Cannes wars – Épisode 8

Laurent Pécha | 20 mai 2005
Laurent Pécha | 20 mai 2005

Sin, sex and sun
Où en étais- je ? Dans ce véritable tsunami cinématographique, je m'y perds parfois. Ah oui… Lundi 3 juin... Euh non, mercredi 18 mai.

Ce mercredi 18 mai a été marqué par l'arrivée sur la croisette de Robert Rodriguez, Franck Miller, Mickey Rourke, Benicio Del Toro, Colin Owell, Brittany Murphy et Jessica Alba. Désolé du peu… Ensemble, ils nous ont gratifié de l'une des plus belles montées des marches du festival plus tarantinienne que jamais. L'équipe était venue présenter le très noir Sin City, espèce de Pulp Fiction du film de S.F adapté de la génial B.D de Frank Miller. À la conférence de presse, entre un Benicio Del Toro sous cocaïne, un Michael Madsen plus Mister Blonde que jamais et totalement boursouflé et un Mickey Rourke défiguré par le silicone, on avait vraiment l'impression d'assister à une réunion des alcooliques anonymes. Et ce n'est pas Robert Rodriguez qui faisait le bouffon avec son chapeau de cow-boy qui nous aura fait pensé le contraire. Heureusement que la pureté de Jessica Alba a balayé tout sur son passage. La nuit tombée, dans sa tenue de soirée, elle a littéralement marqué au fer rouge par son éclat les marches du palais. J'allais oublié Morgan Freeman qui a fait une montée des marches très remarqué…même s'il ne jouait pas dans Sin City.

Film très noir, très graphique et présenté en compétition, Sin City est sans doute l'une des meilleures adaptations de bande dessinée qui nous ait été donné de voir. Le noir et blanc est sublime de contrastes à tel point que l'on imagine bien un dessinateur revoir les décors et les personnages avec de l'encre noir. Si le casting est de la veine d'un six étoiles, le personnage qui restera est sans aucun doute celui de Marv (Mickey Rourke encore plus défiguré que dans la « real life ») qui décide de se venger du meurtre d'une prostituée et qui va littéralement défoncer la gueule à tous ceux qui se mettront sur son passage. Ce personnage va t-il relancer la carrière de Motorcycle boy ? Une préquelle à Rusty James avec Matt Dillon ?
Si Elijah Wood se détache aussi dans son rôle de tueur fou mais vraiment complètement fou (à côté le John Doe de Seven joue à la cantine avec ses victimes), on en vient à penser que Rodriguez n'était pas l'homme de la situation. Ce n'est pas un esthète mais un bourrin, un vrai qu'on aime lorsqu'il nous fait Une nuit en enfer ou The faculty. Alors oui, avec ses « biatch » nues à tout bout de champs, ses héroïnes qui se prennent des coups de poing dans la gueule toutes les cinq minutes, Sin City est un film où l'on s'éclate. Mais il y manque quand même toute la subtilité d'un grand cinéaste. Il n' y a aucune poésie malgré l'utilisation de procédés techniques susceptibles de la faire naître. Mais ne boudons pas notre plaisir immédiat qui fut aussi celui du public qui réserva un accueil enthousiaste au film et à toute l'équipe qui nous gratifia pour l'occasion d'une superbe descente des marches sur le thème principal du film.

Au même moment, beaucoup se ruaient dans une petite salle, au troisième étage du palais pour voir L'étreinte, le dernier film de Jan Kounen, enfin son dernier reportage. Accompagné d'un indou, le réalisateur de Dobermann est venu présenter son film avec son habituelle gentillesse. Il nous a donné comme seule indication qu'il avait rencontré Ama, une sainteté indou et le personnage centrale du film, lors d'un de ses passages à Paris où elle vient apporter la paix en serrant les gens dans ses bras des journées entières. On savait que Jan Kounen depuis Blueberry avait découvert l'art de la transe, du shamanisme, du bouddhisme. Ce que l'on savait peut être un peu moins, même si le cinéaste l'avait plus d'une fois évoqué dans différents interviews, c'est son culte à Baraka, expérience cinématographique sans précédent où une cinquantaine de cinéastes avait parcouru le monde entier en prenant des images insolites de différents paysages, de différentes tribus et avait rassemblé le tout sur une musique de Dead Can Dance. Avec L'étreinte, Jan Kounen a voulu faire son Baraka, et il a réussi malgré un début peut être trop conventionnel. Sans aucune réelle explication, sans aucune voix of, le réalisateur retranscrit l'état de transe, de sérénité non d'une religion, (il n'en est question à aucun moment) mais d'une vision du monde remplie de compassion et d'amour. Le résultat est extraordinaire avec des images et une bande son époustouflantes.

Ce jeudi, on espère que Wim Wenders va nous mettre dans le même état avec son nouveau film, Don't come knocking. Vu qu'il semble retourner sur les traces de Paris Texas et qu'il collabore à nouveau avec Sam Shepard, on en attend beaucoup. Quant à Amos Gitai, il viendra présenter Freezone avec Natalie Portman, la star incontestée et incontestable du festival. Michel Gondry lui viendra nous présenter son nouveau vidéo clip dans le cadre d'une nouvelle section de la semaine de la critique où seront présentés les meilleurs vidéos clips du moment.

Quant à moi, j'espère que ma nouvelle rencontre avec Natalie sera l'occasion d'écrire un « Natalie et moi : Épisode 2 » et de commencer à faire un premier bilan de la sélection du festival.

Mr. Blue

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