'occasion d'une superbe descente des marches
sur le thème principal du film.
Au même moment, beaucoup se ruaient dans une petite salle, au troisième étage du palais pour voir L'étreinte, le dernier film de Jan Kounen, enfin son dernier reportage. Accompagné d'un indou, le réalisateur de Dobermann
est venu présenter son film avec son habituelle gentillesse. Il nous a
donné comme seule indication qu'il avait rencontré Ama, une sainteté
indou et le personnage centrale du film, lors d'un de ses passages à
Paris où elle vient apporter la paix en serrant les gens dans ses bras
des journées entières. On savait que Jan Kounen depuis Blueberry avait
découvert l'art de la transe, du shamanisme, du bouddhisme. Ce que l'on
savait peut être un peu moins, même si le cinéaste l'avait plus d'une
fois évoqué dans différents interviews, c'est son culte à Baraka,
expérience cinématographique sans précédent où une cinquantaine de
cinéastes avait parcouru le monde entier en prenant des images
insolites de différents paysages, de différentes tribus et avait
rassemblé le tout sur une musique de Dead Can Dance. Avec L'étreinte, Jan Kounen a voulu faire son Baraka,
et il a réussi malgré un début peut être trop conventionnel. Sans
aucune réelle explication, sans aucune voix of, le réalisateur
retranscrit l'état de transe, de sérénité non d'une religion, (il n'en
est question à aucun moment) mais d'une vision du monde remplie de
compassion et d'amour. Le résultat est extraordinaire avec des images
et une bande son époustouflantes.
Ce jeudi, on espère que Wim Wenders va nous mettre dans le même état avec son nouveau film, Don't come knocking. Vu qu'il semble retourner sur les traces de Paris Texas et qu'il collabore à nouveau avec Sam Shepard, on en attend beaucoup. Quant à Amos Gitai, il viendra présenter Freezone
avec Natalie Portman, la star incontestée et incontestable du festival.
Michel Gondry lui viendra nous présenter son nouveau vidéo clip dans le
cadre d'une nouvelle section de la semaine de la critique où seront
présentés les meilleurs vidéos clips du moment.
Quant à moi, j'espère que ma nouvelle rencontre avec Natalie sera
l'occasion d'écrire un « Natalie et moi : Épisode 2 » et de commencer à
faire un premier bilan de la sélection du festival.
Mr. Blue